La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre voici la première partie de notre 204ème sélection.
Magenta Club – Corail Intercité
Magenta Club est un collectif en mouvement. Ne regardant jamais en arrière, le groupe continue d’explorer la musique et de regarder ou celle-ci les mène.
Alors qu’ils viennent d’annoncer l’arrivée de X1000, Magenta Club poursuit sa mue en nous dévoilant cette semaine Corail Intercité, un morceau remplit d’émotions.
Porté sur les boucles vocales plus que musicales, le nouveau morceau met en avant la batterie et des éléments bien plus organiques, permettant à Magenta Club de mettre à nouveau au cœur du projet ce qui les unit : leur relation. Car ce Corail Intercité poétique se joue autour d’une promesse commune, quelque chose de secret qui brille aujourd’hui en pleine lumière.
Pour accompagner le morceau, le groupe se « dévoile » un peu plus sous la caméra de Hugo Pillard accompagné de Nicolas Garrier-Giraudeau. On les retrouve dans un univers futuriste, comme des super-héros de la pop où ils partagent ensemble des moments dans un lieu étrange et sublime, alors que le monde défile à travers les vitres.
Comme toujours Magenta Club surprend, étonne avec une démarche qui pourrait paraitre radicale mais qui au final a pour but ultime de se connecter à l’autre.
Nerlov – Pas si grave
Depuis quelques mois, Nerlov trace la route pour l’arrivée de son très attendu premier album. Un single clippé par mois qui nous permet au fur et à mesure de dessiner les contours de ce qui nous attend.
En ce début de mois de février, l’angevin nous dévoile pas si grave. Si l’on reconnait la patte sonore du projet aux premières notes, nous entrainant dans un univers à 100 à l’heure avec des nappes synthétiques lumineuses, c’est du côté de l’écriture que l’évolution se fait, une nouvelle fois, la plus notable.
Si on reconnait cette écriture directe et intense, Nerlov laisse sur le morceau son cynisme de côté et nous offre un morceau à la douceur inattendue et parfaite. Pas si grave nous invite, à travers les mots de Nerlov, à accepter nos doutes mais aussi à nous accepter nous même. Une petite bulle de tendresse dans laquelle Nerlov explore les failles pour mieux les combler et effacer la noirceur d’un monde rempli de jugement en 2 minutes 24.
Déjà présent en tant que cadreur de ses précédentes vidéos, Morgan Richard s’occupe cette fois-ci de la réalisation du clip et nous transforme en miroir. En effet, on se retrouve à observer les gens dans leur intimité, à les voir se préparer, s’aimer, se détester et essayer de trouver de la beauté dans ce qu’ils sont, pour se plaire à soi même, ce qui est la chose la plus importante de tout.
Un nouvel hymne qui confirme la position unique de Nerlov dans la pop française moderne.
Lescop – Exotica
On suit Lescop dans un casting. Devant lui, un Félix Moati qui chante sans aucun charisme – préparez vos oreilles parce qu’il y en a vraiment aucun – LE tube : La forêt. Regard vide de Lescop. Le jury exclusivement féminin composé de Sophie-Marie Larrouy, Stéphanie Loire – fortement enceinte – et Judith Godreche n’en peut plus, si c’était le dernier candidat elles seraient ravies. Sophie-Marie Larrouy écorche le nom de notre chanteur débutant, énonce le titre : Exotica. Place à l’audition.
Des petits mouvements esquissés tel un moonwalk mineur, sur une scène qui ressemble à une ardoise magique, de la fumée verte : l’ambiance imaginaire est posée. Si on voulait exagérer dans la référence cinématographique, on penserait à un clin d’œil à Blue Velvet d’un certain David Lynch. Mais Exotica est aussi une référence cinématographique à elle toute seule ; le film d’Atom Egoyan qui met en scène une strip-teaseuse au caractère bien trempé – interprétée par Mia Krishner -. Le jury reste insensible, ne s’émeut de rien : « C’est pas pour nous » en guise de conclusion. Ca en fera toujours plus pour nous. De par ses synthés, Exotica est un morceau très inspiré des années 1980 chéries par Lescop. A la réalisation du clip, on retrouve Ovidie avec qui le garçon a déjà pu collaborer dans sa série Canal+ Des gens bien ordinaires.
Joe la panic – Jules et Jim
Dans l’art et la créativité, il est courant de puiser dans des influences majeures. Joe la panic, à l’instar du réalisateur François Truffaut, s’inscrit dans cette tradition en explorant de manière personnelle les intrications de l’amour, qu’il soit partagé ou conflictuel, entre Jules et Jim.
Au centre de sa nouvelle composition, la chanteuse décrit un tableau où le soleil, la réunification et la chorégraphie se mêlent harmonieusement. Cependant, la quête de la domination entre Jules et Jim pour remporter l’amour de la même personne peut-il créer une dissonance au sein de ces décors estivaux et joyeux ?
Joe la panic cherche à saisir cette scène à travers son regard, mais en aucun cas la musicienne ne permet que cela devienne sombre ou mélancolique. Au contraire, elle semble vouloir célébrer la complexité des relations humaines, même lorsque des éléments conflictuels ou compétitifs sont présents. La couleur de sa musique et la vivacité de sa narration reflètent une approche artistique qui célèbre la diversité des émotions et des expériences humaines.
Son interprétation de cette œuvre de la Nouvelle Vague offre un moyen élégant et doux d’apaiser ces dilemmes, tout en restant consciente de ses propres sentiments et des émotions que cela peut générer.
your.nash – la plaie et le couteau
Après plusieurs mois d’absence, your.nash fait son retour avec un double single, la plaie et le couteau, pour lequel il propose un mini film de 7 minutes, nous plongeant au cœur d’une nostalgie amoureuse prenante en deux étapes.
On y suit tout d’abord, au rythme de la plaie, les pas d’une jeune femme qui évolue dans un monde où l’ombre de l’être aimé plane encore, même s’il est absent physiquement, comme une tentative désespérée de préserver les souvenirs qui les lient face à la brutalité de la réalité. Une première partie emplie de mélancolie, au BPM doux et à l’honnêteté tranchante, qui précède une seconde plus introspective, où l’on découvre avec le couteau les tourments intérieurs auxquels l’artiste tente d’échapper. Porté par une voix d’une authenticité touchante, le rap de your.nash prend aux tripes et nous immerge malgré nous dans les méandres de ses pensées les plus sombres.
The Smile – Friend Of A Friend
Le supergroupe préféré de votre supergroupe préféré est de retour ! Après un premier opus réussi avec A Light for Attracting Attention, The Smile signe avec Wall of Eyes l’un des premiers coups d’éclat de 2024 ! Pour l’occasion, le super-trio a dévoilé le clip du morceau Friend of a Friend. Son concept est à la fois très simple, mais également très original, ce dernier consistant en une représentation live de la piste… devant un groupe d’enfants.
La vidéo met en avant l’usuelle douceur et légèreté de la voix de Thom Yorke qui déploie un falsetto plein de contrôle et de justesse. La touche Shoegaze confère à la formation une aura presque mystérieuse, oscillant entre mysticisme et fascination. La subtilité de la batterie de Tom Skinner alliée à la basse jouée par Thom Yorke renvoie à une musique bien plus atmosphérique et ambiante qu’à l’accoutumée. Le piano, qui est lui joué par Jonny Greenwood, offre une touche mélodique très soignée qui ajoute à la légèreté de ces nouveaux travaux des anglais.
En somme, The Smile œuvre à l’éducation culturelle des jeunes têtes blondes anglaises, nous donnant une raison d’être jaloux de ne pas boire du thé accompagné d’un biscuit au quatre heure. Le tout étant donné avec une couleur Shoegaze qui apporte beaucoup plus de nuance et de couleur que dans les cours de solfège barbant de Monsieur Webeter le jeudi après-midi à 13h30 en salle B130.
Anyahow, Sl!me løv – L’ENFER JUSTE À CÔTÉ
A l’heure où tout va très vite, surtout dans le rap francophone, voilà un morceau et un visuel qui prend son temps. Avec L’enfer juste à côté, Anyahow et Sl!me løv profites d’une production lancinante pour poser des flows lents. Ces derniers leur permettent de mettre l’importance sur chaque mot laissant briller leur maitrise.
Du côté du visuel, shotbymot,le réalisateur à su jouer de cette atmosphère. Les plans prennent le temps de se dérouler, laissant à l’auditeur le temps de se concentrer sur les propos des jeunes rappeurs.
Sous un ciel bleu et dans une nature verdoyante, les jeunes rappeurs semblent encore loin de l’enfer même si le temps qui s’écoule et leurs envies de réussite dans le monde obscur du rap les font s’en rapprocher petit à petit…
Henri Bleu Ft M Le Maudit – 2 Corbeaux
A l’image du titre, Henri Bleu et M Le Maudit survole Paris dans 2 Corbeaux. Un visuel réalisé par C14BONE qui les voit tantôt prendre de la hauteur grâce à une cage d’escalier tantôt voguer dans les ruelles de la capitale. Ce qui ne les quitte pas c’est leur rap acérés nourri, tout comme les corbeaux les inspirants d’une dose de malheur.
Mélancolique sans être larmoyant, ils ajoutent au tout une bonne dose d’égo-trip, prouvant un certain amour pour cette école de rap où la technique et les mots ne font qu’un avec l’esthétique.
Oscillant de la couleur au noir et blanc comme du rap à la mélodie, c’est assez représentatif de ce qu’ils veulent déjà et ça se retranscrit dans un savant dosage via ce titre et le visuel l’accompagnant. .
Laurence-Anne – Vitesse
Laurence-Anne nous présente cette semaine un clip pour le tachycardiaque Vitesse tiré d’Oniromancie, son troisième album paru chez Bonsound. Dans la violence de ce rodéo effréné et cauchemardesque réalisé par Didier Pigeon-Perreault, l’autrice-compositrice-interprète québécoise nous raconte la tourmente et les cicatrices tenaces : se cacher en plein jour, la désillusion, l’absence de réponses. Cette douloureuse réalité fièvreuse se retranscrit à travers une voix brumeuse, posée sur une batterie sur le qui-vive et une ligne de basse mortelle qui nous saisissent et nous maintiennent en haleine tout le long du morceau.
Thérèse – No Right Time
Pour le clip de No Right Time, son tout nouveau titre, Thérèse renouvelle sa collaboration avec le réalisateur Charlie Montagut (Genial Pictures). Iels nous embarquent dans une aventure spirituelle où il est question d’apprivoiser ce qui nous effraie pour en ressortir grandi.e et fortifié.e. Dans cette ballade pop plus posée que ses derniers morceaux électriques, l’artiste prend le temps de faire ici le point sur des épreuves traversées récemment et se livre sur ses peurs. Brillant de vulnérabilité, No Right Time nous invite à faire la paix avec les blessures du passé et nos différentes inquiétudes pour mieux appréhender le moment présent.
Brique Argent – Que du chrome
Avant de le retrouver le 15 février prochain à la Boule Noire, le stéphanois Brique Argent nous partage le clip de Que du chrome issu de son court-métrage qui porte le même nom que son premier EP : Meeting.
S’il y a quelque chose qui a marqué l’adolescence du garçon c’est bien le tuning automobile. Les plus old school d’entre nous penseront à Xzibit et son émission culte Pimp my ride qui passait sur MTV. Mais là rien à voir, c’est dans une ambiance de rave party que nous embarque le lauréat des Inouïs du Printemps de Bourges et du Fair 2023. En boucle, tourne cette image de lui qui sort de sa voiture et rejoint ses acolytes. Ambiance un peu tendue sur place. Le garçon adore cette ambivalence chaud froid et on en tire profit un maximum.
On avait déjà eu l’occasion de voir Corentin sur scène en ouverture des Fils Cara à la Maroquinerie, aucun doute sur le fait qu’il nous en mette encore plein la vue à la Boule Noire !
Loïc April – Stéréo
Loïc April est de retour cette semaine et nous entraine avec lui dans une nuit parfaite, une nuit en Stéréo.
Ainsi dans ce morceau qui voit se mélanger à perfection une basse entêtante, une batterie, des bongos et une guitare éthérées, le québécois nous entraine dans une nuit parfaite, où toutes les étoiles s’alignent et où la vie n’est plus si solitaire au moins le temps d’un instant.
Stéréo est un échappatoire à soi même, une épopée brumeuse et rêveuse sur laquelle on danse avec les autres, où l’on échange et l’on vibre dans un même mouvement, passant forcément du Mono à la Stéréo.
Pour l’accompagner, le musicien se retrouve dans une vidéo intemporelle et minimaliste où l’on filme les instruments ou le corps de manière volontairement hors cadre. Un clip volontairement DIY pour un morceau qui nous fait vibrer, rien de plus, rien de moins.
Ice Barzini – Freestyle H.A.A.R.P. – Malik Bentalha
Une bonne parodie est réussie lorsqu’elle arrive à se mettre au niveau, voir au dessus, de celui qu’elle imite.
Après avoir lancé l’excellent La Bul, Malik Bentalha nous offre une nouvelle sessions « colors » cette semaine et nous présente Ice Barzini.
Ici tout est une nouvelle fois absolument parfait : le look, le flow, la prod, les paroles … Ce Freestyle H.A.A.R.P. pourrait rendre jaloux bon nombre de rappeurs actuels tant ce Ice Barzini pue le talent.
Si à la première écoute, on trouve cette parodie de Freeze Corleone particulièrement drôle et bien sentie, il faut reconnaitre qu’écoute après écoute on ne peut que s’incliner devant le talent de Malik Bentalha.
Le garçon prépare son retour depuis quelques semaines avec tout un tas de vidéos particulièrement drôles et on a clairement hâte de découvrir sa prochaine vidéo musicale.