La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre voici la première partie de notre 211ème sélection.
Baroudeur – Sérotonine
La sérotonine est aussi appelée « l’hormone du bonheur », autant vous dire que si l’on en manque, la vie devient un sacrée bordel.
Avec humour, tendresse et énormément de véracité, Baroudeur chante sa lettre ouverte à la sérotonine.
Sur des nappes rythmées et inquiétantes, Baroudeur nous entraine dans un voyage étrange en quête de cette monoamine dont on nous parle tant. Prenant le rôle d’un ami, voir du cerveau d’une personne en plein manque, le musicien nous raconte sans jugement les fantasmes et les conséquences de la sérotonine et de son manque.
Malin, le morceau parlera à tous ceux qui ont vécu ce genre de grands moments de tristesses et de vie en pause et pourra agir comme une notice à ceux qui ne comprennent pas toujours les gens qui les entourent et leur réaction.
À mi-chemin entre Stupeflip et la chanson française, Baroudeur nous fait kiffer sur un sujet extrêmement sérieux et, en passant derrière la caméra, nous entraine dans le lieu qui est sensé soigner tous ces maux : le cabinet du psy.
Thérapeute invisible et blasé, il écoute, écrit, ausculte et, à l’image de la sérotonine, finit par disparaitre.
Intrigant, humain et sensible, on ne peut que vous conseiller l’écoute de Baroudeur et de son premier EP, du 4ème étage.
P’tit Belliveau – Comfy (ft. Fouki)
En ce dimanche, si votre envie est de rester dans votre lit en pyjama à regarder des séries, jouer à la console et regarder le temps passer, c’est tout à fait okay et nous avons la bande son idéale pour ce projet.
En effet, P’tit Belliveau est de retour cette semaine avec le génial Comfy, bien accompagné de Fouki dans ce grand éloge au chill et aux pantalons conforts.
Dans une veine bien plus pop et épique que ses derniers morceaux, le garçon (qui est plutôt du genre stakhanoviste au demeurant) nous offre un éloge à la journée du rien, celle ou on se laisse complètement aller pour mieux recharger ses batteries.
Impossible de ne pas tomber sous le charme du morceau, sa rythmique qui nous contamine et le refrain qui nous reste automatiquement dans la tête.
Pour accompagner le morceau, Olivier Landry s’arme de son meilleur fond vert pour emmener nos deux musiciens dans un univers DIY, tendre et réconfortant. Nos deux héros traversent de manière magique tous les éléments d’une journée de glande parfaite : un grand lit, un téléphone, une console, de la bouffe réconfortante et un pote avec qui partager le tout.
P’tit Belliveau, l’album éponyme, est attendu pour le 26 avril prochain et autant vous dire qu’on a très très hâte.
Dog Park – Time
Le quatuor parisien Dog Park a sorti cette semaine un nouveau single, intitulé Time, une pépite Indie au rayonnement quelque peu Jangle Pop qui réchauffe le cœur.
Tendrement dansant, mélodiquement implacable, ce titre s’écoute avec le sourire aux lèvres, qu’importe ces petites effluves de mélancolie qui en émanent. On en reste alangui, les épaules et la tête se meuvent gentiment dans un léger balancement, cette espèce de flottement qui soigne l’esprit. Les harmonies vocales sont comme un miel délicieux, le rythme est entraînant à sa manière, juste ce qu’il faut. Time est véritablement frais, un titre qui fait du bien, trouvant sa puissance dans une justesse et un équilibre parfait.
Le clip qui l’accompagne est hautement attendrissant, et vient ajouter une autre couche de baume au cœur. Simplement tourné dans un parc à chiens de Montmartre, on y voit des toutous, des toutous partout, de toutes les tailles et toutes les couleurs, mais aussi de tous les caractères. Doux et spontanée, il n’en fallait pas plus pour créer ce superbe instant audiovisuel qui fait du bien.
Time est tirée du premier album de Dog Park, qui sortira le 19 Avril prochain sur le label Géographie. On sait déjà à quel point ce disque va accompagner à merveille le retour du beau temps, ces petites soirées dans des parcs, ces balades sous le soleil, ce disque promet déjà d’en être la bande-son.
The Black Keys – This Is Nowhere
Dévalant les routes sinueuses et solitaires qui traversent les états US brûlés par le soleil, The Black Keys nous dévoile leur nouveau single, This Is Nowhere, un road song d’exil qui accompagne un aller sans retour. Une ode aux départs, aux nomades, aux ras-le-bol, à la recherche d’un ailleurs, ou d’un nulle part.
Pas de riff de guitare acéré ici, plutôt une humeur détendue et un brin mélancolique. Le titre reste cependant très solaire, et devient vite entraînant. Le clip qui accompagne ce single est lui-même baigné par ces lumières chaudes des étés américains. Constitué d’images qui datent sans doute des années 70, une certaine forme d’anemoia se dessine, cette mélancolie d’une époque que l’on n’a pas connue. Et pourtant, il est clair que ce titre, autant que son clip, donnent une farouche envie de prendre le large, de partir vers cet endroit qu’on ne connaît pas, laisser place à l’inconnu.
This is Nowhere est tirée d’Ohio Players, le prochain album du duo, qui sortira le 05 Avril prochain. De belles surprises semblent être au rendez-vous, The Black Keys ne déçoivent jamais, et semble encore une fois avoir fait évoluer leurs sonorités, tout en gardant cette patte qui leur est propre.
HSRS – Low
HSRS (High Self Reset System) c’est le projet de l’artiste Julie Bessard, sucré, singulier, et qu’on se hâte de vous présenter ! Si chacune de ses sorties musicales est une surprise, vaguant librement entre différents registres musicaux, son dernier single Low ne déroge pas à la règle.
Un son rythmé et électro nous plonge dès les premières secondes dans une ambiance prenante, un clip mystérieux et travaillé. Des personnages immobiles et défigurés habitent les abysses d’une ville, au cœur d’un sous-sol ou d’un parking inquiétant. Alors qu’une ombre révèle une figure féminine dans la deuxième partie du clip, la cadence s’accélère, contrastant avec une voix apaisante. Celle-ci déraillera plus tard, propulsée dans l’espace.
Cette immersion dans un univers parallèle a été réalisé et repose sur la vision de Romain Eugène Campens, décédé il y a quelques mois. La sortie de Low est une belle manière de lui rendre hommage et de mettre en lumière son travail. Ce single fera parti du nouvel EP de HSRS, qui sortira le 5 avril. Le compte à rebours a sonné pour Truth Blower …
Fred Nevché – Allez Bisous
Un café à la main, les yeux à demi ouverts, tout juste la marque de l’oreiller sur la joue droite, on se perd dans les pages d’un magazine à gros caractères. L’histoire est douce, et il ne s’agit pas d’un générique de film ni d’une pub sortie des années 60. On vous parle ici du dernier clip de Fred Nevché, Allez Bisous.
Ce musicien et poète originaire de Marseille utilise sa plume pour nous entraîner dans un récit presque ordinaire, sortir de chez soi un matin. Nous y sommes. Le clip réalisé par Cauboyz, est tissé avec des images en noir et blanc, archétypes et objets familiers, quelques formes colorées et du texte.
Ce dernier est mouvant, c’est lui le véritable sujet. On imagine alors de grandes affiches, placardées sur les murs d’une ville qui émerge doucement. Puis on est comme aspiré par les mots de Fred Nevché.
Une succession d’images bien réalisées et un enchaînement millimétré. Les dominos tombent les uns après les autres. Assurément, la dynamique est juste, et on l’écoute à nouveau. À peine le temps de finir son café.
BODEGA – Cultural Consumer III
Les New-Yorkais.es de BODEGA continuent d’enrichir le florilège d’extraits de leur prochain album. En effet, Cultural Consumer III est le quatrième single issu de Our Brand Could Be YR Life, album qui paraîtra le 12 Avril prochain.
Cela fait donc un paquet de belles surprise, de nouveaux titres à se mettre sous la dent, pour notre plus grand bonheur ! Cultural Consumer III est tout bonnement électrisant. Avec une verve digne des tentatives pop du Velvet Underground et des soubresauts hypnotiques à la The Fall, c’est un titre frais qui invite à dandiner sec. Le refrain, hyper efficace, devrait vous rester en tête pendant un petit moment. De plus, le texte est – comme souvent chez BODEGA – une critique acérée de notre société déclinante. Le groupe s’attaque ici à la société de consommation et explore le concept de consommation de la culture sur un schéma de sur-consommation, car oui, elle y passe aussi.
Ce nouveau titre est évidemment accompagné d’un clip vidéo à l’allure rétro. Une course-poursuite glitchy et hypnotique. BODEGA semble avoir fait leur cette esthétique visuelle, et il faut dire qu’elle colle parfaitement à leur univers musical. Un peu décalé, avec un rythme qui vient directement happer notre attention. Un parfait équilibre audiovisuel qui ne présage que du bon pour la suite !
One Step Closer – Giant’s Despair
Depuis quelques années, difficile de trouver un groupe travaillant aussi dur que One Step Closer. Les Américains sont en tournée permanente partout dans le monde, sortent régulièrement de la nouvelle musique de qualité et incarnent l’esprit DIY comme on l’aime
Le nouvel album studio All You Embrace prépare sa sortie pour le 17 mai et le groupe nous offre un deuxième extrait encore plus doux que le premier, confirmant sa mue vers un indie-punk avec une bonne louche d’emo loin du hardcore de ses débuts.
Ce n’est pas tellement un souci tant la transition est réussie avec des mélodies mélancoliques de haut vol, surtout dans la deuxième partie du morceau. Le clip est quant à lui un hommage émouvant à la ville d’origine du groupe, Wilkes-Barre avec évidemment son petit clin d’œil aux maîtres des lieux Title Fight et la fresque de Hyperview.
Un superbe avant-goût de ce qui pourrait bien être l’un des disques de l’année.
ALIAS – EMPTY HEAD feat. KROY and Cadence Weapon
Les semaines passent et nous rapprochent de l’arrivée du prochain album d’ALIAS, EMBRACE CHAOS.
Comme on vous l’avez dit précédemment, le garçon continue de nous surprendre et de nous impressionner, emmenant sa barque vers des contrées bien plus synthétiques, brutales et … psychotiques.
La preuve cette semaine avec le formidable EMPTY HEAD sur lequel il invite KROY et Cadence Weapon. Cette multiplicité des textures vocales permet au morceau d’évoluer en plusieurs étapes, comme si l’on continuer à explorer un esprit malade, le tout sur une rythmique absolument imparable qui nous secoue fortement.
Pour accompagner le morceau, ALIAS continue le travail visuel passionnant entreprit pour cet album avec la réalisatrice Gabrielle Thiffault.
Toujours dans les teintes bleues et violettes, qui semblent être la colorimétrie choisie pour représenter le chaos, ils nous emmènent dans un repas d’anniversaire particulière étrange, laissant exprimer tout le charisme et la présence à la fois effrayante et attirante du musicien.
On est pas loin d’un organe mécanique version pop, qui pousse autant à la fascination qu’au rejet et qui nous pousse à nous poser une question simple : sommes nous prêt.e.s à embrasser le chaos .
Réponse en avril avec la sortie de ce nouvel album qui sera suivie d’un passage du groupe un peu partout en France et en Belgique. Pour les avoir déjà vu plusieurs fois sur scène, on peut vous affirmer que c’est un des meilleurs projets live du moment, alors si vous en avez l’occasion, foncez les yeux fermés.
Elliot Maginot – Show Me Love
À l’occasion de la sortie de son quatrième album I Need to Stay Here (Audiogram), Elliot Maginot dévoilait cette semaine un clip solitaire mais chaleureux réalisé par Chedly Bouzouaia pour son titre Show Me Love. Dans cette nouvelle chanson débordant de vulnérabilité, l’artiste québécois est en quête d’une simplicité qui devrait être évidente mais qui se perd souvent dans la complexité de nos rapports aux autres. Sa voix sensible est portée par de superbes arrangements de cordes et envolées de cuivres qui viennent sublimer ce morceau touchant et intime.
Low Rent Housing – Fake Apples
Low Rent Housing, nouveau projet de la scène tourangelle vient de sortir son premier single clippé : Fake Apples.
Trois minute ou presque, de tension, de noise et de mascarade mis en scène par Flavie Herbreteau.
C’est la grande fête du capitalisme et pour l’occasion on a sorti les cotillons, les ballons colorés et les pommes empoisonnées.
Entre les deux bourreaux, le Père Noël ventripotent et joyeux et le militaire violent et sérieux, se tient la victime. Si elle change souvent de visage, elle reste toutefois sous emprise. Et face à ses tortionnaires, il ne lui reste qu’à manger ces pommes qui ne se mangent pas, qu’elle recrache encore et encore. Polystyrène dégueulasse qui laissera sur ses lèvres son vernis carmin.
Du sarcasme comme on l’aime, porté par ce trio devenu quatuor que l’on aime déjà : Léo, Germain et Simon des Stuffed Foxes et Félix.
Ils étaient cette année aux Rockomotives (Vendôme) et c’était clairement notre claque du festival.
En attendant l’album, Three Pieces of Chewing Gum for Anarchy, dont la sortie est prévue le 26 avril prochain : mangez des pommes.
Theodora – Blues d’hiver
Après avoir présenté son 93 natal à travers des visuels hauts en couleurs et les histoires de Lili aux paradis artificiels (une suite de deux EP’s, ndlr), Theodora s’autorise des petites vacances bien méritées. Loin du soleil, c’est vers la neige de la Norvège que la jeune artiste s’est tournée.
Un climat et des ambiances qui se prêtent plus à la mélancolique rêverie qui habite sa musique. Comme le prouve Blues d’hiver et son visuel homemade réalisé par elle et son équipe (Valentin, Vincent et Noé). Sous un effet VHS qui habille de grain les sublimes neiges blanches norvégiennes, la saturation vient appuyer le côté onirique déjà bien présent grâce à l’aplat de nappes électroniques hypnotiques de Vilhelm.
Théodora continue de faire cohabiter la rêverie et la mélancolie, le chaud et le froid, la fatalité et l’espoir. Prouvante encore une fois qu’elle est le fruit des contradictions de son époque, les chantant avec cette flamme enfantine qui ne cesse de réchauffer son cœur qui peut paraître glacé.
Casey MQ feat. Oklou – The Make Believe
Casey MQ et Oklou forment un duo dont la symbiose perdure depuis plusieurs années déjà, et leur magie continue de nous captiver.
Ils sont jeunes, baignés par la lumière du soleil, leur refrain entêtant capturant l’essence même de l’insouciance, laissant les souvenirs s’effacer au rythme cyclique de leur musique. Nos deux créatures de la nuit se meuvent dans l’obscurité d’un champ.
Scène classique, mais qui fait toujours son effet. The Make Believe, est le premier extrait de l’album Later that day, the day before, or the day before that prévu pour juin. Une composition aérienne qui clôturera l’album, portée par la magie de notre artiste française-la-plus-anglaise préférée, dont la voix envoûtante nous avait bien manqué.