La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre voici la première partie de notre 212ème sélection.
CONCRETE BOYS – Family Business
Après son année 2023 riche qui l’aura vu prendre une toute autre dimension, Lil Yachty ne compte visiblement pas se reposer en 2024. En plus de sa carrière en solo, il est aussi membre de l’équipage Concrete Boys dans lequel il semble de plus en plus s’épanouir.
A l’annonce du premier volume d’une mixtape en groupe et d’un passage remarqué sur l’emblématique émission On The Radar, iels concrétisent encore plus la chose avec le clip de Family Business réalisé par Little Miles et AMD Visuals. Un morceau qui réunit trois des cinq membres du groupe : Lil Yachty, Karrahbooo et Camo mais qui ne manque pas de dégager l’ambiance stylistique de l’ensemble.
Les grosses basses successives d’introduction donne la mesure musicale pendant que les valises de la marque Goyard, les chaines brillantes et les liasses de billets donnent le ton de l’esthétique.
Vétu.e.s des mêmes couleurs, le groupe appuie son unicité à travers des looks simples faisant ressortir l’attitude naturel de chacun.e. Une composante essentiel du rap et qui alimente ce visuel.
POND – (I’m) Stung
Léa : Chez Spinning Top Records à quelques jours de l’été sortira Stung, le dixième album des australiens POND. Ils nous révèlent cette semaine un premier extrait : (I’m) Stung. On ouvre les yeux et les oreilles, c’est parti ! Alors que les couleurs printanières peinent encore à s’installer dans l’Hexagone, on se réjouit de ce petit objet filmique des gars de POND.
Un drôle de cerf-volant à la forme d’abeille ouvre le clip en direct des dunes. Le chanteur Nick Allbrook se voit aspergé de peinture argentée et se dandine dans un ciel au bleu presque parfait. Les autres membres du groupe dans des combinaisons assorties s’amusent dans la vallée désertée. Le synthé deviendrait une luge d’un nouveau genre. Et l’abeille veille toujours là-haut. Dans une synchronisation parfaite Allbrook entonne un énième « Well I’m stung » et finit par se faire piquer par l’insecte. Le titre très psyché nous met un petit goût estival avant l’heure.
Jonathan : Il était enfin temps que Pond nous ponde un nouvel album.
C’est avec délivrance que l’annonce est faite de la sortie prochaine de Stung, un disque de 12 pistes qui sortira le 21 juin, soit le jour de la fête de la musique. Depuis leur très rock 9 il y a 5 ans, différents enregistrements et une version deluxe s’était ajoutés à la discographie du groupe australien, c’était sympa mais on attendait du neuf.
Après Neon River, c’est le titre éponyme de l’album qui nous est offert en image. Un retour au psyché qui ravira ceux qui ne jurent que par les disques plus anciens. Tout marche dans ce titre. Bien que la formation du groupe a évolué, on retrouve tous les éléments musicaux de base avec en plus cette touche un tiers folk, un tiers psyché, un tiers rock retro 70. Nick Allbrook à même des airs de Mike Jagger sur ce clip pailleté se trémoussant sur les dunes. Le tout filmé en super 8 ce qui renforce cette association mentale.
Le disque s’annonce particulièrement savoureux à l’écoute de ces deux premiers morceaux. Vite la suite.
Arab Strap – Strawberry Moon
Non non, on vous arrête tout de suite. On se calme. Ce n’est pas Batman qui fait intrusion dans le clip du duo écossais. Mais bien un prêtre à qui il arrive des drôles de bricoles. En ce week-end pascal, on a décidé de sélectionner un clip un peu WTF comme dirait l’autre. Deuxième single de l’album I’m totally fine with it don’t give a fuck anymore. La messe est dite. En presque 25 ans de carrière, le duo se montre à l’écran dans un décor pour le moins nocturne et très urbain.
Comment vous racontez toute ça en quelques lignes ? Un prêtre qui s’offre une virée nocturne dans un club où se tient un enterrement de vie de jeune fille mais pas que. Les pécheurs se mêlent à ses pairs – ou devrait-on dire ses pères ? -, d’étranges créatures apparaissent… Aidan Moffat aime à raconter que cette chanson est l’une des plus personnelles de l’album, elle raconte une période où il se déplaçait non sans beaucoup de douleur mais surtout avec une canne et que son moyen de noyer son chagrin consistait à regarder les différentes phases de la lune à travers la fenêtre.
On veut bien croire que la lune à la fraise inspire des histoires complètement déjantées. Ca donne des clips fortement insolites auxquels on adhère. Pas de date française à l’horizon mais des passages en Suisse, en Italie et en Espagne sont déjà bien positionnés dans l’année.
BB Jacques – Horizon 25 & Béni
Mis à part quelques apparitions en featuring, BB Jacques est resté discret depuis la publication de son album New Blues, Old Wine en novembre dernier. Cependant, il surprend ce jeudi en dévoilant un EP inédit de trois titres intitulé Horizon 25.
Pour marquer cette occasion, il dévoile un court métrage de 6 minutes illustrant ce nouveau projet. À travers ce mini-film, le Parisien nous guide à travers plusieurs univers. Le clip commence avec le morceau Horizon, où BB Jacques, genou à terre, se retrouve face à une mystérieuse femme dans un décor splendide de forêt. Ensuite, grâce à une transition léchée, le rappeur nous entraîne dans l’atmosphère énervée de 25. L’arrivée de cette femme entraîne des tensions et une bagarre éclate dans le bar où lui et son équipe se sont retrouvés.
La conclusion se concentre sur Béni, le morceau le plus long du projet. On y découvre que les deux protagonistes sont connectés par une bague, suggérant que toutes les énigmes pourraient être liées à cet objet. Le clip se termine par un dernier solo de basse et un ultime affrontement de regard.
Outre sa collaboration avec l’excellent Romain Argento, qui a réalisé un clip hyper visuel, BB Jacques s’est également entouré d’une équipe de choc pour la composition. Parmi eux, on peut citer BBP, Khalil Cherradi, OB, Le Chroniqueur Sale, entre autres. Cette équipe de talent laisse présager que quelque chose se prépare peut-être déjà pour l’avenir du rappeur parisien.
Emma Peters – Juliette
3ème titre du nouvel album intitulé Tout de Suite sorti en 2024, Juliette est une chanson douce et sincère sans artifice qui parle de santé mentale et de la solitude que génère ce monde ultra connecté à la fois proche et distant, ce monde qui confond réalité et fiction d’un vie qui se vit avec les écrans.
Un refrain voix piano assez addictif « Juliette, oh Juliette (Juliette, oh Juliette)Emmène-moi dans ta tête (emmène-moi dans ta tête) ». Le clip de Juliette est pétri d’élégance et de simplicité, filmé en noir et blanc aux gradients de gris signé Nicolas Despis. La caméra vacille entre les plans directs sur Emma Peters, élégante en costume AMI sur son tabouret , des plans en clair obscur sur sa silhouette et son visage parfois flou et des plans sur un bouquet de fleurs en flammes.
Twenty One Pilots – Next Semester
Next Semester est le second titre du prochain album de Twenty One Pilots intitulé Clancy qui sortira le 17 mai prochain. Next Semester est un titre punk garage qui parle de santé mentale, de problèmes d’anxiété, de mal-être mais aussi de cette envie de changer les choses et de prendre en main les lendemains.
Le clip réalisé par Andrew Donoho, qu’on ne présente plus dans la réalisation de clips. Le clip de Next Semester alterne les séquences sur les couplets du duo torses nus live dans une petite salle de concert pleine à craquer avec un public en feu. Les paroles du refrain prennent vie dans cette scène récurrente d’un jeune homme qui essaie de se faire renverser par une voiture ou fait une crise de panique au milieu de la route mais que le chauffeur évite de justesse: « I remember certain things, What I was wearing. The yellow dashes in the street. I prayed those lights would take me home. Then I heard, « Hey kid, get out of the road ».
La dernière minute du clip est un retour à l’apaisement avec un plan serré qui tourne autour de Tyler Joseph: il entre dans le public, seul avec sa guitare. Il est accompagné par le public en chœur et à l’unisson. On peut voir un symbole de solidarité et de nouveau départ : « It’s a taste test. Of what I hate less. I don’t wanna be here. Start fresh with the new year (Ohh, ahh, oh, oh-woah). (Ohh, ahh, oh, oh-woah). Can’t change what you’ve done. Start fresh next semester«
Jessica Pratt – World on a String
Une brisure dans le tissu de notre espace-temps doit être exécutée avec la plus grande efficacité. Ce moment, qu’il survienne de manière abrupte ou sereine, peut nous offrir une pause, une réflexion empreinte de nostalgie, façonnant ainsi notre destin. Que ce soit en solitaire ou, comme en l’occurrence ici, en compagnie, Jessica Pratt nous livre cet instant de suspension intime.
En signant cette semaine son deuxième morceau de l’année 2024 avec la sortie de Life Is en février dernier, la musicienne continue d’enchanter nos oreilles avec cette balade hors du temps et contemplative. Tout comme bon nombre d’autres, elle cherche à trouver un sens et une voie à suivre. Cependant, cette quête n’empêche en aucun cas que cette réflexion soit une source d’anxiété première. Le vert, le soleil et l’air frais constituent un décor propice et réconfortant pour atteindre le point final de cette recherche. Nous pouvons accueillir ce morceau comme une possible voie pour trouver la sérénité lors de moments de réflexion sur notre vie. Réfléchir dans le calme peut être la clé pour beaucoup ; comment pourrions-nous nous détendre si nous devions supporter un monde de pression alors que cet instant précis nous offre la possibilité de rester emplis d’apaisement ?
World on a String n’a aucunement la prétention d’être cette source de vérité absolue, mais apporte simplement et humblement la possibilité que la quête de soi puisse prendre une forme autre que celle que l’on pourrait imaginer.
Flavia Coelho – Mama Santa
L’artiste brésilienne Flavia Coelho revient avec un cinquième album, qui sortira le 31 mai. En attendant, elle dévoile un premier extrait intitulé Mama Santa. Engagée dans ses textes autant politiquement que personnellement, en abordant des thématiques intimes (foi et amour), Mama Santa ne déroge pas à la tendance. Il est question de spiritualité qui soigne les plaies : « J’ai ajouté des rites et légendes, J’ai neutralisé les marques et fissures, J’ai défini un nouveau monde basé sur la prière » (« Adicionei ritos e lendas, Neutralizei marcas e fendas, Defini um novo mundo a base de oração é ») Un premier extrait sincère aux allures d’autobiographie pour l’artiste qui mélange pop, samba, reggae, forro, bossa et hip hop.
The Lostines – Neon Light
The Lostines, aka Casey Jane Reece-Kaigler et Camille Wind Weatherford, sont un duo folk originaires de l’Oregon et établies depuis une dizaine d’années à la Nouvelle-Orléans, où elles se sont rapidement intégrées à une vibrante communauté d’artistes. Apres des années à faire de la musique ensemble, Casey Jane et Camille s’apprêtent finalement à sortir leur premier album Meet the Lostines le 26 avril prochain, sur le label Gar Hole Records. Le deuxième extrait de cet album, Neon Light, est un morceau coloré et vivant, qui, dans le sillage de leur précédent single Full Moon, revêt une vibe très 60s. Le clip,réalisé par Leo Rauf, voit les Lostines et leur bande d’amis s’amuser, et participer au mariage délirant de deux d’entre eux à La Vegas devant un traditionnel prêtre – Elvis. Derrière ces images heureuses, les paroles de la chanson révèlent en fait une histoire mélancolique d’une relation amoureuse en décrépitude et de rêves de jeunesse non accomplis. Avec une instrumentation plutôt moderne, le morceau trouve le bon équilibre entre un ancrage traditionnel et une bonne dose d’originalité, dont regorgent les Lostines.
Superjava – Get Sick, Get Better
Superjava, superpop, superclip. Voilà pour la version courte, pour la version longue s’il y a des intéressé.es ça arrive juste après. Get Sick, Get Better ça sonne comme une claque, une injonction presque dont le but est se sauver la peau. Ça nous rappelle le dicton “ça ira moins bien avant d’aller mieux” même si ça n’a pas trop de rapport ici et le groupe veut dire ici qu’il faut accepter de passer par des moments de moins bien. Première étape avant de pouvoir traiter les problèmes et d’aller mieux évidemment. Il s’agit là de la plage titulaire de leur nouvel album à paraître et il faut bien reconnaître que tout ça a l’air très excitant. Ça part à mille à l’heure sans trop se poser de questions, avec un petit côté Circa Waves des débuts qui nous plaît bien. Côté images on suit un personnage qui se bat entre une personnalité qui lui intime d’aller vers l’avant et le reste de son corps qui rebute à lui obéir. Belle métaphore du malaise qu’on peut ressentir quand la vie est plus grise et difficile par moments et qu’on a du mal à l’accepter. Merci à Supernova de l’illustrer d’aussi jolie façon, on attend l’album avec des étoiles plein les yeux.
Bonnie Banane – Nini
Il ne s’agit pas d’une fusée envoyée dans l’espace, ni de la découverte d’un nouveau continent, mais bien de la sortie de “Nini” ! Voilà une info des plus capitales, “Nini” ce n’est ni plus ni moins que le titre qui annonce la sortie imminente du nouvel album, tant attendu, de la grande Bonnie Banane alias BB.
Sur un titre lent et porté par sa voix enivrante, on entre à pas de velours, dans un intérieur atypique et teinté de mystère. La scène se dessine dans la pénombre. On apprécie le jeu des lumières, le reflet de Bonnie Banane dans les miroirs, son pull over rouge. Il y a quelque chose d’élégant et d’étrange à la fois, qui se dessine dès les premières secondes et qui caractérise bien l’artiste. De la surprise, assurément … On retient notre souffle; quelqu’un a sonné.
Si une étreinte chaleureuse précède parfois de peu un immense sentiment de solitude, dont on peine à trouver les mots pour l’exprimer, “Nini” en détient le secret. Ce morceau met en lumière une rencontre éphémère et ces sentiments contraires.
Après Sexy Planet sorti en 2020, on ne peut pas vous cacher notre impatience de découvrir le dernier projet de Bonnie Banane, une artiste aux multiples talents. Déjà bien entouré dans notre agenda, on se donne rendez-vous le 5 avril.