Les clips de la semaine #214 – Partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, la seconde partie de notre 214ème sélection.

Grand Public – Clap

Cette semaine, les québécois Grand Public dévoilaient leur premier long-format, Sensations Diversions, chez Lisbon Lux Records. Un premier album enregistré dans un temps réduit afin de capturer l’essence et l’énergie des morceaux dans des conditions souvent proches du live.

C’est ce qu’on peut ressentir à l’écoute de Clap, morceau qui sert de port étendard de l’album pour la sortie de celui-ci. Un morceau qui fait corps, une sensation d’unité porté par des rythmiques de guitares tranchantes et entraînantes et un texte aussi cryptique que légèrement ironique.

De l’humour, le quatuor en a puisque pour accompagner Clap, ils décident de proposer … un court métrage qui parle de cinéma. En effet, Joé Pelletier, membre du groupe, nous propose une promenade dans les allées du Marché aux puces St-Eustache. Dans un noir et blanc esthétisant qui pourra rappeler le Clerks de Kevin Smith, on suit le quatuor en plein conversation autour de la réalisation d’un film. De ses ambitions à ses limites l’histoire, qui n’a pas forcément grand-chose à voir avec le morceau, nous montre des garçons qui n’ont pas envie de renoncer à leurs rêves et à leur envie de changer et secouer les choses autour d’eux.

C’est peut-être ça le grand talent de Grand Public, ne jamais s’arrêter et proposer quelque chose qui leur ressemble et qui porte leurs envies au plus loin.

Pour nos cousins du Canada, Grand Public présentera son album le 19 avril prochain à l’Escogriffe. Et nous, on espère les croiser prochainement sur les scènes françaises.

SOCIAL DANCE – Encore

De notre côté de l’Atlantique, un autre groupe Lisbon Lux Records faisait aussi parler de lui cette semaine. En effet, les marseillais de SOCIAL DANCE nous offrent le clip de Encore, second single d’un nouvel EP attendu pour le mois de mai.

Autant dire que comme toujours avec le trio l’énergie est bien présente entre des guitares ciselées et des éléments rythmiques qui groovent sévère. Un rendu qui se révèlent une fois de plus imparable et qui donne envie de remuer les pieds et les fesses.

Cependant, derrière ces apparats clinquants, on sent pointer une certaine noirceur dans les paroles. Navigant toujours parfaitement entre le français et l’anglais, le groupe développe toujours un propos assez ouvert laissant place à l’interprétation. De notre côté, on y voit une histoire que beaucoup de groupes, et d’humains, vivent actuellement : la libération d’une parole négative et nauséabonde qui marquent ceux qui en sont les victimes. Des propos qui marquent et qui restent en tête même si on essaie de les évacuer et qui ne méritent pas vraiment de pardon comme semble le dire SOCIAL DANCE à la fin de son morceau.

Pour accompagner le morceau, c’est pourtant plus unis que jamais qu’ils se présentent à travers la caméra de Jérémy Gouin. Ainsi, on part à l’aventure sous le soleil marseillais avec un groupe soudé qui laisse apparaître bonheur et joie de vivre à l’écran.

Une énergie qui se diffuse et qui se partage à travers le clip et dans laquelle on se plonge avec plaisir, tant on en connaît l’importance dans cette période moderne.

NOR BELGRAAD – FRUSTRATION

NOR BELGRAAD décide de célébrer le premier anniversaire de son premier album de la plus belle des manières. Tout d’abord, il y a l’arrivée du tant attendu vinyle (à chopper par ici) et puis une nouvelle édition avec deux inédits et un remix des invévitables DITTER.

Et c’est ainsi que l’on découvre FRUSTRATION, l’un des deux nouveaux morceaux du projet. Et autant le dire; celui-ci ne porte pas bien son nom. Aucune frustration à l’horizon pour un titre puissant, sauvage et déglingué comme on l’aime. Impossible de résister à cet uppercut brutal qui nous assomme et nous fait danser, notamment grâce à la présence de cuivres aussi dissonants que jouissifs.

Pour l’accompagner, Léa Lotz compile images de live et collages pour nous offrir une vidéo aussi saccadée que le morceau qui l’accompagne. Un montage dingue, qui secoue et qui rend grâce au morceau. On plonge dans ces archives qui s’enchainent et nous surprennent à certains moments, surtout quand elles déraillent.

Avec cette réédition, NOR BELGRAAD sera de retour sur scène avec un passage parisien le 09 mai prochain. On vous conseille de ne pas les rater, chaque prestation étant unique et mémorable.

Mou – Mon anniversaire (Ft. Philippe Katerine)

La pudeur, ce sentiment profondément enraciné chez tant d’entre nous, se manifeste de multiples façons, notamment dans la difficulté à dévoiler nos émotions à nos proches, à celles et ceux que nous chérissons. Il suffit parfois d’un mot, d’une simple combinaison de lettres, pour insuffler amour et certitude à ces âmes que nous aimons. Alors, pourquoi hésiter ? Pourquoi tant d’entre nous peinent à franchir cette barrière mentale ? Par orgueil ? Par ego ? Par tristesse ? Les raisons sont multiples et chacune mérite d’être entendue.

Mou pointe le bout de sa barbe, offrant un jour particulièrement affectueux de son année. Il prend plaisir à surmonter cet obstacle, qui pourrait entraver la révélation de son affection, afin de se retrouver en compagnie de celui qui lui prodigue joie et tendresse : Philippe Katerine. Qu’y a-t-il de plus gratifiant que d’être aimé et choyé par celui qui nous a initiés à l’art du Mignonisme ?

Une seule personne, plus précieuse que tout, peut nous procurer cette délicate endorphine de douceur. Anniversaire ou non, saisissons ce moment que nous offrent ces deux êtres emplis d’humanité. Qui sait, peut-être cela nous ouvrira-t-il la voie vers une plus grande toile de douceur, celle que peut apporter l’expression de nos sentiments à nos proches, celle de leur dire que nous les aimons.

Sabrina Carpenter – Espresso

Sabrina Carpenter chasse assez vite le fade noir et bleu du début pour un poussiéreux orange et un bleu profond. Aucun doute avec Espresso c’est déjà l’été ! 

Sur la plage, elle et ses copines profitent du soleil tapeur pour bronzer, boire des cocktails et narguer leurs ex’s. Le tout avec des chorégraphies et une attitude qui ferait pâlir Sharpay Evans (l’une des protagonistes de la trilogie High School Musical interprété par Ashley Tisdalendlr). 

Un refrain redoutable, une attitude pétillante et un sourire narquois, il n’y a aucun doute, celle qui chouinait sur son album emails i can’t send n’est plus et ce n’est pas une brochette de surfeurs qui changera la donne. 

L’Impératrice – Danza Marilù (feat. Fabiana Martone)

L’impératrice a dévoilé cette semaine le clip de Danza Marilù, issu de leur troisième album, Pulsar, à paraître le 7 juin prochain. Tout comme Me Da Igual, ce nouveau single continue dans une lignée musicale similaire, à la teinte estivale et toujours paré de ce groove imparable dont seul leur bassiste semble détenir le secret.

Le clip, réalisé par Arthur Sevestre, met en avant une animation dont une grand-mère supposément prénommée Marilù, semble être le personnage central. Avec ce morceau, le groupe suggère vouloir mettre en avant l’importance de se décomplexer face à l’âge, que tout reste permis malgré les rides qui se creusent, les cheveux qui tournent vers le gris et les genoux qui craquent. En somme, tout reste permis, et ça, l’Impératrice l’a bien compris.

Pour cet énième tube, le sextet a collaboré avec Fabiana Martone, chanteuse du groupe italien Nu Genea, et c’est encore une fois, une belle réussite. Et pour découvrir ce que le groupe se garde encore de nous dévoiler jusqu’au 7 juin, retrouvez -les le 1er à We Love Green, date promise à quelques exclusivités, cela va de soi.

Mount Kimbie – Shipwreck

On sait qu’il est peut-être encore trop tôt pour se prononcer, mais s’il y a malgré tout un fait certain en ce mois d’avril 2024, c’est que Mount Kimbie aura sorti l’un des meilleurs albums de cette année musicale pour le moins riche.

Alors qu’il nous tarde terriblement de les retrouver sur scène le 30 avril à La Cigale, le groupe composé de Kai Campos et Dominic Maker, a dévoilé il y a quelques jours, le clip du fabuleux single Shipwreck, qui a une nouvelle fois démontré que Mount Kimbie est de ces rares projets qui nous bouleverse le cœur avec une aisance déroutante.

Côté visuels, le réalisateur Duncan Loundon, a su mettre l’accent sur cette nostalgie signature avec ces effets vhs vintage, à la mise au pont déstabilisante, tout autant que les émotions qui nous habitent dès lors que l’on écoute ce morceau, évidemment.

Ugo Del Rosso – rivière

Sarah : C’est intéressant, les rivages en minuscule, comme par contraste avec l’immensité du sujet de l’Amour. 

Sortie il y a cinq jours et signée Ugo Del Rosso, la chanson folk mange le corps et l’âme, sur fond d’ambiance Super8 pour un clip tourné à la façon d’un grand film artistique dont les protagonistes ignorent en être. Et cette balade courte, cinématographique dans le texte comme à l’image, porte en 2’30 de temps tous les étés à fredonner la mélancolie des jours passés. « Laisse-la couler / Laisse-toi couler », en attendant on rembobine. Encore.

Maud : On prend une grande inspiration pour plonger au cœur du dernier projet de Ugo Del RossoHomme Jeu. Cet artiste lyonnais nous partage ici ses textes poétiques. 

Une mine triste, ou quelque peu pensive, ailleurs; on découvre Ugo Del Rosso entre des feuillages. Le tableau du titre rivière, extrait de son nouvel album, est simple et à la fois élégant, singulier. « Hier ne dort pas » annonce cette action qui s’allonge dans le temps. Le musicien s’offre une nouvelle coupe de cheveux qui s’étend au fil du morceau. On est entraînés dans un nouvel espace, à mi chemin entre songes tourmentés et mélodie rassurante. 

Rivière repose sur cette boucle introspective et entêtante. Le temps s’allonge et se torsionne peu à peu, par une voix lointaine et l’écho d’un chœur. Ugo Del Rosso esquisse un sourire communicatif en fin de morceau. À nous de l’interpréter, de prendre le temps de le découvrir. 

CARIBOU – Honey

Dans un monde rempli d’incertitudes et de déceptions, il est rassurant d’avoir des choses sur lesquelles compter, celles qui font du bien et qui permettent de trouver une certaine stabilité.

Parmi les choses évidentes, il y a le fait que CARIBOU trouvera toujours le moyen de nous faire danser, la preuve encore une fois cette semaine avec la sortie de Honey.

Premier titre du canadien depuis deux ans, Honey est un shot d’adrénaline pure, un morceau sans pause rempli de drops et de moments épiques qui s’enchainent les uns après les autres.

C’est d’ailleurs cette idée que développe Richard Kenworthy du collectif Shynola pour le clip qui accompagne le morceau. Ainsi pendant les quatre minutes et quelques secondes du morceau on tombe dans une sorte de vortex infini de flamants roses. Un travail visuel aussi dingue que la construction du morceau et qui lance parfaitement la bascule entre la fin de l’hiver et l’arrivée de l’été.

Une chose est sure, peu importe le temps, on risque encorede beaucoup danser avec CARIBOU.

Dana Gavanski – Singular Coincidence

Pour un réveil en douceur et qui annonce le printemps, on revient sur Singular Coincidence, un titre signé Dana Gavanski. Cette artiste canadienne nous a séduit avec la sortie de son dernier album LATE SLAP. De la pop aux sonorités recherchées et envoûtantes, quelques accents rock, et un clin d’œil aux années 70, la recette fonctionne à merveille. 

« Be your Cool Self » a dit le chat, of course! Le temps d’un morceau, on suit Dana Gavanski au long d’une balade. On apprécie les couleurs saturées, les plans qui s’entrecroisent, ce temps autre, plus lent ou onirique. Il y a quelque chose de très doux et contemplatif, que ce soit dans la mélodie ou les images.

Enterrer quelque chose peut être, pour aller de l’avant. On attend avec impatience le refrain léger et entraînant, qui éveille cette envie de danser, un souffle de liberté. 

Ariane Roy – Si je rampe

Deux ans après le superbe medium plaisir, qui l’aura mené à plusieurs reprises en France pour des concerts dingues qui nous auront bien marqué, Ariane Roy est enfin de retour avec Si je rampe, morceau qu’on avait déjà pu découvrir en live.

Intime et saisissant, le nouveau titre traite d’un problème qu’une société patriarcale a tendance à mettre de côté ou à minimiser : les douleurs menstruelles.

La beauté de Si je rampe, c’est de graduer la colère à mesure que l’incompréhension de l’auteure monte et qui se ressent dans une composition de plus en plus intense et épique.

Un morceau nécessaire qu’on pourra ranger à côté du Désorganisée de Bandit Bandit.

Visuellement, Elizabeth Landry réalise sur pellicule un clip drôle et subtile dans laquelle un casting géant est organisé pour interpréter une chanson. Visages impassibles et petits sourires cyniques au programme dans cette histoire où les rôles et les positions de pouvoir sont parfaitement inversées.

Un plaisir n’arrivant jamais seule, Ariane Roy vient d’être annoncée aux Francos de La Rochelle pour cet été. Nous on y sera. Forcément.