La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre voici la première partie de notre 214ème sélection.
King Hannah – Davey Says
Après Big Swimmer dont on vous parlait il y a quelques semaines, Davey Says c’est le nouveau single pour le duo King Hannah. Encore un peu de patience pour l’album, ça sera pour le 31 mai.
On les avait laissé dans un gymnase pour un bal de promo à l’abandon. On les retrouve aujourd’hui dans un garage. Et ce lieu, ça n’est pas sans rappeler les groupes grunge des années 1990 qui ont fortement influencé le duo. Craig Whittle se fait réalisateur et soumet des plans comme filmés au caméscope d’antan.
King Hannah nous livre un bel hommage à ce temps-là, il sent bon l’insouciance des années adolescentes, les après-midis enfermés à répéter entre potes, la liberté quelque part. Petite montée en puissance à 2’00. C’est le morceau parfait pour flâner sur son canapé par un jour gris en chaussettes ou les Converse aux pieds. On s’entoure de la bande de copains et on parle de tout, de rien pour maintenir les liens.
Melatonin – Death Is Always Here
Ah les doux Melatonin. En début d’année, ils nous ont fait planer avec leur bel album A Ghost At The Party – la chronique est à retrouver ici -. Ils ont choisi de faire émerger le superbe morceau fleuve de 6 minutes Death Is Always Here dans un clip.
Mélange d’archives personnelles de la réalisatrice et parolière Daphné Bérard et collectives de la cinémathèque Le Téléphérique (Auvergne Rhône-Alpes), Death Is Always Here invite à penser la notion même de souvenir. Comme le groupe le dit lui-même très poétiquement « empêcher les souvenirs de mourir ». Un souvenir meurt-il un jour ? Les images s’enchaînent dans un désordre habile : scènes banales entre amies, cérémonies, chorale, promenade à vélo, départ d’un train… A l’envers ou vers l’avant, tout défile à toute allure, en miroir ou sans effet.
Avec Death Is Always Here, Melatonin montre toute sa capacité à mêler les sonorités en invitant à la rêverie douce. Nous parlions dans notre chronique de la vision d’un paysage enneigé, sans trop vouloir divulgâcher, qu’elle ne fut pas notre surprise quand on a découvert quelques petits bouts du clip ! Toute cette orchestration graphique et sonique fonctionne à merveille, l’univers de Melatonin est riche parce qu’il convie toutes les émotions. Et le même effet est provoquée par ces images qui s’entrecroisent.
Native FR – Wish
Depuis quelques mois, on garde un oeil attentif sur Native et son post-hardcore, OVNI sorti de quelque part dans le Grand Est avec des premiers morceaux d’une qualité rare. Aujourd’hui le groupe nous présente “Wish”, nouveau single illustré par un clip tourné lors de plusieurs dates récentes de concert. Premier constat, on retrouve une nouvelle fois la classe et la forte personnalité de Native sur cette nouvelle sortie.
Un post-hardcore aux quelques discrètes influences (Loathe, Casey etc), avec un chant doux et un mur de guitare du plus bel effet. Le groupe sait naviguer entre post-rock, shoegaze, metalcore à la perfection et nous offre une proposition unique dans la scène française. Le premier EP du même nom arrivera en mai et on suivra ça avec la plus grande attention!
IDLES – POP POP POP
On sent que le budget est moins important pour ce dernièr clip d’un des plus grands groupes de rock actuel. Alors Stew Baxter a misé sur l’efficacité : un écran vert qui laisse défiler des sommets enneigés avec un Joe Talbot en front central qui puisse sur toutes ses expressions. Le réalisateur a réussi la performance de capter une image différente à chaque tempo du morceau.
Bref, les amoureux du look anglais élégant voguant seul dans un monde désert et angoissant apprécieront ce clip assez classique de IDLES. Pour ces derniers, c’est une dernière occasion pour rappeler l’existence de leur très bon dernier album TANGK dont POP POP POP en un l’un des chefs d’œuvre beaucoup moins ROCK ROCK ROCK qu’à leur début.
Headie One x Stormzy – Cry No More
Les rappeurs sont peut-être les meilleurs chroniqueurs du quotidien. Leur musique leur permet souvent de mettre en mots les durs choix de vie qui peuvent s’imposer quand on a un mode de vie précaire. Malgré leurs statuts Headie One et Stormzy s’attaquent à cette thématique au travers de Cry No More et de son clip réalisé par Rawtape.
Ce dernier met en scène le quotidien rugueux d’un jeune anglais. Tels des reporters, les deux rappeurs s’immiscent au plus près du récit sans jamais interférer avec. Ils suivent ce jeune d’une dispute avec sa mère enceinte qui le fera errer dans les rues de sa ville jusqu’à tard le soir. En le suivant, la caméra met discrètement en avant la solitude de cet adolescent.
Une fois que le micro passe d’Headie One à Stormzy, la caméra change de protagoniste et ce concentre sur le supposé (beau)-père du garçon qui lui aussi s’enfuit du domicile suite à une engueulade provoquée par la disparition du jeune. C’est les nerfs à vif qu’il s’engouffre dans la ville entre les ouvriers, les esprits qui s’échauffent et les travailleurs en fin de service. Un climat tendu qui causera la fin de la famille, leur maison de banlieue sera finalement achetée par un couple plus jeune et sûrement plus aisé.
En un peu plus de trois minutes, les deux artistes ont réussi à mettre en lumière les conditions parfois difficiles de la classe populaire anglaise et de comment elle évolue dans un écosystème qui est constamment au bord de l’implosion.
Zed – #ZEDEUDE (60)
Après avoir marqué le rap français avec 13Block, chacun des membres à su trouver comment s’épanouir en solo. Après quelques EP’s pour se chercher, Zed a cette semaine annoncé son premier album et avec lui un premier extrait clippé, #ZEDEUDE (60). Avec l’aide du réalisateur Bishop Na$t et de la voix française de l’acteur Denzel Washington (Emmanuel Jacomy), ce visuel lui permet de mettre du contexte autour de cette future sortie. Effectivement, il s’y met en scène comme un politique, donnant un speech devant une foule animée, avant qu’une voiture surgisse, que la vitre se baisse et qu’une balle viennent terminer sa trajectoire dans le bras du rappeur.
Touché mais pas abattu, il est rapidement embarqué pour se faire soigner. C’est depuis sa chambre d’hôpital, qu’il réglera ses comptes avec un rap qui ne fait pas de détour et met en avant les trahisons qui ont balisé son chemin. Une fois les forces reprises et le bras soigné, il n’y a aucun doute que c’est gonflé à bloc qu’il fera son retour. Ce qui donne déjà le ton du projet qui arrive et qui s’appellera Malcolm.
Mustang – Aérosol
On attendait. Le nouvel album de Mustang vient de dévoiler le premier extrait et il se nomme Aérosol. On retrouve donc nos canailles originaires de Clermont pour un cinquième opus. On avait laissé le trio avec leur fabuleux Memento Mori il y a 3 ans déjà, le temps pour Jean Felzine de sortir son disque solo. Dans ce titre, on retrouve toutes les qualités que l’on connaît de Mustang à savoir l’espièglerie des thèmes et des textes sans pareil.
Musicalement l’ambiance n’a rien perdu de sa vivacité et peut être encore plus déterminée pour jouir du super pouvoir de cracher dans un micro, au son d’une basse décoiffante. Ce nouvel album MEGAPHENIX signe aussi le passage du groupe chez Vietnam, nous pouvons alors espérer que d’autres clips viendront s’ajouter à celui là. On vous en reparlera donc certainement avant et après la sortie du disque prévue le 11 octobre prochain.
Aja — Absolune
Le deuxième EP d’Aja – Ajasphère II – sortira dans un mois, le 24 mai. Afin de nous faire patienter encore quelque peu, Clémence nous en dévoile avec Absolune, un nouvel extrait tout aussi captivant que les deux titres qu’elle avait déjà publiés auparavant (Ondéambule et Sceaurore). Ce nouveau morceau, dont le titre reste fidèle aux mots-valises, qu’elle façonne pour évoquer plus que décrire les décors chimériques dans lesquels elle souhaite nous emporter. Née de la fusion entre la lune (que l’on cherche tant à atteindre) et l’absolu (qui ne connaît pas de limite), la sphère d’Absolune s’imagine constituée de grands espaces que l’on parcourt sous la lueur une douce pénombre propice aux songes et aux illusions.
Une élévation mélodique faite de nappes électroniques entremêlées de touches organiques d’instruments à vent et de murmures de la nature. Des images – toujours saisies par Simi Beniamino et ses flous adaptatifs – accompagnent sans se montrer trop directives, nos pensées dans leurs flâneries abstraites. Un monde où minéral et végétal fusionneraient pour tisser les chemins conduisant à Absolune.
Vous pourrez les parcourir avec AJA samedi prochain, le 27 avril, au Tony (2bis rue des petites écuries à Paris 10). Clémence participera également la veille, en compagnie de Clément Variéras et de cinq autres musiciennes et musiciens à un concert de l’ensemble du Radeau Consort à la Cité Fertile de Pantin.
SÔNGE, Mr Viktor – Battements du Temps
Cinq ans après son premier album Flavourite CÂLÂ etaprès une dernière tournée en première partie des Zénith de Mika, SÔNGE s’associe avec Mr Viktor pour sortir un nouveau son forgé dans le creuset d’une hyperpop décomplexée. Née de et par les rêves de la productrice-musicienne-chanteuse bretonne, Battements du Temps interpelle et désoriente en faisant résonner notre subconscient. Derrière les impressions désinhibées que l’on perçoit à l’écoute du titre se nichent toute la démesure et aussi – et même si cela peut paraître antinomique – l’intimité ou la sensibilité de la composition de SÔNGE. « De belles victoires et quelques naufrages »
Pour donner vie à la vision onirique portée par Battements du Temps, Digitalexcreta a réalisé un clip vidéo 3D propulsant l’avatar numérique de la chanteuse dans un monde fantasmagorique mêlant eau, air, terre et le feu du dragon. « Le Grand Tout souffle fort et tourne les pages »
girl in red – I’m Back
“I’m back, I feel like myself, I was gone for a minute ’cause I went to get help” : c’est avec l’honnêteté à toute épreuve qu’on lui connaît que girl in red fait son grand retour, trois ans après son premier album. I’m Back vient introduire son nouveau projet, I’M DOING IT AGAIN BABY, au sein duquel on retrouve sa pop éclectique, et surtout expérimentale à souhait. Un style unique, toujours en exploration, qui se laisse porter avec ce nouveau morceau vers un univers plus doux et moins autotuné qu’à son habitude.
girl in red y porte un message d’espoir poignant, expliquant son absence musicale par son combat contre une dépression envahissant tous les aspects de son quotidien durant les trois dernières années. Désormais sortie, et surtout grandie de cette période de sa vie, elle nous partage son étonnement d’avoir réussi à aller mieux.
Le clip nous plonge dans un champ éclairé par un ciel bleu saturé au possible, tout droit sorti d’un poste de télévision des années 80, où on la découvre souriante, désinvolte, et surtout s’émerveillant de ce bonheur retrouvé. On y retrouve l’ironie habituelle de l’artiste, avec des bribes d’anxiété presque comiques surgissant par moment, symbolisées par des nuages qui viennent former un “ur trash” dans le ciel ou des journaux emplis de mauvaises critiques de l’album. I’m Back nous montre avec justesse que le chemin vers la guérison est certes encore long, mais que ce n’est pas pour autant qu’il ne faut pas célébrer celui qui a déjà été accompli.
French 79 – Graceful
Vous reprendrez un peu du dernier album de French 79 ? Le producteur Marseillais continue de faire vivre Teenagers sorti en 2023 et dont la tournée joue les prolongations un peu partout. C’est donc l’occasion de revenir sur Graceful, morceau plus atmosphérique et calme de ce disque, mais qui comporte toutes les caractéristiques de la patte de Simon Henner, notamment dans la texture des synthétiseurs dont on est passionnés.
Un morceau qui évoque le rapport à la nature et l’apaisement qui peut en découler. Côté images, on suit l’artiste en plan portrait au long d’une séquence au ralenti au levé du jour, renvoyant une simplicité agréable et reposant. Cette sérénité est désarmante et on se prend à se sentir spontanément relâcher la tension qui réside habituellement entre nos épaules et l’anxiété se dissiper au fil des secondes. Bref, on va se refaire une petite écoute de Teenagers en ce dimanche.
BYE BYE PANKE – FROG’S RIDE
Journée pourrie mais journée bénie pour la grenouille de Bye Bye Panke ? Le duo est de retour cette semaine avec Frog’s Ride, premier morceau d’un nouvel EP à venir très bientôt.
Percussif et évolutif, brutal et sauvage, le morceau de Bye Bye Panke a toute les qualités pour faire danser un mort et réveiller les plus réfractaires à la grosse fête, peu importe le jour de la semaine.
Sous les coups de crayons du Studio Megaptera, c’est donc une grande aventure qui accompagne Frog’s Ride. À l’image du nom du morceau, on suit donc notre héroïne la grenouille dans une journée qui commence de manière classique pour mieux dériver vers le grand n’importe quoi.
Au programme : un renvoi, un nouveau tatouage, une salamandre bien particulière, beaucoup d’alcool et des grosses basses. Une plongée totale dans un univers coloré et enchanteur qui nous invite à profiter de l’instant présent et à, quand c’est nécessaire, laisser nos soucis de côté pour mieux les oublier le temps d’une grosse teuf. Et si c’est accompagné de Bye bye Panke, c’est encore mieux.
Françoiz Breut – Crever l’Asphalte
Trois ans après son dernier album Flux flou de la ville, la chanteuse expatriée à Bruxelles Françoiz Breut poursuit ses explorations urbaines. Elle dévoile Crever l’asphalte, où la chanteuse de faufile avec ses mots sous les pavés, le tarmac qui se brise sous ses doigts.
C’est sous terre que Françoiz Breut nous emmène avec cette ballade pop électronique et onirique. Comme sur les précédents clips de l’album Flux flou de la ville, elle s’accompagne du réalisateur Simon Vanrie.
Le clip nous plonge dans une forêt éclairée avec un fort contraste, des couleurs vives et des petits animaux. L’esthétique est similaire à la pochette de son dernier album Vif !, sorti cette semaine, dont est extrait ce morceau.