La musique ça s’écoute, mais parfois, ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionnes les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Clôturez votre semaine en beauté avec notre deuxième partie de la 218e sélection des clips à ne pas louper !
Villagers – I want what I don’t need
Titre du nouvel et sixième album très anticipé That Golden Time qui est sorti le 10 mai 2024. Le titre « I want what I don’t need » est une douce ballade signée Connor O’Brien. Un titre assez épuré avec cordes et guitare qui met l’attention sur sa voix délicate et fragile et les paroles pétries de poésie.
Pour parler de cette chanson, Conor O’Brien a dit : « C’est une petite tragi comédie sur le concept du libre arbitre, de l’humilité intellectuelle et la marchandisation des choses sacrées. Comme pour toutes les chansons de l’album, un désir de transcendance à l’aube de l’ère internet est au cœur de celle-ci. Nous sommes constamment bombardés d’idées, d’images et de produits nous disant que nos directives internes sont insuffisantes ; que nous avons besoin de soutien externe ou de validation pour devenir des êtres complets. »
Le clip est tres simple et efficace : On alterne images et paroles sur fond blanc et noir.Pour en savoir plus sur Villagers, allez voir l’interview du groupe parue cette semaine sur la Face B.
Alfie Templeman – Hello Lonely
Hello Lonely est le troisième titre du nouvel album de Alfie TemplemanRadiosoul qui sortira le 7 juin prochain.Hello Lonely est un titre ancré dans la griffe musicale d’Alfie Templeman: une mélodie entêtante de pop acide, une belle énergie contagieuse et sa voix aux notes fragiles.
Ce morceau aux sons accrocheurs et joyeux qui rappellent un peu Jamiroquai ou Culture Club parle en fait des expériences pendant et après la pandémie. L’isolement des confinements a pesé lourd sur tout le monde y compris Alfie Templeman qui a écrit cette chanson autour de cette solitude ambiante et cette lassitude engendrées par les confinements à répétition qui résonnent maintenant avec notre monde post-pandémie. Il a déclaré sur ce titre: ’’Pour moi, cette chanson capture ces pensées existentielles que tout le monde semblait avoir pendant la pandémie et même après la pandémie où tout le monde a dit en quelque sorte « Alors, quoi maintenant ? ».
Le clip signé Will Bloomfield commence avec Alfie Templeman à la guitare, à huis clos dans une maison désaffectée ou une chambre de prison. La luminosité extérieure qui entre dans la pièce contraste avec cette pièce aux murs sombres. Le premier couplet est un plan serré sur Alfie Templeman allongé au sol (son visage, ses pieds) . Le second couplet est en plein air avec une échelle qui monte jusqu’au-dessus des nuages. Le riff est la descente d’Alfie du ciel à la terre et le reste de la chanson alterne les trois sets.
vice E roi – Trou de ver
vice E roi est un duo québécois formé de Jayana Auger et de Guillaume Lessard qui fait siens les codes de la culture heroic fantaisy alimentés par les jeux vidéo et des épopées fantastiques comme le Seigneur des Anneaux. Avec des attaques de cordes prenant les inflexions du Bird’s Lament de Moondog, Trou de ver se pare d’une bande-son que l’on pourrait croire issue d’un épisode d’une légende arthurienne. Une bataille épique sous fond d’une chaîne de montagnes escarpées dopée à l’IA dont la vidéo réalisée par Kevin de Laval fait l’écho.
Le Trou de ver est en astrophysique un raccourci à travers l’espace-temps. C’est un peu le porte-au-loin ou la poudre de cheminette d’Harry Potter. Un subterfuge qui permet de se rapprocher, ne serait-ce que le temps d’un instant – de ceux qui ont fait le choix de partir loin des leurs à l’aventure. « Je sais, je suis loin de toi – C’est moi qui ai fait le choix ».
En attendant la sortie de leur EP prévu pour cet été, ils seront en concert vendredi prochain, le 17 mai, dans leur fief de Saguenay Lac-Saint-Jean au Côté Cour. Ce qui est proche pour nos amis québécois, plus loin lorsque l’on est comme nous, de l’autre côté de l’Atlantique, à moins que … l’on emprunte ce Trou de Ver.
Amaurie feat BRÖ – Origine
Depuis l’intrigant Je saurai, nous nous complaisons à parcourir avec Amaurie les chemins indubitablement de traverse que la chanteuse trace au gré de ses compositions. Avec ses reflets féériques, Origine nous plonge entre ravissement et désenchantement dans les racines familiales qui forgent l’identité d’Amaurieet de BRÖ. Elles leur apportent forces et fragilités qui, mises ensemble, catalysent leurs élans créatifs. La culture s’abreuve de multiples sources qui permettent de la faire grandir. Naviguant entre les courants musicaux qu’elles sillonnent avec virtuosité – chanson française, rap, RnB, électro – Amaurie et BRÖ se métamorphosent en djinns de la nouvelle scène française. Elles sont et seront à l’origine de nombreux coups de cœur (dont les nôtres, depuis longtemps).
Au fait, BRÖ sera en concert à la Gaité Lyriquedans 10 jours, le mercredi 22 mai. Vous avez vos places ?
Sauvane – Cats Can Talk (Acoustic Live Session)
Quelles que soient les nuances mélodiques qu’elles revêtent, une belle chanson demeure. Les félins, quant à eux, refusent catégoriquement de laisser leur voix s’effacer dans l’oubli, persévérant dans la poursuite intemporelle des rêves et de la beauté. Dans un élan poétique, Cats Can Talk continue de nous transporter vers un univers envoûtant et harmonieux, même lorsque sa forme se fait plus brute et humble.
La musicienne s’engage résolument à insuffler, tout en revisitant, une sincérité encore plus profonde. Cette interprétation acoustique aspire avec une avidité insatiable à nous enraciner, nos genoux pliant sous l’attraction terrestre, nous liant à cet endroit et nous invitant à partager cette poésie organique où sa voix ensorcelante s’entrelace avec la délicatesse des touches de piano.
Nous croyons avec authenticité que Sauvaneémerge comme l’une des artistes francophones les plus saisissantes de ces derniers temps, souhaitant établir une connexion plus que palpable entre sa musique et celles et ceux qui sont touchés par cette magie, cette quête de béatitude. Cette interprétation du titre éponyme de son sublime album, paru à la fin de l’année dernière, parvient en quelques secondes à rendre chaque décor un peu plus réconfortant et familier.
Soran – Better Man (Acoustic)
Comment pouvons-nous atteindre une atmosphère encore plus intime et acoustique que celle qui émane déjà de l’œuvre originale ? Cette question, Soran l’a déjà explorée avant nous. Dans un extrait de son dernier album, le guitariste démontre qu’il a pleinement saisi l’importance d’une interprétation épurée, où la guitare et la voix se répondent, évoquant presque la familiarité du quotidien et l’authenticité d’une communication profonde. Une caméra, fixée sur un pied, saisit un décor à la fois chaleureux et minimaliste, tandis qu’un enregistrement brut préserve tous les sons naturels que la vie nous offre, dans le but de partager la scène avec les accords de guitare et la voix sensible du musicien.
Better Man est véritablement la confession d’un ami désireux de se dévoiler à nous, évoquant un amour intense qui semble déclencher une vague d’émotions jamais éprouvées auparavant. Tellement enclin à partager son vécu, il choisit la méthode la plus directe et efficace pour communiquer avec nous : nous installer sous cet arbre, dans l’intimité, afin que nous puissions contempler comment les sentiments humains peuvent parfois se transformer en la plus belle des poésies, rendant chaque parcelle de ce monde un peu plus paradisiaque.
Samaïa – Ha Leyli
Le trio Samaïa composé d’Eléonore Fourniau, Noémie Naël et Luna Silvarevient avec un nouveau clip. Il illustre le chant traditionnel perse Ha Leyli, que les chanteuses reprennent a cappella,sobrement accompagnée d’un saz et d’un daf, sur leur album Traversées, sorti l’année dernière. Cette chanson évoque l’ivresse en reprenant le conte d’amour perse Majnoun et Leili. Avec la voix d’Eléonore Fourniau en tête, le trio en fait une reprise sobre, élégante et envoûtante, accompagné d’un clip à cette image. Peter Pan filme la danseuse contemporaine Hava Hudry ainsi que le trio dans un clair-obscur aux teintes chaudes, à la fois orangées et rougeâtres.
N NAO – Miroir
Pour les adeptes de poésie, de pop expérimentale et singulière, vous devriez jeter un oeil ou plutôt glisser une oreille vers le travail de Naomie de Lorimier alias N NAO. Cette artiste canadienne originaire de Montréal compose des morceaux puissamment sensibles, des invitations à la rêverie et à la contemplation.
Miroir est extrait de son dernier projet, et donne son nom à l’EP. Si le travail de Naomie de Lorimier tend vers la performance, la vidéo occupe une place importante et fait partie intégrante du projet. Elle teinte la musique et lui donne un sens, une direction.
Quelques notes au piano permettent de poser un cadre. Miroir est une histoire, fragile et lumineuse. De sa belle voix qui s’envole dans les aigües, N NAO nous partage également son regard. On redécouvre la nature, le feu; on les admire et ils nous apaisent. On apprécie le grain de la vidéo, le dialogue qui se crée entre les mots et les images. « La caméra cherche le soleil, le soleil, la magie.. ». Si la mélodie nous parait parfois lente et décousue, insaisissable, N NAO nous offre un moment introspectif, une capsule où le temps s’allonge. Miroir est une poésie en mouvement aux contours flous. Avant que le soleil ne se couche, on cherche la magie dans les détails.
Feet – Sit Down
Non, ce n’est pas une reprise du mythique groupe mancunien James. Les britanniques de FEET dévoilent un single inédit à l’approche de la sortie de leur prochain album Make It Up prévu le 14 juin. Le propos est ici engagé car la bande lutte contre le capitalisme. Quoi de mieux qu’une pause pour mettre à mal ce système productiviste ? En tout vas, c’est la morale de ces trois minutes au rythme accrocheur. Dans ce clip fou, on entrevoit justement cet abus de pouvoir du travail quand la nouvelle recrue de la boîte qui est vue comme une secte, se fait humilier par sa hiérachie alors qu’il était plein de bonne volonté. Sit Down est une fable sarcastique et reussie de notre societé moderne.
Eesah Yasuke ft Haviah Mighty – Starting-blocks
Alors que la sortie de son prochain EPPS : J’écris l’album, se profile, Eesah Yasuke en dévoile un extrait. Starting Block fait partie de cet album quatre titres et il est écrit comme une prière, aux frontières du gospel. L’artiste s’accompagne pour ce titre de la rappeuse canadienne Havia Mighty. Les deux artistes ont en commun de travailler avec le producteur Youngdreadz qui a notamment collaboré auprès de Booba, PNL, Gazo et Angèle. Le réalisateur du clip Clément Brft fait apparaître Havia Mighty, sur un drap derrière Eesah Yasuke. Le clip colle à l’image minimaliste et hyper-sincère de la rappeuse. Dans son EP qui sortira vendredi 17 mai évoque la foi, dénonce la montée de l’extrême droite et aborde des influences panafricaines.
Global Network – Me & You
Avec son nouveau morceau, Me & You, le duo parisien Global Network dévoile le clip de ce dernier, une ôde à l’espace personnel et à la relation avec soi-même et aux autres. La vidéo met en avant des plans simples, des idées claires et qui suivent le propos d’un morceau à la fois entraînant et d’une grande douceur. En offrant un contraste de couleurs conséquent, variant du chaud au froid, le clip s’offre un certain panache visuel qui permet une invitation plus ample et prenante dans l’univers du morceau. Ce dernier, par ailleurs, permet l’expression d’un falsetto très subtile qui apporte une douceur supplémentaire qui sert parfaitement Me & You.