La musique ça s’écoute, mais parfois, ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionnes les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Clôturez votre semaine en beauté avec notre première partie de la 219e sélection des clips à ne pas louper !
TERRIER– Encore
CA Y EST !! Vendredi 17 mai à minuit, TERRIER nous livrait son nouvel EP intitulé Papillons dont on espère vous parler très bientôt. Mais avant que l’on fasse véritablement la fête, David nous a fait l’honneur de livrer un petit single : Encore avec un clip scénarisé par toute sa bande de copains de toujours (Arthur Deshayes, Pierre Olivier Da Silva, Benjamin Geffen et Nicolas Garrier Giraudeau).
Quand il ne nous fait pas un live session dans une salle digne de ce nom, TERRIER nous invite à la laverie – spoil : qui n’a rien d’une laverie ordinaire -. Et le vendéen n’est pas là pour laver son linge sale en public. Certes, il resasse à nouveau son existence, ses souvenirs mais c’est surtout sa trajectoire en cours de fabrication qu’il donne à voir. Avec Encore, TERRIER prend la route du bonheur en devenir en tentant de mettre un terme à la nostalgie quitte à tout faire brûler !
Beth Gibbons – Lost Changes
Il y a une vie après Portishead. La frontwoman Beth Gibbons sort son premier véritable album en son nom ; Lives Outgrown. A l’occasion, un nouveau single clipé réalisé par Juno Calypso voit le jour : Lost Changes. Tel le protagoniste de Cosmopolis de David Cronenberg, une femme traverse la ville en limousine dans un décor particulièrement rose. Isolée et impuissante face au monde qui l’entoure, elle trace sa route.
Esseulée, elle s’adonne à des activités plus ou moins ludiques. Beth Gibbons signe un single d’une beauté envoûtante, on retrouve la patte trip-hop du passé. Une espèce de douceur relaxante parfumée d’une mélancolie assumée, lumineuse. La native d’Exeter est à retrouver en France sur les terres parisiennes le 27 mai prochain à la Salle Pleyel et le 31 mai à la Bourse du Travail à Lyon.
SCH – Cannelloni
À chaque retour du rappeur marseillais, une partie de sa fanbase se laisse happer sur un potentiel retour du rappeur avec la hargne de ses débuts qui avait catalysé sa première mixtape et fait trembler le rap francophone en 2015. Mais avouons-le une bonne fois pour toute : le SCH d’A7 n’existera plus. Désolé pour les nostalgiques mais le gap de train de vie entre ses débuts le couteau entre les deux et la réussite qu’il connaît à l’heure actuelle est trop grand que pour garder une quelconque authenticité.
Cependant, cela ne retire rien au fait que le marseillais reste un grand rappeur et Cannelloni le prouve !
Alors oui, l’imagerie n’est plus la même, les caves et ruelles sales de Marseille sont délaissées au profit d’une ambiance cinématographique signée de la caméra de Zaven. Cette dernière est faite de palaces et de vêtements signés par des maisons d’Haute-Couture.
Fatalement les sujets aussi ont changés, il n’évoque plus ses petites magouilles lui permettant de boucler les fins de moi ou son dernier achat d’alcool bas de gamme qui purgeait ses démons. Il a réussi, a de l’argent et conte les vices que ça comporte y compris les plus basiques : la jalousie et l’opportunisme des plus affamés par une part du butin.
Ce morceau semble marquer une certaine prise de conscience sur son statut et il réussit à l’imbiber (non sans certaines facilités) dans un rap brut toujours aussi bien exécuté.
Soso Maness – DLB13014
Après avoir fait danser toute la francophonie avec des gimmicks entêtant, après avoir ouvert sa formule pour étendre son public, il est venu le moment où Soso Maness revient aux bases et surement à ce qu’il sait faire de mieux : un rap brut et authentique qui plonge dans les coins les plus sombres de son écosystème. Pour ce faire, il revient avec une série qui le suit depuis ses débuts, celle des DLB (Dans Le Block, ndlr) auxquels s’ajoute 13014, code postal des Quartiers Nords de Marseille là où il a grandi.
Tout s’accorde pour dire que le rappeur revient aux sources. Mais il ne fait pas pour autant fi du succès qu’il a connu, ce qui se marque dans le clip qui accompagne le morceau. Sous la caméra de Thomas Deschamps, le rappeur se pavane dans son quartier au volant d’une voiture sportive qui ne cesse de se faire arrêter par des fans de tout âge.
Toujours souriant et soucieux de rendre à ceux qui lui ont donné, le rappeur prend la pose à la moindre occasion. Pour le reste, rien n’a changé, le clip s’assume comme un street clip pur jus et le rappeur confirme qu’il n’a pas perdu sa maîtrise au micro.
Emmanuel Emo – NAKBA
Cela faisait longtemps qu’Emmanuel Emo ne nous avait pas partagé de nouveaux morceaux, mais on sentait que des choses se précisaient. Il avait ouvert il y a quelques mois sa boîte à archive et publié les versions abandonnées de ses clips précédents. Avec Nakba, Emmanuel Emo revient inspiré par les textes de Mahmoud Darwich, poète palestinien décédé qui avait fait de son œuvre un engagement dans la lutte de son peuple. Nakba fait référence à l’exode palestinien qui fit suite à la guerre israélo-arabe de 1948.
Darboukas et sagats structurent le morceau en accompagnant la mélodie simplement jouée à la guitare et la voix parlée chantée d’Emmanuel Emo. On retient son souffle avant de reprendre sa respiration, submergés par la vague d’émotion partagée par le musicien qui fait résonner « J’entends ta voix » comme un mantra.
Laissons la poésie – et la culture en général – organiser une vie en paix. Elles seraient plus promptes à le faire que certaines politiques sans scrupule aux biais multiples. Un jour peut-être, l’humanité deviendra raisonnable et les peuples apprendront à vivre ensemble.
MALVINA – Sorry Not Sorry
Extrait de son premier album Mercedes qui vient tout juste de sortir, de tous les morceaux qui le composent, Sorry Not Sorry en est sans doute le plus poignant. Une ballade hyperpop qui laisse la voix de Malvina pleinement s’exprimer. On se retrouve propulsés dans l’intimité sans filtre d’une confidence qui tiendrait presque de la confession sacramentelle. Une force incommensurable que l’on sent à peine contenue, proche à se transmuer en puissance. Sorry Not Sorry pour que Malvina devienne Mercedes, son deuxième prénom et son nom de domina.
Les images de la vidéo produite par Xavier Arias et réalisée par Antoine Carlier illustrant Sorry Not Sorry, soulignent l’intensité qui se dégage de la chanson. Dans un plan tête-épaule en noir et blanc, un face-à-face se crée avec Malvina. Un regard chargé d’amour, de colère et surtout d’une détermination sans faille. Une émotion indescriptible naît de ce monologue intérieur devenu une exhortation salutaire.
Liz Lawrence – No One
Après Big Machine et Strut, Liz Lawrence en dévoile un peu plus sur son prochain album Peanuts (dispo le 7 juin via Chrysalis Records) avec la sortie de No One cette semaine.
Porté par une ligne de basse des plus saisissantes, ce nouveau single nous invite à l’acceptation du moment présent, en particulier lors de moments difficiles.
Quant à l’image, l’artiste anglaise a fait appel au réalisateur Brendan Cleaves pour nous proposer un clip façon live à la Top of the Pops très réussi.
Écran Total – Sous la lune
Le duo devenu trio nous revient avec une mélancolie douce et interstellaire.
Aliens, romance, arrangements neo cold-wave, tout se mêle, au son éthéré d’un amour galactique où la mélodie prendrait presque le pas sur le texte (une fois n’est pas coutume).
Dans l’attente d’une Boule Noire qui promet d’être grandiose le 23 mai prochain, on se repasse avec plaisir un clip aux couleurs flashy tranchant avec un décollage tout en douceur… Planant !
seppuku – Lost my Smile
Le quintet français revient sans le sourire. Dans ce nouveau single grunge shoegaze, la bande marseillaise, dernière pioche de Holwin’ Banana Records, propose une mer de tristesse au soleil dans ce clip au parfum d’été amer. Si le clip donne envie de se noyer, on vous conseillera plutôt de le faire en écoute sur leur premier album prévu prochainement.
Walt Disco – Come Undone
Porches – Joker
Il ne nous aura pas fallu longtemps, depuis le 9 avril dernier, pour découvrir la nouvelle création de Porches. Un air de guitare sec, une voix dans un léger écrin électrique, et une rythmique donnant le ton pour une ballade dans la nature. Joker dévoile avec simplicité une réflexion plus profonde sur la vie. Cette exploration résonne, car dans la joie que contient l’amour se trouve une part plus sombre. Placés immédiatement dans un décor de forêt, nous avons un terrain vaste, oscillant entre l’air pur et l’évasion qu’il procure, et de l’autre côté, toutes les possibilités de laisser s’échapper ce que nous souhaitons oublier.
À l’approche de leur nouvel album, les New-Yorkais portent ces mélodies, voulant croiser notre route à tout moment. Ils nous prouvent que l’affection et les sentiments ne sont jamais que des vérités et des mensonges éternels, nous menant à poursuivre des événements parmi les plus insolites et puissants au cours de notre existence. Les musiciens nous invitent à plonger dans des émotions brutes et authentiques. Un excellent moyen d’occuper et de faire réagir nos tympans lors d’une simple promenade.
Childish Gambino – Little Foot Big Foot
Ça y est, le rush final est arrivé pour Childish Gambino, Donald Glover ayant annoncé que l’ultime album du projet sortira cet été. Afin de préparer au mieux ce sprint vers le clap de fin, l’artiste a rendu public en début de semaine dernière Atavista, la version définitive de l’album sorti pendant le confinement, au tracklisting quelque peu erratique et à la finalité brouillonne. Ce qui t’explique donc par le fait que l’album en question n’était pas terminé à ce moment-là.
À cette occasion, Donald Glover a sorti le clip de Little Foot Big Foot, en collaboration avec Young Nudy. Le clip met en avant une esthétique old-school, aux teintes en noir et blanc, l’action prend place dans un saloon au sein duquel le chanteur et deux compères danseurs interprétent le morceau. Ces derniers étant confrontés à une foule quelque peu mollassonne qui ne semble s’emballer que lorsqu’une arme à feu est intégrée à la performance, et ce malgré une chorégraphie ambivalente et enjouée.
Le morceau lui est tout aussi gai et laisse transparaître des arrangements colorés qui portent une voix toujours aussi claire de la part de Donald Glover. Une performance vocale entrecoupée par le couplet de Young Nudy qui amène un tout autre registre sonore au morceau, lui permettant de prendre une toute autre dimension juste avant son final.