La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, la seconde partie de notre 221ème sélection.
Julia Jean-Baptiste – Eternité
C’est un mot imposant « éternité ». Il veut tout et rien dire, il s’étend, positif ou négatif, malléable dans la bouche de celui qui l’utilise.
Il aura fallu une éternité à Julia Jean-Baptiste pour mettre des mots sur un évènement traumatique de son existence, une relation toxique qui aura laissé des cicatrices et des maux chez l’artiste. Et puis l’éternité s’est transformée en une petite vingtaine de minutes, le temps qui lui aura fallu pour écrire ce texte libérateur, un jour dans le salon familial.
Eternité, son nouveau morceau, traite de sujets sérieux mais de manière pop. Cette fois Julia Jean-Baptiste ne cherche pas à nous faire lire entre les lignes et nous propose un texte direct, brut, l’expression d’un ressenti et d’une expérience qui aura mis une éternité à être digérée.
C’est aussi toute la force du morceau. Au milieu du chaos de la souffrance, c’est la prise de pouvoir et la libération que la lyonnaise nous chante, bien aidée par une composition rock et énergie, guidé par une basse qui frappe le rythme.
Sous la caméra de Mélodie Roux-Dufort et Lucas Donaud, on suit Julia Jean-Baptiste pour une échappée nocturne. Un néon rouge l’éclaire alors qu’elle arpente les rues, la caméra toujours au plus près de son visage et de ses émotions, toujours en mouvement.
Avec ce morceau, Julia Jean-Baptiste ouvre la porte d’un nouveau chapitre de sa carrière, au plus près de ses émotions, sans peur, sans crainte et le regard fixé dans le notre.
PLÉTHORE – Tainted
Quatre ans sans nouvelle, on commençait à s’inquiéter un brin mais rassurez vous, PLÉTHORE est bel et bien vivant et le collectif est de retour cette semaine avec l’excellent Tainted.
Loin des yeux, mais proche du coeur, PLÉTHORE a donc pris le temps de façonner son retour comme un artisan, voulant nous offrir le meilleur de lui même. Et c’est chose faite avec Tainted, morceau obsédant, possédant une architecture musicale foisonnante dans laquelle on peut s’évader autant que se perdre.
Comme toujours, les écoutes répétées révèlent un univers fascinant, dans lequel il est question de notre rapport à la réalité, de la façon dont on utilise notre temps et du danger qu’il peut y avoir à se perdre dans un monde parfois irréel où les émotions sont parfois incomprises, parfois dures à contrôler.
Cette idée d’ambivalence entre les mondes où l’on évolue, entre le rêve et la réalité est aussi au centre de la vidéo qui accompagne Tainted, réalisée par Louis Faloci, tête pensant de PLÉTHORE.
Comme Alice suivrait le lapin blanc, on part à la poursuite d’une femme qui évolue dans un univers où elle est happée par la musique. Une promenade étrange, aux contours flous et guidées par les émotions bien palpables que nous fait ressentir la musique. On suit cette aventure, passant de lieu en lieu alors que tout semble trop étrange pour être vrai.
On vous laisse découvrir le tout, mais une chose est sûre, le temps est définitivement l’allié de PLÉTHORE et on a hâte de découvrir la suite de ce qu’ils nous ont concocté.
Eesah Yasuke (prod. Youngdreadz) – Les vivants qui s‘enterrent
Avant la sortie de son prochain album, Eesah Yasuke dévoile un deuxième extrait de son EP PS : J’écris l’album. Avec le morceau Les vivants qui s’enterrent, l’artiste parle de dépendance fatale et mortifère. Essah Yasuke nous offre un rap profond, subtil et mélancolique, souligné par une prod signée par Youngdreadz. Un producteur qui a fait ses marques comme assistant auprès de Nk.F (PNL, Booba, Damso, Angèle).
Pour le clip, réalisé par Clément Brft, la recrue de chez Warner s’entoure de son amie proche Léa Martineau pour la direction artistique. On retrouve Eesah Yasuke devant des draps sur lesquels son image est projetée. Comme un rappel à la couverture de son dernier EP, sorti il y a deux semaines.
J. Bernardt – Don’t Get Me Wrong
Alors que vient de sortir son deuxième album solo, J. Bernardt ponctue cette nouvelle d’un clip. Don’t Get Me Wrong, troisième titre de cet opus, monte à la tête comme un digestif avalé trop vite. Chaud, voire brûlant, effréné, son rythme se transforme en un groove imparable qui fait balancer tout le corps de gauche à droite.
Vous l’aurez compris, il s’agit de notre coup de cœur parmi les onze titres de Contingo d’où une satisfaction naturelle de le voir mis à l’image. De ce côté justement, on retrouve un duo qui se croise sans se parler autrement qu’en dansant et qui illustre les incompréhensions qui peuvent naître au sein d’une relation. Entre les deux, un compagnon à quatre pattes et un chanteur belge dont on ignore s’il vient jouer les médiateurs ou les déclencheurs. Bref, une réussite audio et vidéo, et qui fait honneur à Contingo
Ito – La fabuleuse histoire d’un rêve décadent
Le 14 juin est une journée spéciale pour Ito, marquant la sortie de son troisième EP Mourir Jamais. Il a été brillamment teasé par sa série de singles Émotif, nous faisant découvrir son univers unique. Quelques semaines plus tard, le rappeur revient déjà avec le premier single de ce projet : La fabuleuse histoire d’un rêve décadent.
Les caméras de Roso nous mènent à travers un champ, où Ito se tient aux côtés d’une femme brandissant une arme. Le rappeur enchaîne ses rimes sur une instru magnifique, se tenant sur un podium avec un fond rouge comme une scène de spectacle. Cependant, au fil de la vidéo, une tension palpable et une peur grandissante s’installent. La peur que cette femme mystérieuse, toujours en mouvement, fasse usage de son arme.
La fabuleuse histoire d’un rêve décadent nous plonge dans cet univers aérien et fascinant de Ito. Une très bonne mise en bouche de Mourir Jamais, son prochain EP à ne pas louper.
François Ier – Este Verano
Incendies est enfin disponible sur toutes les plateformes, mais avant ça, François Ier a fait sortir un troisième single clippé : Este Verano. Cette fois-ci il est allé chercher du côté du court-métrage animé Walkingde Ryan Larking sorti en 1968. On parlait d’une ouverture sur l’autre dans son single Sound advice, sur Este Veranoon rencontre plusieurs autres. L’humain est beaucoup plus présent, ne serait-ce que par la voix.
L’animation originale de Ryan Larking se voulait posée et contemplative, François Ier l’a retravaillée pour qu’elle soit plus adaptée à son morceau pour le moins estival dans sa musicalité : reggaeton et à la lisière du drum & bass. Bien qu’aussi coloré que ses prédécesseurs, Este Verano se démarque par ses ondulations rythmiques ciselées avec finesse.
Leif Vollebekk – Moondog
Le 27 septembre, Leif Vollebekk dévoilera son cinquième album Revelation via Secret City Records. Il a toutefois déjà commencé les présentations cette semaine avec la sortie de Moondog, un doux premier single.
Cette délicate ballade folk est accompagnée d’un chouette clip réalisé par Kaveh Nabatian : au petit matin, au milieu des montagnes, on retrouve l’artiste canadien et sa guitare en toute simplicité. Les parisien.ne.s auront la chance de découvrir ce morceau et le prochain album en live le 10 octobre prochain dans l’intimité du Café de la Danse.
Foster the People – Lost In Space
Teasé depuis une petite dizaine de jours sur leurs réseaux sociaux, le retour de Foster The People est désormais officiel avec la sortie de Lost In Space, premier extrait de Paradise State Of Mind prévu pour le courant du mois d’août.
C’est forcément un plaisir particulier de retrouver Mark Foster, quatre ans après la sortie du dernier EP du groupe. Comme souvent avec le californien, le premier single est une étape importante qui fixe les éléments fondateurs de ce qui nous attend. Ici, outre la voix iconique du chanteur, on se retrouve dans un univers très dansant et organique, où des cordes 70’s croisent des sonorités que n’aurait pas renier l’excellent Todd Terje. Un mélange explosif qu’il combine avec des paroles assez personnelles.
Visuellement, le groupe s’est associé avec Rupert Höller, dont l’esthétisme sied parfaitement aux ambiances musicales à la fois flamboyante et intérieure du morceau.
Ainsi, dans des teintes exclusivement rouges qui pourrait faire penser à Twin Peaks, on retrouve Mark Foster dans un univers assez étrange et hyper-chrorégaphié qui joue sur les présences et les ombres comme dans une sorte de quête libératrice d’un rêve dans lequel on serait perdu.
Foster The People opère un retour qu’on n’osait plus espérer et qui nous réjouit complètement. La suite, vite !
Eminem – Houdini
Guess who’s back ?
Est-ce que Eminem est trop vieux pour ses conneries ? Techniquement on a envie de dire que non. Houdini est un retour en grande forme pour le rappeur américain, entre production moderne et flow ciselé.
Le garçon n’a plus rien à prouvé et sait le statut qu’il possède. Provocateur, il décide de tirer sur tout le monde a la sulfateuse jusqu’à lui même. Ce nouveau morceau est un grand parallèle entre l’époque dans laquelle on vit et celle dans laquelle il a fait naitre son héros, Slim Shady.
Charge virulente contre la cancel culture et le monde moderne, Houdini pousse sans doute le bouchon trop loin pour beaucoup de monde, même si il le fait avec énormément de talent.
Visuellement, c’est une superproduction qu’il nous offre, suivant ainsi la trame de son morceau, faisant ainsi venir le Slim Shady de 2002 à notre époque et faisant réapparaitre Rap Boy, son super héros bien connu.
Apparitions à la pelle, grand jeu de massacre sur toute la ligne, Houdini marque dont le grand retour d’Eminem mais laisse tout de même un arrière goût assez amère dans la bouche, à l’image des propos de JK Rowling.
Bref, il est peut être temps d’enterrer nos anciennes idoles.