La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre, la seconde partie de notre sélection numéro 227.
Orville Peck feat. Beck – Death Valley High
Le show d’Orville Peck au Festival International de Jazz de Montréal la semaine passée nous en avait mis plein la vue et c’est loin d’être fini : Stampede, son album de collaborations, arrive au grand galop le 2 août. Après en avoir dévoilé quelques extraits avec Elton John, Kylie Minogue ou Noah Cyrus, ce n’est en compagnie de nul autre que Beck que le fabuleux cowboy masqué nous présente cette semaine Death Valley High. Dans un clip clin d’œil à Casino (qui s’offre d’ailleurs une apparence de son actrice Sharon Stone) réalisé par Austin Peters, les deux voisins de noms au style impeccable nous embarquent dans une grandiose épopée groovy où les excès sont de mise dans la tumultueuse Las Vegas.
TH – Le Terrain
Enfermer TH dans la case du rappeur sombre serait réducteur. Bien que son dernier album E-TRAP tire plus vers une froideur militaire qu’une chaleur réconfortante, il a pris soin de l’aérer (à sa manière) avec le dansant Le Terrain. Un morceau qui, en ce début de vacances d’été, bénéficie d’un clip.
Alors que certain.e.s font leur bagage en direction d’une plage paradisiaque, TH reste bien ancré dans son quartier de Bondy pour faire passer l’été parce qu’il faut bien que « le terrain tourne« . Il prend tout de même le temps de faire la fête et de retourner quelques dates de festivals ouvrant grand les bras à sa nouvelle vie de star. Sans rien perdre de son univers « macabre« , il l’ouvre un peu plus montrant sa grande polyvalence et surtout une volonté de ne pas devenir une caricature de lui-même.
Tommy Richman – Million Dollar Baby
Après avoir affolé le compteur streaming (presque un demi-milliard d’écoutes sur Spotify à l’heure où ces lignes sont écrites), le phénomène Tommy Richman livre le clip de son tube Million Dollar Baby réalisé par Josh Ycay.
En bon américain qu’il se respecte, il a profité de la Fashion Week parisienne pour livrer sa vision (fantasmée) de la Ville lumière, le tout sous un grain VHS qui va de pair avec son esthétique 90’s.
Toujours accompagné d’une belle brochette de connaissances, il déambule dans un Paris nocturne illuminé par les néons de la tour Eiffel.
En moins de 3 minutes, il arrive à condenser une virée en métro, une autre sur les quais de Seine, des aftershows et un petit repas. Sans tomber dans la démesure ou le cliché du Paris luxueux à la Emily In Paris, il n’en reste pas moins intéressant de voir comment la Ville lumière est vue de l’autre côté de l’Océan.
Courteeners – Solitude of the Night Bus
Solitude Of The Night Bus est le tout nouveau single tiré du nouvel et 7ème album des Courteeners ‘Pink Cactus Café‘ qui sortira le 25 octobre. La vibe de Solitude Of The Night Bus est un peu comme une fusion pop electro indie avec un refrain et un sifflement qui restent dans les esprits, mais cette chanson a une signification plus profonde, car elle parle des ramifications de la solitude. En parlant de la chanson dans un communiqué de presse,
Fray a partagé : « Cela est venu à un moment de véritable questionnement. Les choses n’allaient pas particulièrement bien. Pas de confiance. Pas de direction. Je pense que c’est pourquoi ce titre a un côté fun. Il représente le nouveau nous. J’avais déjà travaillé avec Ola [Modupe-Ojo] sur ‘Hanging Off Your Cloud’ et, comme à ce moment-là, il y avait cette magie irrésistible. Solitude Of The Night Bus est une brise d’été. Mais c’est une nuit d’hiver. Dans tous les cas, il faut parfois bloquer le bruit. Mon oncle Pat, qui est décédé, aimait beaucoup siffler, alors c’est un peu un hommage à lui. Montez dans le bus ; écouteurs sur les oreilles ; suivez votre propre chemin. C’est le tube de l’été qui fait du bien, malgré le syndrome de l’imposteur. »
Réalisé par Dom Foster (The Coral, Paul Heaton), le clip met en scène Liam Fray dans un voyage nocturne du nord au centre de Londres à bord du Bus 17 au cours duquel les œuvres d’art vibrantes (beaucoup de magenta et de saturation avec tantôt des images statiques tantôt des vidéos vintage) de ‘Pink Cactus Café’ prennent vie autour de lui tout au long du trajet.
Laura Marling – Patterns
Patterns de Laura Marling, premier titre tiré du 8ème album Patterns in Repeat, quatre ans après Song for our Daughter, prévu pour le 25 octobre.
Patterns est une douce ballade acoustique au fingerpicking enrichie par des arrangements de cordes et de chœurs magnifiques qui oscillent entre la paix et la tendresse et tel un kaléidoscope, Patterns parle de cycles familiaux et permet à Laura Marling de parler de sa maternité et de sa transmission, mais évoque la compréhension, avec une nouvelle clarté profonde, des sacrifices et l’amour inconditionnel de ses parents pendant sa propre enfance. Ce passage de la chanson l’illustre bien : “And as those years go by they’ll look upon you / Kindly like a friend / A pattern in repeat / And never ends,” she sings ».
Le clip est tout en simplicité mêlant paroles et une vidéo en loop qui commence par un zoom sur Laura Marling qui filme sur son téléphone et la caméra va se déplacer sur des plans de fleurs blanches, de plantes. Après plusieurs loops, la vidéo se termine sur un zoom sur un rouge-gorge puis s’ouvre vers un ciel bleu et immense.
Verlatour – On My Mind
Alors que son premier album Immersion est sorti il y a quelques mois, Verlatour nous propose aujourd’hui la mise à l’image du titre d’ouverture de cet opus : On My Mind. On y découvre une poursuite qui se continue à travers les âges, telle une fuite dont l’issue serait inévitable. Toujours rempli de synthétiseurs et de boîtes à rythmes, l’univers du producteur se transforme en une fable dont les intonations évoquent par moment des influences de Peter Gabriel. Côté image, la réalisation fait la part belle aux éclairages et aux effets spéciaux dans une performance visuelle drôlement réussie. De notre côté, le refrain est bien rentré dans nos têtes et au final est-ce que ce n’est pas ça le principal ?
Tahiti 80 – Lose My Head
Si l’on s’imaginait vieillir confiné dans un été sans fin, Lose My Head serait la bande-son idéale pour nous accompagner. Bercés par cette ballade à l’allure d’une ritournelle intemporelle aux reflets psychédéliques. Une ritournelle mélancolique, forcément, mais néanmoins traversée par des rayons ensoleillés salvateurs. « Where will you be in 10 years time ? Walking quietly in a garden chasing butterflies ? »
Jean-Baptiste Brégon a mis en images la chanson en donnant vie à l’iconographie imaginée par Laurent Fétis pour la pochette du prochain album de Tahiti 80 qui sortira fin septembre. Lose My Head en est le deuxième extrait. Hello Hello sera leur dixième album. Et oui, le groupe s’est formé il y a un peu plus de 30 ans. On parlait de temps qui passe ?
En attendant de découvrir les dix autres titres qui composeront leur nouvel opus, vous pouvez d’ores et déjà réserver votre soirée du 23 octobre 2024 pour une Maroquinerie qui complétera un été indien musical qui nous attendra à la rentrée.
Drea Dury – Calypso
Dans la torpeur d’une nuit caraïbéenne, Drea Dury nous entraîne dans une danse au rythme langoureux. Une Calypso intrépide où les corps en mouvement se frôlent et déclenchent des sentiments mêlant bravoure et séduction. Libératrice ou corruptrice comme peut-être la nuit, le sentiment qui en naît révèle en quelques déhanchées toute sa multiplicité et sa dualité. Les paroles – en espagnol et anglais dans un flow délicatement vocodé – que susurre Drea Dury nous éclairent autant qu’elles nous égarent.
Guillaume Durand avec sa caméra tournoyante a su dans la vidéo insuffler cette fureur d’être et d’exister, seul ou en groupe. Une épicerie aux horaires nocturnes même éclairée par ses néons blafards peut en quelques mouvements de caméra se métamorphoser en une scène épique où se confronteront les instigateurs d’une Calypso hédoniste.
Ladaniva – Dicitencello Vuje
C’est dans l’ultramoderne solitude des rues et du métro d’ Erevan que Ladaniva refait vivre un chant traditionnel italien. Issu de Postacards, l’extension du premier album du groupe composé de reprises, Dicitencello Vuje un chant d’amour napolitain. Composé dans les années 1930, cette chanson se met dans la place d’un homme n’osant pas dire son amour à sa bien-aimée. Il dit à sa bien-aimée de dire à son amie qu’il l’aime, qu’il « est tourmenté par la passion » au point de ne plus pouvoir penser, s’endormir. A la fin du morceau, les masques tombent et il avoue directement son amour. Un chant rempli d’émotion, sublimé par la voix magnétique et magnifique de Jaklin Baghdasaryan.