La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre, voici la sélection 228 des clips de la semaine.
Fat Dog – Wither
Vous êtes prévenu.e.s : à la rentrée, tout le monde criera WOOF !
Le très attendu premier album de Fat Dog, attendu pour le 06 septembre, sera sans aucun doute le premier gros évènement de la rentrée. Entre lives fiévreux et singles tous plus excitants les uns que les autres, les anglais ont lentement mais surement gravi la montagne de la hype pour se retrouver désormais au sommet.
Wither en est une nouvelle preuve. Ce nouveau titre porte en lui tous les ingrédients pour devenir la grosse obsession de notre été. Comme à chaque titre, Fat Dog nous emmène dans un univers à la fois hypnotique et percussif où les mots et les thèmes musicaux se répètent jusqu’à dérailler complètement et nous rendre tous fou, aussi bien le groupe que ceux qui l’écoutent.
Pour accompagner le morceau, Ryan Vautier nous entraine dans une apocalypse en pixel. Croisement improbable de l’enfer et de Tomb Raider et Final Fantasy, la vidéo transforme Fat Dog en héros d’un jeu étrange qui rend hommage aux premières playstation.
Une quête étrange s’engage donc pour les cinq membres qui croisent sur leur route des magiciens trafiquant d’os, des crânes chantants et un boss de fin machiavélique et hyper-puissant.
Comme le dit le morceau, à la fin « the whole team dies ». Forcément nous on n’a qu’une envie : appuyer sur repeat et recommencer la partie.
MARTIN LUMINET – AMOURFOU
Alors qu’on le suit depuis un petit moment désormais, Martin Luminet continue à tracer son petit chemin de beauté vers les cœurs des gens.
Le garçon continue de questionner l’amour, à l’ausculter autant pour le comprendre, que pour le soigner et se réparer lui un peu. Dans son écriture toujours cette idée de drame, des petites choses qui mettent KO/chaos, que ce soit d’un point de vue intime ou universel.
C’est une nouvelle fois le cas avec AMOURFOU. Si, accompagné de son comparse Benjamin Geffen, il baisse le rythme, c’est pour mieux nous transpercer et faire de nous des victimes consentantes de son écriture si subtile. Pour une fois, il se fait observateur, délaissant un temps le je pour prendre un peu de hauteur et regarder l’amour dans les yeux des autres. Tendrement, calmement, il regarde autant les dégats que cette sensation d’infinie qui nous pousse toujours à croire encore à l’amour, que celui-ci soit positif ou totalement destructeur.
À l’opposé de ce spectre total, Julien Peultier lui opte pour le zoom et le gros plan pour la vidéo d’AMOURFOU. Comme un garçon invisible invité à la fête du quotidien de Martin, il filme, regarde et répertorie la vie et l’existence de la musique, du live mais aussi des petits trésors de la vie avec ceux qu’on aime et qui nous rendent plus fort.
Un projet total et réconfortant, qui nous apporte une grande dose de douceur et d’apaisement dans un monde qui en manque de plus en plus. Et si au fond, c’était ça l’amourfou ?
Mac DeMarco & Ryan Paris – Still What i’m Looking For
Derrière ce morceau folk d’une douceur estival épanouissante, le dernier clip de ce duo est une farce bien drôle.
Déjà d’une, le budget est minimaliste avec ce décor de plage et ces deux bécanes, certes magnifiques. Deuxièmement, les deux joyeux lurons se présentent comme deux badass du milieu rap urbain sur les quelques coups de cordes volubiles de Mac DeMarco. Et troisièmement, il ne se passe rien dans ce clip qui use des mêmes ficelles esthétiques que Simply Paradise, le coucher de soleil en moins.
Quelle bande de lovers des bas fonds ! Sauf qu’on adore ça. Il n’y avait pas meilleur duo que ces deux-là pour ressentir la dolce vita et ce parfum de liberté. On a hâte d’attendre chaque soir notre apéritivo accompagné de notre Spritz pour réentendre ce titre rempli de délicatesse.
Molchat Doma – Ty Zhe Ne Znaesh Kto Ya
Il y a quelques semaines déjà on vous parlait du grand retour des biélorusses Molchat Doma à venir pour la rentrée chez Sacred Bones Records. Après un premier single très indie, les Molchat Doma nous convie sur les dancefloors pour découvrir Ty Zhe Ne Znaesh Kto Ya (Tu ne sais pas qui je suis), un morceau bien indus. Après avoir soufflé sur les braises de la coldwave, le groupe emprunte le chemin de la new wave qui pourrait rappeler Depeche Mode.
Une fois de plus, un clip en noir et blanc que réalise Maxim Kelly qui a pu notamment œuvrer pour Hot Chip, Stereophonics, Black Country New Road ou encore Metronomy. Le londonien a décidé de placer un danseur – Spike King – au centre de sa création. Chemise à strass de sortie, le danseur a des mouvements grandioses inspirés des années disco. Progressivement d’autres danseurs font leur apparition. Le groupe à son tour apparait dans des écrans de télé rétro. Une ambiance chargée de mystère(s) jusqu’au bout. On adhère totalement à ce son bien dark.
Buvette – Lost in the Theater
Lost in the Theatre, nouvel extrait clipé du dernier album de Buvette – Tales if the Countryside – paru au printemps dernier, nous apparaît tel un moment d’introspection. Ton sur ton, son sur son, les paroles se mêlent avec une certaine forme de déférence aux notes qui forment la ligne musicale. Une voix lointaine et profonde qui s’appuie sur des nappes électros contemplatives. « I’m lost in the theater ». Buvette éprouve le besoin de retrouver les signifiants qui nous font parfois défaut. Des scènes de vie que l’on se remémore, que l’on se représente. Tout se confond dans le clair-obscur modelé par notre mémoire qui s’abandonne en s’émancipant, en devenant multiple.
Après avoir explorés les teintes multiples et bucoliques que prend la chanson La Madrugada, Erwan Fichou & Marie Taillefer illustrent en compagnie de Buvette celles plus urbaines de Lost in the Theatre. Une salle de spectacle abandonnée sert de toile de fond aux pensées du musicien. Cine-Opera, un vaisseau à l’architecture Art déco échoué au cœur de la ville de Mexico dont seul le souvenir des soirées qui s’y sont déroulées le maintient abandonné mais encore debout. Un phare culturel dont le compositeur minimaliste Michael Nyman avait appelé à lui redonner vie dans un court métrage. Le symbole de la mémoire qui résiste malgré les affres du temps qui passe. Un lieu qui fait idéalement écho au morceau de Buvette, Lost in the Theatre.
Même si perdu dans le théâtre, vous pourrez le retrouver en concert le 26 septembre à Paris à la Station Gare des Mines. Notez-le bien !
Sampha & Little Simz – Satellite Business
Le feu sort tout droit de Londres avec une nouvelle collaboration qui suscite une hype et une attente monstrueuse. Le 16 juillet dernier, la voix de velours Sampha a dévoilé une nouvelle version de son morceau Satellite Business qui compte la contribution de la rappeuse du Nord de Londres, Little Simz. Toujours armé de ce son très doux et voluptueux, le morceau prend le temps de se développer, avec une nuance et une énergie progressive qui atteint un pic lorsque Simz fait son entrée. La performance de la MC reste dans cette ligne très élégante avec un flow très bien pensé et merveilleusement exécuté comme à son habitude.
La vidéo, elle, fût capturée lors d’une performance live avec les deux artistes pendant laquelle cette nouvelle version de Satellite Business a été révélée. On y retrouve un traitement très psychédélique et flottant qui vient mettre une emphase sur différentes couleurs. Ce dernier colle merveilleusement bien à l’ambiance globale du morceau et vient compléter le titre, formant un alliage parfait pour une fin de soirée devant un coucher de soleil.
Ronnie – La Romance
Quand on pense à l’amour en Italie (made in France) viennent instantanément le morceau Voyage en Italie de Lilicub ou l’iconique Week-end à Rome, d’Etienne Daho. La jeune recrue du label Entreprise, Ronnie, remodernise ces déclarations d’amore. Dans la continuité du titre L’Italie l’artiste nous propose La Romance. Avec ce morceau pop, lo-fi aux airs du groupe Air, la prometteuse Ronnie évoque l’amour qui nous tombe dessus, tout en douceur. Elle participe à la réalisation de son clip. Au travers duquel elle porte un maillot de foot bleu aux couleurs de l’Italie et de ses yeux. On la retrouve, rêveuse à l’amour en Italie, mais dans un petit jardin synthétique d’un studio parisien.
Bonnie Banane – Hop-là!
Explosion de saveurs, Nini vous dit quelque chose ? Le dernier album de Bonnie Banane est sorti il y a quelques semaines déjà. Vous pouvez retrouver notre chronique par ici. Cette semaine, l’artiste nous propose une nouvelle claque visuelle avec Hop-là!. Réalisé par Thami Nabil, Julien Calemard, Hedi Nabil et Edern Van Hille, et produit par Pelican, le clip s’apparente à un bonbon, une animation dynamique et singulière.
Sous ses airs innocents, les paroles de Hop-là! sont pourtant bien engagées. Bonnie Banane dénonce le comportement des hommes aujourd’hui, du goujat. Tourbillon de couleurs saturées, que les étoiles tombent et puis tout faire exploser, l’animation illustre le parcours ou plutôt le chemin semé d’embûches d’un personnage. Armée de son micro, s’agirait-il de Bonnie elle-même ?
Ce personnage de petite taille tente de se frayer un chemin, poursuivi par de grandes mains, une bouche monstrueuse et des yeux terrifiants. Entre animation et jeu vidéo, les couleurs sont saturées, et le rythme ne faiblit pas. Précédant un lancer de fleurs explosives, c’est le moment de remettre les pendules à l’heure ! Le ton monte crescendo, on adore suivre l’artiste le temps de ce morceau, et on peut souligner une nouvelle fois, l’imagination de son travail et celle de son équipe.
Cassandra Jenkins – Clams Casino
Il y a quelques jours, l’artiste américaine Cassandra Jenkins a sorti un nouvel album intitulé My Light My Destroyer. Elle joue avec l’ambivalence de ces deux termes, ce qui les rapproche et les oppose à la fois. Chaque morceau de l’album est porté d’une certaine manière, par cette idée.
Le clip de Clams Casino se rapproche d’un court trailer teinté de mystères, qui prend corps en quelques minutes et nous emmène dans cette ambiance particulière, angoissante ou plutôt intrigante. On découvre Cassandra face caméra, qui marche vers nous d’un pas assuré. Elle s’avance avec élégance au beau milieu d’une forêt, précédant l’image de la route. Entre forme de solitude et soif de liberté, les images de Clams Casino illustrent à merveille les propos de l’artiste. On retrouve des thèmes explorés dans Play Till You Win,sur Hotel Lullaby par exemple, avec cette phrase « no one’s home at a hotel bar ».
Pour la sensibilité et une exploration musicale constante, on ne peut que vous recommander d’aller écouter le dernier projet de Cassandra Jenkins.
Pom Poko – My Family
Ambiance estivale et bonne humeur assurée, Pom Poko c’est le groupe norvégien capable d’égayer même la plus déprimante des journées. Entre pop et rock expérimental, ils parviennent à nous surprendre d’un titre à l’autre depuis leurs débuts. Retour sur leur dernier single, My Family.
C’est simple, on plonge pendant quelques minutes dans les backstages du projet. Le clip de My Family repose sur une compilation joyeuse d’images en vrac, site mégalithique, supermarché, bowling et fête foraine.. sans oublier des archives d’images de concert. Une proposition spontanée et pleine d’énergie, qui côtoie la folie, le clip témoigne simplement de leur belle complicité. On a envie de rejoindre cette bande de copains en tournée, et de chanter My Family avec eux.
MGMT – People In The Streets
People In The Streets, une alchimie singulière se crée : celle d’un voyage astral mêlé à une réflexion intime, terre à terre, où chaque note est une étoile filante traversant la voûte de nos pensées. C’est une immersion dans une symphonie cosmique où l’écho des étoiles rencontre le murmure du quotidien, nous entraînant dans une transe onirique où tout semble possible.
L’ouverture de la chanson est une porte vers l’inconnu. Invitant à une dérive poétique, un voyage entre rêve et réalité où le tissu sonore est brodé de fils de lumière et de ténèbres. Les mélodies, aériennes et hypnotiques, nous guident à travers des paysages intérieurs, où les certitudes se dissolvent et les questions surgissent comme des constellations nouvelles dans le ciel de notre conscience.
MGMT déploie un récit en clair-obscur, où le cœur, avide de réconfort, écoute des chants de sirènes faits de promesses. Pourtant, l’esprit veille, conscient des illusions qui se cachent dans les replis de la peur. La chanson explore ce balancier constant entre espoir et doute, cette danse de l’âme sur le fil tendu de nos vies. Les gens dans les rues apparaissent comme des figures presque mythologiques, symboles d’une humanité en marche, chaque pas résonnant comme un vers d’une poésie collective. Ils incarnent ce que nous craignons parfois de devenir : des silhouettes anonymes dans le brouhaha du quotidien, mais aussi des miroirs reflétant nos propres désirs inassouvis et nos rêves silencieux.
À travers ce kaléidoscope sonore, MGMT nous rappelle que la beauté réside dans l’acceptation de notre propre chaos, dans la capacité à voir au-delà des apparences pour toucher l’essence même de notre être. La musique devient alors un langage universel, une passerelle vers une compréhension plus profonde de nous-mêmes et des autres.
Space Alligators – Les amours de vacances
Alors que leur premier album London Tropical est sorti au début du mois d’Avril, les Nordistes de Space Alligators nous proposent le clips des Amours de Vacances pour accompagner un bel été. Morceau phare d’un album complet et varié, le titre est une ode à ces histoires souvent faites pour ne pas durer, mais dont l’intensité ne connaît pas d’équivalent dans la vie romantique.
En l’écoutant, on s’imagine de retour à l’adolescence, serré(e) dans la voiture des parents (sans la clim évidemment) pour aller soit en Dordogne, soit en Provence (ou autre destination similaire) en partance pour deux, trois ou quatre semaines avec la possibilité de faire de belles rencontres…
Côté images, le parti pris est loufoque, à l’image des quatre gars de la bande, que l’on suit sur la route, sur l’eau, en soirée karaoké et d’en d’autres histoires encore. Le côté VHS de vacances est bien présent, pour un peu on sentirait presque l’odeur de crème solaire et de barbecue qui s’éteint.
Flora Hibberd – Canopy
Flora Hibberd est une chanteuse et musicienne britannique installée à Paris depuis une dizaine d’années.
Traductrice de profession, Flora explique : « Parfois, j’écris mes chansons en travaillant à partir de ces instants où les mots sont comme secoués, ébranlés, et ne semblent pas naturels […] Mes chansons sont nourries de métaphores car la musique elle-même est un langage, chaque instrument est un langage, et tout se stratifie à partir de là. »
Ce sont ainsi les codes, les signifiants non verbaux et divers phénomènes musicaux qui traversent les morceaux de son album Swirl à paraitre le 15 novembre 2024 et enregistré à Eau Claire dans le Wisconsin.
Canopy est le deuxième extrait de l’album, après Auto Icon sorti en juin dernier. Le clip est un travelog du voyage à Eau Claire, filmé avec un caméscope bon marché, capturant au travers de moments mondains la joie, la fatigue et parfois la répétition des périodes d’enregistrement.