Les clips de la semaine #230 – Partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Et on continue de passer cette nouvelle dizaine avec la seconde partie de la sélection numéro 230.

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Warhaus – Where The Names Are Real

Au détour de cette rentrée, l’artiste Belge Maarten Devoldere (Balthazar) nous annonce son nouvel album : Karaoke Moon à paraître le 22 Novembre prochain. Il a donc décidé d’attendre que l’automne soit bien installé et pour nous faire patienter, le temps que les feuilles ne tombent, il nous présente un premier extrait : Where The Names Are Real. Un texte parlant d’amour (comme à l’habitude) tout en métaphores, notamment celle du titre, expliquant que la relation est aussi belle est sincère qu’un club de strip tease où les noms seraient les vrais.

Côté musique, toujours autant de groove, de voix suave et de choeurs aigus. Toujours autant de basse aussi irrésistible qu’un plaid une fois l’hiver arrivé, toujours autant de d’harmonies belles comme un soleil d’automne (et quelques airs de Yet Again de Grizzly Bear au passage). Côté image, l’idée est si simple, et pourtant si belle. Une réinterprétation du mythe de Sisyphe, avec une flamme à protéger en lieux et places du rocher à déplacer. À chaque tentative ratée, on recommence (un peu comme dans les relations ?), et on espère que cette fois, mieux préparé, on sera en mesure d’aller jusqu’au bout. Le personnage du clip y parviendra-t-il ? On vous laisse découvrir.

Cœur-Joie –Cœur-Joie

Deux semaines après la sortie de leur premier album, Réminiscences, sur l’incontournable label Howlin’ Banana RecordsCœur-Joie vient se rappeler à nos pensées en invitant Louise Boiron à mitonner quelques belles images pour accompagner leur titre éponyme. Faisant virevolter au bout de sa caméra, fleurs, insectes et quelques poils, elle façonne un écrin visuel idéal à l’éclosion des lignes musicales de Cœur-Joie. Un voyage aux résonances très seventies qui nous mène sur les chemins serpentants du désir, de l’amour. « Je rêve de t’aimer dans le noir et qu’on se délivre enfin ». Avec ses mélodies entêtantes, ses textes qui s’auto-exhortent, la musique porte haut le plaisir, presque candide, de s’en délecter à Cœur-Joie. « Que tu me tombes dans les bras car je vois que la vie est belle ». Profitons-en sans vergogne !

MiiRA – Você

MiiRA a dévoilé il y a dix jours le clip de Você, ultime morceau de son EP XX99 sorti quelques mois plus tôt. Réappropriation d’un héritage brésilien au sein d’une production très élégante, il abordait en portugais les thématiques du deuil et de l’exil ; deuil dont il est à nouveau question dans ce dernier clip. Réalisé par Sarah Makharine, on y suit un groupe qui se réunit pour dire au
revoir. On s’y recueille. On y prend soin. On y prend le temps, au son de la voix – merveille- de MiiRA. Puis on procède à cette célébration finale, qui suit l’envol de la chanson, son ultime modulation. On rit, on danse, et surtout : on chante. « Je me souviens de ton rire et de ta voix, qui existent aujourd’hui dans mon chant » dit MiiRA en portugais pour commencer le clip.
L’hommage est vibrant. L’esprit perdure.

Olivier Rocabois – You Only Live Thrice

Non, non, non, rien à voir avec le titre de la bande à Casablancas. A la limite s’il fallait penser à quelqu’un, il faudrait regarder du côté de la Grande-Bretagne et intercepter l’espion au nom de code : 007. Bond, James Bond. Trêve de bavardage inutile. Cette semaine, on découvre le nouveau single du fraîchement quinquagénaire Olivier Rocabois

Un morceau bien grâcieux tiré de son dernier album en date The Aftenoon of our Lives.Les 02’35 suffisent à nous embarquer dans un morceau très Bowie like qui tire même vers du Billy Joel. La voix s’élève sans se perdre. Une chanson franchement élégante. 

Le clip est une véritable petite folie graphique où les gravures seraient comme découpées et collées soigneusement, elles s’animent dans un décor, sans pour autant donner un court-métrage. On doit tout cela à l’esprit de Shiro. Relaxant ! 

The Silver Lines – Roaches

Alors que l’on rédigeait la chronique que vous avez découverte cette semaine, les Silver Lines ne nous avaient pas dit qu’ils s’apprêtaient à révéler un dernier clip. Donc Roaches qui faisait figure d’exception avec son absence de clip nous revient en pleine face ! 

Jusqu’ici les garçons jouaient beaucoup du noir et blanc, retour à la couleur avec Roaches. Sur fond blanc, les membres du groupe défile comme pour un shooting sauf que chacun est dans son rôle : au micro ou à sa guitare ou à sa batterie ou encore à sa basse. Un clip brut révélant tout ce qu’on aime chez eux ; leur simplicité et leur énergie. 

YUNG POOR ALO – Shakira

A travers ce morceau et ces images, YUNG POOR ALO et les réalisateurs Sunday et Leam ravivent leurs yeux d’enfants. Avec la rythmique 2step qui anime le morceau Shakira en fond, le clip met en scène deux jeunes enfants partir à l’aventure.
Faisant d’une voiture perdue dans un garage leur terrain de jeu, ils s’y réfugient pour passer le temps avec toute l’insouciance qui sublime cette période de vie. De cabanes en bois jusqu’à leurs chambres, les deux mômes ne se décollent pas et passent leur temps à laisser libre court à leurs imaginations faisant de l’environnement les entourant le théâtre de leurs aventures.
Tout comme eux, le clip invite à se remémorer ses moments de douceur ou un rien créait une multitude d’histoires.

Suki Waterhouse – Model, Actress, Wathever

Pierre : Suki Waterhouse multiplie les casquettes et entre sa carrière de modèle et celle de chanteuse, son coeur semble balancer comme l’indique le titre de son dernier clip. Réalisé par Tyler Falbo, ce dernier met en lumière les différentes facettes de la britannique à travers un visuel qui, comme la pochette de son dernier album Memoir of a Sparklemuffin tire de grandes inspirations du cinéma fantastique.

Pour flouter au maximum les frontières, Suki Waterhouse se met en scène en temps qu’actrice (une nouvelle corde à son arc ?). Sauf que décontenancé par ces multiples fonctions, elle ne sait plus où donner son attention se perdant dans les différents tableaux qu’on lui offre.

Léo : Depuis plus d’un an, la musicienne nous distille, sans relâche, single après single, annonçant avec finesse la venue imminente de son deuxième album. Ces mois d’attente, riches en mélodies et marqués par une impatience grandissante, nous ont finalement conduits au moment tant espéré : le 13 septembre, l’intégralité de ce nouvel opus nous a été dévoilée. C’est donc avec une immense satisfaction que Model, Actress, Whatever scelle la conclusion de ce long marathon musical, un titre que vous pourrez retrouver dans ce nouvel album Memoir of a Sparklemuffin.

Ce morceau nous transporte dans l’intimité de la célébrité, là où les rêves réalisés se heurtent à la réalité implacable du succès. Model, Actress, Whatever dépeint les sacrifices et les désillusions qui se cachent derrière la quête de reconnaissance. Suki Waterhouse y révèle la superficialité des étiquettes imposées : mannequin, actrice, et la perte d’identité qui en découle. Chaque aspiration semble porter en elle une part d’obscurité, comme si le chemin vers la gloire n’était qu’une illusion fragile, menant à un profond désenchantement.

Le titre, empreint de mélancolie, se transforme en une révolte contre les attentes du public et les récits hollywoodiens réécrits par d’autres. L’amour, que l’on pourrait croire inébranlable, devient ici une malédiction, et la réussite, un fardeau à porter. L’artiste britannique expose une vérité qui résonne bien au-delà de l’industrie du divertissement.

Nous sommes confrontés à nos propres attentes face à la célébrité, ce rêve souvent idéalisé et inaccessible. Il s’agit d’une réflexion sur la manière dont la société façonne les récits de ceux qui parviennent au sommet, nous rappelant que, derrière l’image parfaite, se cachent des réalités invisibles, faites de doute, de douleur et de compromis.

Dafné Kritharas – Xapá

Plus connue pour ses arrangements de chants traditionnels grecs que pour ses compositions, la chanteuse Dafné Kritharas nous partage l’une de ses compositions. Le turbulent Xapá évoque le sentiment de joie, presque inespéré, après une période douloureuse. L’accalmie après la tempête. Xapá signifie d’ailleurs « joie » en grec. La chanteuse franco-grecque nous envoûte, encore une fois, par sa voix. Jouant des mélodies et des vibratos mystérieux rappelant ceux d’une précédente composition Le Colombier. Une voix qui se superpose et cavale auprès de ses musiciens qui l’accompagnent depuis le début de son projet : Camille El Bacha (piano, synthétiseurs), Sylvain Barou (gaïda, sorte de cornemuse grecque et balkanique), Milàn Tabak (percussions), Pierre-Antoine Despatures (contrebasse) et Paul Barreyre (guitare). Ce morceau résulte d’un travail collectif, mené par la chanteuse. Elle s’accompagne à l’écriture Alexandros Emmanouilidis, un artiste athénien. On retrouve l’orchestre dans un live, capturé par le duo de réalisateurs Maud Koenig O’Karoll et Antoine Gourlez, à l’AERI de Montreuil, ville chère à Dafné Kritharas. Cet extrait donne un avant-goût du prochain concert de l’artiste aux influences méditerranéennes, en mars à La Cigale.

Kaya Kaspar – Arev

Arev se transformerait de l’arménien au français en « Soleil ». Celui qui accompagne la jeune chanteuse Kaya Kaspar brille avec douceur et réconfort. La mélodie d’Arev sonne comme un folk brut et mélancolique, mais la voix vibrante et chaleureuse de Kaya Kaspar lui donne des teintes soul, jazz. Ce morceau très organique nous transporte loin. On ère au côté de l’artiste, entre des astres qui nous accompagnent et se confondent. « Ce soir, la lune est un soleil », chante-elle, tel un mantra. Mais c’est des éléments que se joue la chanteuse. Au travers d’un clip qu’elle réalise aux côtés de Meïssan Guinnefollau, Kaya Kaspar se fond entre le feu, la forêt et l’eau, sous l’œil bienveillant d’une lune solaire. Entre l’éther et la terre, ce morceau donne le ton de Mek, le premier EP de l’artiste. Un projet à écouter et une artiste à suivre.

JeanJass x Légendes Industries – Primo Piatto

Pour beaucoup, le dimanche est la journée de la flemme, où l’on hésite entre différentes activités, vidéos à visionner et repas à préparer. Mais ce dimanche, l’équipe de Légendes Industries a tout prévu avec un nouveau numéro de BANGR en compagnie de JeanJass et du single Primo Piatto.

Déjà présentés lors du BANGR avec Tuerie, le « trio » composé de Pandrezz, KronoMuzik et Ronare s’est lancé en début d’année un défi ambitieux : refaire entièrement leur studio et repenser leur processus créatif. Ils entament cette nouvelle aventure avec BANGR, une série de vidéos où l’on peut suivre leurs sessions en studio aux côtés de leurs invités.

Cette fois, c’est JeanJass qui vient enflammer les micros de Légendes Industries. La vidéo est à voir absolument pour saisir toute la magie derrière la création de Primo Piatto. Entre la leçon de patois carolo, le marcel de Pandrez et l’apparition surprise de Tuerie, il est impossible de ne pas sourire tout au long de ces 25 minutes. Vous avez alors la vidéo à voir en ce dimanche de flemme.
Ensuite, il est temps de se régaler. Mais pas de panique, le chef JeanJass est là pour vous proposer sa recette de linguine aux anchois, parfaite pour accompagner le visionnage de la vidéo et du clip. Ceux qui suivent le rappeur sur Instagram savent déjà que double J est un passionné de cuisine, se débrouillant aussi bien avec la weed qu’avec le basilic. Dans un style digne des meilleurs épisodes de Top Chef, on suit le Carolo en cuisine, démontrant tous ses talents de chef avec des croquis détaillés pour réussir la recette à la
perfection.

Vous avez donc tous les ingrédients pour passer un excellent dimanche. Entre les plats savoureux de JeanJass et la musique de folie signée Légendes Industries, tout est prêt pour une journée parfaite. Petit rappel : toute l’équipe vous attend en live sur leur chaîne Twitch ce lundi 16 septembre à 21h00 pour partager cette pépite en direct.

Johsef – POLAROID

Introduction, on a assisté au premier pas de Johsef, qui prend la forme de POLAROID, son tout premier single. C’est un titre à la fois doux et introspectif, qui nous permet de distinguer l’univers de cet artiste français. 

La cassette tourne. On découvre un clip poétique, onirique, et qui fait appel à notre imaginaire. S’il se met à neiger à l’intérieur du logis, à l’extérieur les paysages se teintent de noir et blanc. On apprécie le contraste entre ces deux plans. Le jeune artiste se pare d’un regard de glace, perdu dans le vague. Ses fantômes courent, et il nous laisse nous perdre dans les méandres de son esprit. 

On souligne une superbe transition avec un passage de danse à la fin du morceau. Comme une petite explosion, une grande respiration nécessaire qui arrive sur un rythme plus électro. Les images accompagnent à merveille les mots de JohsefPOLAROID est un projet complet, lumineux, qui nous donne envie de suivre l’avancée de cet artiste. 

Tiago Caetano – Constelação

Si le temps est gris, l’humeur maussade, quoi de mieux que quelques notes aux saveurs brésiliennes pour égayer le tableau. Ce que nous aimerions c’est … ouvrir les yeux une seconde fois, et se laisser transporter par un paysage de carte postale, de la couleur ! Bip. Tiago Caetano a reçu notre message. On découvre avec plaisir les images de son nouveau morceau Constelação

Le clip est composé de plans filmés au Brésil, de belles plages bien sûr, la mer et la végétation qui l’entoure, mais pas seulement. Il montre également la vie quotidienne, telle que Tiago Caetano l’a

voit. On traverse des rues, on attend sur un banc, on scrute des inconnus. La vie défile paisiblement. C’est très doux et sincère. Le rythme lent et mélodieux du morceau berce cette histoire. On apprécie les couleurs saturées, les plans du ciel se rapprochant d’un petit tableau, et la tenue orange de cette inconnue. Cette femme de dos, que l’on aperçoit à plusieurs reprises dans le clip, éveille le mystère et la curiosité. Qui est-elle ? Le musicien la cherche-t-il ?

Avec Constelação Tiago Caetano nous raconte une histoire. Ces fenêtres se sont des pièces de puzzle, des fragments de vie, extraits d’une quête peut être, et qu’on tente de mettre bout à bout. 

Maddy Street – Switch Bitch

Maddy Street est un·e artiste émergent·e de la scène française vagabondant entre différents styles avec brio. Ainsi, iel accorde rap, slam, pop et rock avec une spontanéité et une fluidité dantesque. Puisant aussi bien dans la langue française que la langue anglaise, Maddy élabore ses titres à son image dans un autoportrait immersif et exutoire. 

Né·e de parents anglais expatriés en Normandie, l’artiste grimpe les marches du podium à une vitesse folle. Ces dernières années, iel a raflé le prix du public au tremplin du Festival Beauregard à Caen, a été lauréat·e de dispositifs d’accompagnement et, cerise sur le gâteau, lauréat·e du Prix Pernod Ricard, ceci terminant son ascension fulgurante dans le paysage sonore français. 

Autodidacte et engagé·e, iel s’est forgé·e seul·e en délaissant le solfège et les cases musicales dans lesquelles “il faudrait” rentrer. 

Multipliant les casquettes, Maddy Street organise bénévolement du côté de Paris les Piou Pew, événements dédiés à l’expression des artistes LGBT+. Ce n’est décidément pas la seule corde de son arc puisque iel a monté une société de production audiovisuelle, Rainbow Rushes, composée uniquement de personnes issues de minorités de genre. Iel conçoit et réalise tous ses clips et on se demande bien si l’ennui fait partie de son quotidien ou si iel transforme l’intégralité de son temps en action prolifique. Après deux EPs (2020, 2022), Maddy Street continue de nous livrer des singles. Switch Bitch, le dernier en date et autoréalisé, est emprunt de dualité. Ce titre s’explique notamment par la signification de Switch qui désigne une personne qui apprécie à la fois les rôles dominants et soumis et qui alterne entre ces rôles selon les partenaires ou les situations. En effet, Maddy explore et embrasse ces deux réalités dans ce clip. Côté sonore, on part sur une pop libérée et viscérale à laquelle Maddy nous a habitués. Il n’y a que Maddy Street qui puisse faire du Maddy Street tant l’empreinte sonore est marquée. On est ravi de le·la retrouver avec Switch Bitch et on espère un album tout bientôt !