Les clips de la semaine #238 – partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. En route pour la seconde partie de notre 238ème sélection !

October Drift – Wallflower

Avec Blame The Young, leur troisième album sorti le 27 septembre, October Drift continue de déployer sa mélancolie abrasive, et Wallflower en est sans doute l’une des expressions les plus touchantes. Le morceau, déjà chargé d’un spleen générationnel, se dote d’un clip qui en magnifie l’essence.

Les images saisissent Kiran Roy (le chanteur) flottant sur le bitume, glissant entre les ombres de ces décors urbains. Ici, le skate n’est pas juste un accessoire, c’est une fuite symbolique, un fragile équilibre entre mouvement et immobilité, entre vie et retrait. La caméra suit le mouvement fluide du musicien, mais la sensation qui se dégage n’est pas celle de la liberté ; c’est plutôt celle d’une parenthèse en suspens, d’un temps qui s’étire. La continuité du plan donne l’impression d’un souffle retenu, d’un instant figé dans une monotonie paisible, où l’absence de climax devient en soi un choix narratif fort. On assiste non pas à une fuite éperdue, mais à une dérive acceptée, un glissement résigné face à une réalité trop pesante pour être affrontée de front.

Les Britanniques livrent ici un hymne aux marginaux volontaires, à ceux qui choisissent de rester en dehors du tumulte. Wallflower est une poésie douce-amère, une chanson pour ceux qui, en silence, observent le monde en roue libre, un pied sur la planche et le cœur lourd, préférant la sécurité de la marge à l’agitation d’un centre qui ne leur promet rien.

Fontaines D.C. – Bug

À l’approche de son premier Zénith parisien, la bande à Grian Chatten dévoile le clip de leur titre Bugqu’on a déjà pu sur leur dernier album Romance sorti il y a deux mois.

Il s’agit ici tout simplement d’une collaboration avec la réalisatrice  Andrea Arnold qui a redecoupé des scènes de son film Bird présenté cette année au festival de Cannes. Et oui ! Ce morceau de Fontaines D.C. est un soundtrack de ce film dont le titre Bug fait référence au père de famille interprété par Barry Keoghan.

Ce personnage central dans le scénario ne consacre pas assez ton temps dans son squat du Kent pour ses deux fils. L’un d’eux, Bailey, entre dans la période de sa puberté et se retrouve en quête d’attention et d’aventures. C’est dans ce sens que l’on retrouve cette sincère romance dramatique à travers ce titre qui nous donne le bourdon.

Entendre Grian nous dire « silent as the feeling  that I’v promised you » nous donne littéralement la larme à l’oeil et colle parfaitement à l’unviers de la réalisatrice. Le coup marketing est réussi et nous pousse à découvrir prochainement Fontaines D.C. dans les salles de cinéma !

Space Alligators – 16€32

Quelque mois après la sortie de leur premier album London Tropical, les quatre Lillois de Space Alligators continuent de faire vivre cet opus. Cette semaine, ils nous présentent le clip de la plage d’ouverture, 16€32. Un titre aussi mystérieux qu’économique, dont on va vite comprendre le pourquoi du comment.

Le morceau, dont certains accents nous évoquent Weekend Affair, aussi bien que sa mise en image nous présentent un protagoniste dont le quotidien s’apprête à se trouver complètement bouleversé. Si quelques signes annonciateurs auraient pu donner quelques indications sur la rencontre à venir, la surprise et le coup de foudre seront pourtant entiers (comme le lait en promotion chez Space allimarket – voir détails au sein du prospectus ci-joint).

Fidèle au quatuor que l’on voit tenir des rôles secondaires, le clip est tout en humour et fichtrement bien réalisé. Bref, c’est un succès et ça reste très vite scotché en tête. On a déjà notre carte de fidélité, et on espère récupérer un maximum de vignettes à l’avenir.

iAROSS – Tangue (feat. Adil Smaali)

Près de huit ans après Le cri des fourmis, la bande de Nicolas Iarossi reprend du service. Un cinquième album au doux nom de Ce que nous sommes doit arriver dans le courant de février 2025, un appel aux dons sur Kiss Kiss Bank Bank est lancé – il est bientôt clôt -. Si le line up a un peu évolué pour la scène – Nicolas Iarossi est désormais entouré de John Owens à la guitare, Julien Grégoire à la batterie et Guillaume Gardey de Soos à la trompette -, on retrouve dans le clip de ce premier single Tangue le visage familier de son guitariste historique Colin Vincent – oui, oui qui officie aussi dans MUET -.

Pour ce premier titre, le marocain Adil Smaali les rejoint. Tangue s’inscrit dans la dynamique poétique originelle de Iaross. Tangue s’éloigne légèrement des sonorités rock pour s’enraciner dans une espèce de world music, étiquette fourre-tout mais qui implique, un véritable échange des cultures. Les envolées sont tant dans les voix que dans les instruments. Tangue comme un clin d’œil à Tanger. Ce nouveau single laisse présager un album autour de la thématique des racines. S’interroger sur ce qui nous constitue, comme une recherche du doux équilibre de l’âme.  

MURGIDA – L’américaine

Le temps passe parfois bien vite. Celui qui se fait appeler MURGIDA revient lentement mais sûrement. Le single L’américaine était sorti cet été et s’offre un clip à l’heure où l’automne bat son plein. Si le garçon se met en scène dans le stade de Marigny, au casting on retrouve – indépendamment des filtres Snap – une de ses complices de longue date : Elodie Charmensat d’Ojos.

L’américaine, c’est cette fille qui se voudrait insaisissable, qui frime un peu et qui laisse sur la touche. MURGIDA délaisse les toits parisiens de Bodeguita pour un stade de foot, un lieu symbolique pour celui qui vient régulièrement tâter le gazon mais aussi lieu clin d’œil à un match. Celui d’une partie classique de foot ou celui d’une application de rencontre où il aurait rencontré la fameuse américaine ? Ca on vous laisse comprendre. Avec ce single, il renoue avec son goût pour les sons urbains et les textes légèrement humoristiques – à la limite du parodique -.  

VARSOVIE – Leaders of men (Joy Division cover)

Des nouvelles de VARSOVIE ! Le duo grenoblois célèbre cette année ses presque 20 ans d’existence. Pour ce faire, Icy Cold Records éditera à la fin du mois un album un peu particulier : Déviation. L’opus proposera 5 morceaux phares – remasterisés pour l’occasion – de leurs cinq précédents albums et cinq reprises de titres qui les ont grandement influencé. Après Bauhaus et Passion of lovers, Leaders of men de Joy Division.

Si VARSOVIE a toujours chanté en français, ils feront exception sur certaines pièces choisies – bien que l’exercice de traduction aurait pu être intéressant -. Le noir et blanc graineux chevillé au corps, on se croirait en pleine session d’urbex – exploration urbaine -. Aussi voire même plus puissante que l’originale, la ligne de basse aussi frontale, l’hommage est rendu prend une tournure presque plus punk.

Wizaard – Monde 2

Le duo montréalais Wizaard, composé de Marie-Hélène Coutu et Jean-Nicolas Doss, continue de repousser les frontières du pop-rock psychédélique avec leur dernier clip animé pour Monde 2, extrait de leur album « PECI » sorti le 18 octobre 2024.

Ce clip se distingue par une animation en boucle psychédélique, rappelant l’esthétique vibrante des années 70 et un peu les lampes à laves. Les couleurs éclatantes et les motifs en mouvement s’harmonisent parfaitement avec la musique dansante du duo, créant une expérience audiovisuelle immersive.

Monde 2 illustre l’évolution artistique de Wizaard, qui, après avoir partagé la scène avec des groupes tels que Choses Sauvages et Men I Trust, s’affirme comme un acteur clé de la scène musicale underground montréalaise.

Le clip reflète l’engagement du groupe à fusionner des éléments visuels et sonores pour offrir une expérience sensorielle complète, consolidant ainsi leur position à l’avant-garde du mouvement psychédélique contemporain.

Pour une immersion totale dans les pattes d’eph et une ambiance groovy découvrez Monde 2 dès maintenant !

HYPERRÊVE – RIEN PERSONNE NULLE PART JAMAIS

Après Nos absences futures sortie en 2023, HyperRêve s’apprête à nous livrer pour le tout début de l’année 2025 un tout nouvel album, Un seul matin doux (à paraîtresur le label Médiapop Records). Rien personne nulle part jamais, son premier extrait, évoque, l’air de rien, les traces qu’on laisse derrière nous et qui impactent tant cette terre qui ne demanderait qu’à rester à l’état naturel. Une ballade presque enjouée pour aborder de sérieux sujets.

Un rêve dont on souhaiterait qu’il éveille nos consciences. Celle de Samuel Lequette qui se tapit derrière ce projet musical. Celle de ses musiciens, aux sérieuses références, qui l’accompagnent Yan Péchin aux guitares (qui a écrit pour Miossec, Brigitte Fontaine…), Bobby Jocky à la basse (qui a collaboré avec Alain Bashung, Brigitte Fontaine …), Arnaud Dieterlen à la batterie (que l’on a vu avec Jad Wio, Rodolphe Burger…) et Julien Noël aux claviers (qui a accompagné Dominique A…).

Ainsi que celle de Candy Ming aka Miss Ming qui a illustré la chanson de ses dessins d’une naïveté sublimée. Pour que, dans Rien Personne Nulle Part Jamais, HyperRêve porte haut sa fantaisie utopiste, vers l’onirique et au-delà. 

Luz – Sans étreintes

La jeune et prometteuse chanteuse Luz témoigne de sa sensibilité avec le morceau Sans étreintes.Fille d’une chanteuse et d’un musicien, Luz chante avec une voix à peine voilée, presque semblable à celle d’Angèle. Luz créer une tension musicale, car des cordes très présentes pour parler avec douceur et intensité d’amour. Luz, à peine âgée de 20 ans, a quitté ses études à Sciences Po pour se lancer dans la musique.

Elle est également passée par une école d’arts du cirque. Sans nul doute, le corps en mouvement inspire l’artiste qui choisit de donner une place importante à la danse dans le clip de Sans étreintes. Jason Boussioux qui réalise le clip, fait danser deux femmes comme si ces dernières utilisaient ce langage pour avouer leur amour. Sans étreintes fait partie de Aguideto, le dernier EP de l’artiste.

Marie Flore – Tout dit

Noodles, lanternes et bubble tea : bienvenue à Taïwan !
Dans le clip de Tout Dit, la protagoniste a bien l’intention de tourner la page d’une … relation conflictuelle ?
Le personnage, interprété par Marie Flore herself, ira donc arpenter les rues de Taipei, son métro bondé et ses bars à nouille emportant avec elle les souvenirs d’une histoire encore inachevée. Mais, malgré le refrain entêtant du morceau (« Je t’ai tout dit »), elle a encore des choses à raconter à notre faiseur de pluie/beau temps !

Les rues de ville deviennent un personnage à part entière, renforçant le sentiment d’errance et de liberté fragile qui habite la protagoniste.
Le travail de lumière et de cadrage contribue à cette immersion totale, et on ressent que le réalisateur a voulu que chaque détail visuel serve le propos musical. Les costumes, eux, s’inscrivent dans un esthétique générale élégante. On ressent aussi que le réalisateur (Ben Berzerker)  a voulu que chaque détail visuel serve le propos musical.
C’est dans un dialogue entre image et musique que le tiraillement du personnage s’en trouvera souligné : se perdre dans les rues, comme on se perdrait dans les pensées laissées en suspens.

Le résultat final est agréable à regarder et nous donne une leçon essentielle de photographie : une caméra-épaule dans N’IMPORTE quelle métropole d’Asie, cela rend TOUJOURS bien (cadrez bien les néons rouges.)

Dahlia Rebecca – Lolita (A Ballet Opera)

En ce dimanche après-midi, nous nous sommes rendus au théâtre; sans vraiment savoir à quoi s’attendre. La pièce s’appelle Lolita, et elle est signée Dahlia Rebecca

Le temps d’un morceau, cette jeune artiste française est parvenue à nous proposer une véritable performance. C’est un projet riche, à la fois musicalement et visuellement. On sort de la salle très ému, et quelque peu remué. La pièce se dessine en 3 actes et s’ouvre sur un orchestre composé de trois violons et un violoncelle. Puis un ballet aussi mystérieux qu’inquiétant prend vie. On découvre Dahlia Rebecca en ballerine, entourée d’autres danseurs. Quelque chose se tord et s’étire dans le 2ème acte, peut être porté par la figure du loup. Enfin Dahlia nous propose une superbe interprétation sur le 3ème tableau, plus sombre et profond. Alors que l’orchestre se fait discret, elle prend possession de l’espace, joue avec sa voix et son corps, et nous interpelle du regard. On souligne la très belle image de fin, l’orchestre dirigée par le loup s’anime, c’est lui qui rythme et clôt le spectacle. 

Lolita est le fruit d’un beau travail collectif, une histoire distordue et absurde, où le personnage principal se complexifie dans le temps, victime de l’ombre et de ses tourments. Le son porte l’image, et inversement. Voilà un « ballet » peu commun, contemporain et poétique. Ainsi, si vous ne savez pas encore quoi faire aujourd’hui, on vous conseille d’aller vite découvrir Lolita !