Les clips de la semaine #239 – Partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Pour terminer la semaine en beauté, voici la deuxième partie de notre 239e sélection des clips de la semaine.

arøne x Lowonstage – pour de bon

Entre la brume étouffante et la chute des températures, l’automne ressemble plus à un hiver anticipé. Raison de plus pour chercher un peu de chaleur là où on le peut. Cette semaine ce fut du côté d’une collaboration entre la chanteuse arøne et le producteur Lowonstage. Sur une production entrainante, la jeune interprète ballade sa voix pour un rendu addictif nommé pour de bon

La chaleur qui transparaît à travers ce morceau se retrouve également dans le clip signé par l’artiste elle-même et 73shot. Effectivement, ce dernier tourné en Grèce nous rappelle la chaleur de l’été et donne une furieuse envie de repartir goûté au soleil, aux terrasses et aux plages. 

Des rides ensoleillées en scooter jusqu’au nuit animée, arøne ballade un spleen qui prend des allures d’hymne dansant grâce à la production électronique de Lowonstage.

Charlie Motto – 95 degrees

Depuis la sortie de son superbe EP Citadelle, Charlie Motto chemine et continue d’arpenter des sentiers dont personne ne voudrait s’écarter. Avec 95 degrees, nouveau single produit en tandem par Pierre Cheguillaume (Zaho de Sagazan, Adèle Castillon) et Balthazar Picard (Kalika, Zélie), l’artiste plonge et replonge sa pop cristalline dans des eaux hyperpop et électroniques. Le morceau tisse un récit délicat autour des hésitations du premier contact : les silences, la timidité, et ces désirs qui peinent à se dire.

Réalisé par Antoine Wibaux (Yoa, Chéri, Kalika), le clip transporte son errance romantique au cœur des Arcades du Lac, emblème brutaliste de Ricardo Bofill. Entre architectures utopiques et rencontres fugaces, Charlie esquisse sa quête du match parfait, guidée par un love radar quelque peu capricieux et des personnages portant des t-shirts énigmatiques – peut-être des indices vers d’autres histoires à venir. Une épopée sensible et entêtante, fidèle à sa Citadelle chérie.

BDRMM – John On The Ceiling

Après nous avoir annoncé la sortie pour le début d’année 2025 d’une 3ème ligne à la discographie, Microtonic, accompagnée d’une date parisienne en Mars au Trabendo, le quatuor briton des frères Smith BDRMM nous dévoile aujourd’hui un premier morceau John on the Celling tiré de ce nouvel album, et de son clip psychédélique à souhait. Musicalement, on les avait découvert l’année dernière sur la scène du Petit Bain devant une salle archi complète en digne représentant du mouvement Shoegaze (qui bénéficie d’un retour de hype ces derniers temps grâce au come-back de leur compatriotes de SLOWDIVE),  les revoilà aujourd’hui dans un style plus complexe, faisant la part belle à la musique électronique, expérimentale et ambiente. Du coup, les visuels aux couleurs sobres se veulent saccadés et répétitifs, voir hypnotiques, accentués par le défilement accéléré des textes de la chanson aux multiples typographies aléatoires, rien que pour nous déconcentrer… “This video contains flashing images”, nous voilà prévenu !

Ricky Hollywood – Chelou toi 

Les chansons de Ricky Hollywood sont comme des bulles de savon. Multicolores, elles virevoltent, emportées par le flux des courants d’air, puis éclatent (c’est une histoire de déséquilibre de la tension de surface). Elles suscitent un plaisir éphémère à les contempler et à jouer avec elles. Plaisir que l’on renouvelle – sans jamais vraiment se lasser – lorsqu’elles se volatilisent. Ses chansons, simples, recueillent en elles une forme de naïveté qui les rend émouvantes, car pures et authentiques.

Chelou-toi est né de l’expérience malheureuse d’une tentative de contact d’un homonyme sur les réseaux sociaux. Une simple curiosité à laquelle a été opposé un implacable « Tu es Chelou-toi ». Où lorsque la vision utopique du village mondial promis par internet se mute en la juxtaposition d’une foultitude d’ego insondables.

Pour illustrer la chanson, le clip a été tourné sur l’esplanade de la Bibliothèque nationale de France – François Mitterrand, qui symbolise la possibilité de toucher du doigt toute la connaissance du monde, mais également la difficulté de la faire sienne (ce qui engendrera littéralement sa chute).   

Chelou-toi annonce un nouvel EP à paraître début 2025 chez Domotic. En attendant, on ne peut que vous conseiller de vous replonger entre les plages de son précédent album – Le Sens du Sens – dans sa réédition réinterprétée et augmentée parue l’été dernier – The meaning of the meaning. Elle contient sept autres petites bulles prêtes à éclater à proximité de vos oreilles.

Dodi El Sherbini – Ton royaume

Alors que son album Ave Cesar vient de sortir il y a juste une semaine, Dodi El Sherbini nous propose d’en explorer certains arcanes au travers de la vidéo de Ton Royaume. Avertis dès les premières notes aux accents psychédéliques, nous nous doutons que Dodi El Sherbini va une nouvelle fois nous faire naviguer entre réalité et idéalité. Un sentiment d’étrangeté que l’on ressent lorsque se brouille notre perception.

En jouant sur la paronymie des mots et des images, il fait siens faux semblants et vrais sentiments. Une poésie fragile et touchante naît de la torsion d’un rationnel qui nous échappe. Mais, aussi alogique soit-elle, elle renforce étonnamment la tangibilité du discours. Car derrière ses filtres et ses entrelacements, c’est certain, Ton Royaume est une déclaration vibrante et sincère.

Squid – Crispy Skin

Qui sommes-nous réellement ? Sommes-nous ce que nous croyons être, ou l’image façonnée par le regard des autres ? Comment trouver notre place dans un monde en perpétuelle mutation ? Faut-il changer ou s’adapter, et selon quels critères et orientations ?

Autant de questions qui émergent après l’écoute de ce nouveau titre : Crispy Skin. Ne vous inquiétez pas : ce morceau n’a rien de pénible, d’ennuyeux, d’aliénant ou de moralisateur. Il s’agit simplement d’une réflexion personnelle qui, pour beaucoup, se déploie dans un espace solitaire et introspectif.

Musicalement, les musiciens dévoilent une fois de plus l’étendue de leur talent. Leurs accords sont riches, parfois expérimentaux, et s’inscrivent dans la continuité de ce qu’ils savent faire de mieux. Ils proposent une base rock solide, agrémentée d’une touche de folie et d’innovation, apportant ainsi une fraîcheur bienvenue à la scène rock indé.

Les séquences, extraites du court-métrage expérimental Zone de Takashi Ito, s’intègrent naturellement, en harmonie avec l’atmosphère du morceau. C’est également à travers le titre de l’œuvre que l’ensemble prend tout son sens. Les questions soulevées ici sont souvent méditées en silence, dans un espace intime. C’est précisément dans cette zone mentale, hors du temps, que chaque idée mérite d’être explorée, construite et déconstruite.

Squid ne pouvait pas se contenter de sortir un nouveau single sans une annonce majeure. Leur prochain album, Cowards, sortira le 7 février 2025, et l’attente est déjà palpable. En attendant, plongez sans plus tarder dans Crispy Skin, disponible ici.

Astral Bakers – Within A Heartbeat

La révélation française de 2024 nous offre l’immense privilège de nous gratifier, en cette fin d’année, d’un nouveau single.


Doux, mélodieux et puissant, Within A Heartbeat s’apparente à ce bonbon musical qui, par sa sincérité, déploie une explosion d’émotions d’une intensité incontestable. Tout en nuances, le morceau nous invite à plonger dans un univers où les sentiments s’affranchissent de la raison, une quête vers cette source d’amour éternelle, qui ne se fane jamais.
Dans une forme mélodique d’une intimité et d’une intensité saisissantes, Astral Bakers déploient leur message avec un espoir immense : celui d’être entendu et compris. Chaque note vibre, telle une promesse de proximité, de connexion pure et authentique. Oscillant entre désir et fragilité, les paroles, éthérées, parviennent à saisir cette dualité. Elles captent la tension subtile entre l’aspiration à l’unité et le respect de l’individualité, entre l’urgence du contact et la patience nécessaire pour y parvenir.


Le groupe avait déjà largement démontré son potentiel avec la sortie de leur premier album The Whole Story, paru en février dernier. L’arrivée de ce titre inédit est un cadeau inattendu, que nous n’avions pas anticipé si tôt, mais dont l’impact nous touche d’autant plus profondément. Un immense merci à ces quatre musiciens d’avoir marqué cette année de façon indélébile. Tout comme ces artistes, nous aimons les grandes histoires d’amour et, avec eux, nous sommes au début d’un chapitre que nous chérissons : le commencement.

Pierre Grizzli – Ta planète

Ta planète est le dernier single issu de Danser sur l’eau, le premier album de Pierre Grizzli. Il y est question d’amour et d’absence. Dans son clip, réalisé par Clara Quilichini, on y observe le musicien déambuler dans un décor très parisien : sur les promenades de la Seine, dans le jardin du Luxembourg, sur le quai du métro et à la salle d’arcade ; il cherche et revit les moments complices de son couple. Les séquences alternent les couleurs : noir et blanc de l’absence et couleur du souvenir. Comme sur tout le très bel album sorti il y a un peu moins d’un mois (voir notre chronique), on y apprend à aimer ce musicien discret, accompagnateur sur scène de Clara Luciani ou -M-, pour l’auteur compositeur interprète qu’il est également. Pour son goût du beau geste, pour sa chanson francophone très travaillée, aquatique et rêveuse. Pour sa voix, enfin : simple, honnête, vraie. »

Keroué – AMADEUS / Chicane

Keroué s’impose comme un véritable expert des surprises. Il y a deux ans, il avait déjà marqué les esprits avec les singles 100K et Granit, dévoilés par surprise. Aujourd’hui, il récidive avec un timing parfait pour illuminer l’automne en dévoilant un double single : Amadeus et Chicane. Ces deux morceaux témoignent de tout le savoir-faire de l’artiste breton et nous plongent toujours plus dans son univers. 

Avec Amadeus, Keroué nous plonge dans un morceau sans refrain, un choix qui met en lumière sa maîtrise des mots et sa capacité à captiver par la pureté du verbe. Le clip, réalisé par Arnaud Vieron, s’inscrit dans la continuité visuelle de ses précédents EP, dévoilant l’artiste seul dans un appartement parisien, refuge intime face à l’agitation du monde extérieur. Sur une instru de Vidji, son ancien partenaire de Fixpen Sill, Keroué explore son univers avec une ironie subtile et des mots pesés avec soin. À travers ce titre, dont le nom évoque une quête d’harmonie ou d’absolu, il nous livre une réflexion à la fois personnelle et universelle.

Le clip se poursuit avec Chicane, un titre incisif et sans concessions. Accompagné d’une production percutante signée JeanJass et Delho, Keroué adopte une technique plus tranchante et un égotrip assumé, teinté d’une dose subtile d’humour. La réalisation suit ce changement de ton : on passe à un plan-séquence extérieur qui libère l’énergie confinée d’Amadeus. Ce contraste marquant enrichit l’expérience globale et élargit les horizons visuels et sonores de Keroué.

Ziyad Al-Samman – Ya Habibi

2024 aura été une année avec son lot de sorties toutes plus qualitatives les unes que les autres, et le premier EP de Ziyad Al-Samman, Pleasure Complex, figure de toute évidence parmi les concerné.e.s.

Sorti il y a un peu plus d’une semaine, ce premier effort s’est vu accompagné de son deuxième single, Ya Habibi, dont sa dominante pop-disco psychédélique entêtante occupe notre esprit depuis quelques temps déjà.

Pour illustrer ce morceau, l’artiste a laissé carte blanche à la réalisatrice Katya Ganfeld, laquelle nous emmène dans la contrée rurale du Sussex. On y retrouve alors l’artiste sous un soleil pimpant et un ciel bleu qui nous rendrait presque nostalgique d’un été qu’il nous tarde de revoir. Ici, il y chante une nouvelle fois l’amour, sentiment universel aussi complexe que facile.

Et on le répète, mais Ziyad Al-Samman sera de passage aux Transmusicales de Rennes le 4 décembre prochain, ne le manquez sous aucun prétexte !

Laisser un commentaire