Les clips de la semaine #246 – Partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles.Tout de suite, la seconde partie de notre 246ème sélection.

Viagra Boys – Man Made Of Meat


Quel bonheur de se prendre en pleine face le nouveau Viagra Boys ! Les sales gosses du grand nord viennent de sortir Man Made Of Meat tout en annonçant un nouvel album, viagr aboys pour le 25 avril prochain sous le label tout frais tout neuf : Shrimptech Enterprises.

Le groupe suédois nous avait privés de ses textes satiriques et excentriques pendant trois ans ! Avec désinvolture et frivolité, ils dépeignent à nouveau notre société dans ce morceau. 

Sebastian Murphy, figure emblématique du groupe, en est le héros. Il incarne un homme aviné en train de contempler une toile dans un musée. Puis, subrepticement, il se retrouve à devenir une étoile montante dans le monde de l’art. Le liant entre lui et l’art n’est autre que l’alcool auquel il fait référence en peignant répétitivement sa bouteille, comme si elle était sa muse.

Propulsé dans un monde à multiples inconnues, il se laisse porter par les conventions stéréotypées. Fréquentant désormais des héritiers et autres millionnaires/milliardaires qui s’ennuient, amateurs de sensations, de fame et de possession, Sebastian passe ses journées à présenter ses créations. Lécher les bottes et lécher sa bouteille, voilà à quoi correspond sa vie d’artiste.

Sa fiole de vin déclinée à toutes les sauces – vraiment à toutes les sauces – vient renforcer le caractère absurde des échelons qu’il gravit très vite. Le ton est comme toujours à l’humour et c’est ce qui fait la puissance des Viagra Boys.

Enfin, Sebastian doit répondre de son art dans une interview. Aveuglé par les flashs et les questions qui s’accumulent, il perd pied petit à petit et le malaise s’installe. Le monde de la culture finit par l’accabler, l’humilier et le dérouter. Rabaissé et rempli de désillusions, c’est le retour à la case départ.

Tout ceci questionne le processus de notoriété et la place qu’on laisse réellement à l’humain dans ces milieux-ci. Est-on simplement un produit qu’on consomme puis dont on se débarrasse ? À quelle échelle de sincérité sommes-nous dans nos rapports sociaux ? Le pouvoir donne-t-il la capacité de posséder tout en dépossédant une personne de son âme ?

De nombreuses questions sont soulevées et amènent à une réflexion plus profonde. Libre à vous d’y penser !
En attendant, on retrouve les Viagra Boys le 25 avril, oui oui, si vous avez suivi, c’est le jour même de la sortie de viagr aboys ! Ça se passera au Zénith de Paris, be there !

Scratch Massive x Jeanne Added – You can’t hide

Notre dernière rencontre avec Jeanne Added a eu lieu aux Francofolies de La Rochelle durant lesquelles, elle entamait une tournée en acoustique. On la retrouve en 2025 associée au duo électronique Scratch Massive pour un duo très spatial.

Aérien à souhaits You can’t hide fait la part belle à la voix singulière de Jeanne Added. Elle installe son intensité magnétique qui nous fait revenir sur la terre ferme. Les synthés ne sont pas là pour la faire rebondir, ils installent et font s’étendre le décor de la flottaison douce. Dans un monde où tout va toujours plus vite, You can’t hide suspend le moment dans une bulle futuriste.

Le clip nous embarque dans un salon qu’on transforme en cockpit où les machines sont actives, seuls les boutons et rares néons colorent l’espace de travail. Et ces couleurs se projettent sur la chemise blanche de l’invitée. Ca nous a envoûté, à vous de vous laisser porter !

TV Sundaze – Extinctor

Si vous connaissez Le bon, la bête et le truand, vous devez désormais compter sur Le gentil, la cervelle, le scélérat et la frange. Autrement dit les cow-boys du bitume. Et honnêtement, pour le moins qu’on puisse dire : ringards.

Parce que dans l’imaginaire collectif, le cow-boy a de l’allure… Vous en imaginez des cow-boys qui font des vidéos challenge à boire cul sec une grande bouteille de San Pellegrino ? Voilà un peu ce qu’a choisi de vous montrer le quatuor TV Sundaze dans Extinctor. Une figure féminine au centre : Adeline Jasso prenant les traits de l’américaine Kathleen Hanna, la touche-à-tout punk féministe.

Silencieux depuis deux ans, les garçons de TV Sundaze reviennent avec un single très puissant en décibels. Le garage au cœur, Extinctor est une composition riche en guitares survitaminées : ça fuzze, l’énergie est brute, en gros ça dépote grave et ça fait du bien aux oreilles. Combo gagnant avec les mirettes.

Medicis – Mirrors

Si vous avez un bon matos pour écouter, faites en sorte que le son soit bien dosé ! Les nantais de Medicis ont décidé de frapper (très) fort.Leur nouveau single Mirrors s’ouvre avec une introduction pour le moins noisy. 02’30 d’une grande efficacité qui n’est pas sans rappeler un certain Witch Doctor de De Staat. Exit les réverbérations ou les riffs, Medicis est sur un terrain résolument noise. Tout premier clip de l’histoire du groupe, Mirrors met en scène Arnaud Martin-Rambaud en personnage principal très soucieux de son apparence, il voue une véritable fascination pour son reflet. A vous de voir où ça le mène !

En prévision d’un premier album intitulé Where we dive à paraître le 21 mars prochain, Medicis s’inscrit dans un rock bien bruyant. Mirrors en est la preuve. Laissant de côté une esthétique atmosphérique, Medicis est bien décidé à installer une ambiance où la voix comme les guitares sont hurlantes.

SURE – Keep on living

On a reçu des nouvelles du trio SURE : ils vont très bien et en plus, un nouvel album au nom de Destruction of form doit arriver en mars prochain chez Frozen Records. Pour marquer le coup, ils nous ont partagé un nouveau single : Keep on living. Un nouveau titre marqué au fer par leurs influences post-punk et coldwave qui nous ferait presque danser – on laisse ça aux professionnels des dancefloors -.

Quand on vous dit que la scène post-punk/coldwave française a de beaux jours devant elle, SURE fait partie de ces groupes à garder dans le viseur. Inscrit dans une modernité, une noirceur agréable et une grande sensibilité, SURE ne nous laisse pas douter de leur talent. Affaire à suivre de près qu’on vous dit !  

Lisa Portelli – Ondine

Ca y est Absens, l’album de Lisa Portelli est sorti ! Pour célébrer cette sortie, la chanteuse nous partage le clip d’Ondine. Ondine est un personnage décisif dans l’histoire, figure féminine être des univers aquatiques qui guide Lisa tout au long d’Absens.

Il fallait qu’une chanson raconte son histoire et c’est désormais chose faite. Lisa Portelli a choisi de faire un album où son expérimentation de l’électronique va plus loin. Ondine suit ce chemin expérimental et nous enthousiasme beaucoup : son refrain rythmé, la voix de Lisa, la douceur poétique de ce morceau, pas un seul défaut à l’oreille.

Pour le clip, on retrouve le coup de crayon de Marlène Ciampossin qui illustrait déjà Granit en duo avec Nosfell.

Rallye – Eau Froide

Presque deux ans ont passé depuis que Rallye nous présentait cheval 2_3, EP qui continue de résonner très fort dans nos cœurs et dans nos playlists (ou du moins, dans les miennes). Un an et demi également (décidément) depuis leur performance incandescente à la Maroquinerie, où la salle, packed et suintante, tantôt s’égosillait sur Easy Rider et tantôt se laissait happer par l’émotion de Rond et de 1964. C’est donc avec grand enthousiasme que nous découvrons cette semaine que le quintet de la région parisienne poursuit sa route et, avec Eau Froide, affine encore un peu plus sa proposition.

Visuellement, on reste dans un univers Y2K saturé, influencé par les clips de Smash Mouth et de Green Day, mais revisité façon 2025. La direction artistique est à nouveau confiée au collectif C’est ainsi, habitué des projets Casual Gabberz et des figures phares de la technopop française (Roseboy666, Ascendant Vierge). Mais pas d’inquiétude : musicalement, les garçons de Rallye restent fermement ancrés dans un rock électrique, qui donne envie de secouer sa tête dans tous les sens.

Avec ses synthés qui rappellent les heures glorieuses de la French Touch et des guitares bien punk, Eau Froide s’inscrit dans un contexte où l’électro-rock français cherche à se renouveler. Après une année marquée par le retour de Phoenix aux JO et le Moon Safari Tour d’AirRallye pourrait bien imposer son propre souffle en 2025. Un avant-goût très prometteur de l’album à venir.

AVALON BLOOM – Dove Fall


Ce début d’année 2025 nous réserve déjà une bien belle surprise musicale avec ce quatuor montpelliérain que l’on avait pas vu venir au sein du paysage musical rock français ! Et à l’image de leur nouveau clip des plus énergiques illustrant leur nouvelle composition Dove Fall, c’est un groupe totalement décomplexé et sûr de leur cause entièrement voué à la musique anglo-saxonne qui se dresse en image devant nous ! Alors bien sûr on pense à Slowdive ou encore BDRMM plus récemment, mais on ne peut pas s’empêcher de penser à Territory, leurs confrères parisiens… Alors laissez-vous porter, c’est du bon rock alternatif avec une bonne dose de shoegaze mélancolique subtilement associé à leur vision d’un punk-rock bien énervé… Let’s rock !

clarence – numb

Toute l’intensité révélée par leur dernier album, smudge, paru en septembre 2024, continue de se peaufiner et de s’épanouir avec la mise en images de numb.
Pièce inaugurale de l’album, cette fresque mélancolique et vibrante a été choisie par le groupe pour marquer le début de 2025. En mettant en lumière ce morceau d’ouverture, les musiciens offrent une immersion idéale dans leur univers, quelques mois après la sortie de cet opus marquant.

Véritable porte-voix d’une jeune génération audacieuse, clarence s’illustre par son ambition de mettre un chaos mélodique au service d’une beauté éclatante. Soutenus par les labels Flippin’ Freaks et Howlin’ Banana Records, dont les initiatives et l’influence ne cessent de croître avec le temps, ces structures incarnent une véritable dévotion à faire découvrir des artistes toujours plus percutants et talentueux.

Alors que le mois de janvier touche à sa fin, il n’est pas trop tard pour adopter de nouvelles résolutions, en laissant clarence accompagner vos instants acoustiques du quotidien cette année.

Justice – Generator (Live at Accor Arena 2024)

Ce 18 décembre 2024, l’Accor Arena de Paris a vibré sous l’énergie brute de Justice, qui a pris possession de la scène comme des architectes d’un monde parallèle. Le concert, retransmis en direct sur Amazon Prime Video, était plus qu’un simple show : c’était une immersion totale et le groupe nous a offert huit minutes du show, auquel nous avons assisté, en le postant sur Youtube. Dès les premières notes de Generator, l’atmosphère s’est chargée d’une tension électrique, un souffle collectif où l’on était tous suspendus à chaque drop, chaque montée. L’utilisation de S.O.S. a su garder cette intensité, comme un appel désespéré qui ne laisse aucun répit. Irrespirable, le set ne enchainait avec la géniale Mannequin Love qui a poussé l’extase à son comble, avec une scénographie de lumière hallucinante, où chaque pulsation semblait résonner directement dans les tripes.

L’ambiance au cours de cette date parisienne ? Incroyablement irréelle. Le public électrisé dansait comme une masse homogène et frénétique, incapable de se détacher du rythme. La scénographie était d’une précision clinique. La lumière, elle, jouait à la fois avec les ombres et les éclats, créant un véritable dialogue visuel avec la musique. Les transitions entre morceaux, fluides mais percutantes, ont accentué cette sensation de voyage hypnotique. La vidéo retransmise est presque une extension de cette expérience. Elle n’est pas simplement un document ; elle offre une plongée, une captation unique de ce qui a été un instant mythique, un concert absolument dingue.

Lou-Adriane Cassidy – Souffle Souffle

Avec son nouveau clip Souffle souffle, Lou-Adriane Cassidy frappe une fois encore au cœur. Ce titre, issu de son dernier album Journal d’un Loup-Garou, sorti le 24 janvier, est une véritable plongée dans une mer d’émotions où la musique, les paroles et les images se répondent dans une harmonie parfaite.

Le clip, réalisé avec une sobriété maîtrisée par Charles-Antoine Olivier, transforme le minimalisme en art. Les choix esthétiques, notamment l’éclairage tamisé et les plans rapprochés, invitent à une immersion totale dans l’univers introspectif de la chanson. L’absence d’artifice laisse place à l’essentiel : la voix douce et saisissante de l’artiste, qui nous enveloppe comme un souffle chaud dans un froid d’hiver.

Lou-Adriane Cassidy est ici bien plus qu’une chanteuse : elle est une conteuse d’émotions. Chaque regard, chaque expression, traduit une histoire non dite. La caméra semble capter des fragments d’âme, renforçant cette connexion intime avec le spectateur. C’est dans cette vulnérabilité assumée que réside la force de son interprétation.

Avec Souffle souffle, Lou-Adriane Cassidy continue de s’imposer comme une figure incontournable de la scène musicale québécoise. Ce clip n’est pas seulement une vitrine de son talent : il est une invitation à ralentir, à écouter, et à ressentir. Une œuvre à savourer en boucle, les yeux fermés ou grands ouverts.

Gabi Hartmann – Into My World

Gabi Hartmann continue son épopée vers nos oreilles pour promouvoir son prochain album La Femme Aux Yeux de Sel. C’est à cette occasion que cette dernière a dévoilé le clip du morceau Into My World. Dans un ton totalement décomplexé, la chanteuse rend clairement hommage à la musique et aux vidéos des années 1970s et 1980s. Le tout sonne très Pop, avec une harmonie majeure qui prend une forme simple, mais terriblement efficace et dansante. La voix de Gabi Hartmann, plutôt située dans les médiums, s’accorde parfaitement avec le timbre du titre, coloré et gai. On s’éloigne distinctement – en tout cas sur ce morceau précis – du Jazz pour prendre un virage qui touche presque à la variété mais qui réussit cependant très bien à la chanteuse. Une sortie d’une certaine zone de confort d’autant plus envie de pouvoir découvrir La Femme Aux Yeux de Sel qui sortira dans quelques semaines.

Oscar Emch – Les moyens

Journée grise mais pas trop, moral au top mais pas trop, on prend quelques minutes pour une pause introspective. Ça arrive parfois, et c’est pas si désagréable. La radio grésille, et se branche sur une fréquence encore méconnue. On tombe sur le dernier single de Oscar Emch intitulé Les moyens (nous indique la voix de la radio). Cet artiste toulousain parle de ses sentiments, de ses doutes, sur des prods aux accents pop et R&B. 

“Tu n’as pas besoin de plaire à tout le monde.” résonne dans la pièce d’un clip bien construit. La mélodie est rythmée et a quelque chose d’assurément joyeux et lumineux. Des personnes défilent devant une toile tendue bleu gris, prêtes à être photographiées. Ça pourrait être nous, le voisin de palier, ou la prof de yoga du samedi matin. Le tableau est mouvant, la photo de famille devient vivante. On perçoit des sourires, mais aussi un air presque mélancolique dans le regard d’Oscar. Sur le tapis rouge, il se présente seul et danse. Ça fait peur; ça fait moins peur ? Et s’il s’adressait au mini Oscar d’il y a quelques années ? 

Si la salle n’est pas déjà comble, et que vous ne le connaissez pas encore, c’est le moment de se plonger dans le projet de Oscar EmchLes moyens est le premier portrait d’un album à venir, Ma Voix, qui sortira le 7 mars. 

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