La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre, la seconde partie de la 247ème partie des clips de la semaine.

Julien Baker & TORRES – Sylvia
Après un premier single, Julien Baker & TORRES confirment l’arrivée d’un album commun, Send A Prayer My Way, et dévoilent un nouveau morceau, Sylvia.
À l’image de ce que devrait être l’album, Sylvia est une véritable déclaration d’amour à la musique country, dans son écriture et dans sa construction musicale. À travers une écriture poétique et visuelle, Sylvia raconte la tendresse et les émotions qui emparent face à un être aimé, plus précisément ici un animal de compagnie aimé.
Pedal Steel et batterie métronome accompagnent cette jolie histoire, parfaitement écrite. Car, comme dans toute bonne chanson country, il faut une histoire qui serre le cœur et surtout qui se transmet facilement de l’auteur à l’auditeur, ce qui est parfaitement le cas avec Sylvia.
Pour accompagner le morceau, Lindsey Byrnes se glisse dans l’intimité du duo en filmant et photographiant Julien Baker & TORRES sur scène et en dehors. En résulte une pellicule en noir et blanc qui accompagne parfaitement le morceau, montrant l’affection et l’amitié qui les accompagnent et qui ont fini par donner corps à cet album commun.
Send A Prayer My Way est attendu pour le 18 avril chez MATADOR.
NTO – Stratus [1/3]
Peut-on donner un son à un nuage ? La question peut paraître étrange, mais c’est pourtant ce que nous propose NTO cette semaine.
Le musicien français est de retour avec Stratus [1/3] premier extrait d’un EP à venir. Pour ceux qui ne le sauraient pas (nous avant d’aller regarder sur internet) un stratus est un genre de nuage bas dont la base se trouve à des altitudes inférieures à quelques centaines de mètres. Chez NTO, ce nuage proche du brouillard se transforme en petit monument électronique toujours en mouvement, entre intentions club et moment plus atmosphérique (vous avez pigé le jeu de mots ?), Stratus [1/3] est un grand moment de liberté nous permettant de danser les yeux fermés et de nous rapprocher un peu plus du ciel.
Forcément, pour accompagner Stratus [1/3] , NTO nous livre une vidéo au chœur des nuages, une promenade de 4 minutes entre la tranquillité et le chaos. À l’image du morceau, on navigue donc entre éléments un peu rêveur, montée en tension nuageuse et explosion intense, laissant les nuages rejoindre les éclairs.
Un point météo qui se termine par cette sentence évidente : comme toujours, NTO fait vibrer la tempête, alors n’hésitez pas à vous laisser emporter.
Ultime teasing d’un album tant attendu, Yoa nous a dévoilé ce mercredi le single Princesse Chaos. Sur une mélodie pop électrisante qui évoque Primadonna de Marina and the Diamonds, Yoa chante l’égarement, l’auto-sabotage, les murs qu’on se prend en pleine face et ceux qu’on dresse soi-même : « J’attends les sirènes qui viendront me sauver, faire parler mes peines pour tout recommencer. »
Yoa – Princesse Chaos
Yoa est cette Princesse Chaos perdue dans un tourbillon, qui accumule les erreurs et se regarde se compromettre sans savoir comment s’arrêter. Elle met des mots sur l’inconfort, sur ce sentiment de ne jamais être exactement là où il faut, sur les blessures qu’on s’inflige en boucle. Entre fuite et besoin d’être rattrapée, elle danse sur le fil de ses contradictions.
Le clip, signé Antoine Wibaux, traduit bien cette opposition, avec une esthétique épurée où la rigueur de la danse classique se heurte à une irrévérence subtile, comme un pied de nez aux conventions et aux prétendues perfections.
Yoa, elle, cherche les mots et a l’honnêteté de dire que, parfois, ils lui échappent. Que l’on peut « confondre je t’aime et je suis désolée ». Les princesses aussi font des erreurs, et probablement que leur victoire, c’est d’oser le dire. Et peut-être est-ce là la vérité la plus touchante de Princesse Chaos.
Last Train – One By One
À l’occasion de la fin de ce mois de janvier riche en nouvelles sorties, on prend la direction du Grand Est pour retrouver les quatre gars de Last Train qui nous présentent III, leur troisième album (vous l’aurez compris). Pour accompagner cet album, on découvre le clip de One By One, presque en noir et blanc, puisqu’on y retrouve les musiciens aux côtés d’une sorte de cabine vitrée autour de laquelle ils tournent. L’effet est très classe, presque démoniaque avec les réflexions des vitres et les grimaces faites au travers. Le morceau est tout en puissance, avec notamment la batterie qui donne le ton à mesure que le temps avance. On apprécie particulièrement la deuxième part du morceau, qu’on vous laisse découvrir. Si ce nouvel album a fort à faire en prenant la suite de The Big Picture, on peut être légitimement rassuré(e)s en découvrant ce clip.
iAROSS – Nous sommes
Avant de les retrouver le 15 mars au Zèbre de Belleville, nos Montpelliérains de iAROSS ont décidé de faire une escale pour tourner des images entre Paris dans le quartier des Halles, temple de la consommation et leur ville d’origine. La poésie au cœur, l’engagement toujours fort, les mots de Nicolas Iarossi claquent.
La réalisation du clip a été confiée à Ruby Cicero qui s’inscrit dans une démarche de percevoir la face cachée des choses. Elle dévoile ainsi un travail délicat où l’on suit plusieurs protagonistes : amants d’un soir, mascotte poussin distributrice de prospectus victime de la drogue, figure fantomatique misérable qui ne rêve que de la mer, aveugle… Tous sont réunis dans un instant fragile. Une chanson forte, ode à nos âmes voyageuses, utopistes, en quête d’un séisme insurrectionnel. C’est ça la belle âme de iAROSS qui se donne à voir dans l’album Ce que nous sommes à paraître le 21 février prochain.
Wild Classical Music Ensemble feat Wim Opbrouck – Comment ça va
Le collectif belge Wild Classical Music Ensemble a vu son album Confined paraître en octobre dernier chez Born Bad Records et passera par Paris ce mardi 4 février à Petit Bain – d’ailleurs, on vous fait gagner des places, rendez-vous sur Instagram ! – aux côtés des canadiens Population II. Pour relancer, la machine le collectif nous propose un nouveau clip pour Comment ça va en duo avec l’acteur belge Wim Opbrouck.
Souvent posée après une formule de salutations, Comment ça va ne trouve jamais sa réponse parfaite. Répondre par la positive en est presque devenue une banalité polie. Pour illustrer cette chanson qui fait le tour de la question, le collectif du plat pays s’est entouré de Carl Roosens qui leur en a réalisé une série de 4 rien que pour l’album.
En un temps record d’1’40, le groupe nous embarque dans sa poésie brute aux dessins que l’on pourrait qualifier d’enfantins dans leur forme, comme tracés au feutre à l’eau. Et croyez-le bien, il n’y a rien de péjoratif dans l’idée d’enfantins, c’est qu’il y a cet aspect important à saisir : l’absence de recherche purement esthétique. Une tendresse basique pour ce(ux) qui les entoure. Et c’est cette même tendresse qui flotte tout au long du clip. Spoil : le clip s’achève sur un câlin amical.
Beatrice Melissa – Fight
Sous l’œil des réalisatrices Malu França et Laura Sifi, les images de Fight donnent naissance à un jeu dangereux dans lequel deux mondes synchrones et parallèles s’interpellent. Une partie de cartes aux accents surréalistes lors de laquelle les protagonistes abattent les atouts pour tenter de triompher l’une de l’autre. Trois temps, trois contretemps structurent un affrontement que l’on ressent comme étant faussement manichéen « The Injury », « The Storm », « The Anxiety Disorder », « The Jealousy », « The Scandal », « The Final Accident ».
Les lignes mélodiques de Beatrice Melissa naissent de leurs aspirations respectives a priori contradictoires. La sophistication de la musique savante de Melissa Weikart et la fougue de l’électro de Beatrice Masters ne s’opposent nullement mais s’alimentent mutuellement. Et alors, peu importe la carte que l’on tirera, le duo saura remporter la partie.
« Honestly, I’m sick of this game You’re a loser but I like your style »
Au début du printemps (que l’on attend avec impatience), les actualités de Beatrice Melissa se bousculeront avec un premier album – Secret – le 21 mars chez Midnight Special Records et, pour fêter la sortie, une Boule Noire le 4 avril 2025. Jolis moments en perspectives.
HYPERRÊVE – Un Seul Matin Doux
Où l’on continue de découvrir les morceaux qui composent le dernier album d’Hyperrêve sorti la semaine dernière chez Médiapop Records. Un Seul Matin Doux est la chanson qui a donné le nom à l’album et qui a aussi l’honneur de le clore. Samuel Lequette y déroule une (sa) pop douce et onirique aux mélodies addictives. Les sentiments s’expriment avec émotions et retenue. Sa sensibilité s’y épanouit avec sérénité dans la description d’une aube naissante. Et l’on s’imagine porté par l’optimisme qui jaillit de nos nouveaux espoirs. Celui que l’on construit dans nos hyper rêves. Si le monde nous a paru la veille embrouillé (et à juste titre), apprenons à le réinventer à l’aube d’une nouvelle journée. Un Seul Matin Doux.
Ichon – Il faut
Plus d’un an après son album KASSESSA, Ichon démarre fort l’année avec un nouveau single, Il faut. L’artiste semble s’éloigner du tournant pop de son dernier album pour revenir à un son plus rap, prouvant encore une fois sa polyvalence.
Dans Il faut, Ichon dévoile ses pensées intimes et le poids des injonctions : « Être un bon père, un bon mari / Il faut maîtriser les éléments », « Comme si j’avais le gros lot / Il faut sourire sur les photos ». Il énumère ces obligations, comme pour les intégrer ou leur donner du sens. Le titre ouvre une fenêtre sur la vie intérieure de l’artiste qui, derrière un sourire de circonstance, est traversé par des questionnements existentiels. Il lutte contre ses démons, et se donne des raisons d’avancer malgré tout. « J’essaie juste d’être content / Pour en finir, il est trop tôt ».
Le clip qui l’accompagne, réalisé par Corentin Williams et Vilain Vidéo, illustre son propos avec des tableaux successifs peints en noir sur fond blanc, qui s’animent et donnent encore plus de profondeur à cette introspection.
Celui qui parle du rap comme d’une thérapie nous offre un titre d’une sincérité brute, porté par une instru froide et percussive. Le clip animé donne vie aux états d’âme de l’artiste et le tout promet de belles choses pour ce retour attendu d’Ichon.
Moyà – Photos
7:00, le réveil sonne. Un arpège doux de guitare folk flotte dans l’air, comme une caresse. Notre héroïne s’étire et se dresse face à… lui. Immuable. Lisse. Silencieux. Un grand présentoir en carton, grandeur nature, figé dans une pose que seul le marketing croirait naturelle. Elle commence sa journée en se mesurant contre un mur. Verdict ? Piégée en enfance, visiblement.
Le jour démarre et se déroule, mais le radio-réveil posé au chevet du lit déraille et les heures valsent. Une perte dans la notion du temps est palpable.
L’héroïne, interprétée par Dora Duronsoy, partage sa journée avec un compagnon de carton. Petit-déj’, danse effrénée et partie d’échecs endiablée… Mais la pluie s’invite … et s’infiltre ! L’effigie se gondole, se déchire, s’effondre. Il part en éclat. « Elle se dit qu’elle aurait dû faire mieux. »
Le temps passe et les restes s’éparpillent, finissant à la poubelle.
Qu’essaient de nous dire les auteurs du clip ? (à savoir, le réalisateur Pedro Summer et l’artiste lui-même Moyà). Peut-être que la photo, ici, témoigne d’un être cher ? Son souvenir compenserait une absence trop lourde à porter. Et si l’héroïne vivait un deuil ? « Les photos ne lui répondent pas ».
D’ailleurs, face au néant laissé par la disparition du doublon-cellulose, elle s’en procure un autre tout neuf ! Copie parfaite du précédent. Si elle vit un deuil, on peut dire qu’elle nage dans un déni illusoire. Dépendante d’un ersatz en carton pour combler des fissures bien réelles…
Finalement, on peut voir sa télé cathodique vintage et grésillante annoncer le dernier morceau de Moyà. La caméra révèle enfin le visage du chanteur. L’évidence frappe : ce n’était pas un parent, pas un amour perdu. Non. La silhouette de carton, c’était lui.
Le clip ne parle pas de deuil et de déni, mais, en fait d’idole et de groupie ! L’érotomanie en arrière-plan, l’amour vicié du fan ultime en filigrane.
En somme, le rêve de certains artistes et le cauchemar d’autres.
Et au creux de cette mise en abîme, l’éternelle rhétorique philosophique de l’artiste : Pourquoi faire ?
L’attention des autres ? L’expression de soi ? L’amour de la scène ? La haine de la banalité ?
Le titre du morceau suggère une exploration des souvenirs et de la manière dont les images figées capturent des moments du passé. Les photographies servent souvent de témoins silencieux de nos expériences, évoquant la nostalgie, le regret ou la joie.
Musicalement, Moyà utilise des arrangements qui reflètent cette introspection, avec une mélodie mélancolique et des harmonies douces, créant une atmosphère contemplative.
Youssef Swatt’s ft Sofiane Pamart – Épilogue
Le voyage de Chute Libre continue. Deux mois après la tempête de Turbulence, Youssef Swatt’s nous invite à découvrir Épilogue, un morceau où ses mots se mêlent aux notes de piano de Sofiane Pamart. Ce troisième extrait, premier featuring révélé du projet, continue de teaser la sortie de l’EP du Belge prévu pour le 21 février et promet un projet à ne pas manquer.
Dans une atmosphère intimiste et épurée, Youssef Swatt’s et Sofiane Pamart unissent leurs univers le temps d’un piano-voix aussi sobre que puissant. Le rappeur tournaisien y déploie son art du texte tandis que le pianiste parisien insuffle une profondeur mélodique. Entre puissance et mélancolie, Épilogue revient sur le parcours de Youssef depuis Nouvelle École, oscillant entre la reconnaissance de sa chance et le poids des nouveaux doutes qui l’accompagnent. Le morceau gagne encore en intensité avec la participation d’Asfar Shamsi, qui sublime le refrain par sa magnifique voix.
L’année 2025 s’annonce déjà intense pour la pépite belge. Avec Épilogue, Youssef Swatt’s laisse entrevoir que ce projet n’est qu’une étape avant un album à venir. Il ne compte pas s’arrêter là, puisqu’il vient également de dévoiler une tournée prévue pour la première moitié de l’année. L’occasion pour lui d’exprimer toute sa rage sur scène et de confirmer son succès.