Les clips de la semaine #248 – Partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre, la seconde partie de la 248ème partie des clips de la semaine.

Marie Maïko – Ana Maria

Il y a quelques mois, nous vous parlions du duo féminin Marie Maïko formé par Delphine Campi-Ellis et Anne Gouverneur. Les revoilà avec leur single Ana Maria. Un nouveau single qui n’est pas sans rappeler les expérimentations du cinéaste Jim Jarmusch dans son groupe Sqürl.

Si vous aimez vous plongez dans des ambiances à la lisière du mysticisme, ce morceau est fait pour vous. Dans un paysage nocturne à mi-chemin entre le réel et le rêve, perdez pieds mais laissez vous guider par cette divinité d’un nouveau genre : Ana Maria. Elle danse, elle vous regarde, elle vous suit. Ici Stefania Rossetti prend le corps d’Ana Maria et nous offre des mouvements à la limite de la transe.

Ana Maria est un morceau puissamment poétique, profond, la marque de fabrique de Marie Maïko. Le duo invite au voyage intérieur tout en y invitant l’extérieur.

CATHEDRALE – South Life

Les toulousains de CATHEDRALE ont décidé d’entretenir notre patience jusqu’au 14 février. South Life nous embarque en van avec eux sur la route. Sur la route c’est vite dit, on pourrait croire qu’on les verra en tournée et les scènes du quotidien, mais pas du tout. C’est surtout pris dans les embouteillages que nous retrouvons les garçons.

Si on connait la légendaire conduite marseillaise, CATHEDRALE vous fait découvrir la toulousaine. Spoil : elle n’est pas de tout repos non plus.

South Life s’inscrit dans les veines d’une power pop nerveuse où les guitares s’affutent tout au long du morceau, la batterie y est plus discrète mais bien présente. Si le texte exprime tout cet énervement, il est aussi plein d’humour. Avec South LifeCATHEDRALE centralise une forme d’angoisse intériorisée et la traduit dans un morceau énergique qu’il nous tarde de retrouver sur scène.

Sheng – CROCS & CRITERES 狼牙特质

Nouvelle esthétique rose bonbon acidulé pour Sheng qui présente son premier album, un 14 titres nommé J’SUIS PAS CELLE 非你所想. 

Comme le titre CROCS & CRITÈRES 狼牙特质 le laisse entendre, sa plume se veut acérée dans ce single ego-trip qui marque l’arrivée du projet. À travers un discours polyphonique, elle navigue entre les flatteries et les tentatives de doute sur son ego, tout en lançant des piques contre certains rappeurs accusés de VSS, les harceleurs de rue et les pédophiles. Elle ne mâche pas ses mots et semble désormais plus sûre d’elle que jamais.

Si nous étions à sa place, il serait certainement justifié de croire en nous : son évolution, marquée par plusieurs singles remarqués et une Boule noire sold-out en moins de 24h, prouve bien que l’avenir s’éclaire devant elle et que vous devriez commencer à la suivre de près avant qu’elle ne file à toute allure.

ARNE VINZON – CHARLEROI

Comme un avant-goût de leur prochain album – À Propos de Fantômes – qui sortira début avril sur le label Les Disques Pavillon, avec CharleroiArne Vinzon retrouve le parfum d’une nostalgie poignante mais créatrice qui lui sied si bien. Charleroi est un poème de Paul Verlaine issu de la section des Paysages belges de son recueil de Romances sans paroles. Cent cinquante ans séparent les impressions sensorielles et romantiques, souvenirs du voyage avec Arthur Rimbaud (WalcourtCharleroiBruxellesMalines), de l’interprétation faite par Arne Vinzon. Dans Charleroi, les vers suintent des déchirements modernistes d’une ville industrielle où les bruits sourds et les odeurs de soufre imprègnent chaque sensation que l’on y ressentirait. Une confusion des sens chère à Paul Verlaine dont la ligne mélodique respectueusement lofi imaginée par le duo se fait l’écrin « Dans l’herbe noire les Kobolds vont ».

Le clip hypnotique réalisé par Arnaud Vincent et Stéphane Argillet fait renaître ces Kobolds dont les couleurs incandescentes se fondent avec celles qui émanent des forges rouges refermant l’horizon. « Sueur humaine, cris des métaux !»

Dana Gavanski – Leaving Home Again

Plus nous avançons en âge et en expérience, plus l’envie d’évoluer nous pousse à porter notre regard ailleurs, à explorer ce que le fil du temps recèle, des instants les plus anodins aux plus surprenants.

Dana Gavanski embarque avec elle une valise remplie d’images et de souvenirs, autant de fragments qui ont façonné la personne qu’elle est devenue. Son besoin d’emmener ce bagage vers un renouveau témoigne, dans toute sa mélancolie, d’une force intérieure remarquable. Face à l’incertitude et au temps, elle avance avec la conviction profonde qu’au bout de ces épreuves, une part de bonheur l’attend. L’attente, dans cette gare froide et presque monotone, n’a rien d’un fardeau ni d’un passage imposé. Elle devient un défi stimulant, une épreuve dont la récompense est inestimable une fois le train en marche.

Transformer une musicalité empreinte de nostalgie en un message lumineux, voilà la promesse de Leaving Home Again. Ce deuxième single se fait l’écho d’une acceptation du changement, de ses obstacles, souvent intérieurs, et de l’audace nécessaire pour tracer un nouveau chemin. Il nous rappelle qu’avec du temps et une impulsion sincère, de nouvelles perspectives peuvent s’ouvrir.

Reste à voir si un autre titre viendra précéder la sortie de son EP Again Again, attendu pour le 14 mars.

Synapson feat. Clou – Nuit blanche

On savait que Clou mijotait quelque chose mais le mystère planait sur sa prochaine collaboration. Le voile est levé avec cette Nuit blanche, savamment imaginée avec Synapson. Une balade nocturne qui raconte la liberté et l’espoir de la nuit, légèrement teintée de mélancolie.

Nuit blanche nous fait immanquablement penser au dernier album de Clou et notamment au morceau A l’évidence, dans lequel Clou raconte une rencontre, la nuit. Nuit blanche en est un peu la version augmentée. La timide Marilyn a laissé place à une femme qui s’assume pleinement et se laisse aller au plaisir de l’instant présent.

La prod lascive, un peu jazzy, et les arrangements très Michel Berger de Synapson vient mettre en valeur la voix envoûtante de Clou qu’on ne se lasse pas d’écouter.

Nuit blanche est extrait du prochain album de Synapson intitulé Blue Jeans, attendu le 28 février prochain.

Hélène Sio – Pour te plaire

Quelques mois après Je veux tout savoir, Hélène Sio continue de se dévoiler et de distiller un univers poétique et onirique dans lequel l’amour fleurit avec Pour te plaire.

Loin de se restreindre à des structures pop classique, la jeune femme préfère se transformer pour le coup en conteuse d’histoire, laissant de côté l’éternel couplet-refrain pour y préféré la répétition poétique et entêtante et la longue montée en tension.

Pour te plaire c’est une histoire d’amour qui se dévoile, une déclaration fiévreuse et lettrée qui gagne en intensité à chaque seconde pour laisser exploser un final instrumental flamboyant. Entre l’importance de la batterie tout au long (et qui rappelle sa reprise de Mode d’emploi), des orchestrations grandiloquente et des chœurs hyper cinématographiques, Hélène Sio a définitivement tout pour nous plaire.

Pour l’accompagner, on se retrouve face à un clip minimaliste qui joue avec bonheur sur des jeux de lumière pour nous entrainer dans une promenade presque intime où les ombres s’amusent à jouer avec nous et les images se reflètent sur des draps flottants, où rien ne se dévoile vraiment jamais vraiment, comme une histoire d’amour un peu pudique. Un contrepoids intéressant par rapport au morceau qui se révèle être une vraie mise à nue.

Avec ce nouveau morceau, Hélène Sio prend son temps pour nous charmer et ça marche : on est clairement accro. Apparemment on n’est pas les seuls puisque son premier café de la danse affiche déjà complet au mois de mars. Ne vous en faites pas, d’autres rendez-vous sont prévus en mai et en juin.

Quantum Quantum – Shanghai

Alors que leur EP arrive le 14 mars avec en ligne de mire un passage à La Boule Noire le 8 mai prochain, les lillois de Quantum Quantum reviennent cette semaine avec un titre bien efficace nommé Shanghai.

Shanghai confirme le petit virage pris par le trio à savoir une musique bien plus percutante, voir dansante, basée sur une rythmique répétitive et hypnotique sur laquelle ils apposent des nappes électroniques pour un rendu à la fois psychédélique et dansant. De la même manière, l’apparition d’une nouvelle voix féminine (ici Eya) permet à la musique de Quantum Quantum de s’offrir des variations différentes, offrant une place de choix à un texte à la fois étrange et poétique.

Avec Shanghai, Quantum Quantum nous invite à repenser les actions que l’on effectue comme des automatismes, comme un Saumon qui suit sans réfléchir le courant face à lui. Dans ce texte court et répétitif, le groupe questionne à l’instinct comme une force trop puissante pour nous et qu’on a du mal à expliquer.

En parlant de saumon, avez vous consommé votre maki magique ? Quantum Quantum le fait et nous entraine dans une vidéo aux relents oniriques qui doit beaucoup au travail délirant de Tim Burton. Entre le rose et le violet, on se retrouve donc entrainer dans un univers étrange où les plantes côtoient les instruments et où nos musiciens s’épanouissent pleinement, plongeant dans leur océan personnel pour que leur instinct les laisse faire ce qu’ils font de mieux : de la musique.

Définitivement audacieuse et intrigante, on ne peut que vous inviter à vous aussi plonger dans la musique de Quantum Quantum.

Weekend Affair – Ton appel

La semaine passée, Weekend Affair a fait décoller son Vol Intérieur d’eux jusqu’à nous. Un, déjà !, quatrième album qui bénéficie de l’apport de Yuksek pour nous offrir une pop toujours aussi classe et toujours aussi superbement écrite.

La preuve avec Ton appel, mise en avant pour la sortie de l’album. Un groove indolent et absolument parfait qui nous fait remuer les chevilles sans forcer et au cœur du mystère une histoire d’amour comme toujours. Son nom ne trompera personne, Ton appel est une ode à l’attente, à ces moments entre doutes et espérances lorsqu’on espère que l’être aimé nous contactera pour lancer l’histoire ou la faire continuer.

C’est doux, c’est drôle et ça parlera forcément à tous les amoureux transis, les séducteurs du dimanche et ceux qui masque leur fébrilité derrière un masque de sureté.

Pour l’accompagner, Weekend Affair s’est décidé à passer derrière la caméra pour nous offrir un clip qui sens bon les années 90’s, billets de 50 francs et vieux téléphone à l’appuie.

Forcément influencé par le meilleur du cinéma de Guy Ritchie, la vidéo de Ton appel nous entraine dans un deal de téléphone foireux et met en avant une belle bande de bras cassés où chacun cherche à prendre le meilleur de l’autre.

Et à la fin, forcément, ce sont les femmes qui gagnent.

Avec ce nouvel album, un autre appel devrait pointer le bout de son nez : celui du live. Et autant vous dire qu’on a hâte de les retrouver sur scène.

Yasmine Hamdan – Hon هون

Chanteuse de Soap Kills, iconique duo de trip hop beyrouthin, Yasmine Hamdan signe son retour en solo avec Hon.

À travers ce morceau, elle rend compte de son pays, le Liban qu’elle décrit comme abîmé d’une « blessure béante ». Yasmine Hamdan décrit des scènes du quotidien et ses réflexions sur l’absence, la guerre, la fragilité et une résilience sincère, presque inévitable pour faire fleurir les fleurs. Comme celles que l’on aperçoit dans le clip réalisé par Khalil, artiste plasticien Beyrouth avec Yasmine Hamdan. Le duo anime en stop motion des fleurs, des fusées – ou plutôt des drones – qui sortent de terres, dépassent des immeubles si grands qu’ils touchent les étoiles.

Par la liberté qu’offre les frontières expérimentales du trip hop Yasmine Hamdan explore un travail du son, en samplant des sirènes menaçantes. Cette œuvre musicale est le fruit d’un travail collectif avec à la plume le poète palestinien Anas Alaili et à la coproduction Marc Collin (Nouvelle Vague).