La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles.Sans plus attendre, on vous invite à découvrir la seconde partie de la sélection 251 des clips de la semaine.

The Flying Bones – Muscles
Chaud chaud devant ! Les Flying Bones ont décidé de montrer les Muscles. Sur la lancée d’un premier album à venir le 7 mars prochain sobrement intitulé Who are The Flying Bones, le duo se présente avec un clip très inspiré de l’univers décalé d’un certain réalisateur : Quentin Dupieux. Si vous pensiez qu’on ne peut pas faire livrer des muscles à domicile, cessez les préjugés. Ca n’est qu’une question de bonne volonté. Inspirez vous du programme du duo : régime hyper calibré, exercices réguliers, ça en deviendra vite addictif.
Montrez les muscles à votre tour. En attendant d’exhiber les biceps et autres joyeusetés, ouvrez les oreilles pour découvrir ce morceau qui fuzze fort. Ca puise dans des influences garage, c’est limite psyché, ça se dévore comme une barre protéinée. Et à l’approche du printemps, c’est bien de dynamiser l’énergie. Go Flying Bones, go !
George Ka – Le Même Corps
L’heure est venu pour George Ka d’avancer en direction de la sortie de son premier album. Les Rebords du Monde sera disponible au début du mois d’Avril, et c’est un bonheur de voir paraître le premier opus de cette jeune artiste dont on attendait des nouvelles depuis la sortie de son premier EP Par Avance en 2021. La chanteuse y explorait ses origines, elle a choisi cette fois une voie plus intime et nous présente aujourd’hui un troisième single : Le Même Corps.
Construit comme un message dans lequel elle évoque sa mère, ce troisième morceau est de toute beauté. Entre l’hommage et l’évocation des difficultés rencontrées, on sent un rapport singulier qui se dessine. On remarque une très belle production, sensible et forte, et un texte émouvant.
Côté images, on découvre la chanteuse dans un plan séquence et une chorégraphie splendide, filmée en rotation et avec un zoom qui évolue et apparaît moins stabilisé, comme pour évoquer l’instabilité des émotions, leur jeu et ce qu’elles nous font subir parfois. Un très beau travail, et le sentiment d’un partage rare et touchant.
Everything is recorded – Never felt better
Si le nom de Richard Russell ne vous parle pas, ceux des artistes qu’il a accompagné avec son label XL Recordings devrait vous dire quelque chose. Au hasard : Adele, Beck, Fontaines D.C., Gorillaz , The xx ou encore Radiohead. Il produit également des artistes et a fini par lancer son propre projet il y a quelques années. Everything Is Recorded – c’est son nom – est un projet collaboratif, auquel participent des artistes d’horizons variés. Ensemble, ils sortent cette semaine un album, Temporary, dans lequel Russell explore des sons Folk, qui viennent s’ajouter à ses influences électroniques.
Il s’accompagne pour cela – entre autres – du talentueux Sampha, et de Florence Welch, chanteuse iconique du groupe Florence + The Machine. Les voix des deux artistes se mêlent dans le morceau Never Felt Better, dont le clip sort également cette semaine.Chorégraphié et interprété par Mela Murder (qui co-réalise avec Kristian Mercado), le clip suit une femme aux prises avec des émotions contradictoires. À travers la danse, il raconte le deuil et la tempête d’émotions que vivent ceux qui le traverse. La tentation de l’isolement, l’incrédulité, la nostalgie, et au cœur de tout, l’envie de s’en sortir. Le décor épuré laisse toute la place à la performance puissante de Mela Murder, qui monte en intensité avec la musique.
On ne peut que vous recommander le reste de l’album, où apparaissent notamment Noah Cyrus, Bill Callahan ou encore le saxophoniste Rickey Washington. Le deuil, qui traverse l’album, est traité avec une douceur réconfortante et le mélange réussi des genres vaut le détour.
Léonie Pernet – Paris-Brazzaville
Après Réparer le monde qu’elle a publié en octobre dernier, Léonie Pernet nous livre un deuxième extrait de son troisième album Poèmes Pulvérisés à paraître en juin chez CryBaby et Infiné. Paris Brazzaville – comme ses autres compositions – forme autant de plongées vertigineuses au plus profond de son for intérieur, à la racine de ses ressentiments. S’inspirant de l’œuvre poétique de René Char, Léonie Pernet arpente les douleurs qui l’habitent (et qui nous habitent) pour y trouver le rai de lumière qui deviendra la source d’un ultime espoir. Intensité des sentiments, volonté inexorable de s’en extraire, une violence insurrectionnelle naît des mots et de la ligne musicale qui composent l’exhortation devenue pulvérisation portée par Paris Brazzaville.
Au travers des images illustrant le morceau, Delphine Diallo se fait vidéo alchimiste en métamorphosant par quelques effets la chair de Léonie Pernet. Terre, eau, feu, air, éther, les éléments transmutent, se morcèlent, se fragmentent avant de se désintégrer pour mieux se recomposer.
Après avoir présenté en avant-première ses nouvelles compostions à la Philharmonie en novembre dernier, Léonie Pernet investit le théâtre Zingaro dans le cadre du festival Fragile. Un lieu atypique, écrin idéal pour faire jaillir de l’éphémère de l’instant, l’immortalité des sentiments qui y verront le jour. Rendez-vous à Aubervilliers le jeudi 10 avril 2025 !
Isla Oiseau – COATEPEC
Deuxième extrait de leur futur EP Les Ombres à paraître en avril chez Kidderminster, Coatepec nous entraîne dans la moiteur des nuits d’été d’une ville mexicaine située au bord du golfe du Mexique au pied d’un volcan. Comme si de rien n’était, Isla Oiseau explore de leur pop douce et légère les atermoiements des relations amoureuses. Elles se vivent en épousant les rythmes fluctuants de la chanson. Rythme parfois enlevé, à cœur battant. Rythme parfois étale, à cœur suspendu. De longues montées, des descentes vertigineuses, nos vies prennent souvent des allures de tours de rollercoasters. « Dans la chaleur, des mots qui blessent. Il existe un dernier sentier. Celui qui t’emmène et te berce dans la moiteur des nuits d’été »
Isla Oiseau viendra nous rendre visite à Paris juste après la sortie de leur EP pour une release party endiablée. Ce sera le 24 avril 2025 au Pop-Up du Label. On s’y retrouve ?
The Lumineers – Automatic
Le duo folk alternatif The Lumineers fait son grand retour avec un cinquième album studio intitulé Automatic, sorti le 14 février 2025. Ce nouvel opus célèbre deux décennies de collaboration entre Wesley Schultz et Jeremiah Fraites, qui ont opté pour une approche résolument live : jouer ensemble en limitant les retouches pour capturer une énergie brute et authentique.
Dans un communiqué, Schultz a partagé : « Cet album explore les absurdités du monde moderne, comme la frontière floue entre le réel et l’illusion, ainsi que la manière dont nous nous anesthésions face à l’ennui ou à la surstimulation. » Ce nouvel album se distingue par un discours plus direct et intime, dans lequel le groupe prend pleinement la parole à travers des paroles sincères et réfléchies. Automatic se démarque vraiment de ses prédécesseurs par une émotion profonde et une authenticité totale, sans stratégie marketing.
Le 7 janvier 2025, en prélude à la sortie de l’album, The Lumineers ont dévoilé Same Old Song. Cette semaine, c’est le titre éponyme Automatic qui est sorti, accompagné d’un clip réalisé une nouvelle fois par Anaïs LaRocca.
Automatic est une ballade épurée au piano qui questionne les avantages de la modernité, souvent masquant un vide existentiel. La chanson se centre sur le refrain répétitif et insistant qui souligne cette routine inévitable : « Oh, my lover, is it ever gonna be enough? » (Oh, mon amour, est-ce que ce ne sera jamais suffisant ?). À travers ce titre, The Lumineers dressent le portrait d’une société où la vie semble régie par des automatismes, dénuée de spontanéité et d’émotion. Automatic interroge également la quête incessante de succès et de satisfaction, suggérant que malgré tous les efforts, rien n’est jamais suffisant, jamais assez. Les références aux comptines enfantines, vues sous un angle plus sombre, ajoutent une touche de mélancolie, soulignant la perte d’innocence et la prise de conscience du caractère cyclique et absurde de la vie.
Avec un ton lent, mélancolique, et une mélodie de piano forte, Automatic révèle les aspects plus sombres d’une relation. La voix de Schultz, émotive et parfois fragile et chevrotante, transmet la vulnérabilité du titre lorsqu’il se demande : « Is it ever gonna be enough? » (Est-ce que ce sera jamais suffisant ?). Le morceau, qui débute par un piano rappelant les précédents titres du groupe, prend peu à peu de l’ampleur et de la profondeur.
Le clip officiel, une fois de plus signé Anaïs LaRocca donne vie à l’intensité émotionnelle du morceau. En effet, le clip juxtapose Wesley Schultz (au chant) et Jeremiah Fraites (au piano) qui interprètent la chanson, entourés d’une imagerie cosmique : Des étoiles, des planètes, des météores, mais aussi des chevaux au galop et des squelettes peuplent ce visuel. Ces images générées par intelligence artificielle, étranges et chaotiques, sont mises en scène telle une scène filmée par un drone survolant un champ de bataille avec des explosions, des éclairs, à travers des paysages désertiques, où les chevaux galopent. Ces scènes sont entrecoupées avec des plans serrés du groupe et des squelettes qui dansent.
Pour accompagner la sortie d’Automatic, The Lumineers entament en mai 2025 une tournée européenne, avec un passage très attendu à Paris. En première partie, le public pourra découvrir l’artiste folk Michael Marcagi.
Walter Astral – Zénith
On passe encore un step dans l’univers singulier et totalement loufoque de nos deux compères Tristan Thomas et Tino Gelli, aka Walter Astral, avec ce nouveau vidéoclip intitulé Zénith.
En effet, toujours au beau milieu d’une forêt où ils semblent définitivement avoir trouvé leur repaire, ils campent ici des personnages déguisés en insectes nocturnes multicolores irrémédiablement attirés par la lumière qui les entoure, que ce soit celle de voitures comme des 2 chevaux, des 4L, ou celle de mobylettes qui nous semblent bien être des 103 SP ! Remember… Un final qui leur sera fatal quand la lumière du jour entraînera leur totale désintégration !
Beaucoup d’humour et d’auto dérisions pour nos 2 hippies au service de leur musique acid techno et psychédélique, on vous encourage d’ailleurs à aller les découvrir sur scène, l’endroit où leur autodérision prend tout son sens.
Charlie Motto – Robot, baby-boy
L’année démarre sur les chapeaux de roues pour notre chouchoute de la pop fantastique. Après la sortie de son deuxième EP, Portrait-Robot, et une tournée anglaise en première partie de notre reine nationale Zaho de Sagazan, Charlie Motto continue d’étoffer son univers et distille avec soin des petits morceaux de son monde électro-poétique que l’on chérit tant.
Dernière preuve en date : le clip de Robot, baby-boy, qui nous offre une très belle direction artistique, où se mêlent des robots danseurs stylisés et un étalonnage bleu glaçant dans une ambiance super futuriste. Charlie Motto se métamorphose elle-même en androïde dans un décor urbain que certains auront peut-être reconnu (la Tour Orion, à Montreuil). Big-up au maquillage, digne des personnages du Cinquième Elément, et au stylisme impeccable qui donne au clip une identité bien marquée. Certainement l’un des projets visuels les plus aboutis de Charlie Motto, toujours sous l’œil aiguisé d’Antoine Wibaux à la réalisation.
Et le titre en lui-même ne déçoit pas. Toujours aussi entraînant, il pousse encore plus loin l’esthétique sonore de l’EP, accentuant ses textures électroniques et dansantes. Une pop légèrement moins féerique, un peu plus sci-fi, mais qui n’en est pas moins un délice pour nos oreilles.
La suite ? Une Maroquinerie fin mars, où l’on trépigne déjà de la voir donner vie à cet EP sur scène. Go!
Claire days – Transparent
Claire days nous offre une session sonore d’une douceur réconfortante, telle une caresse chaleureuse glissant dans la paume de notre main.
Nouvel extrait de son futur album I Remember Something, ce morceau dévoile toute la source de bien-être que l’on trouve parfois dans les sujets les plus personnels et délicats. Il s’agit aussi d’une belle ode à l’indépendance, à l’art de suivre son propre rythme, sur le chemin que l’on choisit. Transparent décrit ces relations auxquelles nous sommes liés, assis sur le siège d’une voiture, traversant différents paysages aux multiples facettes. Pourtant, lorsque ce véhicule et son contrôle échappent à notre emprise, il devient nécessaire de quitter la route au bon moment. Malgré la difficulté de ce choix, il faut savoir ne pas se laisser guider par les autres, qui poursuivent leur route, protégés dans leur carapace métallique à quatre roues.
La musicienne évolue dans une dynamique acoustique et poétique qui provoque un choc mental, une révélation de nos émotions les plus profondes. Elle nous montre que l’allégresse peut aussi être une forme de remise en question frappante. Marquez dans vos agendas : le 21 mars, un univers mélodieux vous attend avec la sortie de son second album I Remember Something.
Viagra Boys – Uno II
Les géants déglingués de Suède nous reviennent avec une masterclass de +2, nouvelle carte du Uno. Attention toutefois, fini la ferocité, Viagra Boys ne rugit pas comme avant mais reste acerbe et nerveux dans sa démarche. Si le clip paraît loufoque, il s’avère finalement assez animaliste car Sebastian Murphy narre les angoisses d’un chien avant son passage chez le vétérinaire. Une belle petite piqûre de rappel avant leur show au Zénith de Paris le 25 avril prochain
FAGGIA – All the Things
Dans le clip de All The Things, extrait de son nouvel EP Taking Form, FAGGIA s’associe à Sujigashira sous la caméra de Clara Griot. Tourné à la Médiathèque musicale de Paris, le décor semble figé dans le temps, un lieu étrange, presque irréel, qui rappelle ces espaces liminaires où la réalité vacille. Au milieu, les trois musiciens contrastent avec l’ambiance, surtout Vlad, dont les couleurs de la tenue tranchent cet environnement
Il s’agite nerveusement, ses gestes et ses paroles nous soufflent une seule chose : lâcher prise. Musicalement, FAGGIA prend un virage : après l’électro pure, il plonge dans un post-punk électronique plus brut, fiévreux, avec une approche plus live et organique. Le morceau déborde d’énergie, nerveux et dansant, et donne envie de tout lâcher et courir à fond dans les rues désertes de Paris.