Les clips de la semaine #260 – Partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre, on vous fait découvrir la seconde partie de notre 260ème sélection des clips de la semaine.

Foster The People – See You In The Afterlife / Feed Me

8 ans après leur dernier concert Français à l’Elysée Montmartre, Foster The People est enfin de retour en France et vient d’annoncer une date du Trianon le 03 juillet prochain suivi d’un passage à La Nuit de L’Erdre le lendemain.

Comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, les californiens ont profité de l’annonce de cette tournée européenne pour dévoiler le second clip accompagnant leur Paradise State of Mind paru en août dernier.

Un double feature musical puisque l’ambitieuse vidéo réunie en son sein les morceaux See You In The Afterlife et Feed Me. Une association pas si incongrue puisque les deux morceaux parlent d’obsessions et de peurs bien présentes dans notre époque moderne. Le premier morceau s’inquiétant de l’état de notre monde, de tout ce qui se passe et d’une déshumanisation grandissante tandis que le second raconte une sorte d’histoire d’amour étrange et digitale, basée sur les un et les zéro, sorte de cauchemar fiévreux d’une époque qui n’existe presque uniquement qu’à travers des écrans.

Ces thématiques ont bien été prises en comptes par le collectif Weird Life qui nous délivre ainsi une vidéo longue de 7 minutes, autant inspirée de la cinquième dimension que du Brazil de de Terry Gilliam ou de la plus récente Black Mirror.

Monde en filtre bleu, actualité incessante et visages déformés sont à l’affiche de la première partie qui nous entraine sur un plateau télévisuel étrange où tout semble se distordre et se mélanger et où il semble obligatoire de garder le sourire et de divertir les gens alors que la fin du monde semble proche.

On suit alors le personnage de Mark Foster, perdu face à cette réalité qui se voit transformé au fur et à mesure pour devenir un personnage à part entière de cette réalité déformée.

Dans la seconde partie, toujours sous filtre bleu, on suit alors cette histoire d’amour étrange entre notre héros digitalisé et Julia Garner (femme du chanteur au civil) qui semble attirée par ces images au point d’entrer en connexion avec elles et de se voir transformée à son tour.

Un clip tout à la fois étrange, fascinant et terrifiant qui prouve une nouvelle fois la capacité de Foster The People à capter le réel que ce soit dans sa musique ou les vidéos qui l’accompagnent.

Sextile – Women Respond to Bass

Au milieu des sorties d’albums de la semaine, existe-il un album qui porte aussi bien son nom que le nouveau Sextile ? yes, please est un titre, un mantra, une mise en garde et une grande tarte dans la tronche qui prouve la capacité du duo à se renouveler encore et encore.

Mis en lumière par le clip qui l’accompagne, Women Respond to Bass en est l’exemple premier. Titre provocateur, etshot d’adrénaline de moins de 3 minutes, le morceau ne se pare pas de délicatesse et vient nous envoyer en pleine tronche une tarte électro du plus bel effet, forcément remplie de grosses basses et guidée par la voix Melissa Scaduto. Imparable et addictif, le morceau semble taillé pour retourner à la fois les grandes scènes et les soirées les plus underground. Un grand écart parfait que n’aurait pas renié le Jean Claude Van Damme de la grande époque.

Visuellement, au Japon que l’on retrouve Brady Keehn et Melissa Scaduto. Sous la caméra de TROY, le duo se promène donc dans la nuit tokyoïte pour promouvoir son morceau, entre gros néons dans la rue et bars traditionnels transformés en gros afters qui remue comme il faut.

Le clip est à l’image du précédent, Kids, et capte l’énergie d’une jeunesse qui n’a pas envie de se laisser atteindre par la morosité ambiante et préfère bruler son existence dans une fête sans fin.

Et pour constater que l’adage de Sextile est vrai (« we all respond to bass« ) on vous donne rendez-vous au Trabendo le 04 juin prochain pour une énorme fête.

Elise Bourn – Procrastination

Elise Bourn dévoile cette semaine le clip de Procrastination, morceau issu de son premier album Covenant, tout juste sorti en avril dernier. Dans ce titre qui fleure bon l’été, la folkeuse franco – néo-zélandaise assume de remettre les choses à plus tard et nous incite à ralentir.

Dans une société anxiogène où l’on est sollicité en permanence, soumis à une pression croissante, où la charge mentale pèse plus qu’elle ne s’allège, Elise Bourn prend le contre-pied. L’artiste prône la procrastination et lui redonne ses lettres de noblesse.

Ralentir et prendre le temps de nous reconnecter avec nous-même, avec l’instant présent : voilà une belle philosophie mise en images avec humour par Zoé Cavaro. On voit en boucle Elise Bourn en train d’aligner des petits pois sous le regard mi amusé mi surpris de son chat, rêvasser devant une étoile de mer, nourrir un NAC, se rafraîchir avec un ventilateur, lézarder au soleil. Des petits plaisirs du quotidien qui font du bien, et qui en plus ne nécessitent aucune dépense d’énergie ni d’argent. Après tout, remettre les choses à plus tard pour prendre du temps pour soi n’a jamais fait de mal à personne non ? 

Casablanca Drivers feat. Kirin J Callinan – Take Action 

Arnaque ou véritable cadeau du ciel, qui n’a jamais souhaité recevoir la solution magique, qui résoudrait même vos problèmes les plus tenaces ? Que faire ? Voici la réponse, et en un clic seulement. Ah non, pas vous ? Nous oui, et apparemment nous ne sommes pas les seuls. Take Action, voici le nouveau morceau de Casablanca Drivers et de Kirin J Callinan.

Les images de Take Action reposent sur un véritable petit court métrage réalisé par Spike Gonzo, et on s’est régalé. On découvre un homme frustré, et perdu, seul dans la pénombre. Clic. Tornade cool et décalée, on suit l’intrigue avec le plus grand intérêt. La deuxième partie du clip plonge dans ce “take action” initié par Kirin J Callinan, nouveau départ, sur un morceau rock et entraînant.

Autre visage, prise de masse inévitable, cravate et lunettes de soleil évidemment, toutes les images de ce grand “take action” y passent. Notre protagoniste est transformé. C’est drôle, et très bien réalisé. Ce featuring lumineux, nous donnerait envie de nous lever et de tout casser ! Enfin presque. 

Mei Semones – Animaru 

Si la musique est un refuge et un repère, la nature l’est tout autant, assurément. Douce mélodie ou cri du cœur, Mei Semones vient de dévoiler son tout premier album Animaru. Cette semaine on a découvert avec plaisir, le single au titre éponyme, de cette jeune musicienne américaine d’origine japonaise. C’est un beau projet, singulier, qui revêt des couleurs multiples. 

Émotions à fleur de peau, on découvre Mei au cœur d’une forêt, guitare à la main. En quelques secondes, le ton est donné, la pression monte et ne faiblit pas. Le tableau est magnifique, on se perd entre les pages d’un livre scientifique. Les animaux sortent du papier, dans nos rêves ou dans la ville. Scène absurde et poétique, Mei Semones se promène au milieu des immeubles, au volant d’un cochon bicyclette.

On suit ses pas, le rythme se tord, se pare d’autres couleurs, d’autres sonorités. La proposition est très intéressante, et on ne peut que vous inviter à aller découvrir toutes les facettes de Animaru, son tout nouvel album ! 

Ezra Furman – Power of the moon

L’avis de Paul : À propos de son dernier single, Ezra Furman raconte qu’il a fallu cinq ans pour l’écrire. Non que la durée d’écriture d’un morceau soit juge de sa qualité ; au moins est-elle garante d’un noeud, de l’importance d’une thématique.

Ici, Power of the moon évoque la relation de l’artiste à la spiritualité. « Je crois en Dieu et je ne peux même pas expliquer pourquoi ; je ne le comprends pas moi même. Je n’ai ni preuve, ni argument, ni doute » explique-t-elle récemment. D’ailleurs, faut-il le comprendre ? Le peut-on ? Pas vraiment, on dirait. Puisque son Dieu n’a pas de sens. Elle est une entité qui échappe à la compréhension. Alors, tout ça fait très sérieux, mais, comme souvent chez Ezra Furman, il faut distinguer le contenu – souvent existentiel, à vif – du contenant – ironique, souvent auto dérisoire comme pas deux. C’est justement tout ce qui fait que l’on aime ce personnage vrai, drôle, tourmenté, spontané, sarcastique.

Le clip du morceau est réalisé par Sam Durkes. Ça n’est certes pas d’une inventivité folle, mais on a l’impression d’y regarder les images d’archives d’un groupe d’indie rock en 97 – on était pas né, mais on veut bien en être nostalgique quand même. Avec son bruit sur l’image, et cette curieuse idée de faire enregistrer quatre musiciens ensemble dans une pièce. La complicité qui semble s’y nouer.  Les moues d’Ezra Furman quand elle chante. Tout ça est profondément réjouissant. Comme la dernière nouvelle : l’album arrive le 16 mai. On a hâte. 

L’avis de Maud : Oh yeah! C’est le matin. Vous avez mal dormi ? C’est normal, c’était la pleine lune cette nuit. Vous doutez encore de cette théorie ? Voilà donc l’occasion parfaite pour écouter le nouveau titre de Ezra FurmanPower of the MoonEzra est une artiste originaire de Chicago, que vous connaissez peut être déjà, ou bien l’avez-vous découverte avec la bande originale de la célèbre série Sex Education ? 

Cette auteure, compositrice et interprète, signe des morceaux puissants et singuliers. Power of the Moon ne déroge pas à la règle. C’est un son rock et pop, porté par sa voix reconnaissable. Le clip nous entraîne au fil d’une danse, quelques années en arrière. On saisit ce côté un peu rétro avec des images en triple. Il y a quelque chose d’à la fois flou et vibrant. On s’invite en salle de répétitions, on découvre Ezra Furman derrière son micro. On a hâte que tout déraille, sur ce “Oh Yeah!”. 

On peut déjà noter que Power of the Moon figurera sur son prochain album, intitulé Goodbye Small Head, au côté de Jump Out et Grand Mal, qui retentissent déjà à la radio. Voilà de quoi nous faire oublier même les nuits les plus décousues. 

Sarah Maison – DIVAD & La Mandoline

La chanteuse Sarah Maison revient après plusieurs années d’absence. Pour son retour, elle n’offre pas un mais deux titres Divad et La Mandoline qui s’accompagnent d’un clip sous la forme d’un court métrage.

Une histoire d’amour unit le duo de morceaux. Le court métrage réalisé par Laurens Saint-Gaudens avec Sarah Maison, Léo Landon Barret et Rose Walls illustre la complexité des sentiments à travers une histoire où Sarah Maison rend visite à son amante, mais la femme de cette dernière est aussi présente.

Cette thématique amoureuse résonne autant dans Divad, qui évoque aussi le fait de se faire confiance et d’être courageux, et La Mandoline, qui parle de désir et de séduction. On ressent dans les sonorités des influences baroques plus présentes que dans les précédentes œuvres de l’artiste. Un aspect qui se retrouve à l’image. A l’image, Nina Richard joue avec des couleurs bleutées, qui contrastent avec des détails de couleurs chaudes, le temps dans une ambiance feutrée et onirique qui fait sa patte artistique.

Au-delà du baroque, on retrouve les influences de musiques du Maghreb et d’Orient dans les titres, en particulier La Mandoline, qui signe un retour de notre diva d’origine marocaine préférée. 

Caesaria – Instant Highs

Après s’être enfermés dans une chambre, les Caesaria nous emmènent avec eux en studio à Londres et nous partagent quelques moments de vie quotidienne.

Fidèles à leur sonorité 80s de leur précédent single Can’t sleep another night, les garçons apportent un vent de fraîcheur à nos journées ensoleillées depuis peu. Une fraîcheur qui ne prend pas racine dans la coldwave mais bien dans des synthés scintillants, rebondissants.

Caesaria embarque son public dans des instants volés au caméscope d’antan où l’amitié et la créativité en collectif sont immortalisés, nous promettant des retrouvailles scéniques très heureuses ou comme ils le chantent eux-mêmes des : instant highs.

Blu boy express – Comme des lézards

Nostalgie argentique et souvenirs estivaux, Blu boy express nous emmène cette semaine fouiller dans la malle de ses étés amoureux avec le clip de Comme des lézards.

Moitié musicale de BARON.E, c’est désormais en solo qu’Arnaud Rolle se lance sous le nom de Blu boy express. Depuis décembre, il distille des fragments musicaux comme des petits bouts de lui-même (Boomerang, First class). On avait déjà BARON.E dans notre radar de pépites coup de cœur, alors comment ne pas se laisser bercer par la musique de Blu boy express ? Une électro-pop douce, en français, portée par des textes super poétiques. On est quelque part entre Muddy Monk, Mk.gee et Ian Caulfield : tout ce qu’on aime.

Pour Comme des lézards, co-produit avec David Enfrein (TERRIER), Blu boy express nous montre un bout d’été amoureux, à la montagne et au bord d’un lac. L’effet Super 8 est là, les images vibrent, on pense à Annie Ernaux. Un récit heureux, sous-titré, qui respire l’amour simple et lumineux, avec une pointe de mélancolie. De quoi nous faire croire qu’on est déjà en plein mois d’août, alors qu’on vient à peine d’entamer mai.

Et la suite ? On parie sur de belles surprises. On a hâte !

Molchat Doma – Beznadezhniy Waltz

’il y a bien un clip que l’on n’attendait pas des biélorusses Molchat Doma c’est bien celui de Beznadezhniy Waltz. Instrumental chargé sur le plan émotionnel, il vivait dans nos imaginaires sans images posées. Très vite, on imaginait des paysages désolés, en ruine, où seuls les spectres planeraient.

C’est finalement un clip animé en stop motion par Selmer Kastalje qui verra le jour sur une idée originale du chanteur Yahor Shkutko. Plane ici le mystère autour de sa signification. Le décor est sinistre, misérable et une créature faite de bric et de broc s’aventure dans ce paysage humide. S’offre alors un monde délaissé de tous les humains, silencieux.

Selmer Kastalje signe un travail minutieux qui comprend toute la dimension sensible de Beznadezhniy Waltz. L’étrangeté désespérée côtoie la délicatesse, l’émotion rencontre la curiosité. Certains y voient une inspiration puisée du côté des travaux des frères britanniques Quay.