Les clips de la semaine #262 – partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, on vous invite à découvrir la première partie de notre 262ème sélection des clips de la semaine.

Bibi Club – you can wear a jacket or a shirt (feat. Calvin Johnson)

Il y a quelques jours, on fêtait la première année de Feu de Garde, le second album de Bibi Club. Pour entretenir les braises, le duo montréalais a dévoilé une version étendue de son album avec quatre nouveaux morceaux.

Parmi eux, on retrouve cette version de you can wear a jacket or a shirt en duo avec Calvin Johnson et vibrant du saxophone de Dimitri Milbrun. À travers cette version, on remarque toute l’évolution des sonorités de Bibi Club depuis une année. Ici, le morceau gagne en densité avec une production plus forte et sauvage malgré le calme apparent que laisse transparaitre le morceau.

Surtout l’ajout vocal de l’iconique chanteur américain et le saxophone apporte au morceau une certaine étrangeté, un côté tout à la fois surréaliste et dissonant qui nous emporte dans un univers tout autre et laisse glisser ça et là des indices quand à la future direction musicale de Bibi Club.

Visuellement, le duo nous offre une extension de l’idée du morceau avec un clip visuellement étonnant, jouant sur les couches d’images, sur le flou volontaire et sur un côté DIY prononcé pour nous entrainer avec eux dans une promenade entre les saisons où tout semble être l’écho d’un écho. Les images se répètent, se transforment et deviennent étrangement hypnotiques et fascinantes.

Un petit cadeau qui fait du bien et, en attendant la suite, on pourra retrouver Bibi Club en concert à Marseille la semaine prochaine dans le cadre de The Echo Festival.

King Gizzard & The Lizard Wizard – Grow Wings and Fly

Les inépuisables rois du psych-rock australien, King Gizzard & The Lizard Wizard, poursuivent leur cadence créative folle avec “Grow Wings and Fly”, troisième extrait de leur  27e album Phantom Island, attendu pour le 13 juin

Après les vibes jazz et l’énergie rave de “Deadstick”, “Grow Wings and Fly” dévoile une facette plus douce et entraînante du groupe. « Nous avons voulu explorer des territoires plus symphoniques sur cet album », confie Stu Mackenzie. « Après tant d’années à expérimenter, on ressentait le besoin d’ajouter cette dimension orchestrale pour enrichir notre palette sonore. »

Mais de quoi parle “Grow Wings and Fly”? La chanson arpente les chemins de transformation, de libération et de retour aux origines. À travers la métaphore d’une créature marine retrouvant son élément naturel, « Grow Wings and Fly »traite de métamorphose intérieure. « C’est un message d’espoir sur la possibilité de se réinventer », explique Ambrose Kenny-Smith. « Ça parle de lâcher prise, de quitter sa zone de confort pour découvrir sa véritable nature. » Musicalement, le titre se distingue par une progression mélodique enveloppante et aérienne, portée par la rythmique et des arrangements de cordes délicates. L’ADN psychédélique du groupe est ainsi teinté d’une douceur inédite et d’une maturité harmonique. « Après quinze ans de carrière, notre façon de composer a évolué », confie Joey Walker. « On cherche moins à désorienter qu’à créer des moments de connexion émotionnelle. »

Le clip aquatique et onirique qui accompagne Grow Wings and Fly  est signé Hayden Somerville et met en scène Ambrose Kenny-Smith en créature aquatique échouée sur la terre ferme. Porté sur un brancard par les membres du groupe, il est ramené à la mer dans une scène à la fois étrange et émouvante. «Il y a tant de façons merveilleuses de se faire pousser des ailes », explique le réalisateur Hayden Somerville. «On a passé un moment magique sur la côte à libérer cette créature marine qui me rend à la fois un peu malade… et complètement heureux. ». Cette mise en scène, entre rêve et symbole, reflète avec justesse l’aspect spirituel et la dimension introspective de la chanson: un retour à l’essentiel avant de pouvoir renaître.

Le groupe présentera se produira a Paris à la Seine Musicale avec l’Orchestre Lamoureux, le 5 novembre, pour ce qui s’annonce comme une expérience musicale unique, fusionnant leur psychédélisme flamboyant à la richesse orchestrale

Vincent Delerm – Si beau

Les semaines passent et nous rapprochent de la sortie de La Fresque, le nouvel album de Vincent Delerm. Cette semaine, le musicien continue de nous préparer à son arrivée et nous dévoile si beau, un titre à la luminosité crépusculaire dans laquelle le musicienne se transforme en confident.

Si beau, c’est les soirées à écouter les autres, à se faire réceptacle des vies et des peines de ceux qu’on aime. Tout en délicatesse, le morceau dévoile, à travers des mots qui se répètent pour faire avancer le récit, une histoire d’ami.e.s, de cœur brisé, de mots confiés et de beauté qui se cache dans tous les détails de la vie.

Musicalement, le morceau joue de ce narratif presque cinématographique, avec une basse ronde qui donne le rythme, un piano discret, une batterie légère et un saxophone qui vient transpercer le tout ici et là.

Visuellement, Vincent Delerm pose sa caméra de manière presque photographique pour nous raconter l’histoire de si beau. C’est son regard qu’il pose sur Frankie Wallach. À mesure que le temps passe, ses expressions varient, les émotions traversent son visage et nous percutent si fort qu’on les sent vibrer jusqu’à nous.

En parallèle, on voit ici et là des images du monde, des rues qui se vident, des lumières qui s’éteignent peu à peu dans les immeubles, des métros qui ferment leur portent. Comme avec La Fresque et Plusieurs, les images de si beau filment l’intime et l’universel qui se mêlent, le grand et le petit qui forment toujours une histoire commune.

Jalapeño Papa – PÉPÉ

Dans PÉPÉ, Jalapeño Papa continue de cultiver son univers tendre et déglingué avec un clip haut en couleurs signé P’tit Beliveau. Fidèle à sa patte visuelle, l’artiste juxtapose couleurs contrastées, montages kitsch et esthétique skyblog-esque pour habiller les élans naïfs et chaleureux du musicien. Le résultat est un objet aussi décalé que touchant, parfait reflet du mini-album Internet Boyfriend.

Et si l’envie vous prend d’embarquer pour de vrai dans la galère du beautiful loser, direction le Théâtre Espace Libre le 13 juin prochain à Montréal. Jalapeño Papa y offrira un concert unique, entre slow dansant et délire pop, dans le cadre de la série Variétés. Promis, il y aura de la basse, des loops, de l’amour, et sûrement quelques surprises.

Oli Féra – Femme Flamme

Avec Femme Flamme, Oli Féra embrase les écrans comme elle embrasse le monde : avec douceur, courage et un feu sacré. Ce clip DIY, réalisé par l’artiste elle-même, réunit une mosaïque vibrante de visages issus des communautés LGBTQIA2+, racisées et marginalisées. Ensemble, iels chantent, dansent, brûlent d’exister pleinement — et qu’est-ce que ça redonne espoirs quand on voit tout ce qui se passe en ce moment !

Née d’un coming-out bi-pan-sexuel, la chanson dépasse le récit individuel pour devenir un hymne collectif : celui de celleux qui, chaque jour, affrontent le vertige d’être soi dans une société hostile. Et pourtant, au cœur de l’adversité, Femme Flamme rappelle que l’affirmation de soi n’est pas un caprice, mais un acte vital. Cette pièce puissante donne aussi son nom à l’EP du même titre, paru le 16 mai 2025.

Alexandra Moreno – Si c’était à refaire 

Avec Si c’était à refaire, Alexandra Moreno nous plonge dans un deuil lumineux, intime et universel. Dans ce clip qu’elle réalise elle-même à partir de photos de son père, l’artiste tisse un hommage délicat aux vies “sans histoire” qui marquent profondément les nôtres. Portée par une esthétique sobre et poignante, l’image dialogue avec une folk méditative, accordée en 432 Hz et spatialisée en Dolby Atmos, comme un cocon pour accueillir l’absence.

Sur fond de vagues et de souvenirs à demi effacés, la chanson explore les regrets et l’acceptation, 25 ans après la perte de son père. Un travail de mémoire, d’amour et de lâcher-prise, où chaque note semble chuchoter : « Et si c’était à refaire… ? »

Premier extrait de l’EP Ancrage, à paraître cet automne. Alexandra Moreno présentera ce titre en formule trio le 20 mai prochain au Quai des Brumes.

Super Plage – CHILL

Avec CHILL, Super Plage nous offre un trip visuel aussi barré que groovy. Réalisé par Virginie B (Virginie Bédard), le clip adopte une esthétique VHS nostalgique et volontairement lo-fi, où deux personnages masqués — l’un pigeon, l’autre cochon — déambulent en pleine montée psychédélique. Résultat : un délire étrange et hypnotique qui colle parfaitement à l’univers de GROSSE MAISON, le dernier album de Super Plage, sorti le 16 mai 2025

Composé en à peine 30 minutes, CHILL est une bulle instrumentale, une pause vaporeuse dans un album taillé pour les pistes de danse. Comme souvent chez Jules Henry, la légèreté apparente cache une production léchée, précise et audacieuse.

Naya Ali – Catch a Vibe

Avec Catch a Vibe, Naya Ali frappe fort et juste. Fusion musclée entre rap incisif et énergie pop punk, le morceau célèbre la liberté d’être soi et l’élan collectif de sa communauté. Le clip, tout en rythme et en textures vives, accompagne parfaitement cette montée d’adrénaline sonore — une ode au pouvoir de la vibe partagée.

Charismatique et toujours percutante, la rappeuse montréalaise confirme son ascension avec ce titre tiré de We Did The Damn Thing, un album coup-de-poing sorti en février 2025, où elle explore identité, résilience et dépassement avec une détermination brûlante.

Clou – Cardigan

Clou adore nous surprendre, et nous, on aime ! Après un featuring surprise avec Synapson il y a quelques semaines, voici que l’artiste dévoile le clip de Cardigan, quatrième extrait de son magnifique 2e album A l’évidence. Un moment de douceur comme on les aime, façon Woolite ou Mir laine, à vous de choisir !

Dans ce morceau, librement inspiré par Tay-Tay, Clou parle d’un vêtement oublié par un être cher, et du pouvoir presque surnaturel que les objets de nos proches peuvent avoir. Un souvenir, une sensation, un sentiment… Ces objets souvent ordinaires, et pourtant si particuliers, font partie de nos histoires et nous lient à jamais aux personnes qu’on aime.

Dans le clip, qui vient achever le film en 3 actes réalisé par Julien Mignot (avec Longtemps et A l’arrière de la voiture), Clou nous emmène au cinéma et se dévoile un peu plus. Sans tapis rouge ni artifice, elle joue son propre rôle: sincère, drôle et un brin espiègle, avec la complicité de son amie Christelle Lassort. 

Clou poursuit sa tournée dans toute la France. N’hésitez pas à prendre vos places. Soirée réussie à coup sûr ! 

Folk Bitch Trio – Cathode Ray

Il suffisait d’être un peu patient ! La dernière fois que nous avons parlé des Folk Bitch Trio, c’était à l’occasion de la parution de leur single The Actor. Nous avions alors évoqué cette folle envie qui nous traversait l’esprit : que 2025 soit l’année d’un premier EP ou LP pour le groupe.

Eh bien, nous vous le donnons en mille : c’est chose faite ! Mardi dernier, un nouveau titre a vu le jour, accompagné de l’annonce de leur premier album, Now Would Be A Good Time, prévu pour le 25 juillet.

Pour tenter de maîtriser notre excitation, ce qui ne sera pas chose facile, accrochons-nous avec plaisir à ce nouveau morceau sorti cette semaine. Cathode Ray nous accueille à bras ouverts dans l’univers mélodieux et lumineux du trio.
Avec leurs trois voix harmonieusement entremêlées et une base acoustique finement travaillée, le groupe réussit une fois de plus à offrir une sonorité parfaitement maîtrisée. Toutefois, cette fois-ci, on note une structure rythmique légèrement différente de leurs morceaux précédents : plus éclatante, plus démonstrative, reflet d’une volonté assumée d’explorer de nouvelles directions sonores. C’est subtil, mais suffisamment affirmé pour être remarqué.

Si vous découvrez le groupe avec ce morceau, c’est l’occasion parfaite de plonger dans son essence : désirer une vulnérabilité qui se transforme en force, s’octroyer une liberté émotionnelle, oser l’explosion de sentiments pour atteindre une forme de liberté profondément belle et sincère.

Le groupe sera en concert ce lundi 19 mai à La Mécanique Ondulatoire (Paris). Alors allez vivre ces morceaux en direct, avec toute la poésie qu’ils méritent et qui sait, vous aurez peut-être droit à quelques inédits…

En tout cas, pour nous, s’il fallait encore le confirmer : ce ne sera certainement pas la dernière fois que nous parlerons du travail de ce groupe.

Beach Youth – Next In Line

Un moment de complicité et de création est à saisir ici. Troisième extrait à être mis en images, les Beach Youth dévoilent Next In Line un peu plus d’un mois après la sortie de leur dernier album, Sunbathing.

C’est dans l’intimité du Studio Télémaque que ce titre, empreint de légèreté, nous est révélé. Le groupe propose une session presque entièrement instrumentale, sculptée à coups de riffs de guitare frais et bien sentis, accompagnés de quelques voix aériennes qui résonnent avec subtilité. Ce qui nous touche ici, c’est cette folle envie d’air pur et d’évasion, portée par une construction musicale léchée.

Le voyage mélodique s’appuie sur des variations sonores magnifiquement courbées et fluides ; les transitions sont maîtrisées, et ce morceau s’impose naturellement comme un incontournable du dernier opus du groupe.

Le tout rend cette expérience particulièrement agréable, comme une petite vidéo feel-good, où sourires et amitié montrent que, même dans l’enceinte confinée d’un studio, l’évasion peut poindre le bout de son nez, peu importe le contexte.

Alexandrie – Rockstar

Il est dans un pickup rouge au milieu des champs. Derrière lui, il y a un silo à grains. Devant, il n’y a rien. Rien ? Pas tout à fait. Alexandrie sort les jumelles : il y a une batterie au milieu du champ. Une batterie blanche un peu sommaire – un seul tom, une ride. C’est l’occasion ou jamais. Alors il s’installe derrière le kit et le refrain commence. « On refera pas l’histoire/On sera jamais des rockstars ». Il y a, dans le clip réalisé par Pablo Delpedro, une forme de jubilation. Une jubilation qui tient peut-être à la cravate d’Antoine Passard – aka Alexandrie. Qui tient peut-être également à ce que ce batteur accompli (c’est lui derrière les fûts de Bigger et Les fils du facteur) feint de jouer de la batterie exactement comme un enfant qui s’imaginerait son premier clip – chorégraphie exagérée, regards caméra en plissant les yeux. Elle tient peut-être à ce gag : la batterie sommaire se transforme en kit monstre tout rouge quand revient le refrain – deux grosses caisses, cinq toms, le fantasme de n’importe quel batteur adolescent. Elle tient peut-être, enfin, à ce qui se raconte ici. Les dernières chansons d’Alexandrie, c’était il y a cinq ans pour l’EP Loin. En cinq ans, ses chansons ont pris des épaules. Elles sont devenues plus fortes, plus denses.

Elles nous saisissent. Et dans le deuil que porte le refrain, celui de n’être jamais une rockstar, on comprend qu’il se joue un passage à la maturité. Enfin, à la maturité, avec ses régressions ponctuelles ; on veut bien renoncer à être une rockstar, mais il y a tout de même des conditions exceptionnelles. Je dis n’importe quoi : par exemple, si l’on pouvait mettre une batterie sur la lune. Attendez deux secondes, ça me donne une idée… 

Gabriel Tur – La Caresse (Monade)

Toujours dans la lignée de son album concept Monade, l’artiste de la nouvelle scène française Gabriel Tur partage le morceau La Caresse. Il continue son exploration du genre masculin. De la virilité. L’artiste déclame son texte avec un spoken word qui pourrait faire penser à ce que faisait Fauve. Il évoque la caresse comme un acte libérateur d’une identité ou d’un genre qui enferme : « Oui ! Toutes les belles choses accepteront de mourir, pour la caresse de la libération ! » Gabriel Tur porte toujours son habit de chevalier, mais contrairement au précédent titre, Martin Schrepel lui donne des traits de conquérant à la dérive, qui semble perdu dans les grands espaces, à la manière d’Aguirre, la colère de Dieu  de Werner Herzog. Mais à la folie, Gabriel Tur choisit le renouveau et la transformation. Un bousculement qui s’incarne musicalement. La pop légère de l’auteur s’harmonise avec un chœur et des orchestrations d’instruments à cordes. Tandis que les couleurs chaudes s’apaisent et tendent vers des bleus réconfortants. A la fin du clip de La Caresse, l’artiste se montre en homme nouveau, chevalier et homme réinventé. 

Theo Lawrence – Now That You’re Gone

Le clip Now That You’re Gone de Theo Lawrence, enregistré pour la chaîne Western AF, offre une immersion poignante dans l’univers du country-soul.  

Capté en live à Austin, Texas, ce morceau met en lumière la voix profonde et émotive de l’artiste franco-canadien, accompagné de Thibault Ripaut à la guitare et de Camille Lewis a la batterie, dans une instrumentation épurée qui s’inscrit parfaitement dans la mélancolie du titre. 

Cette performance fait partie de la série Live AF de Western AF, une plateforme dédiée aux enregistrements acoustiques de musiciens folk et country. Le clip, réalisé par Manuel Deakins et produit par Will Ross, capture l’essence brute de l’interprétation de Lawrence, soulignant son style rétro et son charisme naturel. 

Now That You’re Gone figure également sur l’album Chérie, sorti en février 2023. 

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