La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, on vous invite à découvrir la deuxième partie de notre 262ème sélection des clips de la semaine.

ARTICLE15 – ROBOKOP
Depuis quelques mois, on suit avec un plaisir non feint les aventures d’ARTICLE15 qui, single après single, se place comme l’un des projets les plus excitant de l’année en France.
En effet, Wilfried & GriGri, nous proposent une musique métamorphe, remplie de références et qui n’oublie jamais de secouer à la fois nos postérieurs et nos petits cerveaux. Dernier exemple en date ? La sortie cette semaine de ROBOKOP.
Une référence à la science-fiction, une production à nouveau hallucinante dans son rythme et sa puissance et un propos intelligent sur le monde moderne, voilà l’équation réussie par ROBOKOP. Car kop en lingala signifie le taf. À travers ce morceau, ARTICLE15 nous parle donc des petits boulots, du besoin d’argent, d’aliénation par le travail et de déshumanisation.
Surtout, sous couvert du morceau et d’une référence bien sentie au Père Noël, le morceau prend une toute autre teneur et pointe du doigt les taffs ingrats et humiliants portés par une population au choix exploitée, immigrée ou sous-diplômée. ROBOKOP d’ARTICLE15 ne ferme les yeux sur rien et dénonce les petites hypocrisies et la violence moderne à laquelle on participe tous.
Cette idée trouve encore plus de sens dans la vidéo réalisée par GriGri qui accompagne le morceau. Entre le réel et la science-fiction, avec une touche d’humour et de cynisme bien sentie, on suit donc les aventures de Robokop (que vous pouvez allé soutenir sur les réseaux.)
Lui rêve d’être danseur, la réalité l’écrase et lui rappelle que ce qui compte c’est avant tout l’argent qu’il doit rapporter. On le suit donc de petits jobs en petits jobs, Wilfried et GriGri jamais loin, laissant ses rêves de côtés et faisant avancer une société qui n’existerait pas sans lui mais qui ne manquera jamais de l’enfoncer et de le mépriser.
Petit à petit ARTICLE15 se dévoile et montre que l’excitation qui l’entoure est définitivement méritée. La prochaine étape ? Une Boule Noire en juin et un premier EP dans l’escarcelle avant de tout retourner à la rentrée.
Tune-Yards – How Big Is The Rainbow
Le duo Tune-Yards dévoile cette semaine son album Better Dreaming, un disque ou le Funk et la Soul rencontrent la Pop pour dénoncer frontalement le fascisme et les discriminations.
C’est le cas de How Big Is The Rainbow, titre engagé en faveur des droits des personnes LGBTQIA+, dont le clip signé Dominic Mercurio sort aujourd’hui. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il fait du bien.
Merrill Garbus et l’artiste multidisciplinaire Star Amerasu y jouent des présentatrices télé dans un décor coloré 100% eighties. Alors que la météo annonce des arcs-en-ciel sur toute la carte, des manifestations anti-arcs-en-ciel s’organisent. Avec une bonne dose d’humour et une esthétique vintage assumée, le groupe met en lumière l’absurdité de la haine qui vise ces communautés.
L’énergie de How Big Is The Rainbow donne autant l’envie de danser que de se battre. Sous les paillettes et le fard à paupières turquoise se cache un fort message de soutien et une détermination à changer les choses.
Wolf Alice – Bloom Baby Bloom
Oyez oyez ! C’est tout nouveau, ça vient de sortir : Wolf Alice annonce son nouvel album, The Clearing, prévu le 29 août prochain. Une sortie remarquée après plusieurs années de silence de la part du groupe. Quelques posts sur instagram, un nouveau titre accompagné d’un clip et voilà de quoi nous tenir en haleine jusqu’à la fin de l’été.
Wolf Alice nous présente cette semaine Bloom Baby Bloom, où la voix envoûtante d’Ellie Roswell nous transporte immédiatement. La mélodie se trouve plus pop que d’habitude pour le quatuor britannique, tout en restant très rock dans la batterie et les envolées vocales de la chanteuse. Le clip accompagnant le morceau a une esthétique vintage, une ambiance cabaret qui nous amène en pleine répétition d’un show spectaculaire, mettant en avant Ellie Roswell, plus sûre d’elle que jamais. Elle apparaît ici rayonnante, confiante et c’est là l’objet principal de Bloom Baby Bloom : l’épanouissement d’une femme au sein d’une société à contre-courant : “Yes I’ll bloom baby bloom / Every flower needs to neighbour with the dirt”.
Wolf Alice semblent prêt à renverser le monde du rock avec leur nouvel album The Clearing, sur lequel ils ont travaillé accompagnés du producteur Greg Kurstin (Adèle, Sia, Pink, Paul McCartney…). On peut donc s’attendre à un virage plus pop-folk pour le groupe, qui a d’ailleurs partager une playlist d’influences pour leur nouvel album (à retrouver ici), à savourer en attendant The Clearing !
Nova Twins – Piranha
Les deux tornades britanniques de Nova Twins sonnent leur grand retour et ont annoncé leur troisième album, Parasites & Butterflies, à venir le 29 août prochain. On a déjà hâte d’écouter les 12 nouvelles bombes punk-rock que nous ont concocté Georgia et Amy. Pour nous donner l’eau à la bouche, les deux musiciennes nous dévoilent au compte-goutte le contenu de Parasites & Butterflies.
Après Monsters sorti en janvier et Soprano sorti en mars, c’est au tour de Piranha de rentrer dans la danse. Dans ce titre, Nova Twins explore la sensation de trop-plein pouvant être ressentie dans cette période troublée socialement et politiquement. Les piranhas et l’étendue d’eau trouble présente dans le clip évoquent ici dette tension, ces dangers qui rôdent et qui peuvent surgir à tout moment “There’s something in the water / Feel it getting closer”.
Elles évoquent également l’unité et la solidarité qui nous protègent face à ces eaux maléfiques. Cette union entre les êtres (symbolisée sur le visuel du titre par Amy et Georgia se tenant la main dos au danger) est ce qui permettra de surmonter les difficultés.
Les lignes de basses sont incroyables sur ce titres, et nous font vibrer tout au long du morceau. Elles donnent ainsi cet aspect inquiétant, sombre et électrique au morceau. On se sent sur le qui-vive, sur nos gardes en écoutant Piranha. De la distorsion est apportée non seulement à la guitare de Georgia mais également à leurs deux voix, créant un morceau nu metal/punk irrésistible.
Une production impeccable co-réalisée par Rich Costey (Muse, Foo Fighters, Rage Against The Machine…) et des musicalités modernes et hyper travaillées, le titre nous fait sentir invincibles, badass et donne l’énergie nécessaire pour affronter toutes les batailles !
LinLin – BOOGEYMAN
Linlin, c’est une pluralité d’identités affirmées. Qu’elle soit sensuelle, audacieuse, en
débardeur telle une véritable championne, elle signe cette semaine son retour démoniaque
avec BOOGEYMAN. Après CONTACT, un morceau entraînant, éclatant de couleurs,
presque convulsif, elle revient cette fois avec une intensité redoutable.
En jouant de ses multiples facettes, Linlin compose un personnage à la fois entier et
complexe, dans lequel chacun peut se reconnaître. Dans ce titre, la saturation vocale est
pleinement assumée, presque nécessaire pour soutenir l’esthétique de son clip.
Visuellement, elle y pose un geste fort : le drapeau français défile en arrière-plan, non
comme un simple ornement, mais comme un symbole réapproprié. Linlin redonne aux
couleurs tricolores une portée revendicatrice.
Présente également à la production de ce morceau aux sonorités puissantes et affirmées,
elle impose sa vision artistique avec éclat. On attend déjà la suite avec impatience, toujours
aussi audacieuse et provocante, espérons-le.
Nous Etions Une Armée – territoire perdu
Ca y est le nouvel objet court du duo Nous Etions Une Armée est sorti et pour fêter ça, ils offrent un clip au magnifique territoire perdu, titre qui donnera son nom au nouveau bébé. Lorsque Léo Nivot et Rémi Le Taillandier l’ont joué au Point Ephémère en novembre dernier, c’était comme écrit qu’on les aimera pour toujours. Un destin par définition inévitable et désormais inébranlable.
Alors oui dans ce titre résonnent beaucoup de choses, au moins deux géopolitiques nous viennent à l’esprit pour leur proximité spatiotemporelle : Palestine, Ukraine. Mais c’est aussi tous ces territoires nationaux mis de côté, sinon oubliés. Puis, évidemment, il y a aussi les territoires métaphoriques, ceux pour lesquels l’auteur Léo préfère laisser l’interprétation libre. La cartographie du cœur entre les mains.
Dans cette rythmique efficace et ces mots choisis, comme pesés, avec délicatesse, les garçons de Nous Etions Une Armée optent pour un clip qui prend le temps de montrer des plans plus ou moins figés du nuageux Creusot – d’où est originaire camarade Léo –. Défilent ainsi les décor industriels, architecturaux, où le chanteur-protagoniste s’affiche flouté, comme s’il était lui-même perdu, fondu, dans ses terres. Puis le coucher de soleil, où il domine la cité tel le tableau légendaire du romantique Caspar David Friedrich.
Le duo est à retrouver au Bivouac festival fin août et reviendra à Paris, le 20 novembre prochain à la Maroquinerie. A vous de jouer, ouvrez les oreilles (et les yeux) ! Un set habité au rendez-vous, l’incandescence vous attend.
The Living End – Alfie
Quand votre adolescence vous revient en pleine face à 32 ans, c’est souvent indescriptible. Si les australiens de The Living End jouissent d’une grande notoriété locale, ils ne sont pas encore trop connus dans l’Hexagone, on vous laisse imaginer à échelle européenne. En revanche, aux Etats-Unis, ils ont trouvé leur public. C’est d’ailleurs grâce à Billie Joe Armstrong, frontman de Green Day que tout a commencé.
Si les deux groupes se connaissent bien pour avoir partagé des scènes lors d’une tournée australienne, Armstrong a également hébergé le quatrième album State of Emergency des aussies sur son feu label Adeline Records. Vus par deux fois à Paris – respectivement en 2009 et en 2018 -, on espère les retrouver bientôt ! S’ils tournent encore beaucoup au pays des kangourous, le passage par la case studio remonte lui à 2018. Ca commence à faire long mais le record est maintenu du côté des Cure.
Le trio est donc officiellement de retour avec Alfie, un single qui trouve son inspiration dans le bon vieux rock’n’roll sauce vintage chéri par Chris Cheney. Hommage à une époque covidienne, Alfie pourrait recouvrir tous les métiers de l’industrie musicale qui a souffert pendant la période. La bande de Cheney s’affiche dans un clip aux couleurs très rétro. On trouve également des influences très garage. Les gars sont de retour et ça, ça fait du bien !
ORDER89 – Labyrinth
Les enfants terribles ORDER89 sont de retour. La configuration a un peu évolué et s’est désormais recentrée sur le duo formé par Jordi – toujours à la guitare et au chant – et Flavien aux machines. A l’heure où un nouvel EP intitulé Des Illusions doit voir le jour en juin prochain, le duo annonce la couleur avec le single Labyrinth.
On retrouve le rose – avé l’accent s’il vous plait – de l’album/EP Brûle, dans un format vertical comme une espèce de diapositive légèrement délavée et les garçons en plein exercice.
Pendant un peu plus de 3 minutes, ORDER 89 renoue avec sa new-wave bien froide, énigmatique du fait que Labyrinth raconte un combat intérieur donc profond. La spirale infernale de la dépendance se joue entre ombre et lumière, d’où la dualité de couleurs dans l’esthétique du clip. Jordi se concentre sur les défis (inter)personnels. Vent de fraîcheur dans le paysage ORDER89, on guette l’avenir sans pour autant le redouter.
Charli XCX – Party 4 u
La reine de l’hyperpop prend à contre pied l’industrie musicale en remettant en valeur son hit Party 4 u sorti cinq ans plus tôt. On y voit Charli XCX seule et triste au lendemain d’une soirée festive. D’un coup de tête qui caractérise son temparent, elle part déchirer, salir puis brûler une énorme affiche publicitaire à son effigie. Comme un clin d’oeil à la fin de l’ère Brat Summer.
Charli XCX a surtout voulu rendre hommage à son public à ce morceau devenu viral sur TikTok qui etait sortie à la fin du confinement. Depuis ce temps, la native de Cambridge est devenue l’emblème d’une génération extravertie, festive et bienveillante.
FØR – You & Me And The World War III
C’est désormais en solo que Nico poursuit l’aventure FØR depuis qu’Anna a décidé de continuer vers d’autres projets. L’artiste a souhaité de présenter son nouveau titre à travers un clip réalisé par Raws.
Pour illustrer cette nouvelle aventure, le guitariste se positionne seul devant un édifice en ruine pour rebâtir de nouvelles fondations pour FØR. Sa patte est toujours aussi délicate, intimiste et émotive. Nico narre une relation qui doit unir ses liens face à un monde qui tombe dans le.chaos. Troublant de verité face à notre actualité, nous frémissions d’émotions avec cette douce mélodie qui lutte contre la férocité de notre ère. You & Me And The World War III est l’amorce d’une nouvelle page qui se concrétisera à travers un nouvel EP très prochainement.
Nation of Language – Inept Apollo
On arrive cette semaine avec des nouvelles de Nation of Language : c’est donc une bonne semaine. Presque deux ans après l’incandescent Strange Disciple, le trio new-yorkais laisse entrevoir les premières lueurs d’un nouveau chapitre. Nouvelle signature chez le mythique Sub Pop, tournée bien remplie (dont un passage marquant à Rock en Seine l’été dernier), et voilà qu’ils dévoilent Inept Apollo.
Musicalement, pas de virage à 360° : on est toujours cette synth pop éthérée, bien vintage, avec une assurance tranquille sur les sonorités 80’s.On pense à Orchestral Manoeuvres in the Dark, à Roxy Music, à LCD Soundsystem. Pas dans l’imitation, mais dans l’énergie, la structure, ce mélange de chaleur pop et de synthés froids qui leur va si bien.
Le clip, signé par le très bon John McKay, prend la forme d’un long plan-séquence à travers une série de studios : d’enregistrement, de mix, de photo, de VFX, de pole dance… Une traversée presque chorégraphique, d’un espace à l’autre, comme si on explorait une warehouse désaffectée à Brooklyn, reconvertie en studios. Et comme si, en même temps, on explorait avec eux toutes les étapes d’un processus de création, avec tout ce qu’il a de sincère mais aussi d’un peu bancal.
Un beau point de départ pour ce qui s’annonce comme une étape marquante dans leur trajectoire. Nation of Language continue d’affiner son langage et il est de plus en plus limpide.
Vérité Absolue – Prévoyance
Arrêtez tout, c’est l’heure de la Vérité Absolue. Encore plus puissante que la parole d’Évangile, ce nouveau projet venu des Hauts de France vient poser les choses une bonne fois pour toute. A grands renforts de gros synthés façon Kavinsky, on découvre le tout premier single du projet d’Amandine et Cyril qui s’annonce aussi pop que solennel. Le rythme est lent bien que dansant, la voix douce bien que modulée et retravaillée à l’autotune, les ingrédients sont là pour nous faire passer un bon moment. Côté images, on découvre un univers mystérieux, fait de gâteaux, de natures mortes, d’images de nature et une tête de corbeau (?). Tout est fait pour nous intriguer et parfois même nous mettre mal à l’aise (c’est plutôt réussi). Quoiqu’il en soit, n’oubliez pas de vérifier et de mettre à jour votre propre contrat de Prévoyance, un rappel ne fait jamais de mal.