La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, on vous invite à découvrir la deuxième partie de notre 262ème sélection des clips de la semaine.

Bertrand Belin – L’inconnu en personne
Trois ans après le magnifique Tambour Vision, Bertrand Belin est de retour et présente cette semaine l’inconnu en personne. Si le morceau laisse tout d’abord apparaître des textures synthétiques qui semblent prolonger la radicalité du précédent opus (écoutez donc la version du morceau accompagnée d’une longue introduction instrumentale par Thibault Frisoni), le morceau se transforme au fur et à mesure, laissant apparaître ici et là des cordes qui transforment le morceau alors que la poésie cryptique de Belin se dévoile sans pause, fait avancer un récit qui se veut mystérieux et ouvert à toutes les interprétations, qui fait chanter les mots, qui les transforme, qui raconte l’humanité et qui l’observe.
Cette idée du réel percuté, des petites modifications qui rendent le monde à la fois si familier et si étrange trouve un écho particulier à travers la caméra de Sacha Andres et Steven Kali. En sortant du cinéma, Bertrand Belin voit la couleur disparaître pour laisser place au noir et blanc et nous fait plonger dans un univers tout à la fois absurde, étrange et cinématographique.
On suit alors les vies de personnes qui défilent devant nous, la caméra se déplaçant par moments comme sur Google Maps, passant d’un monde à l’autre, chacun voyant son existence trouée par des manques, des éléments qui disparaissent et renforcent à la fois la poésie et le non-sens des images qui se présentent à nous. Un sentiment étrange qui s’empare de nous, comme si tout n’était que faux semblants et alors qu’on retrouve Bertrand Belin dans un monde à rebours, c’est uniquement lorsqu’il repasse les portes du cinéma, lieu des grandes échappées et des visions diverses, que la couleur reprend ses droits.
Un morceau et un clip passionnants qui annoncent donc l’arrivée du 8ème album de l’artiste et avec elle une tournée qui passera par La Cigale du 19 au 21 mars 2026.
Bonneville – J’ai tenté mais
Ah Bonneville ! Il nous aura bien fait patienter le garçon. Et ce, jusqu’à la dernière minute ! Séance rattrapage pour ceux qui ne le suivent pas sur les réseaux. Le chanteur s’est amusé à faire la promotion en vidéos de son single sur fond d’essais toujours interrompus – on vous laisse comprendre ce qu’il a voulu faire intelligemment – et comble de l’ironie, au moment de la mettre sur les plateformes de streaming et plus particulièrement ici Deezer, le single s’est relié au mauvais compte artiste. A trop faire le malin Bonneville gna gna gna – superbe argumentation ! –. Assez de bavardage, place au clip et au précieux !
En 2023, le stéphanois avait conquis nos cœurs avec l’incontournable Mes inconnus. Un single haut en couleurs à son image enjouée, décalée et terriblement attachant qui rend hommage à toute sa bande de potes. Le drôle de saligot – affectueux surnom que lui donne sa grand-mère Paulette – se remet en selle – à défaut de revenir en force sur les devants de la scène – et nous fait (re)découvrir un single au jeu de mots savoureux. Oui parce qu’il l’a déjà chanté, notamment à Musilac en 2024.
La chanson française au cœur, Bonneville va trouver son positionnement à mi-chemin entre la variété et le jeu de mots. Derrière la caméra du clip de J’ai tenté mais, Alexandre Durry va jouer sur les ombres et les contrastes d’un noir et blanc comme nostalgiques d’une relation amoureuse. Bonneville signe un single tendre où la mélodie est de nouveau entrainante avec une once de sensualité. C’est tout lui.
Corto Malaise – Cheffe de projet
Direction l’open-space ce dimanche, on en est à peine désolés. Les synthés analogiques de Corto Malaise ont trouvé refuge entre l’imprimante et la salle de réunion. Le duo électro nous vomit les mots et expressions dont le milieu de l’entreprise (corporate) est friand. Ca ne fait pas forcément sens (coucou la traduction littérale de make sense) mais ça pulse.
Le duo est bien décidé à nous faire partager une idée pas si déconnante – pardon my french – du monde du travail dans ce qu’il a de pas forcément séduisant. Il faut croire qu’on pourrait s’ambiancer dans une rave party sur des champs lexicaux à base d’anglicismes parfaitement détestables. Quelques mouvements de caméras un peu radicaux, on s’excite sur les synthés, on envoie valser les feuillets, on se met debout sur les tables et tout simplement… viva la revolución !
Samso – M.A.V.C
Avec M.A.V.C, Samso revient avec une instrumentale soignée, mêlant piano mélancolique et drums boostés, parfaits pour porter sa voix éraillée, déjà reconnaissable. Le morceau raconte sa réalité du moment, entre flashbacks pleins de regrets et récit d’une ascension qu’il construit pas à pas. Pas de micro dans le clip, il décroche le téléphone, comme un appel symbolique à son passé ou à ce futur qu’il vise sans compromis. « Jeune artiste, future légende » il le dit, et on a bien envie de le croire. Sa voix singulière trace une voie qu’on suivra de très près.
Jaymee – J’AI DIT A BRO
La scène rap lilloise est en pleine forme, et Jaymee y apporte sa touche bien à lui. Tandis qu’une grande partie s’exerce avec brio dans la trap, lui s’impose comme le boss de la new jazz (bien qu’il s’essaie à un grand panorama de styles différents). Avec un phrasé truffé d’onomatopées et des placements millimétrés, l’artiste d’origine britannique mélange avec finesse ironie et sérieux dans ses textes, faisant de lui un personnage atypique qui emballe le cœur de ses auditeurs. Dans J’AI DIT À BRO, il part en roue libre avec un clip fun, où sa Twingo se transforme comme par magie en Mercedes pour rouler jusqu’à l’aube avec ses potes. Décidément, tout ce qu’il touche finit par briller. Nous, on parie sur lui comme l’artiste à suivre en 2025.
Jehnny Beth – Broken Rib
Cinq ans après To Love Is to Live, Jehnny Beth signe un retour tonitruant avec le single Broken Rib, extrait de son nouvel album You Heartbreaker, You, à paraître le 29 août 2025 chez Fiction Records. Une renaissance à la fois intime et indomptable. Avec ce tout premier morceau, l’ex-leadeuse de Savages ouvre un nouveau chapitre, nourri de douleur transfigurée, de rage contenue et de beauté. Conçu comme une œuvre d’art totale, l’album a vu le jour dans l’isolement d’un studio français, sanctuaire créatif où Jehnny Beth et son complice Johnny Hostile ont mené une série d’“expérimentations artistiques” mêlant métal, verre, instruments et voix : “Il n’y avait ni tristesse, ni désespoir à ajouter à un monde déjà désespéré. Ensemble, ils trouvent le courage que peu de gens peuvent comprendre.”
Musicalement, Broken Rib est une montée de tension brut, une colère à la déflagration. Avec ce cri d’ouverture — “broken” — qui résonne, des guitares grondantes et une basse rampante, la batterie martèle cette phrase obsédante: “We learn to breathe with a broken rib.” Broken Rib mêle rage retenue et émotion à vif de lutte intérieure que chacun porte à sa manière avec ses émotions. Jehnny Beth le dit elle-même : “Je savais que si je devais chanter à nouveau, cela devait commencer par un cri. Je pense que nous vivons à une époque où soit nous devons apprendre à crier très fort, soit apprendre à chuchoter.” Broken Rib parle d’une histoire d’amour déchue et du fait qu’il faut apprendre à vivre avec la douleur, à aimer malgré les blessures du cœur. Broken Rib est comme une confession crue sur la fragilité de l’intimité et le poids des blessures laissées par un amour trop féroce pour être sain.
Le clip, co-réalisé par Jehnny Beth et Johnny Hostile, se déroule dans les bureaux cliniques de Fiction Records a huis clos telle une journée de boulot. Jehnny Beth est en tailleur, cheveux plaqués et on suit cette journée dans des bureaux presque vides, sans fenêtres et sous néons. Chaque plan traduit l’instabilité intérieure. Entre claustrophobie et extase, Beth ne joue pas — elle incarne. Sa voix passe du murmure au cri, du contrôle au lâcher-prise. Brutal, vivant. À vif.
Jehnny Beth présentera You Heartbreaker, You en live les 28 et 29 août lors du Rock N Roll Circus des Queens of the Stone Age.
TURNSTILE – Look Out For Me
Anthony : Quatrième extrait du quatrième album Never Enough, TURNSTILE poursuit sa métamorphose sonore avec une audace renouvelée. Le quintet de Baltimore, déjà unanimement salué pour Glow On, revient troubler les lignes. Look Out For Me 0s’impose comme le morceau le plus long jamais composé par le groupe : sept minutes intenses, découpées en plusieurs mouvements, comme un rêve qui glisse entre tension et abandon. Dès les premières secondes, une batterie ascendante et un riff monumental nous happent, ravivent les braises du hardcore et poussent la tension à son paroxysme. Le refrain, cri de détresse suspendu au bord du vide : « Now my heart is hanging by a hair ». Cet instant résonne comme un hymne au chaos intérieur.
Là où d’autres auraient conclu sur cette explosion cathartique, TURNSTILE prend le contre-pied : la furie laisse place à une longue dérive IDM, une house vaporeuse qui invite à la transe. Au détour d’un break, la voix de Maestro Harrell émerge, récitant une ligne culte de The Wire, ancrant encore un peu plus le titre dans le mythe de Baltimore. Car Look Out For Me est aussi une déclaration d’amour à leur ville natale, « The Greatest City in America comme l’inscrit un banc fatigué. Ce morceau, et tout l’album Never Enough, prennent vie à travers un film éponyme, sélectionné au Tribeca Festival de New York ce 5 juin. Chaque morceau y devient une séquence tandis que chaque image devient un battement. Réalisé par le chanteur Brendan Yates et le guitariste Pat McCrory, le film tisse un portrait sensible et brut de Baltimore : les maisons en briques rouges, les oiseaux marins frôlant l’Atlantique, une meute d’hommes courant vers une Volvo (coucou le placement de produit !) au cœur d’un parc — autant de tableaux suspendus entre rêve et réalité.
Yates y apparaît perdu, tiraillé entre la chaleur nostalgique de ses racines et une irrépressible envie d’évasion. Never Enough incarne cette tension permanente : l’ivresse des souvenirs, la solitude choisie, la nécessité de fuir pour mieux se retrouver. TURNSTILE signe un nouveau chef-d’œuvre sensoriel, à la croisée de la rage et du sensible. Vivement le 5 juin.
Mathilde : Suivant de seulement quelques semaines leur précédent titre, SEEIN’ STARS/BIRDS, le nouveau morceau de Turnstile, LOOK OUT FOR ME, est disponible.
Continuellement habités par une volonté d’innover, Turnstile ne fait, comme d’habitude, pas les choses à moitié. Le groupe au style plutôt rock hardcore, évolue sur ce titre.
Le démarrage aux riffs explosifs et à la batterie audacieuse, semble vouloir réveiller la ville de Baltimore que l’on aperçoit au petit matin. On suivra, tout au long du clip de plus de sept minutes, le trajet (un peu douteux) d’une voiture break noire dont la vitesse semble suivre le rythme palpitant du morceau. Tantôt énervé sur les refrains délivrés par Brendan Yates, tantôt calme et planant sur les couplets.
LOOK OUT FOR ME se métamorphose à la moitié de sa course, et inondera nos oreilles d’une house hypnotique, où la frénésie de la ville laisse place à la nature calme et rêveuse. Turnstile nous démontre à nouveau leur talent pour des visuels impactants et quasi méditatifs.
Nous ne sommes pas au bout de nos surprises, puisque le groupe a annoncé récemment sortir un projet d’album visuel, se traduisant par un film musical de 14 titres attendu dans les cinémas américains à partir de début juin.
Valence – Léo (rentre à la maison)
Nouvelle mue pour Valence (Vincent Dufour), qui revient avec une pièce aussi fragile qu’affirmée, entièrement réalisée par lui-même. Léo (rentre à la maison), c’est l’appel tendre mais lucide à un retour au réel, à l’ici-maintenant, loin du mirage des lendemains qui chantent.
Superposition d’autotune émotif et de guitares post-punk tendues, la chanson traduit les paradoxes d’un personnage allégorique à la dérive, dans un clip contemplatif. Entre vacarme intérieur et douceur des images, Valence nous tend la main : et si rentrer à la maison, c’était surtout revenir à soi?
Meggie Lennon – Running Away
Filmé en un seul plan sur une banquette de train, Running Away se déploie comme un rêve en transit — flou, éthéré, tout juste hors de portée. Dans ce clip signé Didier Pigeon-Perreault, la pop onirique de Meggie Lennon prend des airs de confession muette, bercée par des cordes cinématographiques, des guitares électriques nappées de reverb et des voix mielleuses à la Roy Orbison.
Noir et blanc d’abord, puis soudain, la couleur éclate : un moment de bascule, comme si le monde reprenait son souffle. Meggie Lennon signe ici un hymne discret à l’évasion intérieure, cette envie de disparaître dans le fond de sa propre vie — mais avec un quatuor à cordes et une douceur désarmante.
Running Away est un avant-goût de Desire Days, son nouvel album attendu le 20 juin via Mothland.
Billet Doux – Dream on
En décembre dernier, Pierre Grizzli nous évoquait à demi-mots un projet avec lequel il venait de signer dans le label Tôt ou tard. C’est un projet avec ma compagne, disait-il, et ça s’appelle Billet doux. Quelle n’est pas notre surprise, six mois plus tard, de découvrir les premières sorties de ce tandem. Dream on est une chanson de couple amoureux. C’est finalement moins courant que ce que l’on pourrait penser : parce que dans celle-ci, tout va bien. Ni rage contenue, ni déception, ni peur de l’abandon, le croirez-vous ?
Il n’y a pas un seul nuage, pas plus que dans son clip réalisé par Giovana Gorassini. Par contre, il y a de l’élégance pour illustrer cette chanson très pop : un beau costume vert à carreaux pour Kaycie Chase, un pantalon velours côtelé pour Pierre Grizzli. Ils sont bien beaux allongés tous les deux. Alors, on l’avoue, on s’est efforcé pendant la première minute de ne pas penser à cette citation de Duras selon laquelle Iln’y a pas d’amour qui puisse tenir lieu de l’amour.
Parce qu’à la Face B, on est un peu du genre blasé en la matière. En ce qui me concerne, je me dirais même plutôt client des chansons de rupture. Mais pour une fois, et parce que c’est Billet doux qui porte bien son nom, on veut bien se forcer. Je dirais même plus : en les regardant, on veut bien croire à l’amour. Et ça tombe bien d’ailleurs, puisque c’est le sujet de la chanson : Dream on, dream on.
TDJ ft. Clara Kimera – On and On (You Lie)
TDJ et Clara Kimera viennent de sortir On and On (You Lie), et c’est exactement le genre de morceau qui nous reste dans la tête, non pas parce qu’il frappe fort, mais parce qu’il creuse doucement. Une trance-pop feutrée, une ligne vocale fragile : la voix de Clara Kimera flotte au-dessus de la prod avec une justesse troublante. Il y a une forme de lucidité dans son interprétation, qui reste au milieu du morceau comme un point fixe. La production de TDJ accompagne sans envahir. Synthés doux, structures souples, tempo qui laisse respirer : tout est dans les textures, les choix de vide, les petites tensions retenues. C’est précis sans être figé, et franchement ça marche incroyablement bien.
Le clip, signé Lilian Hardouineau, prolonge parfaitement cette impression. Habitué des esthétiques oniriques (il a notamment travaillé avec Simili Gum, Eartheater et Inès Cherifi) il déploie ici une série de tableaux presque irréels : une ville fantôme sous filtre Nintendo, une forêt mystérieuse ou encore des couloirs de métro sans fin. On avance vraiment comme dans un rêve. Les plans sont super vaporeux, les perspectives constamment renversées et le rapport au temps complètement déréglé. Le tout en jouant avec la lumière comme avec une matière et une palette de couleurs hyper reconnaissable. Le résultat est hypnotique, troublant, parfaitement aligné sur la track : on adore !
Bleu Soleil, feat. Luiza – Soleil Bleu
La chanteuse franco-brésilienne Luiza profite des dernières éclaircies pour partager Soleil Bleu, un morceau ensoleillé. Ce dernier est en featuring avec le jeune duo pop-electro Bleu Soleil. Il évoque la liberté d’être soi et de faire ses propres choix. Luiza chante ; « Oh laisse-moi comme je veux, les pieds dans l’eau et la tête en feu ! (…) sur des nuages, sur mon soleil bleu (…), sous les étoiles, sous la lune en feu (…) loin des problèmes, sous mon soleil bleu » Un rappel à prendre place et suivre son destin. Le clip, réalisé par Arya Audiovisuel, quant à lui, donne à voir un Paris coloré et pétillant. Le tout est sur une musique répétitive, entêtante, bien qu’elle pourrait être plus captivante.
Wednesday – Elderberry Wine
Le quintet américain Wednesday, porté par la chanteuse et guitariste Karly Hartzman, signe son retour avec leur nouveau single, Elderberry Wine. Un morceau country-pop mélodieux et entraînant, voilà de quoi passer un bon été. Avec ce titre, le groupe contraste avec leur rock shoegaze habituel, démontrant l’étendue de leur palette musicale. La pedal steel caractéristique du groupe est présente également dans ce morceau, créant une ambiance unique en se mêlant aux guitares country.
Dans ce clip, on retrouve Karly derrière le bar d’un boui-boui local de la campagne américaine. On la sent coincée, presque piégée, avec une envie de se libérer de ses attaches : “Sometimes in my head I give up and / Flip the board completely”. Face à un bar rempli d’hommes venus uniquement boire des bières entre eux et faire des paris, la barman n’hésite pas : elle change de chaine pour faire apparaître le groupe au complet en train de performer Elderberry Wine. Une manière à elle de s’évader. L’ambiance du bar se transforme et fait apparaître des sourires, des accolades, et une authenticité dans les échanges. “But everybody gets along just fine / Cause the champagne tastes like elderberry wine”.
Tout est une question d’équilibre, n’est-ce pas ? Et c’est là tout le propos de Wednesday. L’amour, l’amitié, la famille et toute relation, cela s’entretient, cela se chérit. Il faut en prendre soin pour ne pas tomber dans quelque chose de toxique. Tout comme l’Elderberry Wine, (“vin de sureau”) peut être à la fois un remède et un poison, l’épanouissement et la joie ne se trouvent que dans l’équilibre.
SPORE – De le dire
SPORE, c’est l’union de 5 musiciens, 5 amis et 5 personnalités bien distinctes, pour former un groupe haut en couleurs et en sonorités. Nous retrouvons donc parmi eux Louise et Tristan du groupe CEYLON, Matteo et Léo de Princess Näpalm et Aurélien, aussi connu sous le pseudo Ponce sur Twitch. Léo et Aurélien ont fondé également, il y a trois ans, le label Floral Records avec une idée en tête : faire fleurir les artistes émergents.
En septembre 2022, SPORE sortait leur premier titre, appelé Floral. Un titre pop alternative dark et hypnotisant et qui pose le cadre. Un univers coloré et onirique mais aussi puissant et inquiétant. En début d’année, SPORE publiait le titre introductif de leur album à venir, OUVERTURE. Cette semaine, le groupe nous dévoile son nouveau morceau, DE LE DIRE. Nous les retrouvons dans une immense bâtisse (un musée peut-être ?) presque irréelle, aux multiples facettes, oscillant entre ombre et lumière. Les murs et décors sont tous de pétales vêtus, apportant des touches de couleurs à la froideur du lieu.
La mélodie contraste aussi avec leur environnement. Leur pop solaire et la voix douce de Louise apporte une chaleur au rythme saccadé du morceau.
Surveillez bien leurs réseaux sociaux, un album se prépare et vous ne voudriez pas manquer l’éclosion de SPORE !
Yamê – Insensé
Deux minutes, montre en main. C’est tout ce qu’il faut à Yamê pour livrer une capsule sonore et visuelle captivante. Après Shoot, premier extrait déjà impactant, Insensé poursuit l’esquisse de son prochain projet ÉBĒM, attendu le 13 juin, avec une précision et une esthétique soigneusement maîtrisée.
Réalisé par le talentueux Natas3000, le clip joue la carte de l’épure radicale et poétique : plans fixes et ralentis mesurés, ombres glissantes et reflets mouvants sur les vitres. Yamê y apparaît souvent comme une présence spectrale, par exemple lorsqu’il est incrusté dans un miroir. Ici, pas de narration linéaire : l’image fonctionne comme un prolongement du son, un vecteur émotionnel.
Côté musique, Yamê navigue entre néo-soul, rap introspectif et envolées vocales jazz. Ce morceau confirme une chose : Yamê excelle dans tous les styles. On se laisse alors porter par sa voix envoutante sur une prod éthérée aux textures feutrées, signé (xxx). Il livre donc une performance vulnérable, tendue, en retenue permanente. Chaque mot, chaque souffle, chaque silence semble pesé, et c’est cette économie de moyens — autant dans la musique que dans la réalisation — qui donne à sa musique cette force si singulière.
Avec Insensé, Yamê confirme son statut d’artiste transversal, à l’aise entre les genres. Loin des formats surproduits, il offre un clip d’une élégance et d’une simplicité percutante, dont la brièveté est sans doute la seule frustration. Vivement l’album.