La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, on vous invite à découvrir la première partie de notre 265ème sélection des clips de la semaine.

PLÉTHORE – Digital Dream
Petit à petit, PLÉTHORE met en place les différentes pièces musicales qui formeront un premier album attendu pour le début de l’année 2026. Cette semaine, le musicien nous dévoilait donc un troisième extrait intitulé Digital Dream, une épopée de presque 6 minutes qui nous interroge sur un monde de plus en plus déconnecté du réel et face auquel on a du mal à distinguer le vrai du faux, le virtuel du tangible.
Digital Dream se laisse guider tout autant par la voix de Louis que par sa batterie, élément central duquel il tire toutes les variations pour faire vivre ses morceaux. Autour il tisse les toiles qui, à l’image du morceau, jouent habilement sur l’équilibre entre les sonorités organiques et d’autres plus froides et électroniques pour créer ce sentiment de doute et d’énigme qui nous envahit à l’écoute d’un morceau qui se décompose en chapitres, évoluant petit à petit et où l’instrumentation diffuse autant d’informations que le texte.
Toujours aussi ambitieux, et prenant un soin particulier à lier la musique de son projet à une image bien définie, Louis Faloci passe derrière la caméra en compagnie d’Alexis Leclercq pour nous dévoiler un véritable petit court métrage.
Ainsi, on part sur la route en compagnie de Félix Kysyl pour un road-trip étrange où les rêves et la réalité se croisent et se mélangent. Un petit côté science-fiction couplé à une volonté de mystère qui sublime les territoires français, pour nous proposer un univers étrange où l’on suit cette Ford blanche qui travers des paysages désertiques.
Laissant pointer des indices et des petits clins d’œil, le clip pose un regard visuel sur les thématiques de Digital Dream, s’amusant à jouer sur le flou et l’étrangeté des images, poussant parfois assez loin la mise en abyme et le spectateur volontairement perdu face à l’histoire qui se joue devant lui. Un clip qui montre une nouvelle fois qu’avec des bonnes idées, et beaucoup de talent, on peut faire vivre une histoire et une vidéo malgré une certaine économie de moyen.
Désormais, on attend de voir où PLÉTHORE nous entrainera pour ses prochains morceaux.
Don Dias – sick cat’s daily pasta
Ces dernières semaines, Howlin Banana Records occupe le devant de la semaine. Il ne se passe pas une semaine sans l’annonce d’une nouvelle sortie ou l’arrivée d’un nouveau titre, album ou EP.
Le label est tout à la fois un refuge et un laboratoire pour une scène indé de plus en plus malmenée et qui reste pourtant bien vivante et très clairement talentueuse.
Besoin d’une preuve ? Posez donc les oreilles sur le sick cat’s daily pasta de Don Dias, nouveau venu de l’écurie. Toutes guitares dehors, le morceau laisse transpirer son amour pour les 90’s et l’indie rock qui fait du bien à l’âme. Un morceau qui récite ses gammes avec références mais qui s’autorise tout aussi un petit côté branleur sensible qui rend tout de suite la musique de Don Dias attachante.
Le clip se la joue aussi un peu nostalgie-geek, avec une animation image par image dans laquelle des photos prennent vie. Sur fond rouge, on voit donc s’enchainer des références qui vont bien et un petit doigt d’honneur qui ne fera de mal à personne. Une petite pastille vidéo DIY qui ne fait qu’augmenter le charme de sick cat’s daily pasta.
Things I miss // Things I’d like to miss, le nouvel album de Don Dias, est attendu pour le mois de septembre.
SEXY SUSHI – LA POLITESSE
Mettons fin à un fond suspens : Non Sexy Sushi n’est pas de retour, enfin pas vraiment. Le groupe a juste retrouvé un morceau dans un vieux disque dur et décidé de nous l’offrir à l’occasion de la sortie de Tu L’as Bien Mérité en vinyle.
Et pourtant à l’écoute de La Politesse, on se rappelle pourquoi le groupe nous manque tant et pourquoi on continue d’écouter encore et encore leur musique. Boucle hypnotique et dansante, un chant distancié qui laisse ressortir toute l’ironie mordante propre au groupe et un texte qui se transforme en petite comptine macabre avec refrain qui s’incruste d’un coup d’un seul dans la tête, La Politesse est un morceau qui marque et qui fait rire et bouger à la fois.
La moindre des politesses est d’admettre tout le génie qui existe dans la musique de Mitch Silver & Rebeka Warrior.
Là ou l’histoire devient encore plus drôle, c’est à la vision du clip qui l’accompagne. On réalise alors que Sexy Sushi semble, comme beaucoup d’entre nous, s’intéresser aux histoires de « true crimes » façon Faites Entrer l’Accusé et Pierre Bellemare. Reprenant des images d’une des émissions, et même utilisant sa voix à la fin du clip, on réalise alors que cette histoire de rednecks assassins et de traces de dents fatales est tirée d’une histoire vraie, ce qui rend le morceau un peu plus glaçant (ou drôle tout dépend de quel côté de la ligne vous vous trouvez niveau sociopathie).
Bref vous l’aurez compris, Sexy Sushi réapparait pour mieux re-disparaitre, c’est sans doute un peu triste mais ce nouveau morceau nous aura quand même fait énormément plaisir.
Feu! Chatterton – Allons Voir
La grosse sortie de la semaine côté pop, c’était bien évidemment le retour de Feu! Chatterton.
Quatre ans tout de même depuis la sortie de leur précédent opus, et le quintette est de retour en grande forme cette semaine avec Allons Voir. Alors que l’on vit une période assez sombre, les parisiens ont décidé de forcer la chance et de nous inviter à regarder le soleil dans les yeux.
Allons Voir est un titre lumineux et foncièrement positif, toujours porté par l’écriture poétique du groupe et son énergie qui se teinte ici d’une douceur bien sentie et d’un sens de l’épure qui rend le morceau tout à la fois plus direct mais toujours aussi humain. Loin de se résigner, les garçons de Feu! Chatterton continuent de chercher l’échappée belle et la lumière au bout du tunnel, se transformant de plus en plus en guides pour les âmes égarées que l’on peut être parfois.
Pour l’accompagner, c’est sur les toits de l’Accor Arena que Feu! Chatterton a installé son matériel pour une petite live session, teasing qui annonce ce que l’on attend toustes : leur retour sur scène. Et cela tombe bien, car c’est dans la grande salle parisienne qu’on pourra aller chanter avec eux le 11 février prochain.
De notre côté, le rendez vous est déjà pris !
Roma Luca – Comme un naufrage
La semaine dernière, on parlait de Vera Daisies et cette semaine on parle de Roma Luca, l’autre moitié de feu Ottis Cœur. Fin mars dernier, elle sortait son nouvel EP intitulé Invisible Figure où elle révèle une plume plus sensible et de toute évidence plus poétique, le tout en conservant le français et le rock au cœur. Comme un naufrage en est le parfait exemple.
Des sonorités introductives plus froides mais bien inscrites dans un registre apparenté au rock, un texte qui se repose sur ces fragiles moments de bascule dans une vie mais plus particulièrement amoureuse, voilà les ingrédients de ce titre.
Elle nous embarque – attention jeu de mots, suffit de regarder le clip – dans un clip où tout semble bien réel mais très onirique dès lors que les couleurs basculent, tout de blanc vêtue qui nous rappellerait un costume de Pierrot le clown – vous savez, celui qui est dans la lune, plus rêveur que farceur -. Avec Comme un naufrage, Roma Luca montre la singularité d’un projet solo plus sombre non moins rock. Avis aux fans de Bleu Reine, vous devriez vous pencher dessus. Ca vaut le détour et promis, on ne vous mène pas en bateau !
Ckraft – Bug Out
Ckraft est un groupe qui assure que jazz et métal font bon ménage. Né de l’esprit de Charles Kieny, accordéoniste virtuose féru de métal, Ckraft s’attache à être inimitable, faisant concorder les antonymes. Par le biais d’un accordéon endiablé et électrique ainsi que d’accords à faire pâlir le diable en personne, cette formation étonne par la puissance de ses compositions, entre lourdeur des riffs et instrument traditionnel qui semble possédé.
Le 17 janvier dernier, le groupe offrait son second opus intitulé Uncommon Grounds dont on vous avait parlé ici. Aujourd’hui, Ckraft jette un coup d’œil dans le rétro en réactualisant un de ses titres phares du premier album. Ainsi, Bug Out, qui n’avait jamais eu de clip, se voit affublé d’images, une création originale orchestrée par Ulysse Lefort. Ce clip interpelle d’emblée puisque les couleurs sont intenses et chatoyantes, ce qui implique des choix artistiques différents de la part des musiciens.
Ces images ont quelque chose de fort à dire. Avec des métaphores à la pelle, le vrai sujet demeure l’avènement et la normalisation de l’intelligence artificielle. Cette vidéo a pour finalité la sensibilisation à ses enjeux et se veut par conséquent d’utilité publique. En effet, le raz-de-marée d’oiseaux devient tsunami et engloutit tout sur son passage. L’humain participe à sa propre extinction en entraînant des IA à penser et à agir à sa place. Il auto-alimente la fin de sa civilisation. Preuve en est qu’il continue de développer cette technologie sans réfléchir aux conséquences, asservi de base par le pouvoir.
Pensez par vous-mêmes. Développez votre esprit critique. Consommez de la culture. Cultivez-vous. Peut-être est-il encore temps. Merci Ckraft et merci Ulysse pour l’engagement à travers ce clip magnifique et bourré de créativité !
GoGo Penguin – Forgive the Damages feat. Daudi Matsiko
Et notre cœur fait booom ! Ou plus exactement, il se met à fondre à l’écoute de Forgive the Damages, le 3e extrait de Necessary Fictions, nouvel album des GoGo Penguin annoncé le 20 juin prochain chez XXIM Records.
Pour la toute première fois, le trio de jazzmen anglais bien connu pour mélanger sonorités acoustiques et électroniques dévoile un morceau avec une voix humaine ! Chris Illinworth, Nick Blacka et Jon Scott l’avaient envisagé, à la condition de trouver LA bonne personne. Et c’est finalement avec un ami de longue date que le groupe a franchi le cap : Daudi Matsiko, chanteur et compositeur natif de Cambridge et d’origine ougandaise.
Une collaboration plus que réussie qui a donné naissance à un morceau d’une grande sensibilité, planant, prenant, addictif autour de l’idée de résilience.
Dans le clip réalisé par Rich Williams, on voit les 4 copains en train d’interpréter leur morceau, la part belle faite aux instruments et au jeu des musiciens. L’ambiance est chaleureuse, intimiste, rassurante. Un cocon où l’on se sent bien, truffé de petits objets qu’on devine personnels. On aura d’ailleurs noté le petit clin d’œil plein d’amour à Daudi Matsiko, au tout début, lorsque la caméra zoome sur le cadre avec le texte « King of misery« , titre de son dernier album, positionné juste à côté d’un chat porte-bonheur.
Un morceau comme on les aime, empli de douceur et de lumière.
Alma Rechtamn – Mes nuits à toi (Live Session in the bed)
Si sur le papier, Alma Rechtman est une artiste qui débute, elle a déjà un bagage musical solide derrière elle. Issue d’une famille de musiciens, elle affine sa plume depuis des années et propose une poésie précise et sensible. Cette semaine, elle ouvre les portes de sa chambre d’enfant, baignée d’une lumière chaude et tamisée pour une live session de Mes nuits à toi. Accompagnée de sa guitare, elle se replonge le temps d’une chanson dans un amour passé qui a failli la noyer.
Même après avoir minutieusement effacé ses traces, il reste de l’aimée le parfum. Parfois pensive, parfois agitée comme une nuit sans sommeil, Alma Rechtman dévoile sa voix douce et puissante dans ce format acoustique. Seuls quelques chœurs texturisés viennent soutenir son émotion sur le dernier refrain. De ces images, réalisées par Charlène Grimaud en plan séquence, se dégage une belle vulnérabilité. Plongés dans les états d’âme de l’artiste, on se laisse volontiers submerger sans avoir peur de boire la tasse.
Pour celles et ceux qui découvrent Alma Rechtman et ne veulent pas s’arrêter en si bon chemin, elle joue au festival des 36h de Saint-Eustache le 20 juin.
Kat Pereira – Toutes les fins du monde ont les mêmes atomes
Révélée lors de la dernière finale des Francouvertes, où elle a décroché une remarquable troisième place avec une seule chanson à son actif, Kat Pereira continue de tracer son sillon singulier avec Toutes les fins du monde ont les mêmes atomes.
Ce deuxième extrait, électro-pop dense et effervescent, annonce la venue prochaine de son premier album Vert lichen. Avec sa maîtrise vocale éclatante et son goût assumé pour le maximalisme, Kat Pereira livre un morceau à la fois fragile et foisonnant, où chaque atome semble vibrer de vie.
Le clip, qu’elle réalise elle-même avec la complicité d’Alexia Toman à la direction photo, vient chatouiller le cerveau : formes organiques, textures liquides et visuels abstraits s’entrelacent dans une esthétique quasi hypnotique. On y retrouve le travail visuel d’Aron Sanchez-Baranda, artiste basé à Los Angeles, connu pour sa documentation du vivant et des champignons de la côte californienne. Son art, centré sur l’abstraction sensorielle et la réponse inconsciente aux formes naturelles, a été exposé à la Biennale de Venise et collaboré avec des artistes comme Arca et Kingston Family Singers.
Avec Toutes les fins du monde ont les mêmes atomes, Kat Pereira signe une balade cosmique sur la finitude et la mémoire, et confirme qu’elle est une des voix les plus intrigantes de la nouvelle scène pop québécoise.
Minou – Emilie
Avec Émilie, Minou signe une ballade aérienne, traversée par une tendresse mélancolique et une écriture délicate. La chanson, empreinte d’une émotion retenue, trouve dans son clip une prolongation cinématographique bouleversante.
Réalisé par Cédric Demers, le court métrage met en scène Florence Lacombe-Soucy et Louis Marais, incarnant avec pudeur l’écho d’un amour passé, beau mais voué à une fin inéluctable. Dans une atmosphère éthérée, à mi-chemin entre film d’auteur et rêverie lucide, les images prolongent la poésie discrète de Minou, transformant Émilie en un petit bijou digne des festivals.
Une œuvre à regarder comme on feuillette un album de souvenirs, entre sourire tendre et pincement au cœur.
John Metza – Sorry
Avec Sorry, John Metza signe une entrée remarquée dans le paysage musical autochtone. Premier extrait d’une carrière lancée sous l’étiquette Nikamo Productions, le morceau dévoile une folk néo-country rugueuse et sincère, où la voix rauque de Metza porte une chanson de pardon à la fois intime et universelle.
Ancien ouvrier de la construction ayant choisi de renouer avec ses racines abénakises à travers la musique, John Metza s’inscrit dans la lignée de figures comme Zach Bryan et Chris Stapleton, tout en convoquant l’esprit intemporel de Johnny Cash et Elvis Presley.
Dans une session live captée en toute simplicité, le titre révèle sa pleine puissance : des guitares acoustiques au dobro en passant par les chœurs feutrés, Sorry vibre d’une honnêteté brute, loin des artifices. Une première offrande qui augure un chemin musical guidé par l’authenticité et un désir profond de transmission.
Grandbrothers – We Collide
Plongez au cœur de la spirale de Grandbrothers avec leur dernier titre, We Collide. Mélange hypnotique entre un piano et des compositions électroniques, les premières notes suffiront à vous transporter. On se sent chancelant, hésitant, comme si nous étions au bord d’une falaise, prêt à faire un plongeon dans une eau trouble et inconnue. Tandis que les rythmes saccadés apportent une tension palpable, le piano ralentit le tempo, nous invitant à la contemplation et à l’apaisement. Cette dualité, nous la retrouvons également dans le visuel qui accompagne We Collide.
Le protagoniste est happé, presque capturé par son environnement, tantôt calme et reposant, tantôt hostile et oppressant. Ainsi, on le voit confronté aux éléments, notamment au vent lorsqu’il se trouve au cœur d’une tornade. L’observateur est invité à se laisser guider par ses propres tempêtes intérieures, afin de retrouver la paix et l’harmonie dans ses émotions.
Ce titre symbolise un tournant dans la carrière de Grandbrothers, puisqu’il annonce la sortie de leur prochain album, Elsewhere, à paraître le 26 septembre prochain. Plus de dynamique et de mouvement, c’est ce que nous promet le duo pour leurs prochains live, à ne pas manquer dans plusieurs villes en France cet automne !
Wet Leg – CPR
Après un premier extrait sympathique mais sans relief, le groupe anglais revient cette fois-ci avec un petit joyaux catchy nommé CPR.
Sur cet extrait, le son du groupe a rudement bien évolué avec une basse ronde tapageuse et le chant espiègle de Hester Chambers. Le clip est filmé en plan séquence et résume finalement ce côté provoque et déjanté sur ce titre qui parle d’amour suicidaire. Addictif et accrocheur, c’est tout ce qu’on souhaite retrouver sur leur nouvel album Moisturizer qui sortira le 11 juillet prochain.