Les clips de la semaine #266 – Partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, on vous invite à découvrir la deuxième partie de notre 266ème sélection des clips de la semaine.

Soraa – Money 

Fortuné d’une vision artistique affûtée, le Dijonnais Soraa signe un clip à la fois ludique et graphiquement soigné. La duplication de sa silhouette capte l’œil, tandis que les billets volants ajoutent une touche récréative à l’ensemble. Mais au-delà de l’apparence, le fond est bien là. Soraa explore, marmonne ses refrains, et slalome entre les genres dans son dernier EP Card Tape.

On sent derrière lui une équipe qui trouve l’équilibre parfait entre l’instinctif et le travaillé. Les titres légers et spontanés insufflent un vent frais à la scène locale. Ce n’est que le début, mais tout laisse à penser que l’artiste est là pour durer. Reste plus qu’à nous donner les vrais codes de sa carte bleue.

David Byrne – Everybody Laughs

« David Byrne » fait partie de ces noms dont la seule mention donne le sourire. À 73 ans, le charismatique leader des Talking Heads s’apprête à sortir son premier album solo en 6 ans, Who is the Sky?, le 5 septembre.

Il nous donne cette semaine un avant-goût du projet avec le clip décalé d’Everybody Laughs. Réalisé par Gabriel Barcia-Colombo, il dresse une fresque de notre société et rappelle avec humour ce qui nous rassemble. Notre capacité à rire et à nous émouvoir, notre addiction aux smartphones, nos états d’esprit, notre obsession pour notre image et pour la vie des autres.

Derrière un ton enjoué et une esthétique colorée se cache un message optimiste et une tentative d’apaisement. L’artiste parvient à nous mettre du baume au cœur avec cette chanson humaniste et dansante, et on en reprend volontiers. S’il faudra attendre septembre pour savoir « qui est le ciel », le brillant David Byrne est sans aucun doute un soleil, capable d’illuminer nos journées même par temps trouble. 

Joseph Carré – Super Bossa Nova (Charlotte)

Avec Super Bossa Nova (Charlotte)Joseph Carré (Magique) amorce le décollage intergalactique de son papillon cosmique. Ce nouveau clip marque le début du troisième et dernier chapitre de sa trilogie magique, toujours guidée par une quête haletante d’émotions et une imagination sans frein. À travers un océan synth-rock saturé, l’artiste dévoile le premier aperçu de son prochain opus, entre tendresse apparente et étrange arrogance.Autour de lui gravitent des astres bien connus : Jean-Michel Coutu (Corridor, Pypy), Nick Roberge (Charlotte Cardin, Damien Robitaille) et Carl Bastien (Jean Leloup, Daniel Bélanger), qui participent à cette métamorphose musicale. Tantôt réimaginé en italien, tantôt disco ou house, le style unique de Joseph Carré continue de se faire entendre.

Friedberg – haha

L’artiste autrichienne s’eclate sur ce nouveau single qui va vite vous surprendre par son entame. Sur un rythme de percussion très hip-hop, le groupe nous balance littéralement un tube qui sent bon le tube de l’été.  Le titre n’est rien d’autre que l’explusion du souffle du pas de danse.qui va vous hanter chaque jour. Le son fuse pour grimper nonchalamment crescendo. Le clip pourrait paraître pour une publicité de chaussures tant on se focalise sur l’esthétique des danseurs et la tension des regards. 

Le morceau de courte durée ne nous laisse pas insensible. Et c’est tout aussi plaisant de savoir que Friedberg sait sortir de sa zone de confort qui est l’indie pop.

Marlene Larsen – Actually

Actually est le 3e extrait de prochain EP de Marlene Larsen Attemps at fire, prévu le 20 juin. Un titre pop rock sur l’anxiété, sans pour autant être sombre. Marlene Larsen explique que « c’est dire non, avec la légèreté de l’épuisement. C’est tendre une main en avant pour protéger son espace et apprendre à poser ses limites ».

Dans le clip qu’elle a dirigé, Marlene Larsen joue le rôle d’une cuisinière angoissée et au bord de l’épuisement. Toute ressemblance avec Cauchemar en cuisine serait purement fortuite… On comprend que Marlene Larsen subit la pression d’un chef toxique qui aboie ses ordres et la soumet à une cadence infernale. Jusqu’au « homard point » : ce moment où tout bascule.

Marlene Larsen défie son chef en refusant d’ébouillanter le pauvre homard promis à une funeste fin. Elle envoie alors tout balader, lui dit ses quatre vérités et part, son nouvel ami le homard sous le bras (ou plutôt dans le seau). Après une tentative ratée de le confier à un aquarium, c’est l’esprit léger que Marlene Larsen décide finalement de lui rendre sa liberté en le relâchant dans un lac. En sauvant le homard, elle s’est sauvée elle-même. Elle livre aussi, et surtout, une critique du capitalisme et de la toxicité de certains chefs mâles – en cuisine ou ailleurs.

Marlene Larsen donnera une série de concerts dans les prochains jours. N’hésitez pas à prendre vos places : le 17 juin à The mixtape (Paris), 19 juin à Toï Toï (Villeurbanne), le 26 juin à FGO Barbara (Paris) et le 12 juillet au festival Musilac (Aix-les-Bains). 

Nicolas Veroncastel – Lost

Premier extrait d’un premier album solo attendu pour janvier 2026, Lost de Nicolas Veroncastel, déploie un récit visuel et sonore aux frontières d’une intimité poignante. Subrepticement. Regard fuyant, voix retenue au bord du vertige.

La réalisation signée François Le Gouic est épurée avec une approche minimaliste qui sert la charge émotionnelle sans jamais l’alourdir. Chaque plan semble sculpté pour laisser affleurer l’essentiel — les silences, les tensions. Les tourments de l’âme habitée par l’incertitude. 

La caméra épouse l’errance, sans surjeu. Cette temporalité suspendue épouse le texte comme une seconde peau. Lost, c’est moins un abandon qu’une fuite. Le clip illustre une manière d’avancer malgré les chutes, il m’évoque une façon de s’éloigner de soi comme on s’échappe d’un décor trop familier.

La musique est aérienne, le chanteur nous entraîne dans une exploration du désarroi mais avec douceur. Cette première proposition de Nicolas Veroncastel nous promet un magnifique album à venir. J’ai hâte

Nathan Zanagar – In My Head 

L’artiste émergeant Nathan Zanagar partage le clip de In my head, morceau issu de son tout premier EP La Grande salle. Pourtant, le musicien s’était déjà fait connaître en participant à la bande originale du film La Belle de Gaza, de Yolande Zauberman. Le jeune chanteur a des airs de Prince dans In my head. Ce morceau pop chaloupe sur des influences funk et électroniques. Quant au clip, réalisé par l’artiste lui-même, a été tournée au Consulat Voltaire. On y plonge dans une soirée absurde, où les gens s’amusent autant qu’ils se battent.  Nathan Zanagar sera en concert aux Etoiles, le 3 octobre prochain. 

moyà – page blanche

Petit coup de foudre dopamine, page blanche marque une nouvelle étape dans le parcours de moyà, qui affine ici son esthétique et fonce vers une pop française sauce USA, aussi solaire que touchante. Après avoir navigué entre indie et pop-rock sur ses précédents EPs, moyà affirme aujourd’hui une proposition qui met les deux pieds dans une pop super lumineuse.

Le clip, réalisé par Théodore Péjout, accompagne bien cet univers : moyà et son spitz nain s’improvisent baby rockeurs dans une chambre d’hôtel jaune seventies, déambulent dans les rues de Paris, des quais Saint-Bernard (où il se transforme en cavalier d’enfer) jusqu’à l’un des mythiques parcs à toutous de la capitale. Une balade douce, dansante et super spontanée, à l’image du morceau.

Autour de cette sortie, moyà développe aussi une série en format mockumentary, emmenée par Jean-Yves, journaliste fictif au passé trouble venu enquêter sur notre super star en devenir. Tombé sur moyà au détour d’un forum, il se donne une mission : faire de lui une icône pop.

Avec page blanche, moyà pose les fondations d’une mue pop ambitieuse et ultra rafraîchissante, portée par des arrangements électro subtils et une narration sensible. Une nouvelle aventure musicale qu’on lui souhaite pleine de légèreté et de dérapages bien maîtrisés.

Katie Spencer – Come Back And Find Me

Avec un retour très attendu,

Katie Spencer, originaire d’Angleterre, s’apprête à dévoiler son troisième album,

What Love Is, en octobre 2025. Connue pour son style de guitare assuré et ses compositions pleines de poésie, Spencer plonge désormais dans des espaces intérieurs plus profonds, invitant les auditeurs à entrer dans un royaume de chansons sincères et complexes.

Surce premier extrait, Come Back and Find Me, le jeu de Spencer est superbe, son doigté méticuleux et le timbre de sa guitare particulièrement envoûtant, offrant l’équilibre parfait avec son vibrato profond caractéristique. Parallèlement, la contrebasse de Tom Mason et la batterie de Matt Ingram créent un groove contagieux, tandis que l’ajout d’une clarinette, offerte par Giacomo Smith, ajoute une touche inattendue qui rehausse l’ensemble du morceau.

Selon les mots de Spencer, « Come Back and Find Meest une chanson écrite sur cet immense désir de plénitude que beaucoup d’entre nous partagent. C’est un plaidoyer pour la pause et la douceur, dans un monde qui devient de plus en plus bruyant. Créer cette chanson en plein deuil était une façon de se concentrer sur cette capacité intérieure à réfléchir, canaliser et commenter cette collection d’émotions sauvages que beaucoup d’entre nous ressentent, et d’essayer de trouver un peu de complétude et de paix dans ce processus. »

Maïcee – Insane

C’est une chanson comme un matin d’après. Quand la colère s’est tassée, que les excuses ne viennent plus, et que l’on regarde l’histoire en face, sans flou ni décor. Insane, titre de Maïcee, extrait de son EP And down aussi, dévoilé le 12 juin, parle de ça : ce point de bascule entre attachement et clairvoyance.

Tout y est à nu. Pas de fracas, juste un recul. La voix est posée, les mots tombent droit. L’amour y est disséqué sans fioritures, presque à froid, comme un constat tardif mais lucide. Il y a eu le doute, la peur de devenir folle, puis la vérité, à savoir, c’était lui. Pas elle.

Dans les images, elle se tient seule, vêtue de blanc, dans une forêt. Calme. Présente. Comme si elle renaissait sans bruit. L’image colle au morceau : un être qui sort du piège, pas les mains vides, mais l’âme lavée.

Maïcee avance sans forcer le trait. Elle chante ce qu’on était souvent : les liens mal faits, le manque de respect, l’envie de s’arracher à ce qui use. Et elle le fait sans plainte, avec cette force tranquille qu’on reconnaît à celles qui n’attendent plus. Rendez-vous le 18 juin au Badaboum, à Paris, pour la release party

Content Fernand – La mort du peuple (Mickey 3D cover)

Content Fernand distille lentement mais sûrement ses compositions originales. Les plus chanceux auront croisé leur route lors d’un concert au Pop Up ou pour les normands à l’occasion de leur premier concert à Caen. A mi-chemin entre chanson et punk festif, Content Fernand se fait une existence à travers les réseaux sociaux.

Avant de les retrouver une nouvelle fois au Pop Up le 20 juin prochain, les garçons ont fait le choix d’une reprise hautement politique des français Mickey 3D : La mort du peuple. Tranquillement amarrés, les garçons nous offrent un set à la cool sous la pluie sur une péniche. Ni profondément triste, ni pour autant joyeuse, La mort du peuple est comme inscrite dans le projet Content Fernand.

Parce que s’il y a beaucoup d’humour et d’apparente légèreté chez nos compères, il en va d’une certaine lucidité qui met en lumière d’autres problématiques plus profondes, existentielles.