Les clips de la semaine #271 – Partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Pour accompagner votre rentrée, on vous invite tout de suite à découvrir notre 271ème sélection des clips de la semaine.

Surferchild – Bad Bitch

Quand les filles prennent le pouvoir et sèment la terreur auprès des Bad Guys : voilà le pitch du clip manifeste que nous propose Surferchild cette semaine.

T-Shirt noir siglé BB, des bagues à chaque doigt en guise de poing américain, une batte de baseball à la main mais néanmoins une touche de maquillage : le gang des Bad Bitch sillonne les rues de la ville pour faire régner l’ordre et assurer la sécurité des femmes.

Malheur à la gente masculine prise en flagrant délit de sexisme, d’abus ou d’agression. Les BB lui font passer un sale quart d’heure et l’envie de recommencer. La violence, évidemment symbolique, change de camp non sans une pointe d’humour particulièrement réussie.

Un clip qui frappe et qui résonne avec les luttes féministes. 

Héron – Bonaventure


Henri Kinkead aka Héron nous dévoile un nouvel extrait de son prochain EP Bras solaires qui sortira le 14 novembre 2025. Bonaventure rassemble et sent la fête l’été avec les ami.e.s autour d’un bon repas qui finissent en jam spontanées pour se donner le prétexte de rester encore un peu ensemble autour de ce qui nous passionne.

Mais pour HéronBonaventure est également inspiré par les paysages de la Baie-des-Chaleurs et les eaux turquoise de la rivière Bonaventure. Avec l’été qui touche à sa fin, ce clip nous rend quelque peu nostalgique des belles soirées que l’on a passées en attendant la fraîcheur du soir et des discussions pleines d’amour qui ont soigné les blessures.

Kat Pereira – l’écumeur de mer

Kat Pereira revient avec l’écumeur des mers, un nouveau clip qui annonce aussi son premier album vert de lichen le 24 octobre 2025, et on à bien hâte! Si vous pensiez que l’écumeur des mers était un petit animal aquatique nocturne, bien essayé, mais non. Dans ce nouvel extrait, Kat Pereira nous raconte les pirateries des hommes qui volent les cœurs et laissent le bâteau couler. Sa réponse? Un clip girl boss qui reprend les rennes et les bouquets de fleurs pour prendre soin d’elle et de sa sororité. Et on a vraiment envie de faire partie de sa gang de sirènes, WOW!

REZZ x Owl Vision – Downward 

Rezz (Isabelle Rezazadeh), est la figure du moment en musique électronique. L’ontarienne n’a plus rien à prouver entre ses millions de streams et sa participation à des festivals comme Coachella ou Lollapalooza. Elle revient avec Downward, dernier extrait avant la sortie de son album As The Pendulum Swings qui sortira le 12 septembre 2025. Son titre, autant que son clip, nous hypnotise avec son esthétique 8-bits de jeux vidéo.

Royel Otis – Who’s your Boyfriend »

« Who’s Your Boyfriend » est le sixième extrait de Hickeyle nouvel album de Royel Otis, sorti le 22 août chez OURNESS / Capitol Records. Le titre de l’album, Hickey (comprenez « suçon »), en dit long sur l’esthétique douce-amère, adolescente et lucide de ce nouveau projet : « Parce que l’amour mord plus fort que n’importe quelle autre émotion au monde », expliquent-ils. « C’est un album avec plein de chansons différentes, mais elles gravitent toutes dans le même monde. C’est toujours un peu sur la même chose : l’amour, je suppose. Le love buzz. »

Parlons de Who’s Your Boyfriend. Le titre illustre parfaitement le fil rouge de l’album : le désordre sentimental, entre séduction, confusion et déception sous fond de jalousie. Royel Otis a cette écriture spontanée, instinctive : “He bailed on your birthday / And you’re callin’ me up a lot, so, baby / Who’s your boyfriend now?” En fin de compte, la question n’est pas destinée à avoir une réponse. Elle exprime plutôt ce poids des non-dits quand tout semble permis mais que la vérité reste en suspens. Les paroles ressemblent à des vérités lâchées sans filtre, comme lors d’une confidence nocturne à un ami. C’est brouillon, un peu maladroit, mais profondément vrai. Le refrain — “Who’s your boyfriend now? / ‘Cause you’re sleepin’ with him but it’s me you’re thinkin’ ‘bout” — condense l’insécurité, la jalousie, et la lucidité d’une relation ambiguë prise dans un triangle amoureux.

Musicalement, on a ce contraste entre paroles lourdes de sens et une mélodie légère et pétillante. Les guitares scintillent, la voix est fun et insouciante comme pour atténuer l’amertume du texte. Who’s Your Boyfriend n’est ni triste ni joyeux – Il flotte entre les deux avec lucidité. 

Le clip, réalisé par Lauren Dunn, transpose cette ambiguïté à l’écran. On y retrouve Lola Tung, héroïne de The Summer I Turned Pretty, dont l’expérience dans les triangles amoureux colle parfaitement au rôle. Elle entre dans un bar avec trois copines, prête à faire la fête. Le barman l’accueille d’un familier “The usual?” et la partie de flirt démarre aussitôt. Danses, shots, flipper, bulles de chewing-gum : l’insouciance est là, mais les regards échangés traduisent autre chose, plus profond. S’ensuivent une partie de shifumi au comptoir puis un billard : simple jeu ou attraction réelle ? Ils se plaisent, c’est certain mais personne ne met carte sur table.

La tension culmine quand deux garçons arrivent. Lola embrasse l’un d’eux — son véritable copain — sous le regard dégoûté du barman, figé derrière son comptoir. Le contraste est brutal : tout le flirt du début se réduit à une parenthèse sans lendemain. La soirée reprend, mais le malaise demeure. Le clip s’achève sur un “thank you for the drinks” glissé avec désinvolture, cruel dans sa légèreté.

Le parallèle entre le texte et la mise en scène est limpide : « Les paroles de la chanson racontent l’histoire d’une fille en couple qui envoie sans cesse des signaux contradictoires à un autre garçon. Le clip illustre parfaitement ce message, puisque Lola Tung flirte sans relâche avec un barman, avant d’accueillir son petit ami lorsqu’il arrive au bar. » Pas de réponses, seulement la persistance du doute et des signaux contradictoires.

Avec Who’s Your BoyfriendRoyel Otis livrent l’un des morceaux les plus marquants de Hickey. Une chanson qui colle à la peau et illustre à merveille le cœur battant de ce deuxième album : une exploration lumineuse et lucide des vertiges amoureux de la jeunesse. Vous pourrez découvrir Hickey en live car Royel Otis seront en tournée dès l’automne, avec un concert à ne pas rater à l’Olympia le 1er décembre.

Malaka – Blacky Blood

Après une reprise de leur titre Ulo avec Flavia Coelho en juillet, le duo Malaka revient en cette rentrée avec Blacky Blood, et son clip réalisé par Maïlys Champion. Le single est une ode touchante et puissante à la libération des cheveux texturés.

Un petit rappel capillaire et contextuel s’impose peut-être ici : on appelle texturés les cheveux ondulés, bouclés, frisés, crépus. Des cheveux longtemps attachés, tirés, lissés et traités chimiquement pour se soumettre au diktat du cheveu lisse en Occident.

Sur une guitare douce et chaloupée, les voix des sœurs se mêlent pour chanter la beauté des cheveux naturels et volumineux. « J’ai sorti les gros cheveux, j’ai sorti l’afro », lancent-elles avec un air de défi. Et dans un salon de coiffure improvisé, l’une se défait de toutes les tentatives de dompter sa chevelure à coup de fer, bigoudis et rubans.

Blacky Blood nous rappelle qu’assumer ses cheveux est loin d’être une évidence, surtout quand on a grandi avec la conviction qu’il fallait les cacher. Malaka montre le pouvoir de la libération capillaire et son importance dans l’acceptation de soi. « Laissez les masses s’étendre / Et ce qui doit prendre la place, laissez-le prendre ». 

Un conseil : gardez un œil sur le projet du duo qui a annoncé son prochain EP pour novembre. 

Pi Ja Ma – 18h37

Pi Ja Ma, artiste aux innombrables talents, accompagne en douceur cette rentrée 2025. Elle sort ce 29 août 187h37 et son clip  tout doux, réalisé par ses soins et inspiré par l’imagerie des jeux de console vintage.

Derrière cet horaire mystérieux et étonnamment précis se cache la promesse d’une soirée estivale. Porté par une guitare discrète et des chœurs planants, le morceau nous enveloppe comme la chaleur d’un soir d’été. Coup de soleil, baignade et apéro : on se replonge non sans une certaine nostalgie dans des souvenirs qui paraissent déjà lointains.

Puis, comme pour éviter que le retour à la réalité soit trop violent, septembre pointe le bout de son nez. Le rythme de guitare se fait ternaire et la mélodie plus mélancolique alors que le train de retour avance inexorablement vers la fin de l’insouciance.

Une pointe d’optimisme toutefois : si le cafard vous gagne à mesure que les soirées raccourcissent, vous n’aurez qu’à vous laisser bercer par 18h37 en attendant le retour des beaux jours. 

nous étions une armée – heureux comme un roi

On ne les quitte plus. Nos oreilles, nos cœurs s’emballent à la moindre notification concernant le duo nous étions une armée. Après 2 EP, les garçons ont (enfin) franchi le pas. Leur premier album arrive, ça n’est qu’une question de temps (24 octobre). Pour nous faire patienter encore un peu, un nouvel extrait clippé : heureux comme un roi.

La scène nationale de Mâcon leur a ouvert ses portes. Seul face au rideau, Léo Nivot, protagoniste d’un nouveau jour revêt un costume bien trop grand pour lui – pour ceux qui suivent l’affaire de très près, et si ce costume était le symbole du bonheur trop grand pour lui ? On vous laisse méditer. – débarque sur un plateau, éclairage un peu trop fort et… Action !

Il se met à chanter et une apparition spectrale de l’ordre du fantastique le rejoint, une jeune fille en robe de mariée. Le voilà qui esquisse des pas de danse, comme transformé en pantin désarticulé propulsé en forêt. S’opère un espèce de va et vient entre la scène où son compère Rémi Le Taillandier le rejoint, les paroles de la chanson sont projetées sur le rideau et la forêt.

Ce nouveau single s’offre un clip plus cinématographique que ses prédécesseurs. Léo Nivot n’est pas étranger au monde du théâtre de par sa formation – il était d’ailleurs à l’affiche du spectacle de Paul Pascot, La Faille pendant le Festival Off d’Avignon – et honore ce cadre chargé de sens. Heureux comme un roi agrège tout ce qu’on aime chez eux : la dramaturgie, les vers et ce sens de la rythmique. On se surprendrait à nous aussi vouloir « une petite maison en pierre à l’entrée d’une forêt » sur une bande originale faite des chansons de nous étions une armée et à nous la voie du bonheur.

Si vous hésitiez encore, ne vous abstenez pas et prenez place à la Maroquinerie le 20 novembre prochain. Il nous tarde de vous parler de l’album !

Bon Jovi – Red, White and Jersey

Vous ne connaissez pas Bon Jovi? C’est LE groupe de rock qui ne cesse de nous épater depuis sa formation en 1983. Cette semaine encore ils nous ont prouvé qu’ils n’en avaient pas fini avec la musique, en nous dévoilant le clip de l’une de leur dernière chanson : Red, White and Jesey.Dès les premières notes, une vague de nostalgie nous envahit. Cette ballade rock célèbre à la fois la jeunesse éternelle et l’attachement profond du groupe à son État natal, le New Jersey.

Le clip, réalisé par Gil Green, suit un jeune couple filmé au crépuscule sur l’Asbury Park Boardwalk, dans une décapotable ou sous les réverbères de New York. La mise en scène, baignée de teintes chaudes et accompagnée de mouvements de caméra fluides, renforce à la fois l’intimité et l’émotion partagée. Les gros plans révèlent la complicité des protagonistes, tandis que les plans larges mettent en lumière des lieux emblématiques comme le Teaneck Cinemas ou l’Americana Diner, sublimés par les drapeaux rouge, blanc et bleu, symboles forts de fierté locale.

Montée au rythme des riffs et refrains, cette réalisation incarne à merveille les paroles nostalgiques (« when you’re seventeen… basic dreams »), transformant ce clip en un véritable hymne à l’amour et à l’appartenance.

Florence + The Machine – Everybody Scream

Everybody Scream est le premier extrait et titre éponyme du nouvel album de Florence + the Machine, dont la sortie est prévue le 31 octobre 2025 (Polydor), parfait pour Halloween. Après Dance Fever (2022) et une convalescence marquée par une opération chirurgicale d’urgence, Florence Welch revient avec ce titre grandiose et incantatoire. L’album, écrit et produit sur deux ans, la voit collaborer avec Mark Bowen (IDLES)Aaron Dessner (The National)Mitski, ainsi que James Ford. Dès juillet 2025, Welch avait semé des indices révélant des images et mots-clés énigmatiques comme “witchcraft, folk horror, mysticism, magic, poetry [and] insanity”. Un univers qui imprègne à la fois le disque et son premier clip.

Everybody Scream est une métaphore de la scène comme d’un espace de libération totale, où Florence peut crier, danser et se montrer sans retenue. Les paroles évoquent autant l’ivresse que l’épuisement du spectacle : donner son corps et son énergie au public jusqu’au sang, mais aussi recevoir en retour son amour et sa reconnaissance. C’est un hymne à la performance comme rituel, entre magie, douleur et transe cathartique.

Le clip, signé Autumn de Wilde et produit par Juliet Naylor et Eric Stern, illustre cette ambivalence dans un court métrage comme une fresque visuelle hypnotique. Le clip s’ouvre sur Florence Welch de dos, marchant dans les hauteurs, robe rouge éthérée tranchant sur le vert des herbes. La caméra suit ses jambes, révélant deux tatouages à ses chevilles, avant l’apparition d’un cavalier à l’envers, image inquiétante donne le ton. Musicalement, l’introduction est une harmonie de voix incantatoire et puissante. Puis, arrive le  rythme de la batterie, et surgissent des choristes aux allures de sorcières. Leurs danses frénétiques et possédées, leurs chants sauvages et féministes incarnent la puissance libératrice de l’union des voix et des corps.

Dans les couplets, l’action se déplace dans un salon en clair-obscur : des hommes attablés observent, figés, tandis que les danseuses montent sur les tables, chantent et scandent en harmonie. Leur énergie se fait incantation. Les spectateurs se mettent à convulser, frappés de spasmes, jusqu’à s’effondrer comme possédés par une force invisible. Une métaphore limpide de l’effet des concerts de Florence + The Machine, capables de plonger le public dans une transe partagée.

Le final, porté par un outro a cappella, voit les choristes-zombies encercler Florence. Leurs harmonies envoûtantes se muent en une attaque quasi cannibale : Florence est à la fois prêtresse et offrande de ce culte musical. La chorégraphie signée Ryan Heffington sublime ce paradoxe : l’artiste se consume pour mieux rallumer la ferveur de ses fans.

Avec Everybody ScreamFlorence Welch signe un retour magistral, magnétique et profondément cinématographique. Un titre et un clip qui annoncent une nouvelle ère, sombre et mystique, pour Florence + the Machine. Retrouvez Florence + the Machine en tournée avec une date française très attendue : Le 22 février 2026 – Paris, Accor Arena.  

Oracle Sisters – Wait For Me

Le 5 septembre 2025, les Oracle Sisters ont dévoilé Wait for Me, un nouveau single de garage pop plein de fraicheur pour cette fin d’été. Le titre fait partie des « Divinations outtakes », des morceaux issus de sessions parallèles qui n’ont pas figuré sur le deuxième album du groupe, Divinations, sorti en février dernier. 

Le clip, réalisé par le co-fondateur du groupe Lewis Lazar, met en scène la batteuse et chanteuse Julia Johansen dans plusieurs lieux parisiens : le canal St Martin, une laverie, un supermarché… dans une atmosphère pop vintage. 

Avec ce nouveau single, les fans du groupe pourront prolonger l’aventure artistique de Divinations, à savourer pour son esthétique sonore et visuelle. Et si vous avez la chance de vous trouver en Amérique du Nord, ne ratez pas le groupe en tournée cet automne ! 

Bertrand Belin – La béatitude

A l’orée de la sortie de son huitième album, Watt, le chanteur Bertrand Belin nous offre La béatitude. Ce morceau sonne comme une œuvre bashungienne, autant dans la voix que dans les mélodies. Yannick Demaison et Alexis Magand, qui réalisent le clip, filment l’artiste en stroboscope. Entre deux flashs, on aperçoit Bertrand Belin prendre l’eau. On est bien loin de la sérénité vantée et promise dans les paroles : « Un jour, je serai de nouveau à genoux, j’aurai soif d’amour mais ce soir c’est la trêve des confiseurs, je descends (…) gonflé de la béatitude ». Sur certains plans, pourtant, on aperçoit le chanteur posé sur un filet avec lequel il semblait se débattre lors des scènes sous la pluie. Peut-être qu’il faut se mouiller, se battre, oser, pour atteindre le calme ? Du moins c’est ce que semble nous chanter Bertrand Belin dans ce troisième extrait de son prochain projet qui sortira début octobre.

Dafné Kritharas – Enastros Ouranos

Lorsque des réalisateurs cherchent à filmer un clip, ils planifient, prévoient, essayent de maitriser le moindre détail pour coller à l’esprit d’un morceau. Parfois, ce sont ses petites choses qui s’adaptent, d’elles-mêmes, aux chansons. Le clip d’Enastros Ouranos réalisé par en est la preuve. Avant le tournage, il faisait gris et sombre, mais une fois le plan séquence lancé, le soleil s’est glissé dans la chapelle, traversant les vitraux comme happé par le chant de Dafné Kritharas.

Cette chanson évoque avec métaphore la lumière dans l’obscurité, mais une lumière que l’on devine le reflet du cruel. La chanteuse d’origine grecque se met dans la peau d’un enfant, regardant avec toute son innocence un ciel déchiré, sans doute par la guerre : « Le ciel étoilé est rempli de cicatrices d’une douleur inexorable, qui a commencé et qui ne peut être mesurée mais ici-bas, un petit enfant, continue à compter ». Un texte écrit par Alexandros Emmanouilidis et extrait d’un prochain album entièrement composé par Dafné Kritharas.