Les clips de la semaine #275 – Partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite on vous invite à découvrir la première partie de notre 275ème sélection des clips de la semaine.

Michelle Blades – You’re The Mother, You’re The Man

Ces dernières années, Michelle Blades était bien occupée en tant que musicienne, en tournée avec des musiciens au quatre coins du monde et on se désespérait un peu de la voir revenir à sa propre musique.

Il faut croire que nos complaintes ont été entendues puisque la musicienne panaméenne est de retour avec un nouvel album attendu pour l’année prochaine avec un premier extrait cette semaine : You’re The Mother, You’re The Man.

Les plus attentifs d’entre vous auront une sensation de déjà-vu, ce qui est tout à fait normal puisque ce morceau de Michelle Blades date d’il y a déjà quelques années. Entre la berceuse et le mantra, You’re The Mother, You’re The Man est un hommage prononcé à sa mère qui a évolué au fil des ans. Une petite bulle de douceur qui se vit comme une caresse musicale, tout à la fois minimaliste et réconfortante.

Sous la caméra de Ilan Zerrouki, Michelle Blades se transforme en mime et renforce encore plus le côté rêveur du morceau. Entre le rouge et le blanc, on la voit évoluer dans un univers où tout semble tourner au ralenti, où chaque geste est pesé et pensé pour en renforcer l’impact et l’imagerie. On se promène donc avec nos trois héros, on observe les regards et les gestes en se laissant porter par la poésie visuelle et musicale qui se dégage du tout.

Un premier extrait parfait pour ouvrir la nouvelle aventure de Michelle Blades. On a déjà hâte de découvrir la suite.

Nous Etions Une Armée – J’aimerais que tout s’arrête

Léo Nivot et Rémi Le Taillandier sont bien décidés à faire vivre leur premier album qui arrive dans un peu moins de 20 jours maintenant. Un objet sensible dont ils ont le beau secret. Pour continuer à nous régaler, Nous Etions Une Armée enchaine les sorties de clips qui peuvent se répondre les uns aux autres ou exister en toute indépendance.

Étrangement, avec une conviction profonde, on est tentés de se dire qu’il y a un lien entre Heureux comme un roi et J’aimerais que tout s’arrête. Notamment du fait qu’une protagoniste – encore bien mystérieuse – revienne à la surface.

On vous arrête tout de suite : non, le clip de J’aimerais que tout s’arrête n’est pas un clip promotionnel de la RATP ni de la SNCF. Dans J’aimerais que tout s’arrête, Nous Etions Une Armée partage la romance de la patience, de l’absence. L’illusion d’une histoire. On reconnait avoir sangloté quand on a visualisé cette micro scène où Léo danse avec une ombre – à vous de définir si c’est la mort ou l’absence. Ce qui n’implique pas tout à fait la même chose. Sachez, qu’ils ne nous diront rien et nous, timidement, on interprète avec la grille de lecture du cœur.

SEX SHOP MUSHROOM – 131217

SEX SHOP MUSHROOM, c’est un groupe tout droit sorti des rues de Pigalle. Né en 2022, le quatuor replonge ses auditeurs dans l’électricité des 90’s avec un grunge crasseux et des riffs lourds. Leur devise, “BREAKS NORMS, SOUND LOUD”, colle parfaitement à leur identité : foutre le chaos, que ce soit sur scène ou dans le pit.

Leur nouveau morceau, 131217, est une décharge d’adrénaline. Plus punk que jamais, les paroles martelées claquent comme des slogans rageurs contre l’autorité, avec cette angoisse sourde et cette hostilité frontale qui nourrissent leur musique. Tout est brut, taillé dans la tension et pensé pour la scène. Impossible de rester statique : on se surprend déjà à headbanger avec cette outro suspendue au “WHERE THE F IS YOUR COP, B**CH”. Pour ceux qui cherchent un sens au titre énigmatique “131217”, inutile de se casser la tête : le groupe a précisé sur Facebook que « ce titre ne s’explique pas ». Voilà qui est dit.

Le clip, lui, coïncide parfaitement avec l’esprit du morceau : SEX SHOP MUSHROOM filmés en live, transpirants, hurlants, plongés dans une foule qui pogote et qui saute dans tous les sens. La caméra, toujours en mouvement, donne la sensation d’être au cœur de la tempête. Sur leurs réseaux, on peut lire partout “Support your f***ing local scene”, et ça fait du bien : voir cette génération de kids remonter des groupes, se serrer les coudes et rallumer la flamme, c’est peut-être le signe qu’un véritable revival du rock est en train d’éclore.

Ella Eyre – hell yeah

Pour le plus grand plaisir de ses fans, Ella Eyre vient de nous dévoiler Hell yeah, un aperçu de ce à quoi devrait ressembler son album everything, in time qui sort le 21 novembre prochain. Cette chanson rétro, avec une touche de soul, reflète une période amusante de la vingtaine, durant laquelle on ne sait pas toujours où donner de la tête. Le clip, réalisé par Priya Ahluwalia dans un décor d’arcade coloré, capture parfaitement l’énergie festive du morceau. 

Ce titre marque un retour assumé vers ses racines soul et R&B, dix ans après son premier album Feline. L’artiste britannique, désormais indépendante,, livre ici l’un de ses refrains les plus percutants à ce jour. Hell yeah s’inscrit dans une collection de 15 titres qui explore les choix douteux qu’on peut faire sans pour autant se laisser abattre par eux.

Elisa Kwamé – Plus de nous

Après trois singles sortis en 2021, Elisa Kwamé fait son retour le 27 septembre avec Plus de nous. Un morceau chargé en émotions, et un clip qui l’est tout autant, co-réalisé par Renzo Brunel, PH Souquet et Francis Courbin

Plus de nous, c’est un cri du cœur, inspiré par l’histoire de la jeune femme. À l’image, se succèdent des fragments de la vie d’un couple. Parfois complices, enlacés, passionnés. Mais à la passion cède le poison de la violence et de l’emprise. Si le clip touche autant, c’est qu’il parvient à juxtaposer naturellement la joie et la destruction. Filmé dans le cadre intime d’un appartement, il sonne juste et aide à comprendre comment peut s’installer la violence dans le couple. 

Dans ce chaos, l’artiste s’offre malgré tout une porte de sortie. Si l’emprise est présentée sans détour à l’image, la voix, elle, y met un point final. De son flow percutant, elle refuse de se laisser entraîner encore une fois dans une spirale destructrice. « Tu voudrais qu’on s’enferme encore, qu’on s’aime encore, qu’on saigne encore, sans moi, j’ai déjà donné. » Le jeu du comédien Gaspard Belissant et de l’artiste elle-même est à saluer, tant ces scènes semblent tirées de la vie réelle.

En tout cas, on se réjouit de voir des artistes comme Elisa Kwamé se faire les représentant.e.s d’une Neo-soul à la française, et on a hâte d’en savoir plus sur ses prochaines sorties.

Goodbye Karelle – Adi 

Goodbye Karelle est le projet musical mené par l’artiste Karelle Tremblay. Révélée dans un premier album intime et brut Hugh Greene & the Lucies Made Me. Son univers mêle spoken word et pop alternative, entre mélodies vaporeuses et textes viscéraux. Dans ses chansons, Goodbye Karelle raconte l’amour qui éclate, la solitude qui colle, les souvenirs qui hantent. 

Son nouveau titre, Adi, explore les zones troubles de l’identité, du genre et du désir à la manière d’un journal intime. Son clip en témoigne aussi, comme un instant posé sur papier dont on veut se souvenir, quelque chose d’intime et de fragile qu’il faut mettre en mots et en images pour ne jamais oublier.

Arthur Fu Bandini – Anesthésie générale

Le garçon nous aurait presque manqué. On a cru en lui lorsqu’il figurait dans les finalistes du Prix Joséphine 2025. Il a défendu son excellent premier EP Ça n’a jamais été mieux avant (Vol.1) sur la scène de l’Olympia. S’il n’a pas été déclaré vainqueur, on lui souhaite de pouvoir investir cette dernière pour une date personnelle.

Le voilà désormais de retour avec un nouveau single Anesthésie générale qui annonce l’arrivée prochaine du deuxième volume. On nous murmure à l’oreillette qu’il faudra attendre le 21 novembre.

Mais pour patienter, Arthur Fu Bandini sait faire les choses bien. Il nous dévoile donc son nouveau titre Anesthésie générale en l’accompagnant d’un clip. Si vous prenez les transports en commun, il y a quelque chose qui vous sera extrêmement familier. On ne cessera de vous dire qu’Arthur Fu Bandini dépeint la société telle qu’il la vit, fasciné par son quotidien. Ici l’anesthésie c’est la métaphore d’un certain conditionnement. Les téléphones comme véritables prolongements des mains et parfois du cerveau. Arthur Fu Bandini campe son propre corps mais ne montre plus son visage au profit d’une simple paire de lunettes de soleil, incognito au milieu de tous les inconnus. Dystopique ? A peine.

On se réjouit de retrouver sa plume aiguisée, son geste musical quasi gainsbourien à la croisée des genres – ici on retrouve surtout la dominante dub et son affection des synthés -.  Il nous tarde de découvrir la suite de l’aventure. Pour les fans de live, la prochaine date parisienne aura lieu 16 janvier 2026 au Point Ephémère !

Thalia Rosaura – TÚ Y TÚ

Tourné dans un Sabor Latino, le nouveau clip TÚ Y TÚ signe le retour en force de de Thalia Rosaura qui ne nous avait pas fait danser depuis 2021 sur sa musique indie pop latine. Ça tombe bien, on est en plein dans l’été indien! De quoi nous faire danser encore quelques jours au soleil avant l’automne.

Swing – L’enfer 

Dans son nouveau titre, Swing met des mots sur la sérénité qu’on peut éprouver en présence d’un être cher. L’enfer raconte un amour heureux, vécu de l’intérieur. La sensation d’avoir chassé les ténèbres grâce à cette lumière nouvelle. Le frisson et le bien-être qui apaisent et réchauffent. Le plaisir de se voir dans les yeux de l’autre et de s’aimer un peu plus à son tour.

Mais aussi la difficulté à rassurer l’autre face à l’inconnu, à la délivrer de ses propres ténèbres par notre présence. « Elle me parle de ses sentiments / Comme d’une arme dans l’tiroir / Qu’elle veut pas sortir par peur du mal que je ferais avec. » En déclarant son amour, Swing encourage aussi l’être aimé à lâcher prise. Avancer sans certitude, c’est le propre de la vie et de toute relation. Puisqu’il est inutile de chercher des réponses à tout, autant accepter qu’on ait réussi à éloigner l’enfer pour un moment au moins. 

Le clip, signé Noah Yildiz et Misha Van der Werf donne une autre dimension au morceau. À travers des tableaux qui se succèdent, il accentue cette dichotomie entre ombre et lumière. Le rythme ralenti des images laisse toute la place aux chœurs du refrain – dans lesquels on a plaisir à déceler l’influence d’un D’Angelo. 

Une bien belle entrée en matière pour l’album de Swing à venir, dont L’enfer est le premier extrait.

The Red Clay Strays – People Hatin’

Le groupe de rock américain The Red Clay Strays vient de dévoiler son nouveau single, People Hatin’, appelant à l’unité dans un contexte de polarisation sociale aux Etats-Unis. Le chanteur du groupe, Brandon Coleman, a indiqué que le titre avait été choisi comme premier single de leur nouvel album, en réponse aux tensions politiques et sociales croissantes, notamment dans le contexte de l’assassinat de l’influenceur conservateur Charlie Kirk.

Le morceau cherche à dénoncer la haine, l’intolérance et le manque d’écoute entre individus, tout en appelant à plus d’empathie et d’amour. Le clip, réalisé par Matthew Coleman, appuie ces propos par des visuels sobres mais efficaces : scènes de confrontations, regards, contrastes de lumière et moments intimistes. Le tout vise à amplifier l’émotion du texte.

Avec People Hatin’, le groupe confirme sa volonté de toucher un public plus large, tout en s’engageant plus frontalement sur les sujets de société.

Robert Robert – FMLP

Après KIA RIO, FMLP (fout moi la paix) est le deuxième extrait du nouvel album à venir de Robert Robert, BOOST, annoncé le 23 octobre prochain. Avec ce nouveau clip/visualizer, on reste dans l’épopée du road trip qui cette fois-ci, c’est la panne sèche (ouin), un peu comme la relation qu’il raconte dans sa chanson et du pattern dans lequel il reste et qui fait qu’il sabote ses relations. Un peu comme quand on a la mauvaise habitude de ne pas vérifier ses pneus avant un long trajet. On sait que ce n’est pas malin et qu’on risque juste de crever et de se gâcher le week-end, mais on le fait quand même.

Léonie Pernet – Acid Niger

La chanteuse Léonie Pernet rend homme aux pays de ses ancêtres, le Niger, avec un titre onirique et libérateur. Il a dans Acid Niger la volonté, presque criée, des fous, des fêlés, des marginalisés de créer un nouvel espace de solidarité : « Nous, nous on rêve d’amour D’un temple dédié aux fous ». Cette hymne électronique et poétique est porté par des images générées par l’intelligence artificielle. Par ce procédé, la réalisatrice franco-sénégalaise Delphine Diallo accompagnée de The Oracle Codex A.I et Fulani Production, et Léonie Pernet possède une plus grande liberté de création pour faire du clip d’Acid Niger, un monde nouveau. Sans nul doute, celui évoqué par le texte Léonie Pernet.