Les clips de la semaine #275 – Partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre voici la seconde partie de notre 275ème sélection des clips de la semaine.

Blasé – Je ne t’aime plus

Cet été, lorsqu’on a rencontré Blasé, il nous a expliqué que son album pouvait être rangé entre Mr.Oizo et Manu Chao. Si on avait trouvé ça un brin surprenant à l’époque, l’idée prend désormais tout son sens puisque le musicien franco-américain vient de dévoiler sa reprise de Je ne t’aime plus.

Tube intemporel, je ne t’aime plus se voit transformé par la moulinette Blasé, le musicien y insufflant ses obsessions et sa production, y apposant un côté rêveur sur basse hyperactive, jouant avec les contrastes et offrant au morceau une nouvelle lecture moderne tout en gardant son côté désenchanté et décalé.

Le clip de Bob Jeusette suit aussi cette trajectoire en nous offrant une pastille DIY et drôle. Une vidéo pleine de non sens et étrange dans laquelle on ressent malgré tout la solitude et la tristesse d’un garçon qui semble vouloir se convaincre que l’amour est parti et qu’il faut s’en accommoder. On le suit alors dans son quotidien, cherchant malgré tout à continuer à vivre et à avancer.

Pour le reste, on retrouvera prochainement Blasé sur scène dans le cadre du MaMa Music & Convention.

Chamberlain – N°7

La musique de Chamberlain a toujours eu un aspect visuel très prononcé. Rien d’étonnant alors que le musicien se soit amusé à compilé des morceaux de films divers et variés pour mettre en image son dernier titre, N°7.

Un petit jeu ludique donc, de s’amuser à découvrir les différents films cités tout en se laisse emporter sur la route du dernier extrait de CITY-SOUS-BOIS.

N°7 n’est pas une autoroute en forme de ligne droite, mais bien un petit chemin de campagne qui s’explore et qui laisse découvrir ses paysages au fur et à mesure des écoutes. On peut effectivement regarder l’horizon au loin, le morceau ayant un petit côté répétitif et contemplatif qui peut apaiser et laisser l’esprit s’évader.

Pourtant c’est dans les petites touches, dans les variations et les échappées que N°7 laisse entrevoir tous ses trésors. Un morceau instrumental enlevé et enivrant qu’on prend plaisir à écouter encore et encore, comme ces routes que l’on croit connaître par cœur mais qui laissent toujours apparaître un petit détail qui nous surprend.

Alors suivez notre conseil : prenez la route avec Chamberlain.

Triggerfinger – Stars

Alors que nous nous apprêtions à revenir sur le fait que les belges de Triggerfinger évoluent désormais en formule duo, c’est avec tristesse que l’on lisait ce samedi matin le post de son charismatique leader Ruben Block annonçant le décès de leur ami – et ancien bassiste – Paul Van Bruystegem des suites d’un long combat contre la maladie.

Stars signe le grand retour de Triggerfinger après six ans de silence. En introduction, on pourrait croire que le groupe délaisse le rock mais en réalité le morceau se transforme en une matière musicale très groovy, dansante avec une ligne de chant plus claire.

Ruben Block et Mario Goosens s‘agitent en slow motion et en noir et blanc devant des caméras qui pourraient être des paparazzis, jouent entre la clarté et le flou. Dans Stars, le duo interroge les différences intergénérationnelles, l’importance de tracer sa route en faisant fi des prétendues conventions ou éventuelles attentes de l’entourage puis de la société.

Quelque chose nous dit que le groupe prépare une grande tournée pour célébrer son retour sur les devants de la scène. Pour la France, les rendez-vous auront lieu le 5 novembre à Béthune, le 6 novembre à Savigny-le-Temple, le 7 novembre à Belfort, le 10 décembre à Nantes, le 11 décembre à Argenteuil, le 12 décembre à Mâcon et enfin le 13 décembre à Sedan.

oda. – what’s in my head

Ces nuits où le sommeil se dérobe, comme si l’univers avait décidé de faire glisser votre esprit dans un trou noir domestique. Chaque pensée tourne en orbite, s’entrechoque, disparaît puis réapparaît, et vous vous retrouvez spectateur de votre propre chaos intérieur. L’insomnie n’est plus une punition, mais un territoire étrange, où le temps se dissout et où les émotions prennent la densité d’étoiles froides.

Dans ce vertige, il suffit d’une fenêtre ouverte pour que le monde extérieur murmure sa constance. Ces fragments lumineux, minuscules brûlures silencieuses, deviennent des ancrages dans l’infini : ils n’ont besoin de personne pour exister, et c’est précisément ce détachement qui les rend réels. what’s in my head berce cette tension subtile, entre un intérieur saturé de pensées et un extérieur d’une clarté glaciale.

Il y a une fragilité sincère et organiquement belle dans cette errance nocturne. Le vertige intérieur devient un paysage, le chaos mental se transforme en constellation. Nous ne cherchons qu’à ressentir, à flotter vers la gravité et la lumière. Et dans ce balancement, la nuit, le vide et le ciel deviennent des compagnons omniprésents, complices d’un moment où tout, même l’esprit, est à la fois perdu et surtout vivant.

Malaimé Soleil – Tout rattraper

Après Quessé, Malaimé Soleil sort son nouveau titre Tout rattraper qui sera présent sur leur deuxième album Fragile, prévu pour mars 2026. ET ON A HÂTE! Après leur premier album Tempête sorti en 2023 et qui a tourné depuis sur tous les festivals au Québec et qui fait salle comble à chacun de leurs passages, on est dans une attente grandissante de découvrir de nouvelles tounes de notre groupe préféré de Saint-Hyacinthe! Dans ce clip, le chanteur Francis Leclerc nous expose la dichotomie de la vie, entre ce que l’on veut faire et ce que l’on fait vraiment, ce à quoi on aspire et ce qui nous arrive dans la vraie vie Mais est-ce que finalement, tout ne s’arrange pas quand on tombe en amour dans un spectacle?

Mick Jenkins & EMIL – DeadStock

Coup de poing, coup de pied, gifle en pleine face : peu importe la forme des chocs, ce qui compte, c’est d’y surmonter. L’association de Mick Jenkins & EMIL apporte cette secousse taillée pour vous révéler.

Paru cette semaine, leur album A Murder of Crows trace un chemin musical à la fois sincère et percutant. L’alliance rythmique et mélodique des deux artistes déploie un tapis sonore où l’on peut marcher, s’arrêter, réfléchir, toujours avec intelligence et humanité. La vie, parfois lourde à porter, les croyances que les autres projettent sur nous, les difficultés à s’en libérer… tout cela trouve une clarté limpide dans DeadStock, récit dur mais lumineux, qui rappelle l’importance vitale de rester fidèle à ce que l’on est.

Feutré et groovy, le morceau s’inscrit parfaitement dans l’univers initié par ces artistes : une approche minutieuse, ciselée, qui n’exclut jamais, mais au contraire accueille quiconque souhaite s’y plonger. À l’image du clip, ce disque agit comme un miroir : il reflète le monde qui nous entoure, mais au centre de ce reflet, c’est toujours nous-mêmes que nous retrouvons, non pas dans la vanité, mais dans le respect humble et nécessaire de notre propre être.

Bertrand Belin – Berger

Grande semaine pour Bertrand Belin et ses fans ! Après de longs mois d’attente, le dandy breton dévoile enfin son nouvel album Watt. Et comme pour guider cette sortie, le nouvel extrait clippé Berger a ouvert le chemin quelques jours avant.

Un 4e et dernier single qui, après L’inconnu en personne, Pluie de data et La béatitude, lève un peu plus le voile sur ce nouvel opus sans pour autant tout révéler. Il recèle en effet d’autres pépites qu’on ne peut que vous encourager à découvrir (on pense par exemple à Tel qu’en moi-même, Watt ou encore Seul).

L’écriture talentueuse de Bertrand Belin, teintée de mystère, est toujours ouverte à mille interprétations et propice en cela à l’appropriation d’un large public.

« Chanson de pâturage mental pour se dandiner » nous dit-il pour introduire cet étonnant Berger. A la première personne, Bertrand Belin confesse ne pas « avoir fait berger » par peur de perdre son troupeau. On y voit l’expression de sa grande humilité, l’absence de prétention de vouloir guider les autres. Et pourtant, la voix de ce grand artiste solidement ancré dans le paysage de la chanson française compte et inspire. Bertrand Belin a imposé son style et trace sa route. Qui l’aime le suive, et à La Face B, on l’aime !

On ne peut aussi s’empêcher de penser à la comptine « Il pleut, il pleut bergère », dont Berger pourrait être librement inspiré ?

Pour accompagner ce Berger à la rythmique chaloupée, Bertrand Belin a choisi de nous emmener dans un bowling. On le voit seul, qui se dandine avec humour et légèreté sur une piste, baigné de magnifiques lumières. Un décor haut en couleur qui nous a d’abord étonné, mais qu’on a finalement vu métaphorique, comme un théâtre de la vie. Le joueur de bowling, en quelque sorte berger, guide sa boule avec plus ou moins de talent et de chance, sur une piste glissante à souhait. La boule suit une trajectoire qui peut aussi bien la mener au strike que dans une rigole. A méditer…

Bertrand Belin sera en concert dans toute la France dès le mois de novembre, et de passage à Paris dans une Cigale déjà complète les 19, 20 et 21 mars 2026. Une nouvelle date a été ouverte le 22 mars. Prenez vos places ! 

James Baker – Jtm un peu

Impossible que vous ayez déjà oublié ! Il y a peu l’artiste français James Baker a sorti la première partie de son nouvel EP Romy Rose. Si vous ne connaissiez pas déjà son goût pour le cinéma, ce projet est directement inspiré du film de Michel Gondry, Eternal Sunshine of the Spotless Mind. Cette semaine on vous parle de Jtm un peu, un titre de l’EP que l’on écoute déjà en boucle.

Sensations fortes garanties ! Le morceau est pop et entraînant. L’intro fait monter la pression et le suspens, on plonge en quelques secondes dans un univers rétro futuriste. Le clip a été réalisé par Simon Vitkovsky. Face à un psy/geek/scientifique, les deux protagonistes assis sur le divan, interprétés par Josephine Schwarz et James Baker, se préparent à vivre une expérience déroutante. On retrouve une référence au célèbre « casque à effacer la mémoire » de Michel Gondry. Sur l’écran cathodique, les pixels grésillent, les souvenirs se réactivent. C’est comme un retour sur les pas de leur rencontre. Leurs visages se transforment. C’est une immersion dans un coin mystérieux et reculé de la boite crânienne, que l’on a tous quelque part en nous. Les plans sont très bien construits, et le rythme ne retombe jamais.

Avec ce titre, James Baker nous propose une véritable petite fiction. C’est beau, sensible et puissant à la fois. La référence dans cet EP est extrêmement bien utilisée, et enveloppée dans sa musique. On a déjà hâte de découvrir la deuxième partie de Romy Rose !

Mimi Mono – Samedi Comédie

Quand bien même on est dimanche, on célèbre le samedi avec Mimi Mono qui nous présente Samedi Comédie. Premier extrait de son premier EP à venir le mois prochain, il se révèle à nous comme l’ambiance chaleureuse d’une soirée entre amis où l’on s’apprête à rencontrer également de nouvelles personnes, à se laisser bercer par les possibilités qu’offrent la nuit.

Avec une intro qui évoque de la City Pop grâce à son air enjoué et ses rebondissements mélodiques, le chanteur Nordiste nous entraîne ensuite dans un univers un peu plus chanson avec des mots qui sont tenus sur le refrain. Dans tous les cas, sa mélancolie fait mouche et à peine le morceau terminé on se surprend à continuer à chanter saaaaaaaamediiiiiii cooooomédiiiiiiie, c’est parti pour les reste de la journée. Côté images, un panel d’effets lumineux qui nous évoque les boîtes de nuit des années avant 2000 (une époque étrange où on payait l’essence en Francs et où internet en était à ses tout débuts), surplombés par une puis plusieurs bouches hypnotiques qui scandent les paroles pendant tout le titre.

A la fixer pendant le titre, on en oublierait presque de danser mais c’est pour ça qu’existe le bouton “replay” !

Zelooperz – Hypnagogia

Issu de son dernier album Dali Ain’t Dead, Zelooperz propose un clip nerveux, frénétique, rachitique à l’image du super album qu’il représente. Le côté saturé qu’offre la réalisation de Cam Hicks, propose un visuel hyper riche avec mille images à la seconde. 

Comme le nom de l’album l’indique, le rappeur prend ici le parti de reprendre l’esthétique du célèbre peintre Dalí. À son image, tout y est déstructuré, cassé et incompréhensible. Ce qui parvient à retranscrire ce côté chaotique, est l’abstrait qui né à la fois d’un clip où tout peut et va se passer, et le rappeur, qui ici surf sur cette vague de l’Abstract Rap qu’il chérie tant. Créer une esthétique absurde dans les codes crasseux du rap, c’est un pur plaisir.

On reste, cela étant, sur une réalisation parfois “attendue”, avec des zooms et dézoomes assez brutaux et des effets de duplications déjà vu ailleurs. Mais cette colorimétrie, assez terne, redonne un côté vraiment plaisant au tout. C’est beau, c’est riche, la fusion de deux univers fonctionnent à merveille, et c’est une assez juste représentation de l’album de Zelooperz, lui qui n’est pas à son coup d’essai dans ce registre.  

Geese – Taxes

Véritable rouleau compresseur cette année, comme il semble avoir conquis absolument tout le monde, Taxes est un des singles porteurs de Getting Killed. C’est rugueux, crade, rendu amateur tellement bien maitrisé. Là encore, c’est rapide et tout en tension. 

Ce premier single est un pur bonheur de réalisation. Noel Paul opte ici pour un univers grunge, étouffant où l’on passe d’une première partie “vlog”, à un aspect épileptique euphorisant.

On ressent un visuel poisseux, un peu dégoulinant de crasse avec une lumière absolument sublime. Le décalage avec la sonorité très planante du groupe crée ici un véritable rêve lucide où l’on aime se perdre. L’album a autant plu aussi pour cette raison, ce que l’on voit et entend du projet est divinement beau.