Les clips de la semaine #277 – partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite on vous invite à découvrir la première partie de notre 277ème sélection des clips de la semaine.

Clara Luciani – Cette vie

Certains la connaissent en tant qu’ex-membre du groupe français La Femme, d’autres comme artiste quatruplement primée aux Victoires de la Musique. Aujourd’hui, Clara Luciani, c’est surtout une artiste qui ne cesse de se faire sa place dans la musique française.

Un an après la sortie de son album Mon Sang, la chanteuse revient avec le clip de Cette vie, le titre qui ouvre son troisième album. Sorti le 15 octobre, ce clip aux accents de comédie romantique nous plonge dans les rues de Paris, de Montmartre au Quartier Latin.

À travers ce morceau, Clara Luciani célèbre les petits bonheurs de la vie malgré les difficultés. Le clip met en scène deux inconnus dont les chemins se croisent sans cesse dans un Paris en perpétuel mouvement : acheter des viennoiseries, passer du temps entre amis, profiter de l’instant présent. Les deux protagonistes, interprétés par Clara Luciani et Sam Sauvage, finissent par se rencontrer dans une salle de cinéma, comme si Paris s’arrêtait enfin pour eux.

Yvnnis – PRESIDENTIEL

Il ne faut surtout pas déranger Yvnnis en cette fin d’année. Pour accompagner la sortie de sa première mixtape DND, l’artiste, désormais bien installé, nous offre le clip d’un des titres les plus catchy de sa discographie : PRESIDENTIEL. L’époque des petits EPs traînant un boulet de doutes est derrière lui, cette fois, il brise les chaînes et s’affirme plus confiant que jamais dans son art.

Dans le chaos gouvernemental actuel, PRESIDENTIEL mène sa dictature à lui tout seul avec une instrumentale bondissante et des paroles empreintes de résolution. En compagnie d’un dalmatien, c’est en totale paix avec lui-même qu’on a l’impression de le retrouver. High kick bien placé, pour sa première mixtape, le Fontenaysien renoue, depuis son COLORS BIG SHOT, avec une approche davantage axée sur la dégaine et les détails de sa plume.DND est une bonne façon d’immortaliser la symétrie et la balance que Yvnnis conquiert enfin.

Les batteries sont rechargées à bloc pour un projet qui souffle un vent d’air frais sur sa carrière, qui resserre petit à petit les écarts et les doutes ressentis quelques années auparavant.

Xavier Polycarpe – Broken Cliff 

Voilà six mois que Xavier Polycarpe nous fait danser et nous émouvoir avec son EP Instant, sorti le 18 avril – dont il nous avait parlé en juin. Six titres qui constituent une mosaïque de moments de vie, et à travers lesquels il explore à sa façon la thématique du temps qui passe, déjà présente dans son EP Minute

Cette semaine sort le clip de Broken Cliff, certainement le morceau le plus mélancolique de l’album. Il y est question de rupture et d’acceptation : arriver au bout d’une relation comme on arrive au bout d’un chemin et se retrouver au bord d’une falaise, le vide sous ses pieds. Être pris de vertige, chercher une issue, puis accepter de s’asseoir et de regarder le soleil qui se couche dans l’océan. Alors qu’il arpente les sentiers et court le long d’une falaise brisée, l’artiste nous parle du deuil d’une relation, et du tourbillon d’émotions qu’il implique.

Broken Cliffoffre malgré tout un certain réconfort aux cœurs brisés, avec ses chœurs qui enveloppent, et son discret autotune qui ajoute à la douceur du morceau. Le clip, joliment réalisé par Christophe Axford, offre un regard sensible sur ce cheminement qui suit la rupture, et donne à voir la beauté douce-amère d’un soleil couchant. 

MARO – I OWE IT TO YOU

MARO a récemment annoncé la sortie de son album SO MUCH HAS CHANGED, qui promet de réchauffer nos soirées d’hiver à partir du 27 janvier. Pour aider ses fans à patienter jusque-là, elle sort cette semaine le premier single de l’album, intitulé I OWE IT TO YOU.

Celui-ci s’accompagne d’un clip réalisé par l’artiste elle-même et Louie Jacob. Il suit un groupe d’amis qui jouent comme des enfants sur la plage. Les vagues, les courses-poursuites, les rires autour du feu, tout est capturé par une caméra qui se fait oublier. À travers ces moments partagés, MARO donne à voir, sans artifice, l’amour qu’elle porte à ses proches, à qui cette chanson est dédiée. 

De sa voix de velours et avec une douceur qui parlera aux fans de Sufjan Stevens, l’artiste portugaise rend hommage à sa famille, « qui lui a appris l’amour profond et véritablement inconditionnel ». Un amour qui réchauffe, allège, et rend libre, à l’image de ce groupe d’amis. 

Une très belle entrée en matière pour cet album à venir, dont on guettera attentivement les singles d’ici janvier.

Solann feat Yoa – Thelma et Louise

Solann et Yoa carburent à la sororité fiévreuse avec le morceau Thelma et Louise. Les deux Révélations 2025 – féminine pour la première, scène pour la seconde – réinterprète le duo du mythique film de Ridley Scott. Comme Thelma et Louise, Solann et Yoa s’engagent dans un road trip pour s’affranchir du monde où les idoles tombent, à raison. Elles chantent en chœur ce refrain : « Et je vais tuer mon idole, prendre la fuite / L’effacer au vitriol, gloire aux folles ». La musique accompagne ce périple par des guitares aux reverb dignes des plus grands westerns.

À la réalisation, Ilyana Guillon et Antoine Zago Honnorat ne tombent pas dans le piège de reprendre une esthétique typique et attendue du road movie. Les deux réalisateurs créent pour Thelma et Louise un univers référencé, très inspiré par le surréalisme qui mêle live action, animation 2D et 3D. Ce morceau sera disponible sur Si on tombe ça sera beau (promis), la version augmentée du premier album de Solann. Que l’artiste dévoilera à la fin du mois. 

Oliver Sim – Telephone games

Oliver Sim, membre de l’excellent groupe britannique The XX, fait monter la température cette semaine en dévoilant le single inédit accompagné du clip Telephone games. Un titre électro-pop efficace, dans la droite ligne d’Obsession publié il y a quelques semaines, qui marque le retour solo d’Oliver Sim depuis Hideous bastard en 2022.

Telephone games nous transporte dans l’univers du téléphone rose, bien loin du porno trash d’aujourd’hui. Oliver Sim se prête avec un certain talent au jeu du séducteur hot qui viendra briser la solitude et apporter un peu de chaleur humaine, moyennant 2,49 £ la minute.

Le clip réalisé par Sharna Osborne convoque la même esthétique 80’s que dans Obsession. De multiples références qui raviveront la nostalgie des millenials : le grain de l’image comparable aux fameuses cassettes VHS, le téléphone à cadran rotatif, le tshirt blanc mouillé, etc. Un titre qui semble donc confirmer les premiers contours d’un nouveau projet solo so 80’s. 

Flock of DimesKeep Me in the Dark

Avec le titre Keep Me in the Dark, Flock of Dimes aka la musicienne américaine Jenn Wasner confirme le virage introspectif amorcé dans son dernier album, The Life You Save, sorti ce mois-ci chez Sub Pop.

Il y a dans la voix de Jenn Wasner une tension fragile, une douceur toujours sur le fil. C’est précisément ce que capte Keep Me in the Dark, ballade mélancolique et lumineuse à la fois, qui explore l’ombre qui rôde dans les relations intimes, cette peur d’être invisible aux yeux de l’autre tout en espérant une acceptation totale.

« C’est une chanson d’amour, mais d’un amour sans illusion, sans possession », explique Wasner. Le titreévoque l’idée d’une relation qui ne cherche ni à corriger ou à contrôler, mais à accueillir. Une vision mature que l’artiste incarne avec pudeur sur une production aérienne, tout en claviers feutrés, percussions discrètes et silences assumés.

Le clip, réalisé par Spence Kelly, s’inscrit dans la meme veine dépouillée. Tourné en lumière naturelle, avec des plans fixes et une esthétique presque contemplative, il suit Wasner dans une série de tableaux sobres, où chaque mouvement semble pesé, chaque regard chargé d’un monde intérieur. 

Avec Keep Me in the Dark, Flock of Dimes ne cherche pas à faire du bruit, mais à créer un espace. Pour ressentir, et se reconnaître peut-être dans ces zones grises que la pop éclaire rarement. 

Courtney Barnett – Stay In Your Lane

Stay In Your Lane débarque sans fioritures, avec la force d’une pulsation mal réglée, un battement qui s’obstine malgré tout à nous parvenir, et pour cause.

Ce nouveau titre, sec et dense, respire le doute autant que l’endurance. Il avance à pas irréguliers, porté par cette tension familière chez Courtney Barnett, celle d’une pensée qui hésite entre abandon et lucidité. Derrière les guitares rugueuses, nous entendons surtout le bruit intérieur d’une remise en question, la question de continuer à nous réparer sans nous trahir et de ne pas nous dissoudre dans l’aide que nous recevons.

Ce qui touche, c’est la pudeur dans la brutalité. La musicienne laisse la tension exister, comme si chaque note contenait déjà sa propre interrogation. Ce single ne prêche rien d’autre que l’écoute intérieure, cette part de nous que nous négligeons à force de vouloir bien faire.

C’est un morceau qui ne délivre pas de message clair, et c’est précisément pour cela qu’il reste en tête. Il nous hante doucement et s’inscrit dans un vaste héritage musical où la sonorité n’a pas besoin d’être attendrissante pour glisser jusqu’à nous.

Rilès – I THOUGHT

Vous avez peut-être eu la chance d’apercevoir Rilès en pleine traction, alors que vous attendiez votre Flixbus. Vous lisez bien, le clip I Thought a été tourné en plein Bercy !

Fidèle à lui-même, Rilès continue de prouver qu’il est toujours en SURVIVAL MODE.

Dans ce clip, il nous émerveille une fois de plus, aussi bien musicalement que visuellement.
Il commence en noir et blanc, la seule touche de couleur étant une main rouge, qui évoque un gant de boxe. Autour, les gens s’entraînent, comme s’ils se préparaient à un combat. Sa voix dévoile une grande douceur, portée à la fois par les paroles et par les accords mélodieux de la guitare.

La seconde partie du morceau arrive soudainement et fait monter la tension. Le rouge envahit l’écran, tandis que la guitare électrique intensifie le rythme.

Le clip est à la fois captivant et dynamique : jeu de couleurs, de mouvements et de rythmes. Il construit un univers visuel fort et personnel. D’un côté, la puissance physique, la tension du corps en action ; de l’autre, la douceur hypnotique de la voix et de la musique.

Pour ceux qui veulent vivre le SURVIVAL MODE en direct : Rilès sera en concert le jeudi 12 février 2026 à l’Accor Arena de Bercy !

Sudan Archives – A BUG’S LIFE

Le dernier titre de Sudan Archives, A BUG’S LIFE, impose sa présence comme un vent capable de changer la direction de tout ce qu’il touche.

Ne se présentant pas comme une simple trajectoire, ce nouveau morceau s’installe à l’image d’un champ de force. L’artiste américaine avance dans des interstices que nous n’oserions pas franchir, avec une audace qui se mesure dans le vide qu’elle laisse derrière elle. Rien ne s’y fige, rien ne s’y explique ; l’imprévisible devient une routine et la force se fait légèreté.

Extrait de son dernier album, THE BPM, sorti vendredi, cet instant musical, aussi hypnotisant que dansant, est une matière vivante, un frisson qui traverse le corps et refuse de s’installer confortablement. La musicienne y fait respirer la liberté et la fragilité en même temps, une tension qui n’appartient qu’à elle et nous accompagne longtemps après que le son s’est tu.