Les clips de la semaine #277 – partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre, on vous invite à découvrir la seconde partie de notre 277ème sélection des clips de la semaine.

Johnny Jane – Hardcore

Quelqu’un chante t’il mieux l’amour moderne que Johnny Jane ? On est en droit d’en douter, et Hardcore, son nouveau single, le prouve une nouvelle fois.

Alors qu’il s’apprête à faire deux dates exceptionnelles au Trianon, le musicien revient dans la lumière avec un titre déjà présenté précédemment sur scène. Hardcore, c’est l’amour et la peur qu’il peut provoquer, les émotions qui débordent et qu’on a peur de ne pas contrôler.

Comme toujours, Johnny Jane raconte avec brutalité et poésie, les atermoiements d’une génération en perte de repère et de stabilité, qui se crame dans les nuits sans fin et les émotions fortes sans jamais vraiment les comprendre vraiment.

Et si il y a bien une relation qu’il n’a pas peur de vivre, c’est bien celle qui le lie à Clovis Porcher. Le réalisateur est une nouvelle fois derrière la caméra pour Johnny Jane et c’est comme si l’on observait la suite histoire qui s’était éteinte pour mieux se raviver.

Nous revoilà à nouveau dans un champ, avec cette façon si particulière de filmer le bleu du ciel, de s’offrir des plans iconiques et léchés, d’y glisser des références et un passage ultra onirique en noir et blanc où deux personnages se font face à face et se mêlent.

La vidéo se terminent sur un feu de joie, un piano qui crame comme un appel à tout brûler pour mieux recommencer ? Seul l’avenir nous le dira mais ce qui est sûr, c’est qu’on attend fermement la suite des aventures musicales de Johnny Jane.

Gorillaz – The Manifesto ft. Trueno & Proof

Gorillaz poursuit son escapade sonore en Inde avec ce deuxième titre dévoilé de l’album The Moutain prévu pour mars 2026. Ce nouveau projet présenté comme un album collaboratif, comptera 15 tracks et plus d’une vingtaine de featurings.

Le groupe continue donc de nous mettre l’eau à la bouche avec The Manifesto : une hallucination collective de 7 :19’. Fidèlent à eux-mêmes Gorillaz ymélangent les genres musicaux et les collaborations inattendues. Damon Albarn chante ici aux côtés du rappeur argentin Trueno et du défunt rappeur Proof originaire de Détroit ; des artistes avec lesquels le groupe britannique a déjà collaboré par le passé sur scène et/ou en studio.

Trueno ouvre le bal avec des couplets en espagnol sur fond de musique aux sonorités traditionnelles indiennes. Le rappeur apparait dans des paysages psychédéliques de Jaipur, baignés dans une esthétique vintage (si ce n’est pour dire kitsch). Il cède successivement la place aux personnages de fiction emblématiques de Stuart Tusselpot, Murdoc Niccals, Russel Hobbs et Noodle, en adéquation parfaite avec leur environnement.

Damon Albarn pose ensuite sa voix sur cette instrumentation qui devient de plus en plus familière et obsédante. « The moutain it is high. The moutain is sad so the moutain cry » chante-t-il d’une voix saturée et mélancolique, comme filtrée à travers un ancien combiné téléphonique. Des paroles qui prennent vie à travers de vieilles séquences mettant en scène des hommes à l’allure de musiciens de country, jouant du banjo et du violon.

Alors que la chanson semble s’arrêter après environ 3 minutes, c’est à ce moment-là que Proof fait son entrée. Le son prend alors une tout autre direction : plus agressive, plus rap, les instruments cèdent leur place aux cuivres. Le rappeur apparait dans des plans saccadés, difficilement discernables à l’image. A la suite de cet interlude, Trueno et Damon Albarn reprennent le relais et l’atmosphère musicale s’apaise progressivement.  

En somme, The Manifesto, expérimentation aussi déroutante qu’intrigante, parvient à offrir une combinaison sonore tout à fait intéressante. Ce morceau nous laisse clairement sur notre faim, il nous donne envie d’en entendre davantage. Il ne reste qu’à patienter jusqu’à la sortie de l’album… A moins qu’un nouveau titre ne pointe le bout de son nez dès le mois prochain

Odezenne – Hey Joe

Odezenne est un groupe bordelais emblématique de la scène alternative française, reconnu pour son mélange singulier de rap, d’électro et de poésie crue. Formé en 2007 par Alix Caillet, Jacques Cormary et Mattia Lucchini, il s’est imposé par une écriture introspective et un univers sonore toujours novateur. Leur indépendance et originalité en font une référence, capable de renouveler le genre à chaque album.

Mercredi dernier, le groupe nous a enfin révélé le clip de Hey Joe. Dès les premières minutes, Odezenne confronte le spectateur à une suite d’interrogations existentielles. Des jeunes s’expriment face caméra sur la vie, la mort, et ce qu’il reste entre les deux. Ces confidences brutes, empreintes d’authenticité, se mêlent à des instants de rires partagés, comme pour rappeler que la légèreté n’est jamais très loin du vertige.

Puis, le décor change : de longs couloirs froids, où des danseurs maquillés déambulent lentement, offrant une chorégraphie bancale et symbolique, entre rituel funèbre et célébration du vivant. Les regards caméra, lourds de questions, répètent : « Hey Joe, qu’y a-t-il après la mort ? » avant de se muer, plus tard, en une interrogation inverse : « Hey Joe, qu’y a-t-il avant la mort ? ». Ce glissement narratif marque le cœur du propos : la danse pour conjurer la mort devient danse pour embrasser la vie.

Avec ce clip, Odezenne signe une méditation visuelle et poétique sur le sens de l’existence.

Big Special – Paintive Native

À peine deux mois après la sortie surprise de leur deuxième album National Average en juillet dernier, le duo de Big Special reviennent déjà avec un inédit percutant, Plaintive Native. Les gars de Walsall ne font jamais de pause : Joe Hicklin et Callum Moloney enchaînent la tournée européenne – avec une date complète à la Boule Noire le 29octobre.  

Dans la lignée de Postindustrial Hometown Blues, leur premier album acclamé, ils signent un titre aussi lucide que viscéral, où la colère polie se transforme en uppercut social. Joe Hicklin explique :   « La chanson parle du tumulte politique qui embrouille les esprits de la nation et transforme la conviction morale en apathie. Elle évoque l’inquiétude face à l’avenir et le manque d’espoir. C’est la confusion de vouloir être bon quand tout va mal, sans savoir comment avancer ni à qui faire confiance parmi tous ces doigts qui s’agitent et ces poings qui se lèvent. »

Plaintive Native est le cri d’une génération perdue dans la cacophonie morale et la désillusion politique. Musicalement, le morceau avance comme une machine en marche. Elle se scinde en deux parties. La première partie est tendue, nerveuse, presque anxiogène — comme la situation qu’elle décrit. Une batterie de combat ouvre la danse, suivie d’une basse puissante qui donne la cadence. Le texte – à moitié chanté, à moitié crié – est un enchaînement de constats amers et de pressentiments lucides. « War / It’s just another war / Best get out our pens / And heave the holy oar. » Puis, à mi-parcours, le morceau bascule vers une seconde partie plus rock-électro, qui relâche la pression sans perdre l’intensité. La voix se fait plus mélodique, le souffle revient, avant un final rageur où le chant se fait diatribe « Our kids will ignore the setting sun / Another plaintive native / That bleeds the blood of everyone. ». Ce contraste, entre lucidité et désespoir, entre rage et résilience, incarne tout ce qui fait la singularité de Big Special. Leur rock est social, post-punk, profondément humain. Il cogne autant au cœur qu’à la tête.

Le clip, signé Clump Collective, prolonge parfaitement cette tension. On y voit une jeune femme, Alex Guo, allongée, entourée d’écrans de télévision. Elle scrolle sur son téléphone, absorbée, tandis que sur les écrans défilent des visages fragmentés — yeux, bouches, dents scandant les paroles. Les images en noir et blanc contrastent avec la jeune femme en couleur, figée dans une torpeur hypnotique. La caméra plonge dans son regard vide, miroir d’une génération saturée d’images et de vacarme. Minimaliste et oppressant, le clip agit comme une métaphore visuelle de la lobotomie collective que dénonce la chanson.

LE VENIN – AMI 

À peine remis de EXTASE, LE VENIN revient en force avec AMI, dernier extrait avant sa AUTO-CONSTRUCTION MIXTAPE à paraître le 24 octobre chez Simone Records.

Porté par une production hyper-pop éclatée, le morceau explore la complexité des relations, la dépendance et le désir de se reconstruire. Ou comme il le dit si bien : « En gros, c’t’une breakup song qui parle de poudre. »

Le clip minimaliste signé Sam Billington, tourné au fisheye, accentue cette tension entre perte de repères et recherche d’équilibre, et toujours dan la même esthétique que de huis clos que dans son clip précédent.

oui merci – Plus près

Le quintette oui merci fait son grand retour avec Plus près, premier extrait paru sous l’étiquette Duprince, prélude à un second album réalisé par François Lafontaine (Karkwa, Galaxie, Klaus) attendu pour 2026.

Entre douceur hippie et tension punk, la pièce mêle guitares acoustiques lumineuses et énergie brute. Ludovic Leblond, chanteur et guitariste, y explore la proximité émotionnelle et spirituelle : “laisser mourir des parties de soi pour grandir”, dit-il, inspiré par Arielle Soucy, Christian Bobin et ses lectures mystiques. Plus près devient alors une prière rock, à mi-chemin entre introspection et cri du cœur collectif.

Le clip signé Alec Lemonde traduit parfaitement cette dualité : on y suit Ludovic jouant calmement dans sa chambre avant qu’une simple brassée de lavage ne se transforme en performance punk dans un sous-sol survolté, observée par une poupée à son effigie.

Une mise en scène absurde et poétique qui capture toute l’essence de Plus Près : la beauté du chaos, la tendresse dans le vacarme.

The Last Dinner Party – Count the Ways

Après le succès de leur premier album Prelude To Ecstasy, The Last Dinner Party poursuivent leur ascension avec From The Pyre, sorti le 17 octobre 2025 (Island Records). Ce second chapitre se présente comme une fresque mythologique où tragédie et renaissance se mêlent, portée par l’intensité dramatique qui définit le quintet londonien. « Cet album est une collection d’histoires reliées comme un mythe », expliquent-ils. « The Pyre est un lieu allégorique où ces récits prennent vie, un espace de destruction mais aussi de régénération, de passion et de lumière. »

Quatrième extrait dévoilé, Count The Ways transforme le cœur brisé en un crime de passion, entre serpents venimeux, poignards et pois amers. L’introduction repose sur un riff de guitare ’70s rock, riche et mélodique, traduisant urgence et danger. La voix dramatique d’Abigail Morris surgit, intense et presque colèreuse, incarnant la tempête émotionnelle d’un amour à la fois magnétique et destructeur. Le refrain, entêtant et obsessionnel, contraste avec les couplets. 

Le clip, réalisé par Grajper et conçu par Studio Island, plonge dans une nuit étrange et fascinante. Le clip commence par des chèvres qui jouent à saute-moutons au-dessus de maisons miniatures dans la pénombre. Puis on découvre le quintet, gigantesque tel un rêve d’Alice au Pays des Merveilles. Certaines arpentent cette ville miniature illuminée par la pleine lune. Abigail Morris est coincée à l’intérieur d’une maison miniature. Au refrain, le quintet  caresse des lapins, adossés aux maisons, créant un contraste troublant entre douceur et étrangeté. Des plans isolés de colombes battant des ailes comme pour l’envol, ajoutent une tension poétique. La pleine lune domine la scène, symbole de mystère et de rituels secrets. Le clip se conclut par un homme en sang courant dans l’herbe, esquivant des flèches, scellant la dimension dramatique et mythologique du morceau.

Entre paroles perçantes et arrangements anthemiques, le lien central reste la production : chaque détail est soigneusement placé, permettant à l’émotion brute du groupe de circuler librement, mêlant danger, beauté et libération émotionnelle.

Count The Ways s’impose comme un titre phare en live. From The Pyre promet de déployer toute la puissance scénique et vocale de The Last Dinner Party, à découvrir notamment lors de leur tournée européenne, avec une date très attendue à Paris en février 2026.

Laraw – Sorry 

Figure montante de la pop alternative montréalaise, Laraw poursuit son ascension avec Sorry, un morceau indie-pop à la fois lumineux et vulnérable. Après Milk and Sugar, elle signe ici une chanson empreinte de regrets et de désir de réconciliation, portée par une mélodie douce-amère et un refrain irrésistible.

Coécrite avec Eva Honey et réalisée par Tim Buron tandis que Jeremy Lachance y signe la guitare et la basse., la pièce mêle délicatesse et sincérité, portée par la complicité d’un quatuor où chaque détail respire l’émotion.

Après une année marquée par ses passages aux Francos, à Santa Teresa et à Pop Montréal, Laraw confirme avec Sorry qu’elle n’a pas fini de faire battre le cœur de la pop d’ici.

ISHA & Limsa d’Aulnay – Fin de ce monde

Il y a des morceaux qui transcendent tout par leur écriture et leur émotions. Des morceaux qu’on se prend en pleine tête et en plein cœur, comme une évidence bouleversante et intense.

La Fin de ce monde vu par ISHA & Limsa d’Aunlay, c’est une prod autour d’une boucle de piano, un kick qui amène le rythme et deux rappeurs au somment de leur art collectif. Toujours en mêlant l’intime et l’universel, la pop et la politique et leurs deux flows si caractéristiques, ils nous foutent une claque monumentale avec un morceau qui finit par devenir une obsession. Un morceau, qui à l’image de son titre, est porté par une amertume et une sensation de fin violente, à l’image de notre époque, mais qui porte en lui une douceur particulière (sans doute due au piano) qui lui permet de s’élever très haut au dessus de la mêlée actuelle.

Pour l’accompagner ISHA & Limsa d’Aulnay ont fait confiance à Bien Vu pour délivrer une vidéo aussi forte que le morceau qu’elle accompagne.

Une image léchée, hyper cinématographique qui nous plonge dans un monde au bord de la rupture, où chacun tente de survivre alors que tout brûle autour. On plonge alors dans une sorte d’intimité étrange, entrecoupée d’images puissantes, d’une inquiétude grandissante et prenante jusqu’à un final saisissant et définitif.

Fin de ce monde annonce en beauté l’arrivée du nouveau projet commun d’ISHA & Limsa d’Aulnay et avec lui une grosse tournée prévue pour l’année prochaine.

Wizaard – Canaille immortelle

De la colle, des paillettes, des marionnettes flippantes, que demander de plus pour le nouvel extrait de Wizaard, Canaille immortelle ?

Extrait de leur dernier album PECI, Canaille immortelle est une jolie comptine glauque mettant en scène un massacre de marionnettes et racontant que la jolie canaille ne pourra désormais plus s’échapper. Un bande son parfaite pour un psychopathe.

Réalisé par Cédric Demers, ce clip nous laissera au moins le goût de revanche sur les marionnettes.

Das Mörtal – I Just Want to Hold You

Le producteur montréalais Das Mörtal dévoile ORIGINS, un nouvel EP aussi ténébreux qu’envoûtant, porté par la brûlante I Just Want To Hold You (Part I), accompagnée d’un clip signé Stacy Lee.

Avec ses synthés sinueux et son Italo disco repensé, Das Mörtal transforme la nostalgie des années 80 en une transe futuriste et sensuelle. ORIGINS rassemble des pièces rares ou inédites, véritables fragments de son univers entre ombre et lumière, chaos et sensualité.

Le vidéoclip met en scène une nuit fiévreuse où des club kids vampiriques s’abandonnent aux stroboscopes — miroir parfait de cette tension entre désir et perdition. Encore une fois, Das Mörtal prouve qu’il règne sur la nuit électronique.

Sorry – Today Might Be The Hit

Les anglais de Sorry continuent de teaser l’arrivée de leur nouvel album COSPLAY et dévoilent à cette occasion un nouveau single, Today Might Be The Hit.

Today Might Be The Hit est un petit bonbon rock de moins de deux minutes trente. Un titre puissant et entêtant, porté par les expérimentations vocales du groupe mais aussi par une guitare évolutive et une partie de batterie directe et brute. Le tout donne un morceau fascinant, qui se dévoile et se découvre écoute après écoute, qui laisse les petits détails et sa signification se dévoiler lentement, comme une sorte d’histoire d’amour où l’on découvre les particularités de l’autre au fur et à mesure des rencontres.

La vidéo réalisée par le groupe est aussi mystérieuse et DIY que Today Might Be The Hit dans laquelle on retrouve Asha Lorenz au cœur d’un rayon de lumière dont on ne sait pas réellement d’où il provient. Visuellement minimaliste et étrange que le morceau, la vidéo joue sur les contrastes et sur l’inteprétation que chacun se fera, se terminant par l’apparation de la Formule de Boltzmann offrant un éclairage intéressant au morceau et à son interprétation.

COSPLAY est attendu pour le 07 novembre prochain chez Domino et Sorry sera de passage au Trabendo début 2026 !