La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre, on vous invite à découvrir la seconde partie de notre 278ème sélection des clips de la semaine.

Jonathan Jeremiah – There is no stopping me
Le crooner londonien Jonathan Jeremiah poursuit son exploration soulful avec There’s No Stopping Me, nouvel extrait de son album We Come Alive, à paraître le 7 novembre 2025 ([PIAS]). Construit autour d’un arrangement organique et cinématique, le morceau capture l’esprit de la soul vintage tout en y insufflant une modernité éclatante. Les cordes, interprétées par le Budapest Scoring Orchestra, apportent une ampleur orchestrale qui sublime la voix suave et baryton du chanteur. Entre la chaleur des chœurs, la rythmique souple à l’intersection du funk, du folk et de la soul, et une mélodie lumineuse, There’s No Stopping Me est un titre contagieux, qui donne envie de bouger, de sourire et de croire en des jours meilleurs. Jeremiah y célèbre l’acceptation et la persévérance, transformant ses failles en force dans une véritable déclaration d’indépendance et d’espoir.
Réalisé par Glenn Dearing et animé par Simon Attfield, le clip, baigné d’une lumière solaire, se déploie sur trois plans en boucle : une vie urbaine en mouvement, Jonathan chantant face à la caméra, puis des images d’enregistrement en studio aux teintes sépia dorées.
Enregistré entre une ferme isolée du Somerset et le quartier d’Oost à Amsterdam, We Come Alive s’annonce comme l’œuvre la plus personnelle et aboutie de Jonathan Jeremiah. Avec There’s No Stopping Me, Jonathan Jeremiah signe un hymne lumineux et inspirant, à la croisée de la nostalgie et de la renaissance, où chaque mesure semble inviter à lever la tête et continuer d’avancer. Nous aurons l’occasion de découvrir en live There’s No Stopping Me le 17 novembre 2025 à la Maroquinerie.
Oxmo Puccino feat. MC Solaar – Ne pas m’aimer
Quand deux rappeurs de l’amour s’associent, ça fait des étincelles. Et quand il s’agit des légendaires Oxmo Puccino et MC Solaar, on peut parler de feux d’artifices.
Un duo qu’on n’attendait pas, et un titre qui fait l’effet d’un grand sourire ou d’une accolade, extrait du nouvel album d’Oxmo Puccino, LA HAUTEUR DE LA LUNE.
Ne pas m’aimer, c’est un dialogue et une déclaration d’amour réciproque entre deux poètes, qui rappent avec tendresse l’estime qu’ils ont l’un pour l’autre. Oxmo sème, comme de discrets hommages, des références à son acolyte: « Caro qui pique ton cœur, la faute à pas d’chance » (Caroline), « Solaar ne pleure plus, vous serez aussi positifs » (Solaar Pleure). Solaar nous berce de son flow technique et doux, sur une prod planante.
Dans le clip, réalisé par Olive Gogué-Meunier et Jason Mougamoudou Abdullah, les deux artistes semblent déambuler en calèche – ou léviter – dans Paris, sous un grand soleil. Un concept simple et efficace, qui permet de profiter du plaisir des mots et des sourires qu’échangent Oxmo et Solaar. Ensemble, ils envoient un message d’amour, salutaire dans un époque crispée. Pour notre plus grand bonheur, ils unissent leurs forces pour faire ce qu’ils font de mieux depuis des décennies : « envoyer la douceur dans la belligérance / La gentillesse dans l’conduit auditif ».
Vraiment, impossible de ne pas les aimer.
Hélène Barbier – Kindness in a Cup
Avec Kindness in a Cup, Hélène Barbier nous offre un Visualizer hypnotisant qui illustre à merveille l’ambiance très psychédélique de la chanson, soutenue par une ligne de basse entêtante et un rythme qui culmine avec des arrangements au violon. « Ça parle de la volonté de garder la tête hors de l’eau, tout en flirtant avec l’idée de se laisser couler« , raconte Hélène Barbier, « mais on y retrouve une présence apaisante qui fait en sorte que l’histoire se termine bien. »
Deuxième extrait de son album à venir le 14 novembre, Panorama, Kindness in a Cup est une douceur automnale à écouter avec un latte pumpkin à la main et un gâteau aux carottes de l’autre.
Sienna Spiro – Die on this hill
Sienna Spiro signe avec Die On This Hill une ballade pop-soul d’une intensité rare, à la croisée du classicisme et de la modernité. Porté par une voix soul et puissante, le titre explore les méandres d’un amour obstiné — celui qui pousse à rester quand on sait qu’il faudrait partir. Dès les premières notes, une intro au piano dépouillée donne le ton : simplicité, efficacité et émotion brute. Puis vient cette voix, habitée, qui semble donner du sens à chaque mot. Les couplets oscillent entre désarroi et dignité, avant d’exploser dans un refrain cathartique où Sienna répète : “I’ll take tonight and die on this hill.” Par sa musicalité intemporelle et son écriture universelle, la chanson aurait pu être écrite il y a cinquante ans — et c’est sans doute là toute sa force.
Le clip en noir et blanc, sobre et élégant, prolonge cette intemporalité. La caméra suit Sienna Spiro tout au long d’une journée : dans un taxi, écoutant de la musique, marchant dans les rues, apprêtée comme une actrice des années 60. Quelques touches modernes — des écouteurs, une voiture, un téléphone — rappellent le présent, mais pour le reste, le temps semble suspendu. Ce contraste entre passé et présent renforce la beauté du morceau : celle d’un amour qui traverse les époques et les blessures.
Produit par Omer Fedi (SZA, Lil Nas X), Michael Pollack (Miley Cyrus, Lady Gaga) et Blake Slatkin (Sam Smith, Tate McRae), Die On This Hill confirme la capacité de Sienna Spiro à transformer la douleur en puissance émotionnelle. Après avoir conquis les scènes de Radio 1’s Big Weekend, All Points East ou encore la tournée américaine de Sam Smith, elle s’impose comme l’une des voix les plus captivantes de sa génération à tout juste 19 ans. L’interview unique de Sienna Spiro lors de son concert à l’Alhambra sera disponible en novembre sur La Face B.
Macrowave – Imminent
Amateurs de darkwave, debout ! Le duo Macrowave formé par Killian Ebel (basse/claviers) et Aurélien Knaub (batterie) sort du bois et lâche la bombe Imminent sous la forme d’un clip live.
Un morceau hautement cinématographique qui place la tension au centre du jeu. Progressivement futuriste, le morceau puise dans une esthétique glaçante avec ses synthés hyper stridents en introduction.
La tension laisse place progressivement à une électro précise, impeccable. On embarque sur les scooters et on trace la route ! Allez comprendre mais notre imaginaire est transposé dans un univers parallèle aux engins volants – les mêmes qu’on voyait pour l’an 2000 mais avec la technologie de 2025 en plus avancée, plus intelligente, puissante etc. -. Geekerie ? Pas vraiment le genre. C’est une affaire de montée en puissance sur les différents niveaux. Le morceau est sur une construction progressive avec un drop bien percutant et une conclusion très brutale qui nous fait saliver sur ce qui va arriver !
Stay tuned !
Mairo – Paramount
La Suisse tient son nouveau porte-étendard du rap : Mairo. Inutile de le présenter, le rappeur d’origine érythréenne s’impose aujourd’hui comme l’une des voix les plus affirmées de la scène francophone. Avec La Fiev, son dernier album sorti en février, il a su rallier aussi bien les puristes que le grand public. Un projet brut, dense et technique, où chaque morceau révèle une maîtrise impeccable, entre écriture tranchante, introspection et sens du rythme.
Il prolonge l’expérience avec Paramount, un clip soigné et ambitieux qui met en lumière toute la force visuelle et symbolique de son art. À première vue minimaliste, le clip suit M.A.I.R sur une production “cloud trap” plutôt, signée par son frère Hopital. L’esthétique en noir et blanc, imaginée par Lokmane, épouse parfaitement l’atmosphère introspective du titre. Mairo y parle de résilience, de trajectoire et d’ambition, au milieu d’un décor inattendu : un élevage de dromadaires, symbole devenu fil rouge du projet.
Chaque détail compte : de la Renault 10 sur la pochette au drapeau qu’il déploie sur scène, tout s’inscrit dans une même vision cohérente. Paramount condense ainsi l’essence de La Fiev : authenticité, force tranquille et quête d’excellence.
Dix mois après sa sortie, l’album continue de se bonifier, comme un bon vin. Sur scène, Mairo canalise cette énergie brute, captivant le public par sa présence et sa sincérité. 2025 s’annonce comme une année charnière pour l’artiste, prêt à franchir une nouvelle étape sans jamais perdre cette identité qui fait sa singularité.
Samifati feat. Transe Gnawa Express — Galbi Hzine
Galbi Hzine, c’est la rencontre exceptionnelle de Samifati et trois piliers de la scène gnawa. Ensemble, ils créent un univers à la fois captivant et lumineux. Une fusion entre la tradition gnawa, la transe et l’électro.
Tourné à Essaouira, le clip nous plonge dans un univers coloré et vibrant : les paysages éblouissants et les costumes traditionnels nous captivent.
On les suit dans les ruelles de la ville, portés par une atmosphère conviviale et festive.
Galbi Hzine signifie « mon cœur est triste », mais cette chanson respire la joie et la lumière. Dès la première écoute, le sens de ces mots s’efface pour laisser place à une envie irrépressible de danser, de vibrer et de se laisser transporter.
Avec Galbi Hzine, Samifati et Transe Gnawa Express nous transcendent dans les rues d’Essaouira — et qu’est-ce qu’on y est bien !
Piers Faccini x Ballaké Sissoko – Special Rider Blues (Skip James Cover)
La rencontre entre Piers Faccini et Ballaké Sissoko transforme le Special Rider Blues du légendaire bluesman du Mississippi Skip James en un dialogue poétique entre deux continents. Écrite en 1931, la chanson raconte la solitude et le manque d’amour : le narrateur chante l’absence de celle qu’il appelle sa “special rider”, celle qu’il aime et dont il espère le retour. Entre prière, mélancolie et résignation, il tente d’apaiser son esprit par le chant, comme pour transformer le chagrin en musique.
Dans cette relecture originale, la kora du maître mandingue répond à la guitare folk et à la voix fragile de Faccini. Ensemble, ils tissent un pont inattendu entre les racines du blues et les modes traditionnels d’Afrique de l’Ouest, révélant la parenté profonde entre ces musiques de l’âme et du cœur.
Réalisé par Thomas Rabillon, le clip capture un moment suspendu, filmé en marge du Festival Jazz à Porquerolles 2025. Baigné de lumière dorée et bercé par le chant des cigales, il saisit l’essence de leur complicité : deux musiciens face à la nature, unis par la même respiration. Chaque regard, chaque silence, chaque vibration de corde exprime la fraternité, la transmission et la joie simple de jouer ensemble.
Cette reprise est bien plus qu’une interprétation : c’est une réinvention. Là où Skip James chantait la perte et la solitude, Faccini et Sissoko répondent par la douceur, l’amitié et la communion. Leurs voix — celle de la guitare et celle de la kora — se rejoignent dans un espace intemporel entre blues et mandingue.
Leur album commun, Our Calling, prolonge cette conversation spirituelle et musicale. Fruit d’une amitié de vingt ans, ils rappellent que la musique, lorsqu’elle naît du partage, devient un langage universel. Our Calling est à découvrir sur scène : Le 9 mars 2026 à l’Olympia (Paris) et le 29 avril 2026 à L’Entrepôt (Le Haillan).
Ouri – Blush
Après quatre ans d’expérimentations, notamment avec son duo Hildegard formé avec Helena Deland, Ouri (Ourielle Auvé) revient en solo avec Daisy Cutter, un album où la productrice franco-canadienne installée à Montréal poursuit sa recherche d’un son à la fois organique et électronique, entre R&B, pop et ambient.
Parmi les morceaux phares, souvent nourris de collaborations (Charlotte Day Wilson, Oli XL, Bamao Yendé, Cécile Believe), Blush se distingue par son minimalisme délicat et sa production limpide. Un titre qui évoque aussi bien Erika de Casier que Saya Gray ou les débuts de FKA Twigs.
Le clip, réalisé par Ouri elle-même avec Maiko Rodrig, la montre à l’arrière d’une voiture traversant un Paris presque vide, un peu entre deux temps, tandis qu’elle chante « Drive me far, like we’ll never crash again ».
Une chanson à l’image de l’album : introspectif, précis et d’une belle maîtrise émotionnelle. Ouri sera au Hasard Ludique le 13 décembre pour le présenter sur scène.
Luje – Yeah
Le 7 novembre, le groupe lyonnais Luje sortira son deuxième album Among The Firs. Et pour patienter jusque là, les cinq membres du groupe nous dévoilent leur troisième extrait Yeah, avec un clip réalisé par Sabrina Duval qui capte l’essence shoegaze de la pièce en fondant les guitares disto aux images qui glitchent à l’écran.
On entre dans un espèce d’univers parallèle entre forêt et salon de ta grand-mère, comme un trip sous acide aux accents pop. Après Try Me et Too Cold, ce dernier extrait nous promet un album qui saura nous plonger dans un autre monde l’espace de 10 titres.
Nous Etions Une Armée – mais le ciel est sublime
Ca y est. Le précieux premier album de Nous Etions Une Armée est dans les bacs – et sur les plateformes -. Pour fêter ça, le duo nous balance son clip du titre éponyme. Une course à vive allure nous est proposée. Comme un train qui défile à toute berzingue, c’est Léo, en bon protagoniste de tous les clips qui court, la chemise ensanglantée. D’où nous vient-il ? Que lui est-il arrivé ? Les fins connaisseurs répondront ; « c’est le poignard dans le cœur ! ». Poignard aussi métaphorique que bien réel.
Nous le répéterons jusqu’à perdre la raison : les chansons de Nous Etions Une Armée nous transpercent, nous font chavirer, nous bouleversent. La chronique arrive dans les prochains jours mais en attendant, savourons encore les différentes sorties. Mais le ciel est sublime fait partie des déchirants, de ceux qui vous feraient pleurer de colère. La rythmique, la tension palpable tout est sublime, sous vos yeux mais bien devant. Vivement la Maroquinerie, vive Nous Etions Une Armée !
Ino Casablanca – Bissap du 20ème
Au risque qu’on redevienne linguiste, Ino Casablanca joue une fois encore sur la mixité culturelle dans le choix des mots pour ses titres. En réouvrant nos “cahiers” , on découvre que “Bissap” désigne l’hibiscus, ou fait référence à une boisson traditionnelle d’Afrique de l’Ouest, douce et légèrement acidulée, symbole de convivialité et de racines. Associé au “20e arrondissement”, quartier multiculturel et populaire de Paris, le titre devient un véritable pont entre passé et présent, racines et quotidien urbain. Résultat : un mini-manifeste de 4 minutes 36 où se mêlent énergie, authenticité et plaisir partagé.
Le clip suit la même logique que celui de Dima Rave, avec Ino entouré de ses proches dans une atmosphère festive, cette fois dans ce qui semble être un complexe sportif transformé en lieu de fête improvisé. Ce qui attire l’œil, c’est la présence d’une équipe originale, composée uniquement d’instruments à vent, qui assurent le refrain et surtout l’incroyable outro. L’ambiance du clip retranscrit parfaitement la joie et la spontanéité d’un après-midi entre amis : rires, petits jeux improvisés, échanges autour de boissons et surtout des danses qui s’enchaînent, ponctuées de détails discrets comme cette banderole “Welcome Home” qu’on aperçoit en arrière-plan.
À peine 16 jours après sa sortie, EXTASIA s’est déjà imposé dans toutes les playlists et continue de tourner en boucle. Ce projet confirme l’énergie, la créativité et le talent d’Ino Casablanca, capable de mêler avec fluidité rap, électro et influences du Maghreb ou d’Espagne. Après Dima Rave, le clip de Bissap du 20e vient compléter le tableau, offrant un aperçu parfait de son univers multiculturel et immersif.
Dafné Kritharas – Là-Bas
Derrière chaque guerre et semblant de paix se dessine l’exil. Un départ forcé d’une terre que l’on ne peut plus retrouver. Comment faire face à cette déchirure ? La chanteuse franco-grecque Dafné Kritharas esquisse une réponse avec son titre Là-Bas. L’artiste chante l’impuissance et l’indifférence, face à la violence, comme une manière de s’en défaire. De sa voix cristalline et brute, Dafné Kritharas interprète un texte co-écris avec Paul Barreyre : « Là-bas/ Des cris nous viennent mais nous restons en silence / Chaque jour plus sourds à la douleur, à la violence, Terrés dans notre indifférence ».
La chanteuse s’accompagne de sa sœur Chloé Kritharas Devienne pour mettre en image Là-Bas, tourné à Montreuil et à Athènes, en Grèce. Ce clip sobrement noir et blanc donne à voir le portrait de réfugiés et d’exilés kurdes, ouïghours, palestiniens, afro-mexicains, ukrainiens, libanais, camerounais, éthiopiens, nigériens ou encore congolais. Certains dansent des danses traditionnelles, comme un héritage à la terre perdue. Cet art, justement, est guérisseur ou marqueur de territoires. Les danseurs foulent des pieds un sol, avec cette mémoire du déracinement. Là-Bas est issu de Prayer & Sin, le dernier album de Dafné Kritharas.