Les clips de la semaine #279 – Partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite on vous invite à découvrir la première partie de notre 279ème sélection des clips de la semaine.

KCIDY – Fais ton truc devant la caméra

Le 10 octobre dernier, KCIDY dévoilait l’immensité et l’immédiat, son nouvel album. Cette semaine, elle est de retour avec le pendant visuel de fais ton truc devant la caméra.

Dans la vidéo de Nicolas Despis autant que dans le morceau, une drôle de dualité s’étire devant nous. Un combat étrange et prenant entre le monde intérieur calme et pensif et une sorte de show extérieur coloré, puissant et expansif.

Dans le titre, cela se traduit entre l’alternance du spoken-word et des moments chantés, le tout porté par une cavalcade à la batterie et un rythme qui ne semble jamais vouloir s’arrêter, dont l’énergie s’élance dans un mouvement perpétuel pour ensuite tout bousculer sur son passage. Le morceau s’emballe, répétitif, entêtant, possède l’espace comme pour habiller ce combat entre les différentes voix, entre le réel intérieur et celui distordue qui vit dans l’univers.

Cette idée est parfaitement retranscrite dans la vidéo de Nicolas Despis. Un monde intérieur noir, distordue comme si KCIDY se confrontait à elle même, en toute simplicité, alors qu’en face d’elle, un petit démon masqué prend sa place dans le réel pour imposer une existence, une énergie un peu factice mais qui protège sans doute des autres.

KCIDY fait son truc devant la caméra, et c’est absolument fascinant.

GROS COEUR – CONTRE-CORPS

Attention, ceci n’est pas un clip. Enfin pas vraiment, mais peut être que si … Jamais à court d’idées étranges, les belges de GROS COEUR mettent en scène leur CONTRE-CORPS de manière étrange et un poil dérangeante, questionnant un peu le bien fondé d’un clip (pour un morceau de 8 minutes) tout en offrant une expérience marquante.

Musicalement, rien à redire, on retrouve tout ce qu’on aime chez le quatuor; cette manière de nous emmener dans des contrées en mouvement, de tirer en longueur pour en sortir toute sa sève, de faire vivre plusieurs idées dans un même titre, d’y mélanger des émotions et des sensations différentes mais toujours compatibles histoire de faire exploser nos cerveaux.

Et cette idée, elle se retrouve dans le visuel qui l’accompagne. On pense avoir affaire à une image fixe, mais comme la musique de GROS COEUR tout cela est un petit mirage qui s’étiole au fur et à mesure. On voit des petits mouvements sur les visages, des changements d’expressions ici et là, le fond visuel qui change jusqu’à la partie la plus psychédélique du morceau qui nous entraine dans un univers parallèle où tout se transforme définitivement.

Le plus intéressant reste les dernières secondes, montrant que le tout a été réalisé dans un plan séquence prouvant la force et l’abnégation des musiciens.

Une nouvelle pierre à l’édifice de Vague Scélérate dont la sortie est prévue pour le 21 novembre prochain chez Le Cèpe Records en France.

NØNNE – FUCK

Pour ceux qui ne les connaissent pas encore, NØNNE est un groupe originaire de Tours qui flirte avec la mélancolie de The Cure, l’hyperactivité de Foals et la niaque brute des Smashing Pumpkins. Eux appellent ça de l’indie-pop-core, un style à la fois nerveux, sensible et terriblement vivant. Avec leur nouveau single “F*ck”, les quatre membres de NØNNE signent un retour hypnotique, sensuel, et surtout, pleinement assumé dans leur identité queer.

Le morceau s’ouvre sur un riff guitare-basse envoûtant, rapidement rejoint par une rythmique qui s’emboite parfaitement à cette mélodie. On se laisse happer, les yeux fermés, avant que le refrain ne vienne nous secouer d’un coup : le genre de moment où on a envie de filer un petit coup d’épaule complice à son voisin de fosse. Le “Come on, come on” d’Axel au chant résonne fort, entraînant tout le monde dans une tension électrique, érotique, presque animale. Les paroles évoquent une rencontre où les mots deviennent inutiles, où tout passe par le corps, par les sensations, par l’intensité du moment. Et quand arrive l’outro, ça explose, une montée, puis une libération, qui fait écho à ce que le morceau raconte : la fusion, la fièvre, la délivrance.

Le clip, lui, est terriblement efficace. Tourné dans le hall 4 d’une warehouse brute, sans artifice, on y voit le groupe jouer en live, à nu, sans détour. Pas de mise en scène superflue : juste la musique, les regards, la sueur, et cette énergie qui traverse les amplis. Une manière de rappeler que NØNNE, avant tout, c’est un groupe qui vit sa musique à fond, sans filtre, sans peur, et surtout, sans jamais s’excuser d’être intensément eux-mêmes.

Riopy Long way home

La musique l’a sauvé. Une phrase bateau, mais qui résume pourtant bien la vie de Jean-Philippe Rio-Py, aka Riopy. Comme c’est la première fois qu’on parle de cet artiste sur La Face B, on prend le temps de vous le présenter même s’il fait partie des pianistes les plus streamés et qu’il rassemble des milliers de personnes à chacun de ses concerts.

Si malgré tout vous ne le connaissez pas, Riopy est un pianiste franco-britannique dit « néoclassique ». Un pianiste atypique parce qu’autodidacte – souvent méprisé d’ailleurs des maisons de disques ou autres artistes classiques. Surtout, un pianiste atypique parce que la musique lui a permis de surmonter une enfance difficile passée dans une secte des Deux-Sèvres. Le piano était son refuge, sa bouée de sauvetage, son oxygène.

La musique de Riopy est à la fois très mathématique, précise, cérébrale, mais aussi tournée vers l’émotion. Elle nous raconte des histoires et nous veut du bien. La musique fait partie de sa thérapie pour combattre la dépression chronique dont il souffre, avec la pratique le yoga, la méditation.

Avec Long way homeRiopy dévoile sa voix pour la première fois. Délicate, sensible, elle lui permet de mettre des mots sur l’importance du chant dans le process de guérison de Riopy.

« Lorsque j’étais très malade, j’ai découvert comment le chant et le fredonnement stimulaient mon nerf vague et réchauffaient tout mon corps. C’est devenu un outil de guérison – quelque chose que je n’aurais jamais imaginé, mais dont j’avais besoin. »

Riopy chante l’apaisement retrouvé grâce au piano et à sa voix. Un sentiment d’apaisement qui transpire dans le clip réalisé par Greg Williams, où se succèdent une série de tableaux « bien-être » incarnés par Riopy : le piano, la marche pieds nus dans l’herbe, la baignade dans une piscine naturelle, la pause détente dans un hamac. Un peu cliché tout de même, mais qui n’enlève rien au plaisir d’écouter ce morceau ! 

SZN4 – Back to me

C’est sur la scène d’un plateau de télé que le groupe SZN4 s’est formé. Donzell, Aaliyah, Cameron, Katie se sont en effet rencontrés en participant à l’émission de télé-réalité « Building the Band ». Ils sont depuis devenus un groupe bien réel, et ont sorti Back to Me début octobre, un premier single original qui s’accompagne cette semaine d’un clip.

Back to me, c’est un message et une promesse adressé à un.e ex qui pourrait se résumer ainsi : bientôt, tu vas me supplier de te récupérer. Sur une instru groovy, les quatre membres du groupe mêlent leur voix pour assurer à cet ex qu’ils ne cherchent pas à se venger, et vivent leur vie pleinement sans cette personne. Un hymne à l’amour de soi, léger et jouissif, porté par quatre voix puissantes qui s’assemblent à merveille.

Le clip, réalisé par  Sara Lacombe, met en scène le groupe vêtu de tenues à l’esthétique 70s, dans une villa qui l’est tout autant. Les couleurs chaudes fonctionnent parfaitement avec le côté solaire du morceau. En quelques minutes, on oublie la grisaille automnale et on se laisse entraîner par l’énergie communicative du quatuor. 

Moi et Michael – Arrêtez de faire des gosses 

En bientôt deux ans d’existence, Moi et Michael nous a habitués à une certaine dose de dixième degré et d’autodérision, et Arrêtez de faire des gosses ne fait pas exception. Toutefois, sous un titre un tantinet provocateur, l’artiste aborde des sujets importants. 

Il appelle ses congénères à ne plus faire d’enfants, pour sauver le monde. « C’est une urgence planétaire », assure-t-il, en listant les raisons qui le poussent à lancer cet appel. Difficile de dire si c’est la mélodie pop-rock entraînante ou l’efficacité de son slogan – « Pour arrêter l’enfer / Arrêtez d’en faire » – mais l’air de rien, on se laisse séduire par l’idée.

Ou plutôt, on réalise que sous la satire, Moi et Michael met en lumière une question que se posent de nombreux (futurs) parents : quel monde laisse-t-on à nos enfants ? Si la solution proposée peut paraître radicale, le morceau soulève des questionnements très actuels tout en donnant le sourire. 

Le clip, réalisé par Pauline Dupin, met en scène l’artiste ligoté au milieu d’un salon, tandis que deux enfants plein d’énergie s’amusent dans un joyeux bazar. Une ultime tentative de prôner la non-parentalité, qui donne surtout envie de s’adonner à une bataille de coussins géante. 

Pour mieux connaître l’univers coloré de Moi et Michael, ça se passe le 21 novembre sur toutes les plateformes, avec la sortie de son premier EP Bien Cordialement.

Charlotte Cardin Tant pis pour elle

Charlotte Cardin revient avec Tant pis pour elle, un single électro-pop audacieux sorti le 5 septembre 2025. Ce titre marque son retour à l’écriture en français et inaugure une nouvelle ère sombre et viscérale de sa carrière, loin de la douceur de Feel Good. Le morceau explore des émotions complexes : compétition, jalousie, vengeance contrôlée… 

Le clip, réalisé par Jason Brando met en scène un triangle amoureux qui devient danse de pouvoir. La vidéo débute avec Charlotte en combinaison noire, observant deux amants s’éloigner, avant de progressivement prendre les rênes de la relation. L’apothéose du clip montre Charlotte et son amant se transformant littéralement en feu, en une étoile filante, avant de basculer dans une esthétique surréaliste et poétique. Un clip qui transforme la douleur en art, incarnant parfaitement le message du titre : reprendre le pouvoir, doucement, sans crier.

Willi CarlisleBig Butt Billy

Willi Carlisle, originaire de l’Arkansas, s’est imposé ces dernières années comme l’une des voix les plus singulières de la scène folk américaine. Poète, conteur et multi-instrumentiste, il puise dans les traditions du Midwest tout en leur insufflant une dimension sociale et politique forte. Ses chansons mêlent humour, empathie et critique des inégalités, souvent en donnant la parole à celles et ceux qu’on entend peu dans la musique country. .

Avec Big Butt BillyWilli Carlisle propose  un clip à la fois drôle, touchant et subversif. Le morceau, tiré de son nouvel album Winged Victory, prend la forme d’un « talking blues » où un camionneur raconte sa rencontre avec un·e serveur·se non-binaire dans un diner américain. Sous des dehors humoristiques, la chanson interroge les codes du désir et du genre avec une tendresse désarmante. Le clip, réalisé dans un style simple et illustratif avec des images d’archives de diners, accompagne le récit sans fioritures, laissant les paroles occuper le devant de la scène. 

Fidèle à son univers folk et à son goût pour les personnages marginaux, Carlisle signe ici une œuvre à la fois ironique et inclusive, qui détourne les clichés de la country pour mieux y faire entrer toutes les voix.

Leprous Passing (Live)

Leprous a décidé de sortir un album live reprenant plusieurs morceaux emblématiques de leur carrière, pour notre plus grand plaisir ! 

Aujourd’hui, on vous propose de découvrir le clip live de Passing. Et une fois de plus, le groupe norvégien de metal progressif ne nous a pas déçu.

La musique de Leprous est d’une complexité instrumentale remarquable. Chaque note est pensée, soignée, et pourtant, tout paraît simple et fluide. Cette tension constante entre puissance et douceur est parfaitement maîtrisée, créant une intensité émotionnelle rare.

Le chant d’Einar Solberg impressionne toujours autant. Sa voix peut passer du chant clair au screamen une fraction de seconde, avec une aisance déconcertante. 

Le groupe a une capacité à allier technicité et sensibilité, sans jamais en faire trop. Leur jeu met en valeur un refrain puissant et entêtant et une mélodie magnifique et intense.

Sur scène, Leprous déploie une présence scénique captivante. En effet, l’énergie d’Einar et la cohésion du groupe rendent le tout hypnotisant. La scénographie minimaliste fonctionne à merveille. Les flammes à l’arrière s’animent au rythme de la batterie, amplifiant l’intensité du concert.

Même si vous n’êtes pas amateur·ices de metal, donnez une chance à Leprous. Vous pourriez être surpris·es par la richesse et la profondeur de leur univers sonore.

Et bonne nouvelle pour les fans : ils sont actuellement en tournée, et passeront à Béthune le dimanche 23 novembre. 

Mumford & Sons, Hozier – Rubber Band Man

Deux des plus belles voix de la scène folk-rock s’unissent pour nous offrir un titre poignant, profondément humain et sincère. Mumford & Sons et Hozier ont été bien accompagnés puisque le titre est produit par Aaron Dessner (The National). En cette période troublée, cette douce énergie rock est la bienvenue dans nos playlists.

Ce n’est pas la première fois que Mumford & Sons et Hozier collaborent ensemble, en 2017, Hozier les rejoint sur scène pour interpréter une reprise des Beatles. Une nouvelle fois en 2023 pour interpréter le titre Awake My Soul. Ces deux moments ont suffi aux fans des artistes pour attendre avec impatience un titre en commun. Ce jour est arrivé ! Rubber Band Man est une fusion parfaite entre les harmonies du groupe britannique et la voix envoutante du chanteur irlandais.

Mumford & Sons possèdent un don unique pour faire grimper l’intensité de ses chansons crescendo et Rubber Band Man n’y fait pas exception. La chanson se termine par une conclusion douce, avec la voix de Marcus Mumford en guise de grand final, qui touche en plein cœur. Le clip qui accompagne le son est une succession de moments de complicité et de collaboration entre le groupe et Hozier, démontrant de leur amitié et de la sincérité de leur relation.

 Florence + The Machine  Sympathy Magic

Sympathy Magic est le troisième et dernier single issu du très attendu Everybody Scream, sixième album de Florence + The Machine, paru le 31 octobre 2025 (Polydor/Republic). Après Everybody Scream et One Of The GreatsFlorence Welch signe un morceau d’une intensité rare, où la fragilité devient un acte de puissance et de libération.

Écrit et produit avec Danny L. Harle et Aaron Dessner (The National), le titre se déploie comme point d’orgue émotionnel de l’album — une chanson de guérison, d’abandon et de renaissance  . Révélé sur le plateau du Tonight Show Starring Jimmy FallonSympathy Magic s’ouvre sur une mélancolie suspendue : “Memory fails me, names and faces blur / There is only after or before…

 Florence Welch la perte d’identité et la lente reconstruction après l’opération d’urgence subie durant la tournée Dance Fever en 2023. La douleur devient lumière, la vulnérabilité, force créatrice. La douleur s’y transforme en grâce, la faiblesse en lumière. Au fil du morceau, la voix de Welch, d’abord fragile, monte en puissance, jusqu’à éclater dans un refrain libérateur : “And alive / So I don’t have to be worthy / I no longer try to be good…”

Musicalement, Sympathy Magic marie orchestrations lyriques et pulsations presque électroniques, où cordes, percussions et chœurs s’élèvent comme des vagues déchaînées. La voix de Florence devient l’élément moteur de cette tempête émotionnelle, un cri de renaissance.

Le clip, réalisé par Autumn de Wilde, prolonge cette intensité dans un conte visuel entre romantisme gothique, sensualité et mysticisme. Filmée dans les landes écossaises, Florence y apparaît nue, de dos , à la fois exposée et souveraine, incarnation de la renaissance. Entourée de quatre femmes aux mouvements ensorcelants. Elles symbolisent les forces de la nature. La chorégraphie de Ryan Heffington, la DA de Benjamin Todd, et les costumes de Shirley Kurata accentuent la tension entre puissance et abandon, dans une beauté hypnotique et presque sacrée. Ce clip aux airs de court-métrage alterne vulnérabilité et puissance brute et apporte cette beauté hypnotique, presque religieuse. Comme souvent dans l’univers de Florence Welch, la nature devient miroir de l’âme : orages, vents et eau répondent aux tourments intérieurs.

Sympathy Magic est un chant de survie et Florence Welch s’y livre sans armure et signe sans doute l’un de ses titres les plus bouleversants depuis Shake It Out : un hymne à la guérison, porté par une intensité viscérale et une mise en scène d’une beauté foudroyante. Florence + The Machine sera en tournée en 2026, avec un passage très attendu à Paris – Accor Arena, le 22 février.

Alphonse Bisaillon l’avenir et moi

En guise de prémisse à la la sortie de son premier album t.o.m ou la trajectoire des perséides le 13 février 2026, Alphonse Bisaillon nous offre pour l’Halloween un clip terrifiant de son premier extrait l’avenir et moi.

S’inspirant autant de Stromae que de La Bottine Souriantel’avenir et moi parle d’amitié et d’éco-anxiété. Réalisée par Gabriel Desjardins (Philippe Brach, Lou-Adriane CassidyTire le coyote) cette chanson est un dialogue dans la tête d’Alphonse et entre la musique du passé et de l’avenir. De la podorythmie performée aux basses agressives de la musique électronique en passant par les arrangements de cordes romantiques du Quatuor Esca, cette œuvre nous amène dans une épopée cinématographique où se mêlent meurtres et couloirs de motel.