La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite on vous invite à découvrir la première partie de notre 279ème sélection des clips de la semaine.

Alice Phoebe Lou – Oblivion
Oblivion est le nouveau single d’Alice Phoebe Lou, extrait de son album éponyme sorti chez Nettwerk Music Group. Autoproduit, sincère et lumineux, Cet album marque une nouvelle étape dans la trajectoire de l’artiste sud-africaine installée à Berlin. À travers ces onze titres, Alice se libère du tumulte de la modernité pour revenir à la simplicité et à la vérité de ses débuts.
« Au lieu de trop réfléchir au résultat ou au jugement, ces chansons ont simplement été créées pour moi-même — un retour à la maison. Oblivion est un lieu où l’on peut oublier le regard des autres et retrouver son essence véritable. », confie-t-elle. Oblivion, c’est ce lieu intérieur où l’on se dépouille des attentes pour retrouver son essence véritable.
Produit par Alice Phoebe Lou, avec Dekel Adin et Ziv Yamin, puis masterisé par David Parry, le morceau explore un espace suspendu entre rêve et réalité. Minimaliste mais vibrant, Oblivion s’appuie sur le piano délicat et la voix éthérée d’Alice, portée par une émotion pure. Oblivion fait l’effet d’un soupir, d’une bulle suspendue — de la musique qu’on choisit pour méditer. Une ballade vers la sérénité, à la fois fragile et lumineuse.
Le clip qui accompagne Oblivion, réalisé par Jabu Nadia Newman et produit par Zoe Garrick pour Brakelight Pictures, illustre cette quête d’apaisement avec une sensibilité visuelle remarquable. On y suit deux femmes amoureuses qui dansent dans différents lieux et à différents moments de la journée. La caméra tournoie autour d’elles, captant leurs sourires, leurs gestes, leurs regards langoureux — l’expression simple et forte d’un amour vivant. Parfois seules, parfois au milieu de la foule, elles s’abandonnent à la musique. Le clip se clôt sur un gros plan : les deux amoureuses front contre front, nez contre nez — l’instant suspendu avant le baiser. Épuré et flottant, le clip prolonge la musique sans la trahir. Il en épouse le rythme intérieur, laissant respirer le silence, la lumière, la fragilité. Oblivion s’impose comme une invitation à se perdre pour mieux se retrouver.
Hayley Williams – Good Ol’ Days
À peine deux mois après la sortie surprise de son troisième album solo Ego Death At A Bachelorette Party — un disque dévoilé morceau par morceau avant d’être réuni en un projet de dix-sept titres — Hayley Williams poursuit son introspection avec un inédit aussi délicat qu’intense : “Good Ol’ Days.” co-signé avec Daniel James. Ce morceau prolonge la veine émotionnelle du disque : celle d’une femme qui revisite ses blessures avec lucidité et tendresse.
Depuis qu’elle a mis Paramore en pause, Hayley Williams explore ses side quests : des aventures solo où elle se réinvente sans renier ses cicatrices. Good Ol’ Days s’inscrit pleinement dans cette trajectoire. « J’ai toujours eu du mal à faire la paix avec le passé. Cette chanson parle de ces souvenirs qui refusent de s’effacer, de ce mélange étrange entre douleur et tendresse quand on repense à ce qu’on a perdu », confie Hayley Williams.
Dès les premiers vers — “When I was a secret, you kept me / Skinny divorcé, do you regret me?” —, la chanteuse évoque sans détour les séquelles de son divorce avec Chad Gilbert (New Found Glory) et les années de tourmente qui ont suivi. Mais cette confession transforme la douleur en matière poétique. Le texte, finement tissé, regorge de jeux métatextuels. Williams s’amuse du mot Paramore, dérivé du vieux français paramour (“amant secret”). Elle aussi cite Stevie Nicks, autre icône du rock sentimental : “I’m not Stevie, I won’t hex ya / But my voice may surely vex ya.” Comme Nicks en son temps, Hayley Williams crée entre confession et exorcisme.
Un passage particulièrement émouvant rend l’ensemble encore plus intime : la voix de son grand-père, Rusty Williams, se glisse dans le morceau à travers un message vocal. Un écho discret, mais bouleversant, à Grand Man, l’album inédit des années 1970 qu’elle a exhumé et réédité cette année. Elle transforme ainsi la mémoire en héritage et transmission.
Musicalement, Good Ol’ Days se love dans une vibe R&B feutrée, inspirée, selon Hayley Williams, par Good Days de SZA. Les arrangements minimalistes et sensuels laissent respirer sa voix — toujours aussi énergique mais moins puissante avec un groove et un flow qu’on découvre avec plaisir. Des synthés en longueur et une basse qui leade la mélodie, et ce refrain fun et obsédant “Who knew the hard times were the good ol’ days?”. On connaissait la voix combative et rock de Hayley Williams ; ici, elle se fait plus légère, plus souple et fun. La puissance ne vient plus du cri, mais des paroles : de cette sincérité brute qui frappe sans éclat.
Réalisé sous forme de visualizer, le clip prolonge cette atmosphère introspective. Les doodles signés Jordan Short (LUUM Studio) s’entrelacent aux images captées à Nashville par Jonah Lund, entre esquisses animées et fragments de vie. Avec Good Ol’ Days, Hayley Williams regarde enfin ses souvenirs dans les yeux sans colère. Si les “bons vieux jours” furent les plus durs, ils sont aujourd’hui ceux qui lui permettent d’écrire, de chanter et d’exister autrement — avec une paix retrouvée.
Ulrika Spacek – Build a Box Then Break It
Trois ans après l’excellent Compact Trauma créée sur plusieurs années, hors de la maison qui a vu naître ses prédécesseurs et alors que le groupe a vu fermer son studio de répétition et d’enregistrement, les anglais d’Ulrika Spacek annoncent officiellement leur retour en février 2026. Ce mercredi 29 octobre, le groupe nous partage un premier morceau intitulé Build a Box Then Break It pour lancer leur quatrième album EXPO à venir chez Full Time Hoby.
Build a Box Then Break It se pare d’atouts proches d’une ambiance trip hop lumineuse. Ulrika Spacek a toujours adoré les collages, les patchworks et ce qui va constituer un véritable tournant dans ce nouvel objet sonore réside dans le fait qu’ils vont utiliser leurs propres samples.
C’est dans un clip très arty où cohabitent schémas, dessins et images graineuses de live qu’ils signent leur grand retour ! On retrouve la voix perchée de Rhys Edwards et leur univers shoegazeux agrémenté de sons électroniques, en résulte un morceau propice à une rêverie bien étrange où l’on prendrait plaisir à s’enliser.
Midlake – Eyes full of Animal
Depuis l’heureuse nouvelle du nouvel album à venir pour le 7 novembre prochain Midlake a partagé les clips pour trois morceaux : Days gone by, The Ghouls et The Calling dont nous vous parlions déjà ici. L’heure est venue de nous révéler un quatrième et dernier morceau Eyes full of Animal avant la plongée dans l’album. Pas de clip cette fois mais un simple visualizer où trône un croquis représentant un canard col vert dans ce qui pourrait s’apparenter à un studio d’enregistrement – c’est l’ampli et les guitares alignées qui nous font penser ça ! -.
On se concentre donc sur l’essentiel ; la musique rien que la musique. Comme souvent chez Midlake, une esthétique mélancolique et une part de noirceur dans le texte. On oscille entre un folk rock et une envolée psychédélique avec la présence de flûtes. Nous saisit alors ce solo de guitare impromptu comme un cri soudain, une émotion enfouie qui se libère. En un peu moins de 5 minutes, Midlake nous emmène dans des contrées douces, des paysages aux couleurs automnales. Un cocon dans lequel il fait bon.
Bibi Club – Amaro
Le duo montréalais Bibi Club (Adèle Trottier-Rivard et Nicolas Basque) annonce avec la sortie de son nouveau titre Amaro la sortie de son troisième album du même nom, attendu pour le 27 février prochain sous l’étiquette Secret City Records. Avec Amaro, Bibi Club nous convie à affronter les bêtes sombres qui rôdent au détour de la vie et à puiser dans la force thérapeutique d’une fureur de vivre. Avec un clip réalisé par Anna Arrobas, on devine par la double exposition le fragile équilibre entre l’ici et l’ailleurs, la mort et la vie, le deuil et la lumière.
Goodbye Karelle – Oxyballad
Deuxième single de Goodbye Karelle – le projet musical de Karelle Tremblay, reconnue pour sa carrière d’actrice au Canada (Les Êtres chers, Jérémie…) – Oxyballad révèle une nouvelle facette de cette artiste aux multiples talents. Fidèle à la veine indie folk introspective amorcée avec ADI, iel explore ici un registre plus spoken word, où s’entrelacent un beat de rap alternatif et une ambiance grunge.
Réalisé par Boy Wonder, le clip prolonge cette quête d’identité artistique en brouillant les frontières entre musique, image et mise en scène de soi. À l’instar d’autres figures libres de la scène québécoise, Goodbye Karelle déconstruit les formats classiques et propose un univers où minimalisme cinématographique et intensité émotionnelle se rencontrent avec justesse.
Laura Lefebvre – Un séjour
Après une pause de quatre ans loin des studios, Laura Lefebvre revient avec Un séjour, un morceau qui marque une nouvelle ère dans son parcours. Entourée de Blaise Borboën-Léonard – co-réalisateur du titre et responsable des arrangements de claviers et de cordes – ainsi que de Samuel Beaulé à la basse et Pete Pételle à la batterie, l’artiste livre un retour à la fois vibrant et audacieux.
Ni ballade ni confession amoureuse, Un séjour explore plutôt la zone trouble du désir naissant : cette fièvre qui mêle attraction, vertige et peur de se dissoudre dans l’autre. La chanson navigue entre la pop italienne des années 80 et la sensibilité moderne de la scène pop québécoise, saisissant l’intensité d’un lien où le charme côtoie le danger.
Son clip, signé Brokenwood et Kelly Jacob (aussi à la direction artistique), plonge dans une vision presque hallucinée de l’amour. Filmé dans l’église St-Jean-Berchmans à Montréal, il marie effets visuels, motion 3D et danse contemporaine pour évoquer la beauté troublante du désir. Sous la direction photo de Christophe Sauvé, les images oscillent entre rêve et cauchemar, révélant un univers vampirique, avec un clin d’œil au body horror de Cronenberg.
Mathieu des Longchamps – Le vert et le bleu
Pour tout vous dire, on est sincèrement ravi que Mathieu des Longchamps sorte un nouveau clip. Est-ce-que c’est parce qu’il a choisi un de nos morceaux préférés ? Oui. Mais aussi parce que cela fait une belle occasion de dire à quel point nous aimons son album. Le vert et le bleu est un ensemble de chansons à l’écriture et à la réalisation lumineuse. C’est un album que l’on a écouté doctement toutes les semaines depuis sa sortie en mars dernier ; une bulle d’air, d’eau, et de sable.
Un peu comme ce clip, réalisé par Aurélien Ferré. On y suit l’auteur compositeur, devenu Robinson d’un jour à Cadaquès, Catalogne. Le voici qui débarque sur le rivage, pantalon décousu et torse dénudé. Qui s’essaye au harpon, étend le linge (celui de Nos bâtisses ?), puis prend la mer sur un voilier. Tout le clip durant, on observe Mathieu des Longchamps seul dans l’immensité de la mer et des récifs. Il fallait un clip comme celui-ci, qui prenne le temps, pour illustrer pareille chanson, de son début jusqu’à sa fin – l’apparition qui excuse l’exil. Voilà une bonne occasion pour nous d’écrire à nouveau sur Le vert et le bleu, mais aussi et surtout une bonne occasion de retourner l’écouter. Sur ce, on file. Rendez-vous à Cadaquès. Vous nous trouverez quelque part entre les arbres et la mer.
Primevère – La beauté
On triche un peu pour intégrer un clip sorti il y a déjà une dizaine de jours, et qui nous vient tout droit du plat pays. Avec le clip de La beauté, Primevère nous annonce la sortie de son troisième album paru ce vendredi et sobrement intitulé III.
Au menu, toujours ce mélange de folk et de pop qui sent bon le parfum des fleurs, comme des pensées qui pourront nous accompagner toute la saison froide.
Un peu de contemplation au passage, qui se retrouve dans les images qui accompagnent le morceau et constitué de plan fixes ou à la rigueur simplement zoomés, ce qui donne un côté froid et majestueux malgré des couleurs parfois plutôt chaudes, un peu comme une forêt qui se pare de couleurs jaune et orange à l’approche de l’hiver.
Bref, on suit le parcours du chanteur et de son chapeau dans différents tableaux qui font voir du pays, et qui donne très envie d’aller écouter le reste de ce nouvel album !
Snocaps – Coast
Des gens ne marchent jamais. Ils roulent, ils dévalent, ils traversent la nuit comme nous traversons un souvenir trop vif. Ils appuient trop fort sur tout : les mots, les freins, les cœurs. Ce ne sont pas des fous de vitesse, seulement des êtres qui ne savent pas s’arrêter avant le bord.
Sur la route, les lampadaires se tordent en lignes de fuite, et le monde semble enfin tenir dans le halo d’un phare. Tout ce qui faisait peur devient une direction. Tout ce que nous voulons retenir s’efface dans le rétroviseur.
Ces conducteurs essaient de rester debout, même si le mouvement est la seule manière qu’ils connaissent d’être immobiles. Dans l’air flotte un goût de sel et de fer, quelque chose de brûlé et de froid à la fois.
Coast parle de cela sans vraiment le dire : le vertige d’aimer quand nous n’avons pas de frein à main, le besoin de contrôle qui finit par devenir une prière.
Alors nous continuons, le visage lavé par la lumière des panneaux, le cœur en point mort, l’âme suspendue à un battement trop rapide. Cette semaine, Snocaps a posé ce vertige sur un premier album éponyme. Tant qu’il y aura de la route, nous ne serons jamais vraiment perdus.
DITTER – Cringe Is The New Sexy
Fin de saison à Wysteria Lane pour les cool kids de DITTER qui dévoilent cette semaine la dernière vidéo de Marge Vigneau pour accompagner la sortie de leur second EP, Cringe Is The New Sexy.
Cringe Is The New Sexy c’est aussi le titre qui se retrouve clippé et qui termine l’EP. Un grand moment de libération et d’énergie dans lequel Rosa se réapproprie sa propre image, se libère des contraintes des autres, et un peu de soi, pour accepter pleinement sa personnalité et sa façon d’être. Tout est dans le titre, accepter que les autres jugeront toujours qui l’on est, accepter qu’on peut être bizarre aux yeux de être, ce qui ne signifie pas qu’on ne sera pas cool pour d’autres.
Musicalement, c’est la grande fête, une guitare folle, un rythme qui ne ronronne jamais et un morceau taillé pour la scène et les pogos bienveillants qui finissent en câlins dans la sueur.
La vidéo de Marge Vigneau reflète bien cette idée : le ciel redevient bleu et il est l’heure de faire un grand nettoyage. Les ralentis capturent à la perfection les moments d’allégresse sur les visages de nos trois musiciens, qui s’amusent avant de courir hors champ vers quelque chose de meilleur et de différent.
Sans doute le retour à la scène, le lieu de prédilection de DITTER avec une tournée à venir qui s’annonce fameuse avec notamment un passage à La Maroquinerie le 13 mars 2026 !
The Spitters – Up N Down
Gros pic d’activité ces derniers mois chez Howlin Banana Records, l’un des labels les plus importants de la scène rock indé française.
Cette semaine, c’est The Spitters qui dévoile le troisième single de son album prévu pour le mois de novembre. Les toulonnais viennent nous secouer avec Up N Down, un morceau rempli d’énergie qui tisse les contours d’un son punk rock du plus belle effet.
Sans fioriture mais avec beaucoup d’amour, Up N Down nous file le boost d’énergie dont on a bien besoin en cette période automnale. Une basse, une guitare et une batterie au service d’un morceau qui a beaucoup de Up et pas du tout de Down.
Le tout s’accompagne d’un superbe clip fait de collages et de couleurs qui nous entraine dans un univers rempli de bonhommes à têtes d’yeux et qui, comme le morceau, ne semble jamais vouloir s’arrêter. Efficace, électrique et superbement mis en scène, la vidéo nous transporte dans un univers DIY parfaitement animé qui colle à la perfection au morceau.
La suite, c’est le 14 novembre avec la sortie de Fake Brutal, le nouvel album de The Spitters.