La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, la deuxième partie de notre sélection 286 des clips de la semaine.

Sam Sauvage – Je ne t’aime plus
On a connu le garçon plus optimiste ou pour sûr, plus enjoué. La sentence tombe : c’est fini. Entre prise de conscience et acceptation, Sam Sauvage explore la désillusion amoureuse dans son nouveau titre Je ne t’aime plus. L’usure des sentiments, la déception, la vérité crue y est balancée sans honte.
Nul besoin de tourner autour du pot, de prendre quatre chemins – en tout cas, lui, il n’hésite pas une fois sur le périph’, il va de l’avant – , Sam Sauvage est sincèrement brut. Si l’introduction peut laisser imaginer un virage électronique dans sa musique, Sam Sauvage reste fidèle à sa sonorité pop sur un tempo progressif avec un refrain toujours aussi accrocheur que ceux auxquels nous avons eu affaire dans son EP. La suite de l’histoire se retrouvera dans son album prévu pour le 30 janvier : Mesdames, Messieurs.
Dans son clip, Sam Sauvage affiche une relation où il est contraint de regarder les choses en face, s’entremêlent les temporalités passé/présent dès lors que le couple se sépare dans la froideur d’une gare. Une ultime étreinte comme le symbole d’un amour romantique achevé mais qui laisse place à la mémoire du lien pour mieux s’éloigner et le distordre. Le couple danse dans des décors inadaptés comme une métaphore du désaccord des corps, un décalage avec le rythme général de la musique pour souligner la destinée tragique de leur relation.
Marlon Magnée – Plus fort que toi
Il y a toujours un temps pour le boogie woogie, l’oldie but goodie et ça, ces dernières semaines, Marlon Magnée l’a bien compris. Après Nuage gris qui faisait jaillir de jolies couleurs résolument rétro, Marlon Magnée nous sort un nouveau single dans ce même esprit : Plus fort que toi. Pour illustrer ce bonbon, le chanteur s’entoure d’un visage connu de la communauté de son groupe en la personne de sa compagne : Sam Quealy.
Avec son rythme soutenu porté par une batterie énergique qu’on choisit de jouer debout façon Slim Jim Phantom et son joyeux boxon électronique, Plus fort que toi fleure bon les années 1950 revisitées façon 2025 et en français. Et tout cet univers se ressent dans un clip où s’incrustent des éléments comme dessinés à la main à même la « pellicule », Marlon Magnée y arbore fièrement sa coupe quiff et son chandail universitaire à l’américaine.
Riccio – Fou de toi
Comment sauver le monde ? C’est la question que s’est posée Riccio, et il a choisi d’y répondre à sa manière : en le décrivant en chanson. Cette semaine, cet auteur-compositeur chambérien hyperactif, reconnaissable à ses bouclettes indisciplinées, dévoile le clip du titre qui marque le véritable lancement de sa carrière : Fou de toi.
Si vous ne connaissiez pas encore Riccio, c’est l’occasion de découvrir un artiste à la plume aiguisée, capable de cartographier les vertiges de toute une génération. Dans ce nouveau single, il confesse son incapacité à aimer de nouveau, une rancœur tournée contre lui-même qu’il exprime avec rage sur une guitare saturée.Réalisé par Shot by Val, le clip illustre parfaitement cette tempête intérieure. On y suit Riccio arpentant l’écran, faisant les cent pas, prisonnier d’idées fixes et de sentiments qu’il ne parvient pas à chasser. Ces allers-retours incessants traduisent visuellement l’impasse émotionnelle dans laquelle il se trouve, tandis que les refrains explosifs viennent souligner l’intensité de son désarroi.
Nina Hagen – Somebody Prayed For Me
Nina Hagen nous embarque dans son esprit punk jusque dans le paradis du gospel avec Somebody Prayed For Me, premier extrait de son prochain album HiGHWAY TO HEAVEN, qui sortira le 27 mars 2026 chez Groenland Records.
À 70 ans, l’icône punk allemande déborde d’une énergie intacte, presque insolente. Ce classique du gospel sudiste, issu du répertoire de la Happy Goodman Family, connaît ici une réinterprétation radicale et une fraîcheur nouvelle. Fidèle à son credo DIY, Nina Hagen ne sacralise pas le morceau : elle le bouscule, l’accélère et le transforme en une célébration punk-spirituelle aussi joyeuse que pieuse.
Comme le titre l’indique, Somebody Prayed For Me raconte une histoire de salut invisible. Celle d’une personne qui se sentait perdue, seule, sans paix intérieure, enfermée dans un monde sombre, sans repères ni liberté. Sans le savoir, quelqu’un, quelque part, priait pour elle. Un acte silencieux, porté par une foi inébranlable dans la capacité de Dieu à « changer une vie et la rendre libre ».
Cette prière, présentée comme un geste d’amour pur et désintéressé, devient le souffle du récit. Grâce à elle, le narrateur retrouve la foi, la liberté, et surtout une nouvelle direction. Le refrain — “I’m so glad that someone prayed for me” — résonne comme une reconnaissance à la fois humaine et spirituelle, humble et lumineuse. Musicalement, Nina Hagen insuffle à ce message une énergie contagieuse. Sa voix rauque, parfois presque saccadée, avance frontale et incarnée, portée par des guitares dansantes et tranchantes, et une rythmique qui ne relâche jamais la tension. Le refrain explose grâce aux arrangements : hyper festif et entraînant, il donne instantanément le sourire et diffuse un sentiment d’espoir presque physique.
Là où le gospel traditionnel s’appuie sur la puissance collective des chœurs, Nina Hagen choisit l’urgence et la joie brute, transformant une chanson spirituelle en version punk irrésistible. Réalisé par Andjani Autumn Gatzweiler, le clip accompagne parfaitement cette réinterprétation.
À travers une animation urbaine faite d’écrans, de devantures et de billboards, il ne cherche pas à illustrer littéralement le texte, mais à en transmettre l’essence — cette foi joyeuse, presque dansante, qui surgit là où on ne l’attendait plus.Avec Somebody Prayed For Me, Nina Hagen pose la première pierre de HiGHWAY TO HEAVEN, son deuxième album gospel après Personal Jesus (2010). Une réinterprétation acidulée qui rappelle que le gospel peut être punk, festif et radical.
Un chant spirituel sur l’amour et la prière d’autrui, capables de changer une vie. Le moteur est lancé, et Nina Hagen avance, toujours libre, innovante et lumineuse, en marche vers son propre paradis.
Thylacine – Kolman
Il y a quelques temps, Thylacine s’est donné un challenge : faire d’un van son studio d’enregistrement, et faire du monde son terrain d’exploration et d’inspiration. Non seulement le musicien puise ses idées au fil de ses voyages et rencontres. Mais il compose également avec son environnement, utilisant parfois des trains ou un glacier pour créer ses musiques.
Pour le troisième volet de sa série d’album Roads, Thylacine fait escale en Namibie ! Il nous offre onze titres hors du temps, uniques. Après les titres Shark Island et Damara, c’est au tour de Kolman d’avoir son clip, et plus qu’un clip, c’est une réelle immersion que l’artiste nous propose. Seul au milieu d’une maison du désert recouverte de sable dans le village de Kolmanskop, le saxophone remplit le lieu d’une énergie nouvelle.
Digne d’une musique de film, Kolman est envoûtante, puissante, riche en émotions. Le saxophone se veut grave, presque inquiétant et le rythme au début plutôt lent, accélère en milieu de parcours, accentuant cette impression de danger imminent. Dans son album Roads vol.3,Thylacine raconte l’histoire des peuples de Namibie, incarne leur âme et transmet la puissance d’une nature qui prend ses droits. Un projet personnel, sensible et touchant, qui vous fera vibrer à coup sûr !
Turnstile – Light Design
Comme en guise de cadeau de Noēl, le groupe dévoile l’un des clips de son dernier album. Réalisé par le frontman Brendan Yates, la video se centre sur la performance des membres sur scène, chacun isolé dans leur performance. Le projecteur lumineux blanc se fixe sur le corps et l’esprit des artistes plongés dans un environnement de clair obscur. Pour les fans les ayant vus sur scène, cette scène nous rappelle ce moment où la lumière se partage en trois rectangles blancs où on y voit l’ombre de Brendan dansait.
LIGHT DESIGN est un vibrant hommange à la transcendance personnelle quand on fait face à une solitude inattendue. Un titre mélancolique mais rempli d’espoir qui ravira tout le monde en cette période de fête.
LaFrange – wedding song (special friend)
Si le froid de l’hiver vous pèse et que vous n’avez pas la possibilité de vous offrir une soirée au coin d’un feu crépitant, on vous propose d’écouter le dernier morceau de LaFrange qui à coup sûr saura réchauffer vos cœurs transis et renforcer la carapace des éternels romantiques que nous sommes tous au fond, même si on tente parfois de le cacher.
Écrit au moment du mariage de son frère, wedding song (special friend) est un morceau qui se range au même niveau que les meilleures comédies romantiques que l’on se regarde en boucle.
Remplie de tendresse et de douceur, cette folk song minimale et émotionnelle raconte ce moment où tout se transforme, la rencontre qui bouleverse les plans et qui remet les choses en ordre, qui recentre l’existence et qui fait stopper la pluie.
wedding song (special friend) est une petite douceur qui fait beaucoup de bien et qui profite d’un clip DIY réalisé par Léo Félix et qui transpose les images d’un mariage en arrière plan comme si les souvenirs de ce moment jaillissaient de l’esprit de LaFrange.
Ce morceau et ce clip prolonge l’univers doux (et parfois amer) de LaFrange pour l’amener jusqu’en 2026 où elle jouera à La Maroquinerie dans le cadre des Inrocks Super Club.
Dewey – Tough Crowd / Role Model (Live Session Atelier 32)
On vous en parlait pour la première fois il y a quelques semaines à l’occasion de la sortie de leur premier titre, Jinx. Voici que Dewey revient quelques jours avant Noël avec non pas un mais deux cadeaux ! Ils présentent leur live session de deux titres inédits : Tough Crowd et Role Model, tournée à l’Atelier 32 à Paris. Leur premier album se nommera Summer On a Curb, et on a hâte de découvrir l’ensemble du travail de cette nouvelle formation française !
Pour cette live session, on débute avec Tough Crowd. Au programme : guitares vaporeuses, de la reverb à foison et voix en chœurs nuageuses ! Le morceau est à la fois doux et entêtant, mais vous fera hocher de la tête en rythme avec la batterie qui amène une impulsion au titre. La seconde partie dévoile Role Model, un tube impeccablement composé et réalisé, à la mélodie pop mais au cœur rock ! Le titre est crescendo, se terminant dans un grand final explosif entre les guitares et la batterie. On attend vite des nouvelles de Dewey et la sortie de leur premier album prometteur pour découvrir le reste de leurs titres…
Swirls – Powerstation
Besoin de recharger vos batteries ? On a la solution pour vous : branchez vous sur Powerstation le dernier titre de Swirls garanti 100% énergie renouvelable, humour et grosse guitare.
Avec Powerstation, le groupe nantais annonce en grande pompe l’arrivée d’un nouvel album prévu pour le début de l’année 2026. Et ce nouveau titre garde en lui toute la fouge et la puissance du quatuor nantais qui nous offre un hymne à l’entêtement, un morceau pour tout ceux qui se fatiguent, qui deviennent vieux mais qui poursuivent malgré tout leurs rêves, même si les batteries se déchargent légèrement.
La douce ironie, teintée d’énormément de tendresse, qui émane de Powerstation se voit transférer dans la vidéo qui accompagne le titre et qui est réalisée par le groupe lui-même.
On y part à la rencontre de Serge, mannequin sans tête et à la langue malgré tout bien pendue. Tout de jean vêtu, le héros de la vidéo est persuadé qu’il est né pour la grandeur et pour le rock’n’roll.
Avec un poil de non sens et beaucoup d’humour, on suit donc ses aventures sur la route avec Swirls, entre parkings d’autoroutes, désert espagnol et aventures dans le van réalisées par des professionnels de la cascade en plastique.
Le tout est entrecoupé par des saillies hilarantes de Serge dont l’égo et la démesure sont à la hauteur du destin qu’il pense mérité.
Tout à la fois DIY et débrouilalrd, ce clip de Swirls fait beaucoup de bien en cette fin d’année. Un morceau parfait pour recharger et repartir en grande forme en 2026.
La Mante – L’aiguille
On termine notre année de clip en beauté et en Normandie avec le superbe clip de La Mante pour son morceau L’aiguille.
Alors que se profile l’arrivée de son second album pour le mois de février prochain, La Mante a dévoilé il y a quelques jours quatre nouveaux morceaux, dont l’aiguille, celui qui nous intéresse aujourd’hui.
On retrouve dans ce morceau la poésie propre au musicien caennais, qui s’amuse à détourner le réel, à lui apporter une petite dose de surprise et d’onirisme bienvenue. Avec L’aiguille, il nous raconte un monde qui tangue où les aiguilles du temps se dérèglent parfois, qui laissent plus de place aux rêves.
Musicalement, la musique de La Mante se transforme grâce à l’apport de cordes hyper cinématographiques, de moment apaisant et d’envolées merveilleuses. Dans L’aiguille, les plages instrumentales nous racontent autant l’histoire que les instants chantés.
Tout cela est parfaitement sublimé par la vidéo réalisée par Clément Bailleul. Bien aidée par les superbes territoires des côtes normandes, la vidéo jouit d’une cinématographie très prononcée, que ce soit dans ses scènes de nuit, celles de ciel gris (Normandie oblige) ou des moments plus lumineux qui semblent clairement surréalistes.
On navigue donc avec La Mante dans ces territoires, on le suit dans ses aventures solitaires où tout semble avoir disparu autour de lui avant que le fracas des vagues ne l’emporte dans un grand moment de mystère.
Un clip à la beauté parfaite et une vidéo idéale pour terminer nos sélections des clips de la semaine en 2025.