Les clips de la semaine #3

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. L’acte 3, c’est maintenant.

CONTREFAÇON ft. LAAKE – Acmé

Dans une semaine, Contrefaçon dévoilera son très attendu premier album Mydriaze. On dit premier album, on devrait dire premier projet puisqu’on est face à une œuvre totale qui s’accompagnera aussi d’un court-métrage du même nom. En attendant, le quatuor vient de dévoiler Acmé, premier titre de l’album porté par le piano du génial LAAKE et qui nous offre des sonorités épiques et guerrières à la forte teneur cinématographique et introductive. Ça tombe bien, la vidéo qui l’accompagne fait office de teaser pour le court-métrage. On vous parle de tout ça très bientôt et on vous donne rendez vous le 13 décembre à la Gaîté Lyrique pour un show qui s’annonce déjà dingue.

Girl In Red – Bad idea!

Avec Girl In Red, tout est affaire de contraste. Sur Chapter 2, son nouvel EP, elle raconte des histoires souvent tristes sur des rythmes pêchus qui donnent le résultat suivant : on a autant envie de sauter partout que de pleurer. bad idea! réussit ce parfait paradoxe, le titre est parfaitement entraînant tout en racontant l’histoire d’une relation amoureuse aussi addictive que toxique.

La vidéo, tournée sur pellicule et proposant une nouvelle fois des sous-titres, joue aussi sur cette ambivalence entre les moments d’intensité et le retour à la réalité de plus en plus difficile à vivre. Pour danser et pleurer avec Girl In Red ça se passe le 30 octobre à La Gaîté Lyrique.

Roi Heenok ft. Freeze Corleone 38 Special

L’iconique Roi Heenok n’en a jamais assez du rap, lui qui se disait supérieur au rap français en 2008 dans le légendaire documentaire Les mathématiques du Roi Heenok produit par Kourtrajmé a décidé de s’associer à l’une des flèches montantes du rap actuel : Freeze Corleone. La sortie d’un clip regroupant ces deux adeptes de la théorie du complot un 11 septembre représente bien l’ironie et l’arrogance des deux personnages. Attitudes bien retranscrites dans le clip. Ce dernier convoque une ambiance malsaine, renforcée par une instrumentale trap sombre et a été tourné dans un parking pour renforcer encore une fois le côté lugubre de ce duo très attendu.

Stienis – Union & Fraction

Avec Union & Fraction, Stienis illustre la dichotomie entre l’harmonie de la nature et les divisions créées par l’Homme dans notre société. Artistes Lillois engagés, ils utilisent comme support Calais, leur ville natale, pour proposer une vision des barrières qui séparent les populations. Comme lors de leurs lives, l’univers visuel est très structuré et contemplatif. Les messages sont explicites et si les paysages de la première partie de la vidéo sont des images issues de la nature, elles sont retravaillées et transformées dans une valse hypnotique, psychédélique et mouvante au rythme de la musique. La deuxième partie est beaucoup plus brutale, presque agressive. Elle nous ramène au monde humain, celui qui enferme, sépare, condamne et blesse les personnes. Le malaise est présent et nous met face à nos responsabilités en tant qu’occupants de la planète Terre. À suivre bientôt avec la sortie de leur premier EP.

A2z – Téléphone Mobile 2

A2z, c’est l’une des nombreuses signatures de Sony, et il y a fort à parier que dans quelques temps son nom ne sois plus inconnu. Il a 17 ans et Téléphone Mobile 2 est son 3ème clip. D’habitude, c’est sur Instagram qu’il poste des freestyles, ce qui lui demande moins de moyens et de temps. Ici, il s’agit d’un clip léché, jouant sur les codes de la rue mais pas que. Le thème du téléphone est omniprésent, que ce soit au niveau des paroles ou du visuel, ce qui donne plus de cachet au titre.

Portico Quartet – Offset

En amont de la sortie de son nouvel album, Portico Quartet nous propose le clip de Offset. Le groupe, membre fort de la nouvelle génération du jazz Britannique, nous emmène ici vers une aventure plus analogique que ses albums précédents. On aurait tendance à dire qu’ils se rapprochent de l’esthétique de Mammal Hands mais avec un travail plus important sur les effets (que dire de cette introduction sublime de 35 secondes qui se termine sur l’ouverture du filtre de la batterie pour lancer le morceau). Le clip en lui-même, paraissant parfaitement sage et sobre au début, s’emballe peu à peu de jeux de lumières en flashs instantanés pour basculer doucement dans le tourbillon sonore et la complainte du morceau. À peine terminé, on en redemande. Prochain rendez-vous : cet automne avec leur nouvel album Memory Streams.

Metronomy – Wedding Bells

On continue les clips de la semaine avec une romance de teenage movie en 4,19 minutes. Vous l’avez probablement deviné : on parle bien entendu du clip de Wedding Bells de Metronomy. La vidéo nous embarque au milieu d’une soirée d’adolescents dans les années 1990 sur fond de déception amoureuse, rêves éveillés, combats d’oreillers et happy end. Une véritable ode aux histoires d’amour légères de l’adolescence qui ne finiront pas par des Wedding Bells.
Leur nouvel album Metronomy Forever est disponible depuis ce vendredi et on les retrouvera à l’Olympia les 15 et 16 octobre 2019 pour deux dates déjà sold-out.

Cléa Vincent – Sexe d’un garçon

Cléa Vincent nous a déjà ravis avec ses Nuits Sans Sommeil, son deuxième album sorti en mars dernier. Cette semaine, elle continue de nous épater avec le clip de Sexe d’un garçon réalisé par Aymeric Bergarda du Cadet.
Cléa n’a effectivement pas le sexe d’un garçon mais ce qu’il faut pour se faire entendre, et c’est bien ce qu’elle nous montre dans ce clip. Une femme présente qui ne s’efface pas et reste centrale parmi les hommes autour d’elle. Une illustration plus que réussie de ce titre résolument féministe par une représentation de la présence affirmée de la femme dans l’espace public. Pour les Lillois, on ne retrouvera pas Cléa Vincent au Bistrot Braguette mais sur scène avec l’Aeronef hors les murs à Fretin le vendredi 29 novembre. On est déjà impatient d’y être.

Vimala – Home

Entre la musique électronique et les clips, c’est une affaire qui marche fort. De The Blaze à Else en passant par Contrefaçon, les artistes apportent un soin particulier à accoler un certain storytelling visuel à leur musique. Vimala ne fait pas exception à la règle et nous offre avec Home un modèle du genre. Titre tout en tension qui joue de ces effets entre douceur et puissance, Home s’accompagne donc d’un clip magnifique tourné à Palerme et qui suit dans les rues de la ville un de ses habitant, Gaspard. La vidéo d’Adrien Casalis joue du parallèle entre l’effervescence d’une ville en bouillonnement et le calme d’un volcan majestueux, l’Etna, le tout associant la relation particulière et tendre entre une ville et son environnement, entre les habitants et la nature, s’amusant aussi dans la réalisation à alterner des gros plans sur les personnages et des plans au drone sublimes qui permettent d’explorer la beauté de la ville italienne. Home est le premier extrait de Stromboli, nouvel EP prévu pour cet automne.

PLÉTHORE – Allez

Alors qu’il s’apprête à dévoiler leur premier EP L la semaine prochaine, PLÉTHORE a dévoilé cette semaine Allez, nouveau titre accompagné d’une vidéo de Jameson Pepper. On y suit les aventures nocturnes d’un être masqué dans la jungle des villes d’Île de France. S’en suit une aventure entre surréalisme et paysage urbain toujours en mouvement, à l’image de la musique qui l’accompagne et navigue entre les genres et les ambiances avec une aisance assez folle qui n’est pas sans nous rappeler les illustres !!! ou Azari & III. Vous ne pouvez pas contrôler vos pieds ? C’est tout à fait normal, vous êtes en train d’écouter Allez, le nouveau titre de PLÉTHORE.

Arcade Fire – Rebellion (Lies)

Cette semaine, le groupe le plus important de ces quinze dernières années a célébré l’anniversaire de son premier album. Oui, on vous parle bien d’Arcade Fire qui le 14 septembre 2004 a sorti Funeral, un album qui leur aura permis d’emblée de s’inscrire parmi les légendes du rock indé pour les cinquante prochaines années et bien plus encore. Pour l’occasion, les montréalais en ont profité pour donner un coup de jeune à leur clip Rebellion (Lies) en le confiant de nouveau à Josh Deu (présent aux débuts du groupe), qui est à l’origine de ces quelques effets visuels handmade, donnant tout leur sens aux paroles de ce titre symbolique. C’est dans leur belle ville d’origine qu’Arcade Fire vagabonde dans les suburbs en plein automne canadien, combinant alors les couleurs chaleureuses et apaisantes de la plus belle période de l’année. Avec Rebellion, le groupe clame une ode à la vie en confrontant l’idée qu’il est important de s’accrocher malgré les désillusions auxquelles nous sommes confrontées une fois le stade de l’enfance dépassé et où la réalité alors démystifiée est dévoilée au grand jour. Un morceau pour lequel notre cœur continue de battre fort même quinze ans après et qu’on prendra plaisir à faire tourner en boucle sur nos platines le temps d’un après-midi ou le temps d’une vie. Dans l’espoir qu’une tournée d’anniversaire se fasse ou qu’un album paraisse très prochainement. Fingers crossed !

Miles Kane – Blame it on the Summertime

Oui, oui, oui, on sait. L’été est fini mais pourquoi s’en couper de façon aussi radicale ? Pourquoi ne pas faire prolonger le plaisir des beaux jours à la chaleur suffocante et où l’air iodé avait remplacé celui de nos villes ? Miles Kane lui l’a fait, avec ce clip qui sent bon la crème solaire et la joie de vivre. Dans Blame it on the Summertime, notre crooner anglais préféré ne cesse d’exceller avec ce titre plus pop qu’à l’habitude. Que ce soit allongé sur son matelas gonflable, bob sur la tête ou à bord de sa plus belle décapotable longeant les côtes, Miles Kane croque la vie à pleines dents malgré une relation sentimentale toxique dont il est pris au piège et un été qui semble mettre en lumière cette situation qui paraît sans issue. Second single après Can You See Me Now, on commence à se poser des questions. Est-ce que ces derniers annoncent les prémices d’un nouvel album ? Un EP peut-être ? On veut une réponse et vite !

Devendra Banhart – Taking a Page

Devendra Banhart, hippie des temps modernes, nous a fait don de son huitième album cette semaine, Ma. Un album toujours tout en légèreté et un brin plus approfondi et personnel que ses prédécesseurs mais où son éclectisme semble toujours au rendez-vous. Bien que l’album jongle entre les thèmes, sans trop s’éloigner de ses grands principes de base que sont la sagesse et l’importance de notre rapport au monde, Devendra Banhart ne cesse de gravir les échelons de l’excellence et de donner sens à sa créativité, pour le plus grand plaisir des uns et des autres. Taking A Page est donc son dernier single en date et une lettre d’amour ouverte au Népal, pays qui occupe une place fondamentale dans le cœur du compositeur américano-vénézuélien. Dans ce clip, on le voit prendre la pose devant des reliefs montagneux à couper le souffle, déambuler dans les rues citadines du Népal, partager des moments de complicité et de réconfort avec son ami moine Moti lui peignant le visage ou encore ensanglanté sous une douche. Le tout, toujours l’air enjoué et décomplexé. Ah, qu’est ce qu’on l’aime ce grand gaillard qui occupe nos cœurs depuis plus de dix ans et pour qui vie heureuse rime avec esprit serein. Et pour combler vos oreilles de bonheur, rendez-vous à la Salle Pleyel le 05 février 2020, l’occasion de faire ses recharges en amour, douceur, tendresse et compagnie.

Rubin et le Paradoxe – X Raisons

On termine la semaine avec Rubin et le Paradoxe et son clip pour X Raisons. Le moins que l’on puisse dire c’est que la musique du garçon déborde de sensualité que ce soit dans son écriture directe où les mots ne laissent que peu de place à l’imagination, une poésie crue mais qui ne rechigne pas non plus à la tendresse couplée à des nappes électroniques qui nous emmènent sur une piste de danse moite et tamisée. Le clip d’Alexandre Drouillard qui l’accompagne nous transporte dans une salle de crise qui se voit piratée par la musique du bonhomme et se transforme, lorsque les néons deviennent rouge, en un univers où le sexe et la violence se mélangent, où les corps s’unissent et les uniformes s’envolent. Finalement, l’amour surgit vraiment partout.