La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. Embarquez avec nous pour la seconde partie de l’épisode 43.
This Is Shit – Transition 1.2
Notre trio préféré, mis à l’honneur dernièrement pour une journée spéciale sur le site, a sorti une vidéo home made pour accompagner la Transition 1.2, issue de leur premier album ///.
Une compilation absolument absurde et incohérente, d’un amateurisme génial, qui recoupe des plans de supermarchés, de travaux publics, de tours en banlieue, de chats méfiants ou de concerts. C’est réalisé en portrait, comme pour accentuer cette urgence dans le visionne, sur le smartphone. Le côté sombre et incitatif du titre ressort bien de toutes ces images. Une urgence de vivre, d’observer, de regarder ce qui nous entoure, nous révolte, nous intrigue.
Hyacinthe ft. ANTHA – VIRUS
Au sortir du confinement, les deux rappeurs extériorisent leurs pensées dans un studio parisien, manipulant le montage pour créer cette sensation de malaise et de vertige symbolisant bien l’instabilité ambiante liée à la situation : la névrose qui nous colle à la peau tel le virus qui se propage non plus de manière épidermique mais aussi mentale. Le jeu des couleurs amplifie les sensations sporadiques, lunatiques, nous entraînant dans l’obscurité et le doute constant. Désillusion narrée à travers les confessions des deux rappeurs, VIRUS est un clip aussi percutant au niveau des paroles tout comme au niveau du visuel.
Fontaines D.C. – Televised Mind
Le nouveau clip de Fontaines DC, réalisé par Hugh Mulhem, est tout simplement superbe. À l‘image d’IDLES qui nous fait grimper l’excitation au fil des titres dévoilés, le groupe post-punk de Dublin fait lui aussi monter la pression. La réalisation est superbe. Si on voit simplement la bande jouer le morceau à travers un écran de téléviseur, les images fantomatiques et luminescentes mettent parfaitement en perspective l’angoisse face à l’opinion collective oppressante. Comme l’indique Grian Chatten, le leader du groupe, la personnalité de chacun est absorbée par l’approbation environnante : être à la mode, suivre les pensées dominantes et devoir ne plus se sentir mal. Notre façon d’être devient transparente aux yeux de tous. Televised Mind fait écho à tout cela. Aussi hypnotique que The Brian Jonestown Massacre et sombre à la Joy Division, le quatuor irlandais nous met en haleine avant la sortie le 31 juillet de leur deuxième album A Hero’s Death.
M/A – Dance for me
Le duo M/A danse pour nous avec le titre Dance for me. Le commencement du clip est fait de suspense entre un son électronique comparable au rugissement – hésitant – d’un moteur et des images – comme infinies – de l’espace. Puis, le titre trouve son rythme, s’ancre, au fur et à mesure qu’apparaissent des images. Puisqu’il s’agit d’un clip collaboratif, assemblé et monté par Matthieu Guéritte. On y aperçoit – comme le titre le suggère – des gens qui dansent pour moi, pour toi, pour M/A, pour eux. 12 artistes-designers y ont confié leur version de la danse. Toutefois, il y a une homogénéité dans l’esthétisme, les couleurs flash. Les images semblent venir d’un autre temps, un peu comme la musique du groupe. Puisque le projet musical rappelle l’électro-pop des années 1980. Ça tombe bien, car leur prochain album – dont la sortie est prévue en fin d’année – se nomme Forty After Eighties.
Bekar – En Principe
Figure montante du rap francophone, le jeune Bekar livre le clip du morceau En Principe. Originaire du nord de la France, et plus précisément de Roubaix, il livre un rap nouvelle génération plus que maîtrisé. C’est plongé dans un bureau de hacker que le clip commence. Le digital sera un thème fleuve du morceau et du clip. Car le rappeur y traite de sa vision des réseaux sociaux. Un sujet bien abordé et mis en avant par le rythme effréné et les couleurs vives du clip réalisé par Kaluu. L’artiste se joue des influenceurs avec un air insolent qui lui va si bien. Un air qui se traduit dans un égotrip maîtrisé à la perfection. Une insolence qu’il gardera tout le clip, renforçant la rage qu’il éprouve sur le sujet.
Disclosure, Aminé, Slowthai – My High
C’est désormais une habitude, retrouver Slowthai aka l’enfant terrible du Royaume-Uni avec les plus grands artistes du Royaume, le lascar au sourire de démon vient poser son flow diablesque sur la musique électronique des Disclosure et comme cela n’était bien sur pas suffisant on retrouve l’excellent Aminé pour compléter le trio. Avec le clip de My High, imaginez vous la gueule d’un système de santé débordé qui laisse trainer et disparaitre ses patients sur des brancards, plus réalité que fiction me direz vous (;))… C’est en tout cas le sort de notre personnage du jour qui au lieu d’être pris en charge par les urgences va se retrouver malmené par toutes les personnes le croisant, il va parcourir les magasins, les parkings et soirées sans pouvoir agir. C’est quand il parvient finalement à se relever que la surprise arrive, spoiler, c’est percutant !
Gus Dapperton – Post Humorous
Moins de deux semaines après la sortie du clip de First Aid, le New Yorkais nous offre un clip réalisé avec la participation de ses auditeurs. on retrouve quelques têtes connues dans le clip, les plus pointus auront aperçu le rappeur Elijah Banksy qui collabore depuis des années maintenant avec notre Gus favori.
Entre bienveillance de chacun et cri du coeur de l’artiste, ce clip n’est autre qu’un Karaoké participatif qui nous fait sentir matière première de ce si beau titre. l’instant d’un clip on porte tous les cheveux roses et colorés de l’artiste et on gueule à tue tête le refrain fédérateur et libérateur ! Quel morceau !
Kanye West – Wash Us in The Blood feat. Travis Scott
Avant d’être un politicien (car oui il veut se présenter aux présidentielles en 2020), Kanye West est un artiste incroyable, le meilleur de sa génération d’ailleurs mais là n’est pas le débat étant donné que vous avez tout simplement tort de penser le contraire.
Il revient avec un autre crack du rap US, le fabuleux Travis Scott nous délivrer un morceau engagé et puissant pour le mouvement Black Lives Matter. Le morceau est accompagné de ce clip réunissant des images de manifestation, on se perd dans la cacophonie instrumentale et les flash des vidéos mises en avant. On finit la capsule avec l’apparition de North West, sa petite fille qui assiste aux répétitions de la chorale de son père. On sait que du nouveau est à venir concernant Kanye, espérons tout simplement que ce soit de la musique…
Bleu Toucan – Les Eaux de Naples
L’été arrive, mais si comme nous vous êtes coincés dans une ville et que le seul horizon qui se trouve devant vous est le toit des immeubles, il existe des solutions pour s’évader. L’une d’entre elle s’appelle Les Eaux de Naples et nous a été dévoilé cette semaine par les Bleu Toucan.
Le duo nous offre un retour idéal pour les soirées ou le jour joue les prolongations, une petite doucer pop-électronique qui nous emmène bien loin, bercés par le son d’un saxophone qui apparaît ici et là.
Visuellement, ils font confiance à Plastic Horses qui nous offrent une vidéo en animation colorée et lumineuse qui nous emmène en voyage entre l’Italie et des territoires plus fantasmés dans lesquels ont voit apparaître des statues géantes de Toucan et un soleil rouge et brûlant.
Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seul, Bleu Toucan a annoncé sa signature chez Labrea avec en ligne de mire un nouvel EP qui arrivera très rapidement. En attendant, on retourne se plonger dans les Eaux de Naples pour profiter de l’été qui s’annonce.
Beach Youth – Two Bedrooms
On continue notre voyage avec un retour plus qu’attendu. Plutôt discret ces derniers temps, Beach Youth sont de retour cette semaine avec un nouveau titre : Two Bedrooms. Et autant dire que notre patience est récompensée tant les caennais effectuent un retour aussi solaire que remarqué. Toutes guitares dehors, le morceau accélère aussi progressivement que les battements de nos coeurs pour finir dans une apothéose pop qui explose comme un feu d’artifice un soir d’été, les pieds plantés dans le sable d’une plage normande.
Pour accompagner Two Bedrooms, Adrien Melchior nous offre une vidéo animée qui nous transforme en planeur, voyageant à la vitesse du son au dessus de paysages qui rappelle les côtes américaines, nous transportant d’une plage à une autre.
Un bonheur n’arrivant jamais seule, Two Bedrooms annonce aussi l’arrivée de Postcard, premier album de Beach Youth, prévu pour 2021. Le rendez vous est déjà pris.
Cipierre – Les vagues
Une petite pause douceur ne faisant jamais de mal, on s’est aussi laissé bercer par le nouveau morceau de Cipierre. Avec les vagues, l’artiste dévoile un nouvel extrait de son EP Cerf-Volant, prévu pour le mois de septembre.
Une guitare et une voix, c’est tout ce dont il a besoin pour faire passer l’émotion bien aidé par un texte sublime et imagée qui nous raconte l’histoire d’un homme qui cherche à fuir un passé qui revient pourtant toujours frapper à sa porte. Il se retrouve alors submergé par des vagues de souvenirs qui, comme des vagues viennent s’échouer sur les récifs de sa mémoire. Et même si il cherche à transformer son histoire, à changer son passé, c’est la réalité qui finit toujours par se rappeler à lui. Un texte doux et profond, comme une ritournelle d’acceptation de sa propre histoire.
C’est forcément au grand large qu’il accompagne se titre, nous offrant deux minutes de vagues en mouvement permanent. Beau, tendre et sincère, Cipierre tape une nouvelle fois juste, en plein dans le cœur.
Fille à Papa – Bébé bronze
Si vous ne le saviez pas encore, chez la face B on a une affection particulière pour Cookie Records. De Bolivard à Later., le label nous enchante en permanence. Et ce n’est pas Fille à Papa qui fera exception à la règle. Tout en langueur et en décalage, la jeune femme est de retour cette semaine avec Bébé bronze, un titre moite porté par une basse comme on aime et des nappes électroniques du plus bel effet et un texte à la sexualité à peine voilée (si vous n’avez pas remarqué de quoi parle le titre, on ne sait pas trop quoi faire pour vous).
Pour ne rien gâcher, le morceau s’accompagne d’un clip qui a l’avantage de nous faire sourire, nous emmenant dans un monde étrange, et pourtant bien réel, au milieu de shootings qui ne ressemblent à rien, histoire de se moquer d’un univers vain et superficiel. Le tout nous donnant clairement plutôt envie de sauter dans la piscine avec les dauphins du titre.
Andy Luidje – Rolex
Si l’on prend l’un plus gros cliché du monde du rap actuel, on pourrait voir comme une sorte d’obligation de parler de son succès et de tout l’univers bling bling qui l’entoure. Mais comment en arrive t’on à cette étape ? Andy Luidje, nous parle de ce « monde d’avant avec Rolex. Jeune artiste qui risque de prendre la lumière avec la sortie annoncée de son premier album Vous et Moi au mois d’août, le rappeur nous raconte ce qu’il faut pour atteindre cette exigence de réussite : de l’envie, de la concentration, de la persévérance et une bonne dose de talent. À l’écoute de son dernier titre on se dit qu’Andy a toute les cartes en mains, bien aidé par une prod aérienne aux accents trap composée par Mr.Hyde.
La vidéo de Grégoire Mwayembe qui présente le titre nous emmène entre rêves et réalités, entre le travail qui mène au succès et des plans plus oniriques qui présentent à la fois les fantasmes et les pièges qui peuvent joncher une carrière. Bien loin de tout ça, Andy Luidje se concentre sur son flow et sa plume, on ne doute pas que le reste devrait suivre rapidement.
Tapeworms – Safety Crash
On n’allait pas terminer la semaine sans une petite dose de shoegaze et encore plus si elle vient directement des contrées chères à nos coeurs : le nord de la France.
Tapeworms débarque cette semaine avec un nouveau titre, Safety Crash, annonciateur d’un premier album à venir chez Howlin’Banana Records et Crane Records.
Entre guitare vaporeuses, voix éthérées et bidouillage électronique du plus bel effet, le trio lillois nous offre un titre réjouissant et entêtant qui aurait facilement eu sa place dans la bande originale du génial Scott Pilgrim vs The World.
Le morceau s’accompagne d’un morceau qui nous emmène dans une cours classique d’un lycée nordiste, entre terrain de baskets délabré et salle de sport qui n’a pas pris une ride depuis les années 80 pour nous offrir une bonne séance comme on les aime avant de retourner à ce qui nous intéresse vraiment dans cette affaire : la musique.
Honnêtement, il y a forcément une petite pointe de nostalgie qui pointera le bout de son nez à la vue de ce clip pour toute personne ayant fait sa scolarité dans le nord pas de calais. En tout cas nous, on a fondu comme une glace au soleil autant pour le son que pour la vidéo de Tapeworms.