La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. L’acte 5, c’est maintenant.
Pablo Alfaya – Sad Night, Dancing
Trois mois après nous avoir mis à terre avec le sublime Ocean, Pablo Alfaya perpétue ce petit miracle avec son nouveau titre : Sad Night, Dancing. Le garçon d’origine argentine surfe à nouveau sur la vague de la douce mélancolie avec un titre qui brille comme un diamant pop au milieu d’une nuit noire, éclairé par la beauté de cette voix et de ces chœurs qui nous transportent, des arrangements musicaux qui jouent comme des couches de sables aux couleurs différentes et qui forment pourtant un tout homogène et prenant. Autant influencé par les années 1950 et 1960 que par le hip hop ou la production moderne, Pablo Alfaya nous conte des histoires d’amours brisés, d’introspections et de voyage mental. Le genre de titres dans lequel on se reconnait forcément, tant le propos est universel et nous permet de projeter sa musique sur des souvenirs personnels. Le clip de Permanent Makers transforme ces montages sonores en montages visuels, jouant de collages et d’images pour retranscrire en douceur tout le propos de cette chanson qui risque de nous suivre un bon petit moment.
Merryn Jeann – See Saw
Parfois la simplicité suffit à la beauté. Une guitare, une voix ou deux, une interprétation qui hérisse les poils et le tour est joué. Merryn Jeann n’a pas besoin de faire beaucoup, elle n’a pas besoin de forcer pour fasciner, en un accord, en un mot, nos oreilles n’existent que pour elle. La preuve avec ce magnifique See Saw issu de son premier album. Là aussi, la mélancolie n’est jamais loin et la douceur toujours présente tout comme l’émotion qui se décuple lorsque les voix se mélangent et nous frappent en plein cœur. Des déceptions, des choses perdues, des sentiments qui nous échappent pour une recette minimaliste qui atteint son but à la perfection. Le clip de Emily De Matteis joue aussi de ce minimalisme qui frappe, filmant simplement l’artiste qui tourne à l’infini (on espère tout de même qu’en ce dimanche matin, vous ne trainez pas une gueule de bois car le clip risque de vous faire un effet particulier).
Ali Danel – La Couleur de l’eau
Parfois, par hasard, l’idée d’un clip rejoint une actualité qui nous a tous saisi. On ne parle pas de la mort de Jacques Chirac (parce qu’honnêtement, on s’en fout un peu) mais bien de la catastrophe de Rouen. Ainsi sans le savoir, comme un miroir de ce qui pourrait arriver dans un futur proche et pas si joyeux, Ali Danel nous a dévoilé cette semaine le clip de son titre La Couleur de l’eau. Apocalypse, solitude et eau colorée et phosphorescente, le jeune picard traine son spleen et sa mélancolie d’une voix grave et d’une guitare claire nous contant la fin d’un monde dont tout le monde se fout. La vidéo qu’il réalise avec les Frères Fournaise, joue de la beauté des paysages de Picardie pour présenter cet être esseulé dans un monde qui disparait et qui le pousse finalement au pire, épuisé et fatigué d’une existence qu’il ne peut plus partager qu’avec lui même. On n’est pas forcément dans le plus joyeux des mondes, mais on est clairement dans un futur malheureusement envisageable. Ali Danel dévoilera son nouvel album Sur Mon Île le 11 octobre.
MorMor – Some Place Else
Une marre de sang, un cafard s’y noie. Une âme s’élève et laisse derrière elle un corps devenu trop lourd pour pouvoir le porter. Elle récupère son vélo, celui avec lequel elle vient d’avoir un accident et s’en va dans la nuit, vers ailleurs, se promenant dans les rues aussi tristes que sombres d’une ville lambda de l’Amérique du Nord. Le clip de Rubberband a la beauté visuelle facile qui nous ferait presque oublier la tristesse de ce qu’il raconte. Une perfection graphique pour une perfection musicale, l’une et l’autre se répondant parfaitement. Comment ne pas fondre face à la voix de MorMor, à la douceur sombre de son Some Place Else. Aussi hypnotique qu’il est chaleureux, le titre du canadien nous contamine dès les premiers notes pour ne plus nous lâcher, comme un doux venin qui se diffuse en nous pour nous transformer à jamais. Une beauté rare, à l’écoute comme à la vision, qui nous laisse choqué et sans mots immédiats (heureusement ceux-ci reviennent vite). Un artiste à découvrir le 06 novembre à La Maroquinerie, avant qu’il ne joue définitivement dans la cour des grands.
Marble Arch – Today
Marble Arch fait partie de ces groupes qui nous auront définitivement séduits cette année. Depuis la sortie de leur deuxième album, Children Of The Slump, où influences shoegaze et bedroom pop se mêlent, le quintette breton ne cesse de gagner en visibilité à l’échelle nationale et bien au-delà. De nouveau à la conquête de l’hexagone depuis quelques jours, le groupe nous a également offert un clip pour son morceau Today, où l’on se laissera bercer sans nulle retenue par la tessiture suave de Yann Le Razavet. Pour accompagner ce morceau à la sensualité imparable, Jeanne Lula Chauveau a usé de son talent et nous propose des visuels à l’esthétique léchée. On plonge alors dans une ambiance nocturne où deux femmes se prennent au jeu d’une relation sentimentale bien plus passionnée que passionnelle. Des virées à la fête foraine, des numéros de pole dance sensuels, peu de pudeur et beaucoup d’intimité livrée pour 4 minutes de visuels enjôleurs. Avis aux parisien.nes : prenez-vite votre place pour le concert de Marble Arch à La Boule Noire le 04 octobre, accompagné des talentueux et fougueux rennais de Born Idiot. Véritablement LE rendez-vous musical immanquable de ce mois d’octobre.
Temples – You’re Either On Something
Cette semaine, Temples nous a fait grand bien avec son nouvel album Hot Motion, troisième tour de force éblouissant du groupe anglais. Et c’est You’re Either On Something, second single irrésistible de ce nouvel opus qui s’est vu offrir un clip réalisé par Sam Kinsella plus tôt dans la semaine. C’est alors habillés de leurs plus beaux costumes tout droit sortis des 70s, bottines aux pieds et chevelures à faire pâlir de jalousie plus d’un, que nous partons en compagnie de Temples en direction d’un typique night club british. Une virée nocturne qui nous fera nous perdre parmi les méandres de quelques consommations immodérées d’alcool et nous plongera dans la spirale de l’irrationnel afin de conclure sur une foule en furie face au charismatique leader James Bagshaw et son doigté singulier. Un morceau rock, psychédélique et pétillant où l’on retrouvera ces riffs forcenés mais qui font tout le charme et la réussite des quatre lurons venus d’une autre époque et pour qui notre admiration ne fait qu’amplifier depuis maintenant près de cinq ans. Pour en prendre plein les yeux (et surtout les oreilles), rendez-vous le 20 novembre au Trabendo, unique date française du groupe. On y sera et on s’impatiente déjà !
ORDER89 – EDWARD
Depuis que l’automne est revenu, tu ne sais plus comment t’habiller ? Eh bien on te conseille tout de suite de mettre ton gros manteau parce qu’on va te parler de cold wave. Faire baisser la température, c’est bien la spécialité de ORDER89. Les Parisiens nous ont dévoilé cette semaine les prémices de leur album Bleu Acier qui sortira le 18 octobre. Sur le son des guitares pressantes, le morceau Edward dépeint la solitude que l’on ressent tous plus ou moins, profondément ancrée en soi. Cette solitude qui, pendant cette période de l’année, est difficile à supporter. C’est bien pour cela qu’on a fait écouter cette poésie noire à notre entourage, et que l’on a commencé à danser, et à danser, pour réchauffer nos cœurs.
Vald – Journal Perso 2
En pleine promo pour son prochain projet Le monde est cruel (qui est directement mis en avant dès le début du clip), Vald a décidé de clipper la suite de l’un de ses classiques : Journal perso. Pour cela, il est accompagné du duo qui lui réussit plutôt bien : Kub et Cristo. Morceau sombre et personnel dont l’atmosphère a été retranscrite sur les écrans. La couleur noire est très présente dans le clip, poussant le côté obscur de Vald encore plus loin. ce dernier atteindra son paroxysme lorsqu’il tirera sur des fans un peu imposant. Un morceau et un clip de haute voltige qui annonce une suite de grande envergure à XEU.
Benoit Bourgeois – L’essentiel
Benoît Bourgeois, c’est un artiste des Hauts de France qui lance son premier clip, en guise de prélude à son premier album, Invisible. Pour ce faire, il s’est entouré de la crème des talents régionaux : le collectif Kiki Bronx à la réalisation, et le duo Tim Placenti / Rémi Mencucci pour la production. Le résultat ? Une esthétique sensible, murmurée et élaborée avec soin. On peut ainsi observer Benoît évoluer dans la nature, vêtu de son plus beau ciré jaune. Un retour aux sources, à L’Essentiel puisqu’il s’agit du titre du morceau, ode à la conscience du monde et de l’environnement qui nous entoure. Il s’y fond, émerveillé par la vie qui l’entoure et nous rappelle l’importance de cette connexion et de la simplicité dans une société toujours plus rapide et anxiogène.
Lord Esperanza feat Yseult – Laisse aller
Datant de Drapeau blanc, premier du rappeur, la connexion avec Yseult, artiste engagée, décomplexée et assumée est maintenant mise en vidéo. Laisse Aller s’offre donc un clip mélangeant jeu d’acteur et animations. Le montage est maitrisé de A à Z, on peut retrouver plusieurs éléments de pop culture. Il y a tellement d’informations et le tout se déroule à une vitesse folle ,mais ce n’est pas pour autant que le clip est incompréhensible et lourd. Lord Esperanza et Yseult, c’est définitivement une connexion qui marche.
Lala &ce feat Pucci Jr – Dis Amine
Faire ses armes avec des artistes aussi complexes et techniques que les membres de chez 667 a permis à la jeune Lala &ce de se construire un réel univers. Toujours dans de la trap pure et dure, les 808 et Lala s’associent à Pucci Jr pour Dis Amine. Dans un clip nocturne, uniquement éclairé par une superbe lumière bleue mettant en valeur les deux rappeurs, un montage calibré vient sublimer le tout. Lala &ce vous fera découvrir son univers sur scène dans le cadre du MaMA Festival.
Namdose – Shelter
On vous avait présenté leur album il y a quelques semaines de cela, il était donc évident de vous présenter le nouveau clip de Namdose. Shelter, puisque c’est de lui qu’il est question, est un nouveau single du groupe, qui se met en scène au sein des luxuriantes serres du jardin botanique de Liège. Les protagonistes se présentent face caméra, dans des plans fixes qui soulignent leur dynamisme au milieu de fougères et autres plantes. L’atmosphère du morceau est dans un premier temps moins radical que les extraits de leur album, casi pop pourrait-on presque avancer. Puis les choses s’emballent et on retrouve les guitares saturées et l’intensité du supergroupe. Un bien bon dessert et une belle surprise après le menu que constitue l’album.
La Maison Tellier – Laisse-les dire
Vous aurez beau brancher, débrancher les câbles de votre ordinateur en croyant à un problème informatique ; il s’agit simplement du nouveau clip de La Maison Tellier, à l’esthétique VHS. On y suit le parcours d’Eve qui nous ramène dans nos souvenirs d’adolescence. Période charnière entre liberté et quête d’identité où l’on pense naïvement se constituer par rapport au regard, au jugement, des autres. Ce à quoi répond le groupe : Laisse-les dire. Avec une tendresse fraternelle, les Tellier nous rappellent de « vivre » pour trouver nos multiples voies : nos goûts, notre genre, notre sexualité … bref notre propre idée de qui l’on est. Après tout, La Maison Tellier a bien raison, laissons parler pour pouvoir nous affirmer !
2PanHeads – Cloud Control
Si à travers leur clip, 2PanHeads reverse les faces A, les face B, il est sûr que La Face B a été renversée. Il y a dans leurs sonorités quelque chose de profondément avant-gardiste, qui nous saisit et ne nous lâche plus. Des sons mécaniques, minimalistes et violents, se couplant parfaitement au visuel industriel de Cloud Control. Pourtant derrière cet aspect contrôlé dans la précision des rythmiques et pulsations, se dissimule un esprit de liberté et de fougue qui nous emporte. À vrai dire, 2PanHeads parvient à créer leur propre genre : entre la rapidité, la rigidité, d’un punk libéré et l’électro envoûtant, transcendant, de la rave. Le groupe s’érige alors la place d’artistes à suivre (absolument).
La Battue – Cheeky Monkey
On finit la sélection de la semaine en douceur avec La Battue. Cheeky Monkey est un titre lumineux, enjoué, qui joue de sublimes harmonies vocales que ne renieraient pas un certain Brian Wilson. La référence est évident et avec les yeux fermés, on se retrouve facilement dans la Californie des années cinquante, le soleil qui frotte nos bras, les chaussures à la main et le sable qui nous glisse entre les doigts de pieds. Mais puisqu’on est dans la sélection des clips de la semaine, c’est les yeux bien ouverts qu’on regarde la vidéo d’Alexia Henon, filmée dans un super 8 génial qui colle aux intonations de la musique et nous ramène dans les souvenirs heureux et simple du groupe lors d’un printemps dans la Loire Atlantique. Comme quoi, le bonheur est là où se trouve notre cœur. La Battue sera à retrouver le 17 octobre au MaMA Festival pour présenter leur premier album Search Party.