La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. Embarquez avec nous pour la première partie de l’épisode 57.
La Belle Vie – Promesse
Saint-Étienne, terre musicale de l’année 2020 ? Au vu de l’actualité récente, il est impossible de nier l’évidence. Au côté de Terrenoire, Zed Yun Pavarotti et Fils Cara, on retrouve donc La Belle Vie sextet qui mélange avec bonheur rap et pop dans une musique pleine de promesses alors que leur premier EP est attendu pour novembre chez Pont Futur.
Deux mains qui se caressent, qui se cherchent, se frôlent et finissent par se retrouver … Parfois, il en faut peu pour offrir un joli moment de tendresse et de sensualité. À l’heure ou les corps doivent se tenir éloignés le plus possible, la vidéo de La Belle Vie pour Promesse nous rappelle des gestes simples qui pourtant nous manquent cruellement, alors qu’on se fait la promesse qu’un jour ils redeviendront d’une telle normalité qu’on en oubliera leur importance.
Petit Biscuit – Burnin
Vint-Quatre heures avant la sortie de son deuxième album, Parachute, l’artiste français a dévoilé le clip de l’un de ses nouveaux titres, Burnin. Ce morceau nous conte l’histoire de deux adolescents. Deux amis qui finissent par développer une relation aux contours assez vagues. De cette relation naît un sentiment d’incertitude lié aux sentiments que chacun éprouve pour l’autre. Burnin, c’est un titre pop assez léger où la voix de Petit Biscuit s’allie à sa maîtrise des sonorités électroniques. Dirigé par Aube Perrie (qui a notamment travaillé sur des clips de Møme ou Videoclub), le clip dépeint cette atmosphère incertaine engendrée par la relation nouée entre les deux protagonistes. Au fur et à mesure de son avancée, la tempête s’amplifie pour finir par éclater.
Bastien Keb – Rabbit Hole
Si vous ne connaissez pas encore Bastien Keb, on vous le recommande vivement ! Déjà parce que cet artiste multi-instrumentiste londonien produit une musique tout simplement sublime, mais aussi car il accompagne ses titres de choix vidéos extrêmement audacieux. Dernièrement c’est le single “Rabbit Hole”qui est sorti, accompagné d’un clip qui est signé Sidney Kreitzer. Ce clip ressemble à un tout petit court-métrage, tant les plans, la lumière et le récit qui est raconté, sont travaillés. On suit un homme, qui arrive à l’aube de sa vie, qui semble complètement perdu, et qui part à la recherche de sa vie passé, de ses souvenirs. Ce manque dans sa vie est symbolisé par une femme au visage recouvert de cire, que ce vieux monsieur à l’allure d’un Davy Crockett va alors chercher à retrouver, à travers des paysages magnifiques.
A l’image de l’œuvre discographique de Bastien Keb, “Rabbit Hole” est un titre psychédélique et délicat à la fois. Le morceau se présente à nous comme une étoffe d’une grande richesse, qu’on découvre avec quantité de petites touches, de petits détails, aussi délicats et raffinés les uns que les autres. Et pour cause, l’œuvre de Bastien Keb est portée par une beauté toute particulière : mélancolique, sinistre, maussade… pourtant cela donne quelque chose de fascinant, car étrangement on se sent bien dans cet univers. Sa musique nous transporte dans un songe étrange, lugubre et morose, mais le tout bercé d’harmonies très justement superposées, qui ôte de nos têtes l’idée même de se réveiller. Ce titre “Rabbit Hole” est issu de son 3ème album The Killing of Eugene Peeps (sorti le 09 octobre dernier), album qu’il a imaginé comme la bande-son d’un film qui n’existe pas : un cran supplémentaire dans l’atmosphère mystérieuse qui entoure Bastien Keb et son œuvre.
Michael Lome – Nous
Ça faisait un certain temps qu’on guettait l’actualité de Michael Lome. Après de premiers singles pour présenter sa folk à l’anglo-saxonne, teintée de mélancolie et de romantisme, on l’avait surtout applaudi en première partie de Julien Doré lors de sa venue au Colisée de Roubaix. Très touché et inspiré par cette opportunité, le chanteur originaire d’Arras a continué à travailler, décidé de changer de langue pour ses textes pour se rapprocher de son public et se mettre encore plus à nu. Ça marche dans ce premier extrait, Nous, où il dévoile ses sentiments et ses doutes dans une vidéo au bord de la mer, servie par de magnifique plans aériens. On ne sait pas encore où l’emmènera ce single, vers un EP ou un premier album peut-être ? On l’espère en tout cas, et on va patienter jusqu’aux prochaines annonces du nordiste.
Zach Zoya ft Angel – Patience
C’est accompagné par l’artiste anglaise Angel que le canadien Zach Zoya livre un nouvel extrait de son projet qui ne va pas tarder à arriver. Comme à son habitude, il nous plonge dans une ambiance et une esthétique bien particulière. Il se retrouve sous la forme de personnes exerçants différentes choses, comme si son chemin avant d’arriver à la musique avait été fait de plusieurs essais pour diverses activités. Une multitude de chemins qu’aurait pu prendre l’artiste, qui a finalement opté pour le monde de la musique. Un univers qui lui va plutôt bien puisque dans ce titre il montre une facette de sa musique qu’il n’avait pas encore montré. Une polyvalence qui ne peut que lui apporter le soutien qu’il mérite.
Bambino – Kekra
L’enfant terrible Bambino revient avec un nouveau titre des plus énergétiques. Une plongée dans son univers haut en couleur et son mode de vie rythmé. Entre après-midi posé à l’appart avec ses proches ou les soirées rythmées, l’artiste Kekra (comprenez craque, ndlr) grave. Un point de rupture symbolisé par des objets cassés à coup de club de golf ou brisés par un coup de pied. Un clip aussi délirant que l’artiste le proposant. Ce qui permet de découvrir encore plus Bambino et ses multiples facettes avant qu’il ne nous livre la suite.
Jäde Ft Bakari – Groupie Love
Quand la douce voix de Jäde s’associe au rap brut de Bakari, la connexion peut ravir autant qu’interroger. Mais c’est sans compter la polyvalence du liégeois et l’alchimie que dégagera « Groupie Love ». Jäde a par le passé montré son attachement envers le monde du virtuel, dans ce clip, le délire est passé à son paroxysme. Le clip est un fond d’écran d’ordinateur sur lequel défile tour à tour des images de la session studio entre les deux artistes mais aussi le texte du morceau. C’est via un appel que Bakari lance un couplet tout en douceur. Un morceau qui exprime ce à quoi peuvent ressembler les relations amoureuses avec les technologies actuelles.
Julia Stone – Dance
Julia Stone est majoritairement connu pour le duo de folk Angus & Julia Stone qu’elle forme avec son frère, mais c’est aussi une musicienne solo très talentueuse. Le 19 février prochain, Julia Stone a prévu de sortir Sixty Summers, son tout nouvel album solo, dont elle nous dévoile déjà l’extrait “Dance” ! Le titre est empreint d’une beauté fragile, sublimé par les prestations de Susan Sarandon et Dany Glover, deux très grands acteurs hollywoodiens, qui interprètent deux âmes en train de flirter, émus derrière leurs téléphones portables et le jeu de séduction qui s’en dégage. La performance des acteurs nous montre ces deux personnages bouleversés par les mots doux qu’ils reçoivent, certainement transportés de bonheur à l’idée que l’autre partage les mêmes sentiments, et se préparer pour ce qui semble être… leur tout premier rendez-vous amoureux ! Le clip, tourné par Jessie Hill, est aussi touchant que la chanson : on les suit depuis le petit matin, où Dany Glover prépare ses tartines de beurre, on les voit s’agiter derrière leurs téléphones portables – on devine qu’ils se triturent les ménages pour écrire le « bon » message – puis ce sont des sourires qui viennent illuminer leurs visages à la lecture des textos qu’ils reçoivent, toute leur journée sera alors rythmée par leur préparation, le masque de beauté de Dany Glover, une Susan Sarandon qui imprime le souriant selfie qu’il vient de lui envoyer… le tout dans un état d’excitation joyeuse et de béatitude, et de langoureux mouvements de danse…, jusqu’au soir où ils se retrouvent tous les deux dans la rue, prennent timidement la route ensemble, avant de finalement se mettre à danser… reprenant une danse qui les avait habité toute la journée.
Pomme – Chanson For My Depressed Love
Octobre s’efface déjà, laissant derrière lui un certain spleen. On se laisse porté – bercé – par cette mélancolie. Pour certains en boule dans son lit, d’autres en buvant de l’eau chaude avec des fleurs dedans ou en écoutant de la musique comme objet consolatoire. Ca tomberait presque au bon moment puisque Pomme nous offre un petit bijou aussi fragile que précieux ; une Chanson For My Depressed Love. Sur ces images, on l’observe jouer comme s’il elle était envoûté et en communion avec la sincérité de ces mots : “Je t’aime, c’est comme ça; Je pleure pour la première fois; De Quand tu me dis des choses tristes” Ou encore confiant que “Quand tu me dis des choses tristes; Soudain lе noir se fait“ Baignée par la lueurs des bougies qui l’entourent, Pomme nous réconforte à travers ces couplets et refrains. Elle dit d’ailleurs qu’il s’agit “d’une chanson à envoyer à tous les gens tristes ” Alors, vous pensez à diffuser cette chanson pour adoucir les peines.
Peter Dallas – Your Lover
Avec son nouveau single Your Lover, Peter Dallas nous offre une douce ballade électronique, enveloppée par une voix de velours. Une ballade dont les notes vous prennent naturellement par la main et vous transportent sous le soleil de Los Angeles, sans aucune attestation de déplacement.
Dans le clip, une jeune femme esquisse quelques pas de danse, en rentrant de soirée, sous le rayons d’un soleil levant. L’air sereine, elle contemple le paysage urbain qui se dresse devant elle.
Extrait du futur EP The Ballads of Peter Dallas (disponible le 6 novembre), Your Lover annonce le début d’une nouvelle aventure musicale séduisante.
Cléa Vincent – Poupée canapé session live
Après du sang sur les congas Cléa Vincent nous partage un deuxième opus issu de son EP Tropi-Cléa 2 tourné en session live aux Midilive studios. Gaëtan Chataigner est à la réalisation et Thierry Goron à la photographie. Cléa se positionne au centre derrière un piano à queue. Elle s’entoure de ses complices de toujours Raphaël Léger à la batterie, Baptiste Dosdat à la basse, Raphaël Thyss trompette et au clavier. Nina Beziau et de Romain Cuoq, aux saxophones Baryton et Tenor ainsi que Arnaud Laprêt aux percussions, les complètes.
Les basses rondes et félines, accompagnées par les accents jazzy de la section cuivre, baignent dans l’atmosphère lazzy du rythme reggae qui embaume ce titre. On se retrouve plongé dans la torpeur d’un après-midi caniculaire. Pour autant, le discours faussement naïf et délicieusement féministe tel qu’on l’apprécie chez Cléa, nous rafraichit ; comme une brise qui se levant, aiguiserait nos pensées. Laissons de côté les a priori erronés, rimmel ou talons aiguilles ne métamorphosent pas en potiche ou en Poupée canapé. Il n’y a pas besoin d’attestation dérogatoire pour s’assumer et vivre tel(le) que l’on est.
Bolides feat. Edge et Oscar Emch – Bruh
Nous vous parlions de cette collaboration il y a peu, dans la chronique sur Cœur Vagabond, le premier projet de Bolides.
Sur ce son, Bruh, se regroupent trois genres musicaux distincts : pop, rap, RnB, dans un mélange parfaitement homogène. Chaque artiste a gardé son identité sur le morceau, tout en élargissant le registre des autres collaborateurs.
Sur un ring de boxe fait son entrée Oscar Emch, initiateur de ce combat entre Bolides et la réalité qui rattrapent les artistes. Quand dans l’ombre, Edge se tapit pour gérer le business engrangé par tous ces mouvements. Un clip qui correspond donc parfaitement au texte, le tout toujours traité dans la subtilité et la métaphore.
Regina Demina – Couzin
Il y a quelques mois, nous vous parlions de l’album de Régina Demina, Hystérie !. Cette semaine, la chanteuse nous dévoile le clip de son titre controversé Couzin.
Régina Demina incarne son propre rôle dans un clip mêlant animation 3D et jeu physique d’acteurs. Le clip est aussi dérangeant et troublant que la chanson qu’il accompagne : le thème de l’inceste entre cousins est ouvertement abordé et des scènes de sensualité entre deux êtres se ressemblants physiquement, soutiennent les paroles de Régina Demina.
Le clip de Couzin représente à lui tout seul la parfaite expression de l’univers gothique et sucré de la chanteuse.
Belle And Sebastian – The Boy With The Arab Strap / My Wandering Days Are Over
Soyons honnête : oui l’année 2020 n’aura pas été la plus joyeuse, la plus réjouissante et la plus épanouissante. Alors on prend les jours comme ils viennent et les petites douceurs avec un bonheur qu’on décuple à la hauteur de ce qu’elles nous apportent. Et en parlant de petit bonheur qui nous apporte une immense joie et une chaleur infini dans nos petits cœurs parfois transi en voici une qui devrait réjouir un grand nombre : Belle and Sebastian va dévoiler un album live. Comme si le groupe avait voulu répondre à nos attentes et à tous les festivals qui ont été annulé, cette double galette de plaisir s’intitulera What to Look For in Summer et est prévue pour le 11 décembre. Et ce n’est pas un mais bien deux extraits que la bande de Stuart Murdoch nous offre à l’écoute accompagnés chacun d’une vidéo. Et alors qu’on aurait pu s’attendre à de simples vidéos live, les écossais surprennent et enchantent comme à leur habitude puisqu’ils nous offrent deux pastilles à la fois différentes et complémentaires. Toutes les deux mise en image comme des reportages d’une chaine télévisée intitulée B&S1, on se retrouve d’un côté face à un petit film d’une rencontre en mode noir et blanc pour My Wandering Days Are Over tandis que la vidéo de The Boy With The Arab Strap se transforme en délirant voyage dans les terres écossaises à la rencontre de tous les membres (et ils sont nombreux) du groupe. Vous l’aurez compris, il est impossible de résister au charme tendre de Belle And Sebastian alors ne résistez pas et laissez vous porter.
NZCA LINES – For Your Love
La situation actuelle n’empêche pas d’avoir des idées. Et des idées, NZCA Lines en a à revendre. Si son nouvel album Pure Luxury continue de tourner de manière assez régulière sur nos platines, c’est pour sa qualité et aussi pour la diversité de ce qu’il nous propose. Ainsi au cœur de l’album se cache For Your Love, morceau qui mélange avec bonheur les genres, entre cordes cinématographiques, percussions omniprésentes, solo de guitare bien senti et cette voix toujours aussi accrocheuse qui se voit compléter à merveille par des chœurs féminins.
Pour accompagner le titre Florence Winter Hill nous offre une vidéo …faite de vidéos. On se ballade ainsi dans des images d’archive ou des extraits de films pour suivre une romance entre deux personnages colorés. Gentiment désuète et au charme fou, la vidéo se joue des contraintes actuelles pour nous offrir une véritable histoire autant qu’un beau moment d’humour et de poésie.