La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. Embarquez avec nous pour l’épisode 60.
Lala &ce – Dodow&ve
Lala &ce est peut-être un des visages les plus intriguants et intéressants de la scène rap francophone. Son dernier clip, Dodow&ve et son univers nocturne et hypnotique ne viennent que confirmer ce statut. Tourné à la manière d’un court-métrage, le visuel est un brin scénarisé. Le début se fait dans une chambre d’hôtel où l’artiste ainsi qu’un ami se prépare pour aller à une soirée. Avant de partir, ils boivent un verre de whisky, amélioré par son ami. Ce qui annonce une soirée riche en défonce. C’est les pupilles dilatées que Lala et son ami rentrent dans une berline allemande et plongent dans un univers saturé de couleurs néons, l’ambiance y est psychédélique. Le décor ne cesse de changer et les plans de caméras rajoutent au spectateur l’impression d’avoir également consommé, le plongeant au plus profond de l’univers qu’à voulu retranscrire l’artiste. Une mise en abime réussie et bien tripante pour Lala &ce.
Younès – L’effondrement
Entre prise de positions et ironie bien placée, Younès continue de distribuer son rap. Après avoir traité divers sujet avec coeur et âme, c’est à la cause environnementale qu’il s’attaque cette fois. Une cause qui préoccupe de plus en plus les jeunes générations et à laquelle il est important de sensibiliser les enfants qui seront les acteurs du monde de demain. C’est donc pour cela, que Younès se la joue professeur au début du clip. Son ironie est également présente dans le clip puisqu’on le voit par exemple, distribuer des billets à ses élèves ou encore faire le trajet Paris-Bruxelles en avion. C’est en ce mettant dans la peau d’un individualiste climato-sceptique qu’il énumère tous ces désastres qui détruisent petit à petit la planète. Des questions pertinentes sont quand même posée et certains plans des beautés qu’offre la planète semble sonner comme de la sensibilisation. Un clip qui renforce les engagements du jeune rappeur.
Eli Rose – Alibi
C’est du Canada que vient la pop colorée de Eli Rose. Faconné par le duo Banx & Ranx, son dernier titre, Alibi respire le pâte électro du duo de producteur sans dénaturer le charme de l’univers pop d’Eli Rose. Amoureuse des histoires d’amour, ce clip évoque le jeu que l’artiste a pu engager avec un homme. Un jeu visiblement qui comporte des conséquences puisqu’il lui faut trouver un Alibi. Avec ce jeu, elle a perdu la confiance de celle qu’elle aime et tente de récupérer. Elle ne l’a pas oublié, comme le témoigne la boucle formée par le clip. Le spectateur pense les deux êtres loin l’un de l’autre et pourtant ils sont toujours proches. Pour au final se retrouver, séparer par une vitre en plexiglas comme si leur coeur avait envie de retourner l’un vers l’autre mais que leurs têtes n’étaient pas de cet avis. Un visuel qui montre la manière bien à elle qu’à Eli Rose de raconter l’amour, le tout saupoudré de prise de vue à coupler le souffle.
Veronica Fusaro – Beach
Voyager d’un pays à l’autre, découvrir une nouvelle culture voilà ce qu’il manque à beaucoup de monde en ce moment. Heureusement, à l’heure actuelle une multitude d’alternatives sont là pour faire voyager qui veut dans un autre univers. Que cela soit la lecture, la musique ou le cinéma, tous peuvent faire vivre à leurs audiences un voyage dans un monde aussi bien réel que fantastique. Pour le clip de Beach, Veronica Fusaro a fait le pari d’emmener ses auditeurs avec elle dans un voyage à travers l’Italie. Munie de son vélo, elle pourchasse un ballon de baudruche afin de le prendre en photo. Une course poursuite qui pourrait symboliser une multitude de choses. Mais qui est surtout une ballade à travers des paysages plus beaux les uns que les autres. Elle en profitera pour s’arrêter manger un bout en terrasse, pour aussitôt reprendre la poursuite du ballon. Et elle a bien fait, étant donné que c’est en haut d’une dune, face à la mer qu’elle clôturera trois minutes de voyages, ballon à la main. Elle le lachera aussitôt pour qu’il s’envole vers d’autres univers. En attendant, l’auditeur a pu rentrer dans celui de Veronica.
Slowthai – nhs
Le petit prince démoniaque de la musique UK est de retour avec le morceau nhs qui annonce la sortie de son nouvel album TYRON le 5 Février 2021 . Après l’excellent Feel Away produit avec Mount Kimbie et Mura Masa l’anglais nous livre un morceau et un clip inspirés par 2020 et notre quotidien chamboulé par le coronavirus. NHS n’est autre que le National Health Service, le service de santé public du Royaume-Uni, c’est donc dans son quotidien de confiné que Slowthai kicke son texte, dans la queue de caddies qui mène au supermarché et qui n’en finit plus, dans sa chambre assis sur son lit, à longueur de journée, il trône même sur un mur de rouleau de papier toilettes, objet mis en lumière pendant cette période si spéciale.
C’est dans ce décor que Slowthai nous fait parvenir plus qu’une simple mélodie, il élude un constat sur les inégalités toujours plus persistantes comme il le dit si bien, « What’s health without poorly? What’s wealth without the poor? Please
The world we’re living in, I’m tryna give you reassurance »
Slowthai n’est autre que le visage de la jeunesse anglaise d’aujourd’hui, en proie aux questionnements, à la recherche de repères mais surtout talentueuse, plus que jamais.
Cautious Clay – Dying in the Subtlety
L’excellent Cautious Clay est de retour avec un deuxième extrait tiré de son prochain album qui sortira courant 2021.
Alors, oui, c’est bien Jason Statham qu’on aperçoit sur la miniature de la vidéo, mais pas de panique, c’est bien Cautious Clay qui chante ici. Dans ce clip, l’artiste explore les liens qui unissent et défont les relations humaines, on l’accompagne ainsi dans une séance avec sa psychologue, on le voit se questionner et se tordre dans tous les sens pour comprendre la teneur de la communication entre amis, relations, amours et les tourments que cela peut provoquer, positivement comme négativement.
ll résume cela d’une manière bien précise puisqu’après tout « Love is just a passion with a four letter name ». Enfin, dans ce clip, qui est entrecoupé de plans de performance live dans une cour bien colorée, l’artiste nous démontre son agilité à la guitare lorsqu’il nous délivre un riff bien chaloupé en fin de vidéo, de quoi bien finir (ou commencer) la semaine.
TRENTE ∞ AUX ABSENTS (feat KARELLE)
Si pour certains, les périodes de confinement ont rimé avec pause créatrive, ce n’est pas le cas de Trente. Le jeune homme nous avait déjà offert Confinée au début de l’année, la semaine prochaine il nous dévoilera Novembre, son nouveau projet. Si les humeurs printanières ressortaient de Confinée, Novembre semble lui porté par le poids des feuilles mortes et du froids qui revient pendant l’automne. C’est en tout cas ce que laisse transparaitre Aux Absents, ce premier extrait que Trente partage avec Karelle. L’ambiance est minimaliste, portée par un beat discret et des chœurs qui donnent le ton à la mélodie. La poésie simple et directe d’Hugo se diffuse toujours, mettant ici en avant à la fois du temps qui passe et efface tout autant que l’enfermement forcé qui nous éloigne de ceux qu’on aime.
Comme toujours, il passe aussi derrière la caméra, prolongeant visuellement cette esthétique DIY qu’on aime tant chez lui, filmant des bribes de quotidiens qui déraillent, jouant sur la juxtaposition des images et l’utilisation des filtres colorés pour forcer une mélancolie qui fort une nouvelle fois.
Pablo Alfaya – Hero In Disguise
On l’avait déjà dit, La musique de Pablo Alfaya est indissociable de l’océan. C’est donc en toute logique qu’on la retrouve ici, accompagnatrice proche et lointaine de la vidéo d’Hero in Disguise, titre qui ouvre le premier album de Pablo Alfaya. Morceau enlevé, le morceau est une sorte d’égotrip masquée, l’histoire d’un homme qui se cache pour mieux plaire, sorte de caméléon qui veut garder toutes ses options ouvertes au risque de se cramer les ailes.
Face à la caméra de Julien Peultier, qu’on a récemment vu en action pour Terrier ou Structures, Pablo Alfaya devient ce « héros masqué », sorte de super figure, présence solitaire et changeante au fil du clip, il se retrouve autant sublimé que mis face à ses propres faiblesses. Le clip joue de ses ambiances, s’amusant avec des filtres ou des éclairages pour changer le personnage, pour faire passer certaines idées, que ce soit la colère, la violence ou l’apaisement … Un clip en apesanteur, jouant beaucoup sur la notion du rêve et qui colle parfaitement à la musique de Pablo Alfaya.
Lulu Van Trapp – Brazil
On avait laissé Lulu Van Trapp en chantre d’une pop bien barrée, explosive en concert et qui partait dans tous les sens pour le meilleur et parfois pour le pire … Si le groupe garde une grande part de folie, il nous prouve avec Brazil qu’il est capable de la canaliser pour notre plus grand bonheur. Ce nouveau morceau, annonciateur d’un premier album, nous embarque ainsi dans une cavalcade musicale, épique et qui porte le désir féminin à son paroxysme. Car c’est ça aussi Lulu Van Trapp, un bonbon musical oui, mais où le texte trouve une vraie importance tout en poésie.
Et cette idée du rapport au désir, d’une relation un peu toxique et souvent à sens unique se transforme en véritable film noir sous la caméra de Lucie Bourdeu.
Un clip bourré de référence, superbement réalisé et à la direction artistique bien sentie qui nous permet de voir Rebecca se transformer progressivement, laissant derrière elle ses oripeaux de demoiselle en détresse pour devenir ce « monstre » sur de lui et tout en puissance.
Bref une vidéo bien barrée comme on les aime et qui ressemble totalement à Lulu Van Trapp.
Amarula Café Club – Afrodiziak
En ces temps ou le monde est bien calme, on a tous bien besoin d’énergie. Et ça Amarula Café Club l’a bien compris. Les parisiens reviennent ainsi avec la ferme intention de nous faire danser à la maison et mettent ainsi en images leur titre le plus dansant et puissant Afrodiziak, issu de leur dernier EP à ce jour. Morceau à la croisée des genres, Afrodiziak frappe fort et nous embarque avec lui dans une danse sans fin, bien aidé par un beat bien senti qui vous fera forcément remuer les pieds. Imparable et sans temps mort, le morceau se fait de plus en plus addictif au fur et à mesure des, nombreuses, écoutes qu’il entraine.
Visuellement, le quatuor nous offre un film fait maison, baigné par des lumières stroboscopiques qui nous rappellent les clubs qui nous manquent temps. Alors on met ça en plein page et on se laisse emporter, retrouvant dans cette parenthèse, cet univers qui nous manque tant.
Si tout se passe bien, on pourra retrouver Amarula Café Club à la boule noir au mois de mars. On croise les doigs et en attendant, on danse.
Aluna & KAYTRANADA – The Recipe (feat. Rema)
Toute de crinoline vêtue, Aluna fait un bon dans le temps avec le clip de The Recipe. Ambiance dancehall victorien pour cette nouvelle vidéo, dans laquelle sont également présents KAYTRANADA et Rema, en featuring sur le titre. Ce nouveau clip sort tout droit de l’univers qu’Aluna a choisit pour ce nouvel album : Renaissance. Si l’on axe cette chronique autour du titre de l’album, il y a beaucoup de choses à dire. En fait, c’est toute une analyse philosophique qu’Aluna met à notre disposition. Le titre The Recipe parle d’une recherche, d’une attente avant de rencontrer l’être qui partage sa vie. Une rencontre qui se veut comme une renaissance dans une vie sentimentale. Quant au clip, le choix d’un retour sur l’histoire de l’esclavage en Grande-Bretagne est un véritable parti-pris dans lequel la chanteuse britannique s’approprie les codes en vigueur dans les hautes sphères blanches du 19ème siècle. Le rythme made in KAYTRANADA et la très reconnaissable voix d’Aluna forment donc la recette parfaite pour la réussite de ce nouveau titre.
girl in red – two queens in a king sized bed
girl in red s’impose comme le phénomène musical du moment. Avec le titre we fell in love in October, il semblerait que la chanteuse norvégienne détienne la recette secrète des titres cocooning de l’automne. Avec ce nouveau titre, two queens in a king sized bed, girl in red nous arrive aisément à nous convaincre que le confinement peut avoir du bon, s’il on a à disposition une cabane sous la neige et un lit king sized (et un être aimé, éventuellement). Cette fois, la chanteuse nous parle de Noël, dans une ambiance très hivernale, usant de sa douce voix et d’une mélodie au piano, pour apaiser nos âmes cabossées. Ses paroles, toujours plus romantiques, sont parfaites pour un « bedroom pop anthem », nom qu’elle aime à donner à sa musique.
Mélodie Lauret – doucement
Les grandes portes blanches s’ouvrent et nous offrent tout un panorama sur le talent de Mélodie Lauret. Son nouveau titre, doucement, rappelle immédiatement le style de Joe Dassin. Une mélodie au piano, très simple, juste quelques notes, et la voix graves mais pourtant douce de Mélodie, qui ne chante pas, mais nous conte un texte. La chanteuse nous parle ici d’une rencontre, d’un coup de foudre. De cette façon dont le monde s’est arrêté et de ce moment qui passait, si doucement. Puis, sur chaque instrument qui s’ajoute au piano initial, Mélodie se met à chanter et nous fait partager cette histoire en chanson : « J’sais plus dans quel monde on est, j’en ai vu un autre dans ce baiser. » D’une simplicité étourdissante, le clip nous permet de découvrir une magnifique chorégraphie, qui accompagne le texte comme une enveloppe bienveillante.
Peur Bleue – Rêvage
Rêvage est le deuxième extrait publié de leur premier album L’étrange innocence des objets qui sortira vendredi prochain, le 27 novembre. Lors de leur précédente vidéo, illustrant Garde du cœur, on avait laissé Peur Bleue au bout du roadtrip qui les avait menés sur une scène aménagée au milieu d’une sablière. On les retrouve, toujours avec leur Renault Scénic, dans une station de lavage auto perdue au fin fond d’une zone d’activité commerciale déserte. Affublés de leurs ponchos bleus, l’heure est aux brosses qui savonnent et aux lances qui haute pressionnent. Ce nettoyage est comme précurseur d’un nouveau départ. Changement souhaité que l’on retrouve dans la structure même du morceau. Après une entame électro-pop classique, le morceau évolue vers une phase plus hypnotique montant en rythme puis tendant vers l’apaisement. La voix prend alors une autre dimension et son courroux intériorisé s’estompe – Rêvage entre rêve et rage.
Cela fait bien longtemps que je ne rêve plus
Cela fait bien longtemps que l’on ne s’est pas vus
Et derrière les envolées des synthés présents au moment du break, il y a inéluctablement la main ou l’âme de Flavien Berger. D’ailleurs le duo Peur bleue formé par les frères Arcache, Quentin et Jérémie, ne nous est pas si inconnu que cela. Jérémie, par ailleurs ancien membre des incontournables Revolver, avait accompagné, au sein de son collectif à cordes Code, Flavien Berger dans un Léviathan XXL d’anthologie à l’Olympia. Hâte de découvrir, la semaine prochaine, l’album dans son intégralité !
VIDEOCLUB – Euphories
À une époque ou Netflix était encore loin, la visite au videoclub était une sorte de rituel, un jeu un peu dangereux puisque lorsqu’on choisissait un film il était impossible de mettre sur pause et de changer au bout de cinq minutes… On parle bien sûr d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre. Et pourtant, les nantais de Videoclub continue de vivre la nostalgie heureuse d’une époque inconnue. Avec Euphories, ils continuent de surfer sur cette vibe 80’s qui leur va si bien et diffuse en nous une jolie douceur amoureuse entre la mélancolie et l’euphorie qui, on en est sur, sera la ligne directrice de leur premier album attendu pour le début de l’année 2021.
Visuellement Zite et Léo nous ramène dans cette période et nous mettent les pieds dans un videclub, rendant un hommage appuyé à tout un pan du cinéma d’exploitation qui fleurissait dans les années 80. Entre l’horreur, la science fiction et les films de kung-fu, ont bondi d’une référence à l’autre en compagnie de nos deux héros qui vivent leur amour dans leur rêve.
Une jolie pastille qui permettra une nouvelle fois de faire un pont bienvenue entre les générations. Le meilleur moyen de réunir les familles en somme.
Mildlife – Automatic
Les Australiens de Mildlife n’ont pas fini de nous partager leur dernier album, Automatic. Pour la plage titulaire de l’opus, ils nous présentent un nouveau clip tout en progression pour accompagner ce long titre (9 minutes quand même, on n’a plus l’habitude). Simple sans être simpliste, se contentant d’éclairages sublimes, il habille avec brio ce morceau construit comme une boucle perpétuelle et hypnotisante. Même si l’album est déjà sorti depuis quelques mois, on replonge avec plaisir dans leur univers hi-fi et au goût vintage sans équivalent actuel.
shame – Water in the Well
Ils sont de retour, encore plus déglingués depuis leur début il y a trois ans avec Songs Of Praise. La formation britannique nous offre une double dose de bonne nouvelle. La première est l’annonce de la sortie de leur second album au nom prometteur Drunk Tank Pink qui sortira le 15 janvier 2021 avec au programme onze titres dont le tout récent Alphabet, dévoilé il y a quelques semaines. La deuxième est le nouvel extrait de cet obus qui s’annonce déjantée. On succombe très vite au sourire malicieux du chanteur qui fixe l’objectif avec assurance tout au long de la vidéo. Le chant est très théâtral et les lyrics surfent avec la folie : « You’re just my spe-spe-spe-spe-special friend » comme si le confinement et les fakes news avaient fait perdre leur identité à travers ce morceau. Bien heureusement, c’est tout l’inverse. Le groupe londonien s’est totalement transformé avec un son rafraîchissant : moins épais et lourd mais plus agité et funk, nous rappelant aux bons souvenirs de Talking Heads et Public Image Limited. Le rock ne fait que se renouveler outre-manche, c’est la classe à l’anglaise.
Catastrophe – Les Méridiens
“Demain n’existe plus, demain n’existe pas” est le mantra de ce titre. Une phrase qui reviendrait à se dire qu’il faut se contenter du présent, de contempler l’instant. En chassant l’idée du futur et de l’incertitude. Les méridiens est une invitation à prendre son temps. Les mélodies se baladent doucement, nous entraînant avec elles. Il y a quelque chose d’apaisant à travers ce titre qui se retranscrit dans le clip. Car si l’identité de Catastrophe se veut abstraite, faite de formes et de couleurs vives; les couleurs sont y ici douces, pastels. Le duo est immobile, semblant faire partie intégrante du paysage. Baigné dans la campagne pour “S’éloigner de l’air des villes, saturé d’angoisses (…) respirer fort.” Contemplation, calme et sérénité. Ce titre est peut-être l’un des meilleurs remèdes par les temps qui courent.
MPL – Presqu’îles
MPL nous offre cette semaine un clip un peu particulier pour Presqu’îles, 12ème morceau tiré de leur dernier album L’Étoile. On y retrouve leur Grand Gourou en train de streamer un curieux jeu de course automobile le mettant en scène en pleine fuite avec son âme-sœur Démonia, qu’il avait récemment pécho dans le clip de Champ-Contrechamp. Mais ce qui nous intéresse vraiment dans cette histoire, c’est que ce jeu existe bel et bien en dehors du MPL Cinematic Universe: il est le fruit d’une collaboration entre MPL et Hadrien Basch, Pierre Depaz, Arthur Cousseau et Élodie Lascar. Ce deuxième confinement étant tout aussi ennuyeux et même un peu plus gris que le premier (et ayant repoussé leur concert à La Cigale au 4 mars par dessus le marché), on ne se fera pas prier pour partir en virée virtuelle à bord de ce bolide rutilant. Pour rouler le long des palmiers façon autoroute des vacances avec un joli hymne à l’amour et à la liberté en guise de bande originale dans le lecteur à CD, c’est juste ici.
Gaël Faye – Kerozen
Avant le Lundi Méchant vient le dimanche des clips, et Gaël Faye est de la partie cette semaine. On retrouve le chanteur en pleine incarnation du rôle principal dans Kerozen, où la beauté des jeux de lumières n’a d’égale que celle de ses mots. Fidèle à lui-même, c’est encore une fois une écriture fine et pleine de poésie que Gaël Faye nous propose sur ce morceau, qui ouvre d’ailleurs son dernier album. Aux côtés du bleu glacial qui vient se confronter à l’ardeur des flammes, le travail de chorégraphie de Moustapha Sarr est à saluer puisqu’il donne au clip (qui est réalisé par Raphael Levy) une élégance aérienne, bien qu’il illustre beaucoup de violence. Sur la lignée des déjà très chouettes Lundi Méchant et Respire, ce nouveau vidéoclip est une belle confirmation de ce qu’on savait déjà : que ce soit au niveau sonore ou visuel, Lundi Méchant est l’un des projets les plus forts de cet automne.
Dry Cleaning – Scratchcard Lanyard
Les Dry Cleaning font du post punk psyché sur lesquels viennent se poser les vocaux parlés pince sans rire de leur chanteuse Flo Show. Le mélange décalé et addictif est à l’œuvre dans Scratchcard Lanyard leur dernier single. Les paroles – généralement composées à partir de phrases que Flo entend autour d’elle ou de commentaires Youtube – y sont déclamées d’une voix plate et blasée : “I’ve come here to make a ceramic shoe and I’ve come to smash up what you’ve made. (…), I’ve come to join a knitting circle.” (“Je suis venue ici pour faire une chaussure en céramique et pour casser ce que tu as fait (…), Je suis venue pour m’inscrire au club de tricot ». Puis les mots grinçants et remplis de sarcasme donnent place à une interrogation : “Why don’t you want onion chips now?” (« Pourquoi tu ne veux pas d’oignons fris là ? ») On imagine une mère de famille surchargée au bout du rouleau. Le morceau est ponctué des mots “Do everything, feel nothing” « Tout faire / ne rien ressentir » qui donnent le ton. Les 4 londoniens préparent leur premier album après deux EPs sortis en 2019, Sweet Princess et Boundary Road Snacks and Drinks. On a hâte de le découvrir !
Yore – Sally Out
Yore, le projet de Callum Brown (autrement batteur d’Ulrika Spacek) continue de teaser son premier album en sortant Sally Out son 5ème single, un morceau expérimental trippy et enjoué aux teintes shoegaze. Le producteur a pour celui-ci fait appel au musicien londonien Mellah et à l’artiste underground Nuha Ruby Ra qui l’accompagnent tous deux dans ce voyage fantastique aux multiples épaisseurs grunge et vaporeuses. Dans la vidéo réalisée par Eddie Whelan le trio nous entraîne dans une joyeuse danse avec des images saccadées superposées aux visuels psychédéliques/glitch d’Andrew Rayner. Du shoegaze dansant donc, catchy et envoutant… On aime. L’album est prévu pour le 4 décembre.
Zoo Baby – Par tes yeux
Que dire de Montréal, cet eldorado adoré par les artistes en devenir ? Beaucoup de choses. Entre Arcade Fire, Corridor, Pottery, Wolf Parade et tant d’autres, l’envie de se faire une place parmi ces grands noms est terrible. Et il se trouve que c’est ce que Xavier Dufour-Thériault alias Zoo Baby a tenté de faire, avec succès. Il y a quelques mois, il sortait un premier titre intitulé Une métaphore pour l’amour et aujourd’hui il revient avec l’excellent Par tes yeux. Et voilà qu’avec seulement deux singles, le montréalais trouve une place dans nos cœurs. Par tes yeux, c’est ce morceau qui conte un spleen amoureux, un idéal perdu et impossible à retrouver. Pour son clip, on le retrouve en pleine soirée karaoké, quelque peu déboussolé, déséquilibré par les vertiges d’une romance disparue. Musicalement, ce que l’on aime par dessus tout, ce sont ces claviers qui nous saisissent d’emblée et qui atteignent un climax émotionnel comme jamais vu auparavant. Ajoutez à cela une voix autotunée comme il faut et qui attribue davantage de beauté et de justesse à ce titre. Secrètement, on serait curieux de connaître l’avis de Julian Casablancas sur ce titre. Car oui, selon nous, Par tes yeux est tout aussi qualitatif que le Human Sadness de The Voidz. Vivement la suite !
BLOWSOM – Midnight7
Notre sélection hebdo des clips c’est aussi et surtout pour vous faire découvrir des projets auxquels on croit très fort. Cette semaine, on tenait à mettre en lumière le projet du jeune artiste Arnaud Bernard : BLOWSOM. Un projet qui convoque un univers d’une justesse absolue, où les aléas du quotidien ne peuvent se taire, la faute à cette nostalgie omniprésente. Pour son single Midnight7, BLOWSOM chante un épisode de vie qui raconte une romance difficile à oublier, perturbée par des réminiscences qui ne cessent de revenir à la surface. Côté visuels, on retrouve Cesar Tresca, lequel nous invite à suivre le parisien dans les rues d’une capitale transformée par un couvre feu inédit. Une réalisation parfaite pour un morceau qui l’est tout autant. Chapeau !
La Femme – Cool Colorado
Après le très cuivré Paradigme sorti en septembre et premier avant-goût du troisième album (très attendu) de La Femme, le groupe revient avec le désinhibé Cool Colorado, qui sent bon les effluves de whisky et de liberté. Pour leur clip, Marlon et Sacha ont une nouvelle fois fait équipe avec Aymeric Bergada du Cadet (L’impératrice, Ascendant Vierge) et nous présente des visuels à l’esthétique léchée, un univers où l’on prône avant tout le bien-être d’une vie à l’américaine, bien loin des injonctions d’un quotidien pesant. En ces temps sombres, l’envie de liberté démange alors c’est avec plaisir que l’on accepte cette invitation au voyage, direction un idéal de vie inespéré.
Petit Nuage – 7 jours sur 7
15 minutes. C’est le temps d’écriture de la chanson 7 jours sur 7 du prometteur Petit Nuage qui nous offre de la douceur addictive. Le clip est fluide, l’animation y est très agréable à regarder, c’est flottant, comme les paroles et la voix qui les animent. La voix, parlons-en.
Une voix naturelle, posée comme un décor onirique dans l’orchestration minimaliste de cette chanson étrangement feel-good.
Petit Nuage nous épate avec ce naturel, ce lascif, ce beau son qui émane de son univers que l’on a vraiment hâte de découvrir plus en détails.
Damien – Business Angel
Un son tout sucre tout miel signé Damien. Le clip qui l’accompagne magnifie le sujet de la chanson : la relation entre sugar daddies et sugar babies. Damien a su démontrer un rapport certes atypique mais d’une manière officielle et saine. Le tout sur une poésie fraîche et très nette.
Business angel, c’est l’amour charnel et matériel à la fois dans un rythme entrainant et teinté de sensualité.
C’est un trip à la Sébastien Tellier, c’est la magnificence de la luxure assumée. C’est le péché embelli par des plans qui semblent sortis d’Hollywood.
Une belle prouesse filmique et lyrique pour Damien et pour cet extrait de son dernier album Satan & Eve.
On en saura plus lors de la prochaine interview du chanteur !