La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. Embarquez avec nous pour l’épisode 63.
Jumo & Oré – Une belle personne
La chanson Une Belle Personne a été conçue à partir d’une ligne mélodique et d’un refrain échangés entre Morgane (Oré) et Clément (Jumo). Ces notes et ces mots ont servi de canevas à cette allégorie qui cherche à retisser, encore et encore, les liens mémoriels qui s’étiolent avec un proche souffrant d’Alzheimer. Dans le clip, tout se mélange, s’emmêle, se confond. Les images et les relations spatiales deviennent complexes à déchiffrer. Les visages se brouillent, les personnes se dédoublent en se jouant de la composante temporelle (Accessit tout particulier à Elise, la petite sœur de Morgane, dans son rôle de mimi mini Oré).
« Je garderai mon regard d’enfant pour que –
Tu n’oublies pas mon visage et pour que –
Tu n’oublies pas qui je suis »
Cette narration est mise en relief par un effet de perspective forcée porté par la structure même du village-rue lorrain où a été tourné le clip. Les usoirs devant les bâtisses élargissent latéralement notre champ de vision et sont là comme pour accueillir nos souvenirs. Mais la profondeur est réduite. Les lignes de fuites butent contre un arrière-plan constitué par la mairie et l’église qui dominent le village. Cette composition qui inclut en un plan maisons, mairie et église symbolise, à elle seule, le résumé d’une vie. Toute la magie des images du collectif La Sale Affaire qui a assuré la réalisation de ce clip.
Pour évoquer ce sujet émouvant, le flow d’Oré est celui d’une mélancolie gaie. Si l’on se sent démuni face à cette maladie de l’oubli, l’amour reste néanmoins présent même s’il revêt alors les habits d’un amour flou.
Lonny – Avril Exil
Il y a presque trois mois , on faisait la connaissance de Lonny. Avec Incandescente, la jeune femme nous raconter l’amour qui part vers la nuit mais l’espoir qui reste vivant, comme une flamme fragile que l’on protège pour qu’un jour elle se transforme en feu. L’amour qui tangue, thématique idéale et catharthique, est toujours présent dans le nouveau titre que nous présente Louise cette semaine.
Il y a quelque chose de sec et de réconfortant dans Avril Exil. Le morceau se joue comme ces chansons folks qu’on aime écouter lorsqu’on est triste, lors que l’amour se brise et qu’on prie pour que le temps face son office. La musique de Lonny est un western, une terre que l’on brûle pour mieux y faire repousser les fleurs. La poésie y est toujours présente, les métaphore aussi. Il est ici question de fuite, de laisser le passer derrière soi, de perdre des choses pour espère en retrouver des nouvelles.
Le choix du titre n’est pas innocent, Avril étant un mois de transition entre le froid de l’hiver et la douceur du printemps qui revient, le moment ou les fleurs commencent à revenir à la vie justement. Avec Avril Exil, Lonny nous raconte la tristesse mais toujours teintée d’espoir, l’envie d’avancer plus que tout. C’est beau et pure, le genre de morceau dont la sincérité frappe fatalement au coeur.
L’idée du western est aussi présente dans la vidéo de Shanti Masud, se jouant une nouvelle fois des codes qui peuvent se rattacher à ce genre cinématographique. Si la poussière et l’isolement sont bien présents, ils se confrontent à un élement parfois inédit : l’eau. Métaphore encore, de ce monde qui continue de bouger autour de nous alors qu’on a la sensation que notre monde s’est arrêté. Et puisque nul Homme n’est une île, il faudra bien la quitter, enclencher cet exil pour finalement retrouver le monde des vivants. Une bulle hors du temps à la beauté saississante qui place définitivement Lonny au rang des promesses à suivre pour 2021.
Owen Pallett – Paragon of Order
Owen Pallett avait fracassé 2020 avec Island, une symphonie de l’étrange, merveilleuse et angoissante, qui nous avait transporté autant dans une bande son de jeu vidéo que dans une forêt claire obscure perdue au milieu de nulle part.
C’est à Paragon of Order qu’il a décidé d’ajouter au son l’image, plus précisément, le texte. Très sobrement sur fond noir, en lettres mécaniques telle une machine à écrire, il déroule l’histoire de Lewis, un fermier guerrier ayant battu le violoniste et compositeur Owen, le poussant d’une falaise. Cette batterie impatiente, qui s’agace et remue en fond, confère un sentiment d’inquiétude, de bizarrerie. On découvre ensuite des gravures, en noir et blanc.
Une histoire contée, dessinée et interprétée en musique.
Un condensé de tout l’univers d’Owen Pallett : le visuel, la bande son, le chant. L’histoire sans les mots, ou avec. La magie de la transmission, des émotions, des messages. Quelle qu’elle soit.
Galo DC – Strapontin
Quand on est un jeune artiste, il est nécessaire de maintenir l’attention sur soi. Cette idée Galo DC l’a bien gardé en tête au moment de préparer la sortie de son second EP. Plutôt que de dévoiler la totalité des titres et ensuite d’en proposer des illustrations, Benoît Nass a choisi le chemin inverse, dévoilant tous les deux mois un extrait clippé pour préparer la suite, un an après la sortie de Les Orgues.
Sur ce ring musical, le voilà qui entame le round 2 et nous présente Strapontin. Après avoir imaginé la fuite avec À La Plage, Galo DC remet les pieds dans le béton avec ce nouveau titre efficace et à la production entêtante. Un kick qui résonne et nous maintien éveillé, une guitare discrète qui groove sévère et une voix qui nous raconte des histoires où le poétique rejoint l’inéluctable. Car si son histoire prend place dans le métro, l’image n’est qu’un prétexte pour nous parler du temps qui passe, de la légèreté des sentiments et du fait qu’au final, on est que de passager dans le train du monde et qu’à un moment ou un autre, le Strapontin se relèvera forcément.
Visuellement, Marilù Parisi met en parallèle cette vie à 100 à l’heure et cette recherche permanente de l’amour et de l’éternel, alternant les images d’un monde qui bouge encore et toujours à une quête esthétique et bâchée d’un autre idéal. C’est poétique et doux, dansant et mélancolique … comme toujours on valide fort Galo DC.
J.E Sunde – Risk
Il y a des morceaux qui jouent sur le rôle de profession de foi. Que ce soit d’un point de vue humain ou musical, ils nous donnent à penser quelque chose d’important et de nécessaire. Morceau conclusion du très beau 9 songs about love, Risk de J.E Sunde fait parti de ces morceaux.
Comme la sorte d’un fin de voyage, Risk nous assène les dernières vérités d’une réfléxion profonde sur l’amour : même si on a un jour idéalisé une relation, si on a été blessé et qu’on a blessé, si l’amour a à un moment ou un autre fait mal, il est important de lui laisser la porte ouverte, il est nécessaire de laisser la vulnérabilité qu’on peut ressentir par moment prendre le dessus et nous envahir, parce que oui, l’amour est un risque qui mérite d’être tenté.
C’est tout ça que nous raconte J.E Sunde, avec pudeur et classe, dans ce morceau qui prend aujourd’hui vit à travers une vidéo animée réalisée par Alden Volney. Il y est ici principalement question du temps qui passe, qui répare atténue et donne espoire. Et comme on vous l’expliquait au dessus, le tout se termine vers une porte ouverte et lumineuse … Vers le renouveau ? Sans doute est il temps de prendre une nouvelle fois le risque.
Rifa – Pas la fête
Lyon est en pleine effervescence en ce moment, l’éclosion toujours plus importante du collectif Lyonzon et de chacun de ses membres a permis de braquer les caméras sur une ville trop peu représentée dans le monde du rap. Lyon, c’est aussi de là que vient Rifa, qui livre le clip de Pas la fête, réalisé par les studios Piège. Dedans, l’artiste est à une soirée mais pourtant c’est calme, loin des standards habituels d’une grosse soirée en appartement. Tout comme cet événement, le rappeur n’est pas à la fête non plus dans ses écrits. Un fow mélodique viennent nous compter les inquiétudes et tracas du jeune artiste sur le monde qui l’entoure. Le tout dans une ride contre le temps, à la recherche d’une lueur d’espoir, d’un futur meilleur dans les rues lyonnaises. Une maturité et une sincérité qui viennent compléter la palette du rappeur.
Global Network – Let Me Go
Des nouvelles du duo Global Network, qui continue d’illustrer les morceaux de son très bon EP Cool Moments qu’on vous invite à écouter si ce n’est pas encore fait. C’est au tour du titre Let Me Go de subir le même traitement et on retrouve avec plaisir l’univers visuel de la formation, faite d’animations 3D contemplatives et volontairement malaisantes par moment. Le résultat est une forme de transe pour ce moment très danse, très électronique et qui nous rappelle l’époque des concerts et des boîtes de nuit (on les retrouvera un jour, ne désespérons pas). On est captivés par les images qui sont proposées, avec des formes bizarres et pas forcément toujours agréables à regarder mais dont on ne parvient pas à détourner le regard. Captivant et envoûtant donc. On vous laisse découvrir le reste.
Iliona – Reste
A 20 ans, la jeune Bruxelloise est un pur produit de son époque. Entre sa polyvalence artistique qui l’entraîne à la fois sur le terrain de la chanson mais aussi sur ceux de la composition et de la réalisation. Une jeune femme curieuse, qui puisse ses insipirations dans divers formes d’art. Geek et autodidacte, elle a pris le temps de peaufiner son esthétique visuel, ce qui se ressent dans Reste, son dernier clip réalisé par elle-même. Ce visuel est simple, épuré, mais tous les plans ont été travaillés pour ressortir d’eux l’esthétique que l’artiste voulait insérer à ce visuel. Et cela passe par un travail sur la lumière plus que travaillé par l’artiste et son équipe pour faire surgir dans l’obscurité de la nuit bruxelloise des notes de couleurs vives, rappelant la voix presque robotique de l’artiste qui sublime les notes de pianos constituant l’instrumentale. A 20 ans, la jeune belge impressionne par sa maîtrise des divers outils à sa disposition mais impressionne encore plus par sa vision artistique singulière. En somme, elle a déjà tout l’univers d’une grande artiste.
The Avalanches – The Divine Chord ft. MGMT, Johnny Marr
Alors que nous prenions à peine connaissance de la collaboration magique de ce trio, les premières notes de la piste nous enchantent immédiatement. C’est la réunion entre l’espace et le temps qui nous plonge dans les rêveries de notre enfance. Si déjà les sonorités nous évadaient dans les nuages, les images du clip renforcent les premières intentions avec des couleurs qui en mettent plein la vue lorsque la planète plonge dans l’obscurité. Nous suivons ainsi deux enfants partants à l’aventure dans les bois avec une insouciance totale. Cette légèreté apporte de la beauté aux scènes surréalistes qui s’enchainent. Allongés et fixant attentivement le ciel, les étoiles se mouvent et se mélangent pour former des visions surprenantes. Les plans de vues des planètes depuis l’espace sont magnifiques. Définitivement, on se sent bien et libre après l’écoute de ce titre. Addictif. Servez-vous à volonté.
KAYTRANADA – Look Easy (The Short) ft. Lucky Daye
Sorti en juillet dernier, Look Easy, le single de Kaytranada et Lucky Daye est enfin clippé !
Plus qu’un clip d’ailleurs : c’est un court-métrage d’action mystérieux que nous propose le producteur montréalais, accompagné du réalisateur Xavier Tera. En plein Tokyo nocturne, un gang est chargé de capturer une femme, jouée par l’actrice et musicienne Luli Shioi, dont la scène finale en fait l’éloge comme “La reine de Tokyo”. Cette mystérieuse femme, dont on ne connait pas les agissements ni les objectifs, se venge du gang géré à distance par les deux commanditaires : Kaytranada et Lucky Daye. Un clip original et esthétique, l’ambiance de nuit avec les lumières de la ville fait honneur à ces synthés presque vaporwave de la chanson. La violence et le suspense du court-métrage offrent un contraste intéressant par rapport à l’aspect dancefloor de la chanson. Encore un coup réussi pour Kay, déjà sous le feu des projecteurs grâce à sa triple nomination aux Grammys : Meilleur enregistrement dance (pour 10% avec Kali Uchis), meilleur album dance/éléctronique avec Bubba, son dernier excellent album de 2019, et enfin, révélation de l’année.
Tessae – Evident
Après le succès de Bling sorti il y a six mois, Tessae a de nouveau fait confiance à David Tomaszewski pour réaliser le clip de Evident. L’artiste y incarne une héroïne de jeux vidéo à la Lara Croft. Un jeu vidéo que le spectateur commencera dès le début, avec le menu et la création du personnage que l’artiste interprétera durant le clip. Une fois le jeux lancé, l’utilisateur ne saura plus où donner de la tête tellement l’avatar de Tessae navigue d’univers en univers avec une rapidité excessive collant avec l’instrumentale punchy du morceau. Des plans montrant l’artiste en train de jouer son avatar en motion capture ont été intégrés dans le clip pour sortir le spectateur de cette univers étouffant et colorés que peut vite devenir le clip. En bref, cela part dans tous les sens et cela envoye une bonne dose d’énergie, ce qui n’est pas de refus.
MPL – M-A-espace-M-I-E
La grande saga des vidéoclips de L’étoile de MPL touche bientôt à sa fin puisque l’avant dernière partie de cette épopée a été dévoilée cette semaine. Avec cette cérémonie façon retour aux sources (les vrai•e•s savent, il faut suivre), M-A-espace-M-I-E se présente pourtant comme un nouveau départ: cette dispersion de cendres (à bord d’un pédalo car il faut avant tout rester classe) marque la fin d’un cycle, elle célèbre la dernière étape d’un deuil. Ce moment calme et solennel, renforcé par la partie musicale minimaliste avec juste ce qu’il faut d’auto-tune, est une douce invitation à la paix intérieure, à l’acceptation de ce qui nous traverse et à l’appréciation de ce qui nous entoure. Ce treizième clip, réalisé par Juan Jonqueres d’Oriola, est d’ailleurs accompagné de cette citation d’Alejandro Jodorowsky qui lui va comme un gant: « Dans l’infinie multiplicité des êtres et des choses, j’ai trouvé ma place – dans le monde et en moi-même, car c’est la même chose. Je n’ai plus besoin de chercher, je n’ai plus aucune image de moi-même, je suis à ma place. Ici, et partout, volontairement attachée. ».
Bonnie « Prince » Billy + Matt Sweeney – Make Worry For Me
Pour Make Worry For Me, son dernier titre en collaboration avec Matt Sweeney (avec qui il forme le duo Superwolves) Bonnie « Prince » Billy nous transporte dans une contré inquiétante et dystopique, au son d’une guitare électrique lancinante (celle de Sweeney) et d’une voix captivante (la sienne). La vidéo nous embarque dans A Cell in The Smile, un bunker souterrain imaginé et construit par Freeman & Lowe à la localisation incertaine (aux alentours de Cleveland, Ohio) où la chanson a été composée et où les deux musiciens se sont enfermés pendant 18 mois à l’écart du monde et de la lumière du jour pour composer. Le morceau est une balade inquiétante, comme hors du temps, aux paroles intrigantes : “I got things in my pockets / I’ve got tricks off my sleeves / Your world will never be the same / You can be what you want to be but you’ll never get as bad as me
You’ll be screaming my name” ponctué de “When I come to your street / Make worry for me” qui reviennent et hantent le morceau. Make Worry For Me est étrange et reflète le lieu à priori inhospitalier où il a été créé. Le musicien américain originaire du Kentucky écrit du morceau : « Les premières ébauches de la chanson et la visualisation qui l’accompagne étaient pleines de colère et de peur. Finalement, nous avons réussi à nous l’approprier et, comme de bons patients atteints du syndrome de Stockhausen, nous aimons maintenant Jonah Freeman et Justin Lowe et tout ce qu’ils font ». Et c’est un peu la même chose qu’il se passe avec ce morceau que l’on aime de plus en plus à force de l’écouter…
Storm Orchestra – Through the Motion
Storm Orchestra sort son premier EP éponyme cette semaine, et nous offre par la même occasion la vidéo de son dernier titre : Through the Motions. Le morceau est sombre et rempli de doutes qui demeurent sans réponse : « Screaming in the dark / nobody gives you the answers » avec comme seule issus de suivre le courant : « Going through the motions / swimming in the black ocean ». La tension est palpable mais la chant accompagné d’un piano s’éclaircit parfois en trêves plus légères où le chanteur s’adresse directement à nous (ou peut être essaye-t-il de se persuader lui-même) : « Lay down and take a breath / Try not to lose your faith ». Des cris du cœur pour ne pas se perdre complètement dans la noirceur et se laisser couler… La vidéo montre les trois musiciens ficelés à leurs chaises, poings liés, bâillonnés et yeux bandés, prisonniers essayant de se libérer de leur sort. Through the Motions apparaît sur Storm Orchestra, le premier EP du groupe, fraîchement sorti vendredi. À écouter !
Ariane Moffatt – Espoir
En ces temps troublés, Ariane Moffatt a su mettre les mots sur son quotidien, qui ressemble fortement à celui de chacun. Son nouveau titre se nomme Espoir, quoi de plus important que cet espoir dans une vie ?
Ariane Moffatt nous conte, de sa voix si douce, ce qu’est le fait de perdre pieds et de ne plus maîtriser ce qui gravite autour de soi. Ce texte lui étant venu lors d’un trajet en voiture sur les routes du Québec, la chanteuse se met en scène dans son clip au volant d’une voiture.
Un clip en noir et blanc, tout en lenteur et complétement représentatif de l’état d’esprit de cette chanson. Ariane se met au volant, puis le lâche, laissant sa voiture avancer dans n’importe quelle direction et se laissant aller, avec pour espoir le bon déroulement de ce trajet.
Espoir est une chanson digne d’une berceuse, tant la voix d’Ariane Moffatt nous emmène dans ce voyage lent et apaisant, vers le message que la chanteuse désire transmettre.
Double Date with Death – Copier-coller
On reste au Québec pour notre prochaine vidéo avec Double Date wit Death. Le groupe continue de faire vivre L’Au Delà, excellent et virevoltant secon album paru au début de l’année chez Howlin Banana Records et débarque aujourd’hui avec une vidéo pour Copier-coller.
Copier-coller est un titre quasiment instrumental à l’exception de ces deux mots répété plusieurs vois avec rage comme si il s’agissait d’exorciser quelque chose. Le morceau se transforme ainsi en véritable boule d’énergie qu’on se prend en plein tête, en moins de 3 minutes pied au plancher , Double Date With Death nous donne une petite leçon de rock’n’roll comme on l’aime, sans jamais plagier ses contemporains (pas de copier-coller ici donc ).
Pour la vidéo, les Québecois penche , comme souvent dans leur vidéos, vers un délire psychédélique et coloré. Réalisée par Sztuka Naiwna, qu’on a déjà vu à l’action chez The Oh Sees ou Bryan’s Magic Tears, le clip a tout d’un trip à la fois étrange ou délirant ou se mélangent animation, pâte à modeler et extraits visuels baveux. Un véritable délire technicolor qu’on ne recommanderait pas aux épileptiques mais qui permet de remettre un peu en lumière ce petit joyau de rock indé en attendant, on l’espère, de retrouver Double Date With Death sur les scènes françaises en 2021.
Projet 1411 – Distances
Projet 1411, c’est deux potes d’enfance qui ont décidé de quitter leur sud natale pour arriver à Paris, tout cela par amour de la musique. A force de temps, de rencontres et de travail, ils ont enregistré plusieurs morceaux dont Distances qui est accompagné d’un clip réalisé par Kidhao. Même s’ils ont quitté le sud, cette région ensoleillée reste présente dans l’univers visuel des artistes. Un morceau mélancolique, traitant de l’amour et tourné dans une ambiance proche des films de gangsters rappelant l’ambiance que dégage, par exemple Reservoir Dogs de Tarantino. Ici, l’anti-héros est l’amour qui se traduit dans les deux femmes leur faisant face, et qui iront jusqu’à leur tirer dessus. S’en suivra des scènes où l’accent est mis sur la douleur ressentie par le duo, montrant ainsi que l’amour est un bien précieux mais peut également détruire. Une dualité bien exploitée par le réalisateur et qui colle également avec l’univers musical de Projet 1411.
Metawave – Monte Amarelo
Il s’agit de leur premier titre en portugais du projet indie electro et noisy Metawave. Le clip a été autoproduit et se veut volontairement minimaliste. Très rouge vif, rappelant l’ambiance intrigante et anxiogène de Twin Peaks ou encore le clip de Sign ‘O’ The Times de Prince, il brûle de mille feux. L’incandescence est à son paroxysme et se révèle apocalyptique. Il se réfère concrètement aux feux de forets de la région d’origine du chanteur David Monteiro (Minho au Portugal) qui semble les avoir fortement touchés. Les sonorités orientales marquent la partie électronique de ce titre. Monte Amarelo est un premier extrait d’un projet en préparation : leur premier album pour l’année prochaine !
Sheldon – Agrabah
Aussi énigmatique que travailleur, Sheldon semble être le gardien du temple de la 75ème Session. Plus que passionné par la musique, il arrive toujours à sortir des arrangements inédits dont lui seul à le secret, comme le montre le récent projet de Zinée qu’il a supervisé. Mais en plus d’être un producteur talentueux, Sheldon est aussi un rappeur au profil intéressant tant il à un univers bien à lui. Univers qu’il exploite à nouveau dans Agrabah qui est accompagné d’un clip réalisé par Thomas Lean. Plongé dans un univers 8bits rappelant les premiers jeux vidéos, le spectateur commence ce voyage visuel par des décors orientaux, aux couleurs chaudes tout droit inspirés d’Aladin et des Contes d’Agrabah. Ce qui vient contraster avec l’obscurité se dégageant de la musique de l’artiste. Un autre aspect de sa musique est mis en avant avec ce côté rétro gaming, c’est le digital. Effectivement, souvent les instrumentales de l’artiste ont une esthétique digitale, rappelant les bruits d’ordinateurs. Tout cela mis l’un dans l’autre montre bien l’univers un brin geek de Sheldon.
Devo TLR – Tyler
Tyler, c’est le vrai prénom du jeune rappeur Devo TLR. S’il a choisi ce titre pour son dernier morceau, c’est pour se présenter lui, brut, sans filtre avec les bons comme avec les mauvais côtés. Le tout a été clippé par la caméra de PIV qui a pris le parti de jouer la carte de la sobriété en installant le rappeur sur une chaise, dans une pièce terne. Un minimalisme qui permet au spectateur de se concentrer uniquement sur le rappeur et sa performance. Une prestation qui sonne comme une mise en point avec lui-même et ses remords passés. Peut-être pour tenter de les effacer pour pouvoir aller de l’avant, peut-être aussi pour ne pas les oublier et en faire une force. Voilà ce que permet aussi la sobriété du clip, une plus large interprétation par tout un chacun. Un choix pertinent qui vient mettre en avant la rage qui sommeille en Devo LTR.
Rallye – FlowerGirl
Dès l’introduction du clip, on comprend qu’on sera plongé entre les années 1970. L’image crée par Grégoire Bécot et Antoine Leisure est parfois floue, parfois distortionnée. Rappelant le psychédélisme de cette décennie. Qui se ressent aussi par une instrumentalisation à la moitié du morceau. On pourrait aussi y voir une référence aux années 1990 par des rappels aux boys band. Que ce soit à travers l’image du groupe marchant dans un champ, ou encore de part un refrain rafraîchissant : “Flower Girl, grâce à toi, je vois plus loin, plus loin que moi” Mais qui est cette fille à fleurs ? On pourrait croire qu’il s’agisse d’un rêve à travers l’univers onirique créé par Rallye. Mais cette fille est bien réelle. Car le groupe explique s’être inspiré de jeunes musiciennes, habillées de robes blanches et jouant sur une place en Espagne. Mais plus qu’un rêve, une philosophie: “une image de la nature toute puissante, qui nous fait voir différemment, c’est l’ouverture d’esprit et l’humilité.” Comme en témoignent les musiciens, qu’on attend un premier EP début 2021.
ascendant vierge – Impossible Mais Vrai
À seulement deux semaines des fêtes, le duo Paul Seul / Mathilde Fernandez ne vous a pas oublié. Avant même d’ouvrir vos paquets cadeaux et de fouiller vos chaussettes rouges à la cheminée, découvrez le nouveau clip d’Ascendant Vierge. Après nous avoir emmené dans des univers aux teintes psyché / cyberpunk et au paysage kaléidoscopique, la bombe gabber française 2020 revient avec une nouvelle vidéo pour vous présenter le premier morceau de son album Vierge. Déliez les rubans, et découvrez Impossible Mais Vrai. Un titre qui promet déjà bien des choses. Allez, clap de début ! Dès le premier plan, les lumières à gogo ne répondent plus à l’appel. Changement de ton pour Ascendant Vierge, nous faisons face à un noir et blanc au grain omniprésent. Des motards déboulent têtes baissées, dans un stade abandonné. Armés de leurs grolles remontées, le duo erre dans ce tableau désertique. Seuls les deux-roues se déchaînent. Un nouveau clip esthétique et surprenant à l’ambiance post-apocalyptique captivante. Un clip où on fonce droit devant soi, à toute allure, à l’image de cet opus.
The Strokes – The Adults Are Talking
Les New-yorkais ont signé un des albums les plus emblématiques de cette année. The New Abnormal est un véritable tournant pour les Strokes, une renaissance autant musicale qu’amicale. Ils n’ont jamais été aussi soudés, et ils nous le font bien savoir. Dans un clip tourné par Roman Coppola, les musiciens déclament (une nouvelle fois) leur amour du baseball et apparaissent en équipe de sportifs en difficulté contre des robots. Dans un futur dystopique, l’Humanité se retrouve confrontée à la machine sur des terrains sportifs et artistiques. Agilité, force, résistance, précision et stratégie, les adversaires de métal surpassent, et de loin, les pauvres individus de chair remplis de failles que nous sommes. Dans le décor hautement dramatique d’un stade de nuit inondé par la pluie, la tension est palpable. L’équipe se prend une véritable déculottée sous le regard désespéré de leur entraineur Beck. Les balles s’enchainent et la défaite se dessine. Il suffira d’un strike pour déchainer la passion des artistes. Julian Casablancas se jette sur le marbre dans un vol plané en slow motion afin de marquer leur premier point de la rencontre. Défaite sublime, elle est pourtant célébrée au champagne et dans une liesse touchante. L’imprédictibilité, la solidarité, et le courage gagnent au final contre la machine. Ce n’est pas la victoire du sport, mais la victoire de notre humanité. Nos failles et nos valeurs ne nous permettront pas d’avoir le dessus techniquement, mais elles nous définissent, nous font vibrer, et au final nous permettent d’exister. Extrêmement touchante pour les fans qui connaissent les difficultés qu’ont connus les membres du groupe, cette célébration de leur amitié et leur complémentarité restera gravée dans les mémoires. Sans nuls doutes que les maillots et les casquettes de l’équipe flanqués des noms des musiciens se vendront comme des petits pains.
girl in red – two queens in a king sized bed
L’artiste norvégienne, de son vrai nom Marie Ulven, vient de dévoiler un clip pour son titre de Noël two Queens in a king sized bed. Voulant s’éloigner du stéréttypes de la vidéo de Noël « ringarde » en y incorporant un autre élément plus adapté à son style; c’est ainsi qu’elle a eu recours de l’aide du réalisateur Niels Windfeldt qui s’est inspiré du titres et des paroles de la chanson pour cette vidéo. On peut y retrouver girl in red et sa partenaire allongées sur un lit alors qu’elles flottent au large pour qu’à la fin le couple atteigne le rivage alors que le soleil se couche à l’horizon. Visuellement c’est un sans faute et on espère que ça sera également le cas lors de son concert le 5 juin prochain à We Love Green !
Jon Hopkins – Dawn Chorus
Pour terminer l’année en beauté, Jon Hopkins, figure essentielle de la scène électronique depuis le début de la décennie, a dévoilé une reprise au piano de Dawn Chorus de Thom Yorke, titre extrait de Anima, le récent album du chanteur de Radiohead. Jon Hopkins a enregistré en prise sur son piano, le résultat est sans appel : une magnifique réinterprétation mélancolique du titre original. D’ailleurs à propos de ce titre, Hopkins dit : « J’étais tellement heureux la première fois que j’ai entendu ce morceau – il semblait si mystérieux et hypnotique, ambigu et chaleureux. J’ai trouvé la séquence d’accords tellement belle que j’ai voulu l’explorer au piano et voir ce que ça donnait. Un jour de début avril, alors que tout était particulièrement calme et surréaliste à l’extérieur, je suis entré dans mon studio pour la première fois depuis des semaines et j’ai fini par enregistrer le tout en une seule prise. J’ai laissé le morceau très brut et très direct, avec juste quelques sub basses et des drones en fond. Tout a été fait en une journée et ça été une expérience très cathartique. ».
PEREZ – ALLONGÉ SUR LA PLAGE
Ce qu’on aime chez Perez, c’est que depuis le premier jour, il y a cette idée du monde qui se distord. Si il nous raconte des histoires qui se rapprochent toujours du monde normal, il y insuffle à chaque fois une donne d’étrangeté, de malaise et d’irréel qui nous donne toujours l’impression de plonger dans une réalité parallèle et inquiétante. Comme un miroir déformant qui finirait par nous montrer les vices cachés du monde dans lequel on vit.
Cette idée, transparait toujours aussi dans les clips du garçon et ceux qu’ils dévoilent pour mettre en avant SUREX, son formidable troisième album, ne font pas exception. La preuve avec la vidéo qui accompagne Allongé sur la plage. Ici, pas d’effets spéciaux ou de grands mouvements de caméra mais un plan simple du visage de Perez avec la mer dans le dos. Pourtant à mesure que la vidéo avance, on réalise que le visage de Perez se tord, se déforme, se modifie. Comme si il passait à travers un filtre permanent qui le détruirait pour mieux le reconstruire de manière différente. Une certaine idée du surréalisme se dévoile alors devant nous, celui qui fait toute la beauté de l’œuvre de Perez.
Rone – Esperanza
Esperanza, c’est justement ce dont on a besoin, Rone nous offre un clip magnifique pour le morceau tiré de son album Room with a view. C’est une vidéo animée qui nous présente une séquence continue de l’évolution, où l’histoire, les corps, les villes se muent en une énergie créatrice et communicative et replacent l’humain au coeur de ce qui fait son essence, la nature. Plus que les images c’est aussi le mouvement qui fait son effet, on va vers l’avant, toujours, car c’est aussi ça Esperenza, toujours aller de l’avant et essayer d’envisager le futur avec envie et détermination.
Ce clip habille avec grâce le son gorgé d’espoir de l’artiste et ravive en nous, cette petite flamme qui s’amenuise mais jamais ne s’éteint.
Timothée Joly – Un Coeur
Timothée Joly nous présente le clip d’Un coeur, entre flashs de lumières et couleurs vives, l’ambiance de la vidéo est étrange mais éveille notre curiosité. Réalisé par Kevin El Amrani, l’esthétique de ce clip est inspirée du travail de Michel Gondry.
On y retrouve l’artiste dans des décors à la frontière des rêves et de la réalité, comme si sa créativité était passée au crible par des scientifiques lors d’expérimentations bizarres, des tests qui augmentent ce sentiment d’étrange tout au long de la vidéo.
Un Coeur c’est le premier extrait d’un nouvel EP que Timothée Joly dévoilera en 2021, ce premier morceau et ce clip qui l’accompagne ne font qu’augmenter notre impatience d’en découvrir un peu plus sur son univers si spécial, vivement la suite.