La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. Embarquez avec nous pour l’épisode 66.
Møme & Ricky Ducati – I Know
En dévoilant I Know, dernier morceau avant la sortie de Flashback FM, leur album commun, le 12 février, Møme et Ricky Ducati nous offrent un voyage à travers l’univers.
Deux personnages, l’un doré, l’autre argenté, représentant les deux artistes semblent se découvrir, chacun dans un monde différent. Cette distance qui existe entre ces deux entités reflète assez bien la situation des deux compères puisque l’un est en France, tandis que l’autre est aux Etats-Unis.
Reprenant cette ambiance rétro des titres déjà dévoilés jusqu’à maintenant, le synthé de Møme se combine parfaitement à la voix mélodieuse de Ricky Ducati. Le rythme entêtant accompagne les deux personnages dans cette quête de connexion et de communication qui semble leur donner vie.
Alban Claudin – It’s a Long Way to Happiness
La vie est souvent semée d’embuches. Dès notre plus jeune âge, on nous réalise que pour apprendre à marcher, il faut aussi apprendre à tomber, et surtout se relever, encore et encore. L’accès au bonheur, à la tranquillité est souvent ardu et un combat presque quotidien fait de foi et d’abnégation.
Cette idée un peu philosophique prend depuis bientôt un an, une forme un peu plus concrète dans nos vies à travers une chose dont on aurait pourtant jamais cru se voir priver : l’Art. Avec un A majuscule, un A vivant, brûlant, tout simplement essentiel.
Alors que le monde joue en permanence avec le bouton marche/arrêt, la culture en France est victime elle aussi d’embûche et de croches-pattes, sacrifiée comme le lien social sur le soit disant hôtel du bien commun.
C’est cette idée qui transpire du clip de Maxime Charden pour It’s a Long Way to Happiness d’Alban Claudin, petit bonbon au piano qui nous fait fondre tant sa douceur est contagieuse et qui appelle un premier album prévu pour février.
On y suit la couse effrénée d’un homme dans les rues de Paris, une sorte de combat pour la vie et contre les emmerdes pour accéder enfin à ce qu’il attend le plus. Un clip remplit de symbolisme, à la fois poétique et politique et qui se termine sur une idée toute simple : si le chemin est long, la lumière est toujours présente à l’arrivée. Alors on regarde l’horizon en espérant la voir venir bientôt.
Ours – La 5ème saison
En général, les ours sortent d’hibernation au mois de janvier, cela tombe bien, puisque c’est le mois qu’a choisi Ours pour effectuer son grand retour. Quatre ans après Pops, Charles Souchon de son nom au civile fait donc son grand retour avec La 5ème saison, un titre qui annonce son nouvel album, Mitsuko.
À l’écoute, on réalise que l’artiste a sans aucun doute laisser le réel perforer sa musique comme jamais. Au delà de la tendresse pop chaleureuse et contagieuse qui émane de ce nouveau titre, Ours nous propose un morceau axé sur le renouveau. Le monde d’après passerait-il par une 5ème saison ? Le besoin de réinventer, de se laisser surprendre et de vivre dans la nouveauté et le changement son les thèmes qui guident cette chanson qui plonge dans une certaine nostalgie pour ensuite laisser place au renouveau et prendre de la hauteur.
De hauteur il en est aussi question avec la vidéo de Laurent Thessier qui nous offre une vidéo toujours en mouvement, qui nous montre que nous sommes tout petit au regard du monde et qu’il faut parfois laisser l’univers reprendre le dessus.
Alors on ouvre les fenêtres, on laisse rentrer l’air et on attend que la 5ème saison nous cueille, car le besoin de changement est désormais nécessaire.
BEACH SCVM – TURQUOISE
Alors que l’arrivée de leur premier EP approche, les toulousains de Beach Scvm ont décidé de mettre les pieds sur la pédale de frein. Après les énergiques Rainy Day ou Forever Sunday, le trio ralentit donc la cadence avec Turquoise.
Si le titre du morceau pouvait laisser transparaitre une certaine légèreté, il n’en est au final rien du tout. Beach Scvm joue ici sur les contrastes des émotions, entre un monde où tout est beau et joyeux et une réalité intérieure de laquelle émerge une profonde tristesse bien loin du bonheur qu’on serait sensé ressentir. Une manière pour les toulousains de montrer l’étendue de leur palette musicale.
Visuellement, le groupe s’amuse aussi de ces différences, nous offrant un clip au format DIY appelant à nous le doux souvenir des cassettes VHS ( vous avez moins de 20 ans et ne savez pas ce qu’est une VHS ? demandez à vos parents) remplie de souvenirs au grain un peu déguelasse. Une bonne dose de mé,ancolie avec malgré tout le sourire aux lèvres, Turquoise est la mer qu’on vient remplir de larmes.
Baby Queen – Raw Thoughts
Si vous n’avez pas encore succombé à l’univers de la britannique Baby Queen, il n’est pas trop tard puisqu’elle vient de sortir le clip du morceau Raw Thoughts. Avec ses petites couettes rappelant l’esthétique enfantine qui lui tient à cœur, elle emmène ses spectateurs dans sa vie. Accompagnée de son entourage, elle traverse divers moments de vies qui ne viennent que confirmer son univers d’enfant rebelle attachant.Des fêtes en passant par les balades nocturnes ou encore les voyages, ce clip est une ôde à la vie, celle qui est rendue belle par un rire, une parole ou encore un beau paysage. Cette vie qui paraît si loin à l’heure actuelle et que tout un chacun espère revoir au plus vite. En plongeant dans le quotidien de la britannique, l’importance des choses simples sonne comme une évidence et l’invitation à profiter de la vie peu importe les circonstances est lancée. A vous de l’accepter ou non.
Jäde – Roue Libre
L’hiver commence à rentrer dans sa période la plus froide. Mais heureusement, c’est le moment que Jäde a choisi pour venir réchauffer les oreilles et les cœurs avec un nouvel extrait de son projet qui arrive bientôt. Roue Libre bénéficie également d’un clip réalisé par Neeno tourné au Portugal, histoire de réchauffer également les yeux des auditeurs avec les paysages estivaux de l’Algarve. Direction donc le sud du Portugal pour une nouvelle balade musicale avec la chaleureuse voix de la jeune chanteuse française. Que cela soit par la présence de la piscine, des palmiers ou encore de somptueux couchers de soleil, les codes de l’été sont bien présents et relèvent à merveille les rythmiques R’n’B employées par Jäde. L’envie de partir au soleil en devient presque frustrante.
Toboggan – Nuits sans toi
En juin dernier, Toboggan dévoilait Samedi soir, leur premier titre signé chez Pont Futur. Le morceau évoquait les ruptures encore floues, les moments où l’on cède au désir alors que les sentiments ont terni, et les espoirs de se retrouver vite anéantis. Exit la nostalgie estivale heureuse des précédents titres – Souvenirs Caraïbes et une jolie reprise en français du hit Dolce Vita de Ryan Paris : le duo contait un chagrin d’amour unilatéral et la douloureuse étape de l’acceptation de passer à autre chose. Silence Radio, sorti fin septembre, confirmait leur prédilection pour la narration d’idylles tristement achevées et les tracks pop synthétiques légères, promesses de trémoussements. Avec Nuits sans toi, Toboggan poursuit sur la voie de la mélancolie. Iels évoquent à nouveau la fin d’une histoire et l’envie d’y croire encore un peu. Le morceau aux paroles douces-amères inspire le téléphone cent fois déverrouillé en attente d’une notification et le stalking répété sur le profil de l’ex qui ne répond plus qu’aux abonnés absents. Dans ce dernier titre, le couple s’illustre une nouvelle fois par ses synthés entêtants et un charmant clip fait maison. La vidéo, réalisée par leurs soins, est composée de dessins animés représentant Lola en amoureuse au cœur morcelé, toujours hantée par Quentin, dont elle surveille la présence numérique. Nuits sans toi est la chanson de rupture dont on avait besoin : elle raconte les draps froids et les bras vides, les rêves de retrouvailles brisés et la quête obsédante d’un signe de l’être aimé perdu, quelque part sur Instagram. D’une beauté triste et d’une douceur irrésistible, c’est résolument un titre à partager comme un message indirect à son crush mutique.
Black Country, New Road – Track X
Black Country, New Road, c’est le genre de groupe dont on se dit qu’on a déjà entendu le nom quelque part, mais impossible de se souvenir où. Comme un souvenir réminiscent un peu trompeur puisque même si le groupe existe déjà depuis un certain, ils sont à peine sur le point de sortir leur premier album, For the first time, attendu pour le 5 Février prochain. Néanmoins, les britanniques semblent avoir déjà trouvé leur audience, forts de nombreux concerts et de collaborations avec d’autres formations telles que Black Midi. On découvre donc ici le deuxième morceau extrait de ce premier opus, Track X. Une forme d’ode au passé, à l’enfance, composé d’images des années 2000 qui sentent bon les tamagotchi et les Nokia 3310. Côté son, une formidable ode contemplative dont certains aspects nous font penser à Bon Iver, et qui nous emporte tel un tourbillon de souvenirs. Sans percussion, le titre s’envole d’autant mieux et reste pourtant très rythmé et d’une profondeur inouïe. On aime, et on attend impatiemment la suite !
L (Raphaële Lannadère) – “L’étincelle”
Raphaële Lannadère illumine notre semaine avec “L’étincelle”, titre extrait de son tout nouvel album Paysages, sorti le 15 janvier 2021. “L’étincelle”, un titre-hymne au mouvement #NousToutes, qui fait suite au mouvement #MeToo, pu, qui a été initié par l’actrice Adèle Haenel, et d’ailleurs la chanson ne manque pas de rendre hommage, ou plutôt « femmage » à cette comédienne qui s’est élevée contre la société patriarcale. Raphaële Lannèdere raconte avoir été totalement inspiré par Adèle Haenel, le jour où elle a quitté la cérémonie des Césars, après qu’un prix ait été attribué au réalisateur Roman Polanski, qui est accusé de multiples viols… « J’ai écrit quelques lignes, guidée par l’émotion que son geste m’avait insufflée, pour célébrer ce mouvement libérateur, fédérateur, qui nous anime toutes, nous rapproche, nous fait nous sentir plus vivantes, plus capables, plus vibrantes, plus fortes, plus libres ! ». De ce texte, Raphaële Lannadère en a tiré une chanson, rayonnante et fière, pour célébrer les luttes féministes, et célébrer toutes les femmes, et nous inciter à nous tenir toutes debout contre vents et scandales, à quitter la salle quand ça ne nous plait pas… : « Adèle, parle pour moi, pour toi, pour nous, pour elles… Adèle, pour nous toutes, l’étincelle… »
Pour le clip, L a choisie de faire appel à une toute jeune illustratrice Camille Scali, dont vous pouvez retrouver le travail ici. Le clip raconte la prise de position d’une femme, qui va trouver solidarité et sororité au sein d’un mouvement féministe… Le clip fourmille de références avec par exemple une scène de sabbat de sorcières, mais aussi un plan au sommet d’une falaise, qui se veut un joli clin d’œil au film Portrait de la jeune fille en feu, qui tient une place très importante dans la filmographie d’Adèle Haenel, mais qui est aussi un film majeur du mouvement féministe actuel, puisqu’il représente une histoire d’amour entre deux femmes mais cherche également et avant tout à proposer un autre regard, une autre manière de filmer et de présenter les femmes et le désir à l’écran, contre le « male gaze » dominant. Et le clip se conclut par la Marche du 8 mars 2020, surnommé la Marche des « grandes gagnantes », une manifestation féministe qui avait pris une énorme ampleur, appelant toutes les mouvements féministes à se rassemblant, des suites de l’immense colère qui avait été suscitée par le César attribué à Roman Polanski.
Le nouvel album de L (Raphaële Lannadère), Paysages, est sorti le 15 janvier 2021.
KALIKA – L’été est mort
« L’été est mort, et nous aussi. » Pour son premier single, KALIKA frappe fort. Loin des métaphores, des ruptures, elle nous conte l’envers du décor. Une rupture, c’est jamais un bon moment… C’est de ce thème dont parle KALIKA dans ce premier titre. Un ex semble bien accroché à elle, mais KALIKA ne veut pas se laisser dépasser par les événements. L’été est mort, c’est en fait le récit d’un pétage de plombs. KALIKA ne veut plus de ce gars, c’est clair ! Alors pourquoi il revient lui saper le moral et lui détruire la vie ?KALIKA s’inscrit dans une nouvelle génération de chanteuses françaises, prêtes à briser tous les clichés. Des paroles crues, une douce voix sur une pop sombre, une combattante… Tous ces termes qui définissent le style musical de KALIKA.
Le clip quant à lui, est un savoureux mélange entre too much, ultra kitsch et mise en scène délurée. Le message est bien passé, l’été est mort.
FREDZ – C’est l’été
On vous en avait déjà parlé, FREDZ est l’étoile montante du rap francophone. Malgré son jeune âge, le rappeur ne se prive pas d’aborder des sujets de sociétés plus qu’importants. C’est l’été, c’est un titre qui n’était pas destiné à prendre une telle tournure. Mais après les émeutes, les mouvements comme Black Lives Matter et les différents événements tragiques à travers le monde, FREDZ se lance et écrit ce titre.
Sur un air guilleret, FREDZ prône l’insouciance et la légèreté qui nous gagne quand l’été arrive. Sauf que l’été et les bons moments qu’il nous offre n’effacent pas les crimes et les violences faites à autrui. Voilà ce que rappelle le jeune chanteur dans ce titre.
Des paroles engagées sur un morceau doux… C’est certainement cela qui rend C’est l’été encore plus marquant.
Le clip homemade, on adore. Immersion au Canada, dans le quotidien du rappeur. Une alternative trouvée pendant ce confinement et qui nous fait voyager sous la neige.
Ambre – Tentée
Premier clip pour Ambre qui dévoile Tentée. A mi-chemin entre chant et rap, entre la pop et le hip-hop, il n’y aurait visiblement qu’un pas.
Ambre, c’est une chanteuse avec une voix à la fois douce et forte qui met en musique des textes personnels, auxquels il est facile de s’identifier.
Après avoir repris de nombreuses chansons de tous horizons musicaux et collaboré avec le guitariste Waxx, la jeune chanteuse lance sa carrière avec un morceau accessible, dynamique et qui nous rappelle cette sensation de tentation, quand l’on pouvait encore fréquenter des êtres humains en 3D… Tentée, c’est une chanson dont le texte nous rend nostalgique et nous replonge dans ces interrogations induites par nos relations.
Pour ce premier clip, Ambre s’est bien entourée et de cette collaboration résulte un clip aux allures de court-métrage, en immersion dans la vie de la chanteuse.
Alice et Moi – Je suis fan
« Te toi à moi, je suis fan ». Refrain entêtant et cri du cœur, une recette qui s’avère efficace pour la chanteuse Alice et Moi. Considérée comme l’une des figures de la nouvelle pop française, la chanteuse n’hésite pas à mettre en abîme sa vie d’artiste. Jongler entre notoriété et liberté, pas toujours facile, surtout lorsque l’on prend le risque de devenir la cible du stalking de nombreux internautes. C’est cet aspect de la célébrité que met en scène Alice et Moi dans ce nouveau clip et ce morceau, Je suis fan. Digitalisation des relations, stalking extrême… Certains fléaux propres au 21ème siècle qui semblent inquiéter la jeune chanteuse qui prépare la sortie de son premier album, préue au printemps.
En attendant, on ne se lasse pas de ce clip à la fois sombre et divertissant que nous offre la chanteuse.
WILD FOX – NUMB LEGS
WILD FOX arrive cette semaine avec un nouveau son bien délirant qui fleure bon les vibes de rock californien un peu années 2000. NUMB LEGS est un son ultra punchy, d’une efficacité totale, un rythme qui rentre dans la peau et donne envie de donner des coups dans l’air une bière à la main.
Dans un clip réalisé par Josie Jégu, on suit un dénommé Billy, employé de mairie à la vie parfaitement ordinaire. Si ce n’est qu’il semble évoluer dans un monde en désolation parfaitement vidé de ses habitants. Par habitude, par goût du travail bien fait ou pour conserver sa santé mentale, il continue machinalement d’entretenir les lieux. La piscine municipale, les terrains de golfs ou les jardins royaux deviennent son terrain de jeu. La télévision a cessé d’émettre, il lui reste bien peu pour se distraire. Au final c’est loin des gens qu’on s’affranchi des codes, et même en isolement il faut bouger, danser, toujours, sans s’arrêter. Jusqu’à la folie ?
Si vous en redemandez, ça tombe bien l’EP Night has come sort fin janvier.
Guy Blakeslee – FACES
On peut le dire sans rougir, Guy Blakeslee possède un timbre de voix à faire frissonner. Et pas seulement parce qu’il joue les vibratos à outrance. Dans une ballade piano voix à la puissance rare, il cherche avec désespoir le visage de sa bien aimée parmi les millions de FACES. Joli crescendo instrumentale, où le rejoindront violons et chœurs pour exprimer l’étendue de sa détresse en toute beauté.
Clip toute en simplicité pour laisser place à la musique, on a le temps d’admirer le visage stoïque de Guy, affuté pour l’occasion de son plus beau cache œil. Caméra tremblante à l’esthétique de vieux caméscope, projections d’effet colorés, c’est sobre mais hypnotisant. Vous aurez tout de même le droit de croiser un coup d’œil gêné de l’artiste par moment.
Mesparrow – Danse
Pour fêter la sortie de son troisième album Monde Sensible, Mesparrow nous offre le clip de sa chanson Danse. Si le morceau commence doucement, bercé par la voix mélodieuse et organique si caractéristique de Marion Gaume, le rythme s’accélère au fur et à mesure que les mesures musicales passent. C’est un appel au laisser-aller qui nous est fait. Les images se font allégoriques. Une invitation à retrouver l’enfant qui sommeille en nous, à se libérer du carcan que l’on se crée au fil des années, à retrouver sa spontanéité et son insouciance.
La caméra nous entraîne dans sa danse, elle tournoie autour de Mesparrow et d’une Minisparrow – véritable double enfantin. Le masque tombe, les couleurs s’étalent, les corps dansent et les sourires illuminent les visages.
« Danse pour que tes pensées s’enfuient »
C’est rudement efficace et cela nous fait un bien fou en ces temps semi-confinés. On en redemande.
A écouter et à réécouter sans vouloir paraphraser notre premier ministre, surtout à partir de 18 heures et pendant au moins 15 jours, sans modération et même au-delà, autant que l’on en a envie !
Soleil Bleu – Alma Page
Il y a un côté Gainsbourien chez Soleil Bleu. Peut-être la façon dont les basses s’enroulent autour de la ligne mélodique ou les synthétiseurs utilisés à la place des violons. De par son côté énigmatique, le personnage évoqué dans la chanson, Alma Page, peut faire penser à une Mélodie Nelson perdue entre ses rêves et une réalité. Le film a été tourné en analogique ce qui lui donne un grain particulier qui renforce l’aspect mélancolique. La succession de plans larges se resserrent graduellement et se rapprochent des personnages comme pour accompagner l’émancipation d’Alma. Le cadre n’est plus l’immensité d’un parc de verdure où les statues observent mais un paysage de soleil couchant sur fond de ciel bleu dominant un paysage urbain. D’un rêve à sa réalité. Les images alors virevoltent en nous entraînant dans la « transe en dansant danse » d’Alma Page.
Après nous avoir distillé plusieurs pépites depuis plus de trois ans – Petite femelle, La robe du temps ou Nuée chaude ont déjà largement attiré notre attention et émoustillé nos oreilles – un premier EP devrait sortir prochainement. On est impatient de le découvrir d’autant que Lou et Arthur savent et ont su bien s’entourer pour le réaliser en faisant appel à Ulysse Cottin, Florian Gouello, Ojard, Saintard ou encore Nicolas Worms.
FAANGS – RICH KID$
RICH KID$ est le second titre de l’artiste FAANGS. Elle a décidé de lui donner vie dans un clip réalisé par Dennis Hardt basé sur une idée originale qui a traversé la chanteuse. C’est à travers ce visuel qu’elle espère faire rentrer un maximum de mondes dans son univers. Un clip au couleur sombre où elle évolue seule, entourée par des billets de banque. Elle dégage une froideur charismatique qui peut rappeler les héroïnes les plus badass du cinéma. Cela en dit long sur sa détermination dans le monde de la musique. Le visuel emmène également les spectateurs dans un château où FAANGS garde son attitude, prouvant qu’elle ne se soumettra pas aux codes, mais plutôt qu’elle compte bien les imposer.
Dodie – Hate Myself
Hate Myself, c’est la manière qu’à dodie de vouloir se dépasser pour devenir une meilleure personne. Pour celà elle a été aidée par le réalisateur Sammy Paul et à eux deux, ils ont mis sur pied un clip cinématographique plongant les auditeurs dans la campagne anglaise afin de suivre une femme qui va se dépasser pour devenir la meilleure version d’elle-même.Il y a des jours où rien ne semble aller, mais à la suite de ces journées, il est possible de vouloir se ressaisir, de vouloir se prouver qu’il est possible de faire les choses bien et cela passe par plusieurs choses, notamment traitées à travers ce visuel. C’est en voulant devenir postière que l’héroïne de ce clip va, par le prisme du sport (un esprit sain, dans un corps sain, c’est bien connu) se confronter à elle-même pour essayer de se dépasser et de devenir la personne qu’elle espère être. Petit à petit, les efforts payent et la confiance revient, ce qui lui permet d’aller distribuer le courrier, comme elle le désirait. Ce clip montre qu’au fond, chaque expérience apporte son lot de positif et que la lumière se trouve toujours au bout du tunnel, peu importe la longueur de celui-ci. C’est également un beau message de persévérance mais pas uniquement. La vieille dame qui l’observe durant son périple, rappelle à quel point s’évertuer à devenir quelqu’un de meilleur n’est pas que bénéfique pour soi, mais cela peut aussi rendre les gens heureux. N’oublions jamais de distribuer de l’amour, comme elle n’oubliera jamais de poster ses lettres.
Devo TLR – Vago
Même s’il paraît moins personnel que dans son dernier morceau, le rappeur Devo TLR continue à s’inspirer de son vécu dans son dernier titre Vago qui bénéficie d’un clip tourné sur les routes du sud de la France.C’est à travers l’image de la voiture et de la longue route qu’il va personnifier une rupture amoureuse. Sans filtre et à sa manière, il va énoncer tout ce que peut comporter une décision aussi difficile à encaisser. Loin de se la raconter, il reconnaîtra également ses torts et fera tout pour récupérer celle qu’il aime. Très réaliste mais pas pour autant négatif, Devo a su se montrer intelligent en proposant un clip ensoleillé pour une thématique aussi triste. Un contre pied bien réalisé qui lui permet de balancer entre noirceur et soleil.
Gaël Faye – NYC
Ce dimanche, on vous parle également de NYC, le petit dernier des clips issus du Lundi Méchant de Gaël Faye. Court mais efficace, le morceau utilise ses 2 minutes à bon escient et nous attrape immédiatement par la manche avec sa mélodie habile empruntée à la crème de la C.R.E.A.M du Wu Tang Clan (qui reçoit d’ailleurs un petit clin d’œil dans les paroles), ses rimes aiguisées et son flow mordant. Pour ce qui est de nos petites pupilles, elles sont gâtées par une suite d’images entre skyline, néons et chats de bodegas capturés par Michael Koski, Kristen White et Rebeca Diaz dans la fameuse ville qui ne dort jamais. On salue également le travail de One9 à la réal ainsi que de Vincent Staropoli au montage pour le mariage harmonieux des images au son. Comme à son habitude, Gaël Faye a cette semaine encore apporté une belle dose d’excellence sur la table dominicale.
Tamar Aphek – Russian Winter
Mélange subtile de grosses guitares et d’une voix douce mais affirmée, Russian Winter nous embarque dans des sphères rock bordées de psychédélisme aux multiples facettes, froides et mystérieuses. Tamar Aphek, l’une des figures proéminente de la scène rock contemporaine israélienne (son pays d’origine) nous fascine et nous ensorcelle à coups de riffs effrénés et d’un clavier intergalactique. Comme une histoire passionnelle parfois bouillante et parfois glaciale, ce titre ne laisse pas indifférent. La musicienne écrit : « C’est une sorte d’avertissement contre les gaffes personnelles qui pourraient être évitées en relevant les signaux d’alarme. Le plus dangereux est quand l’on dépasse la ligne d’amour à possessivité. Jalousie et surveillance sont souvent associés à un comportement destructif. Le but est de mettre fin à tous les statistiques tragiques de violence entre les êtres humains.» Le clip kaléïdoscopique qui accompagne le morceau regorge de trésors visuels : de montagnes enneigées à des galaxies lointaines à bord d’une soucoupe volante ou d’une guitare électrique… ou encore dans un désert parcouru de mains baladeuses… Après Show Me Your Pretty Side et le planant Drive, Russian Winter est le troisième single qui figurera sur All Bets Are Off, le premier album solo de la musicienne dû le 29 janvier prochain. On a hâte de le découvrir !
Julien Baker – Hardline
Hardline, le nouveau single de Julien Baker s’ouvre sur des accords de claviers rétro mélancoliques. Le morceau s’intensifie avec la voix aérienne et sombre de la musicienne originaire de Memphis, accompagnée de soundscapes de guitares vertigineux. L’américaine – par ailleurs membre de Boy Genius (avec Phoebe Bridgers et Lucy Dacus) – transcende les noirceurs de son âme en un morceau introspectif intense et éthéré. Les paroles témoignent de l’impossibilité de changer les choses que l’on sait écrites à l’avance : « I’m telling my own fortune / Something I cannot escape / I can see where this is going / But I can’t find the brake » (Je raconte ma propre destinée / Cette chose auquel je ne peux pas échapper / Je vois où cela va / Mais je ne trouve pas le frein »). L’animation qui accompagne le titre est inspirée d’un collage que la musicienne a réalisé à partir de souvenirs collectionnés lors de ses nombreux voyages (tickets d’avion, etc…). On y suit les aventures d’un homme et de son chien, dans un clip où le début chaotique est identique à sa fin, soulignant le côté inévitable des conséquences, malgré le fait qu’elles soient connues d’avance… Hardline est le second single (après Faith Healer) du très attendu troisième album de Julien Baker, qui s’intitulera Little Oblivions et qui sortira le 26 février sur Matador.
Françoiz Breut – Mes péchés s’accumulent
C’est avec douceur et volupté que Françoiz Breut annonce son retour. Près de cinq après son dernier album et quelques sessions live, l’artiste revient à pas feutrés avec Mes péchés s’accumulent. Car sur une mélodie vibrante, résonnante, la voix de la chanteuse se pose avec délicatesse et élégance. Les mots sont prononcés avec précaution comme une chose aussi fragile que précieuse. Elle nous confie à demi-voix : “Je te palpe, tu te donnes. Autour de nous, tout nous échappe” Les textes frappent par leur sensualité, leur rapport au corps que retranscrit le réalisateur Simon Vanrie au sein du clip. Puisque l’on y aperçoit Françoiz Breut et Julia Farber danser avec lenteur et langueur. Les corps se mêlent et s’entremêlent formant des formes abstraites. L’esthétique est tant froide que douce et sensuelle, à l’image du titre.
Gisèle Pape – Les Nageuses
Gisèle Pape nous prend par la main pour nous amener au bord des bassins voirLes Nageuses. Les sportives sont d’origine est-allemandes puisque le titre fait référence à un événement des années 1970. Lorsque de jeunes nageuses sont victimes de dopage systématique afin de les rendre plus performantes. Machine de nage. Et cet aspect mécanique se retrouve tant dans le clip que dans le titre. Car l’artistecrée une atmosphère froide et oppressante par une musique répétitive sur laquelle se plaque des phrases crues répétées ad vitam æternam : “Je plonge, je nage, je gagne, je ne suis plus qu’un corps. Je plonge, je nage, je gagne, je ne suis plus qu’un corps” Telle des machinistes Marine Longuet et Gisèle Pape donnent un rythme effréné, prêt à exploser au clip par l’enchaînement rapide de chorégraphie, de performances et d’images d’archives.
Altın Gün – Yüce Dağ Başında
Dépêchez vous car Altin Gün vous a donné rendez-vous à Yüce Dağ Başında (Au sommet de la montagne suprême). Un endroit hypnotique et symbolique où la fête se fait ressentir par des confettis, des danses et des applaudissements entrainants. Cette montagne suprême semble aussi être un lieu de désirs à en croire de nombreux fruits juteux croqués de manière presque érotique. Toujours à leur image, le groupe d’influence turque nous amène dans un univers vintage. On plonge dans les années 1970 par les vêtements asymétriques, les vestes en daim, les paillettes et les pantalons patte d’eph’. Ou encore par la scénographie et la musique tant psychédélique, groove que arabisante.
Serguei Spoutnik – One bad apple spoils the barrel
Il y a quelques jours, on vous parlait du nouvel EP de Serguei Spoutnik : Subject, Verb, Complement. Dans la suite logique des choses, nous vous présentons aujourd’hui, le dernier clip de cet opus rêveur : One bad apple spoils the barrel.
Un enchaînement de plans fixes nous présente divers supports : calendrier, pochette plastique, livre etc… La nostalgie de l’artiste n’est pas mise de côté, incluant des images animées comme par magie au sein de chaque œuvre. Les passionnés enflammés de la saga Harry Potter ne mettront pas longtemps à faire un rapprochement avec leur univers bien-aimé. Sauf qu’ici, Serguei permet à cette féerie de devenir réel au travers d’œuvres artistiques. À l’image de son EP, chaque nouvelle image prend le temps de nous hypnotiser, avant de nous embarquer dans son monde. Jouant avec les formes, les couleurs ou encore les typographies, le travail du musicien est captivant. Cette identité visuelle et sonore, simple mais pourtant puissante, fait de Serguei Spoutnik un artiste singulier et saisissant. On vous invite à découvrir son opus, sorti chez Santé Records, si ce n’est pas déjà fait !
La Femme – Foutre le Bordel
La vie nous manque mais heureusement, La Femme existe. Foutre le Bordel, leur nouveau single aux allures punk, nous invite au chaos et la libération absolue. Un morceau aux visuels DIY réalisés par le groupe et qui donnent l’impression d’avoir goûté aux meilleures substances illicites. Ce titre, nouvel hymne en devenir des fêtards intrépides, clame un ras-le-bol, une envie de défier le rationnel et de découvrir le goût exquis de l’interdit. Un titre qui annonce également la sortie du troisième et très attendu album de La Femme, intitulé Paradigmes et prévu pour le 2 avril prochain. Et autant vous dire qu’on l’attend de pied ferme celui-ci.
IDLES – REIGNS
S’il y a un groupe que l’on s’impatiente terriblement de retrouver sur scène, c’est bien IDLES. Une hargne et une énergie fulgurante dont on aurait bien besoin pour se défouler en ces temps sombres et incertains. Pour le moment, le quatuor nous régale avec des clips à l’excellence indéniable. C’est d’ailleurs au tour de notre morceau coup de cœur d’Ultra Mono, à savoir REIGNS, d’être clipé. Pour l’occasion, les garçons ont laissé carte blanche à Theo Watkins, lequel crée un dialogue visuel quelque peu angoissant où l’on y voit l’ignorance et la crédulité de l’Homme versus la colère animale. Un morceau où derrière ces guitares énervés et cette batterie mécanique, Joe Talbot dénonce la dangerosité des politiques. Du grand IDLES qui fout les poils. Vivement les retrouvailles !
Hologramme – DREAM
Si on voulait trouver quelque chose de plus hypnotique que ce clip, one ne trouverait pas, et on pourrait même citer le premier commentaire sur youtube pour décrire les sensations que nous procurent cette vidéo « On fond dans les images et dans les sons ». Cette impression de se faire aspirer par les images et les sonorités est bien réelle, elle est due notamment à cette sensation de mouvement qui émane du personnage principal et cette capacité qu’il a par son charisme à captiver notre attention, c’est aussi tout un décor et une photographie qui jouent beaucoup sur nos sens, happés par les couleurs, les espaces vides et abandonnés et des scènes d’amour et de
C’est ce qui fait le sel de notre société qui est mis en avant, la jeunesse, l’amour, la fête et un sentiment de liberté profond qui émane de ce clip.
Ces images font du bien dans notre condition actuelle, elles nous rappellent que derrière ces murs clos, se cachent nos rêves et nos aspirations, tous cristallisés dans nos relations qui ne demandent qu’à renaître.
Indigo Sparke – Everything Everything
Ce clip d’Indigo Sparke est sans aucun doute une des plus belles prestations de l’année, alors oui nous sommes en janvier, mais laissez vous transporter par cette vidéo emplie de grâce, de beauté, et d’une légèreté qui est trahie par l’aspect tragique de ce moment.
La vidéo commence par un murmure, la voix frêle de l’artiste qui susurre un air dans un silence presque assourdissant tout en se regardant dans un miroir.
L’artiste se pare d’un noir profond et nous délivre une danse bercée par une ivresse solitaire, la solitude.
Le côté tragique est accentué par la présence d’un iphone et d’airpods qui viennent casser l’aspect solennel de cette parade, presque pour nous rappeler leur rôle dans nos vies, et sans doute expliquer autant de solitude. Seule dans cette pièce aux murs blanc, Indigo Sparke se met à nue, nous délivrant sa fragilité et matérialisant la noirceur de son esprit au travers d’une danse qui se veut, peut être, la retranscription physique de celle qu’on appelle la détresse, cette vieille amie qui nous fixe, toute de noire vêtue et nous capture, bien trop souvent.