La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. On commence ce début d’après midi avec la première partie des clips de la semaine.
Albinos Congo – Stay or Die
J’espère que vos yeux sont bien accrochés, le nouveau clip d’Albinos Congo risque de vous surprendre. Animaux empaillés, visages démoniaques éclairés par de puissantes flammes, chat plongé vivant dans une marmite au milieu d’un épais nuage de fumée, expériences loufoques à base d’œil humain… Un décor à faire frémir les plus téméraires, où résonnent des guitares sanglantes et des mélodies directement extirpées de cordes vocales à vif.
Alliant énergie et musicalité, le groupe nantais nous a concocté une musique contagieuse, sauvage et urgente tout en gardant une certaine maîtrise du chaos. La recette idéale, dans laquelle on laisse volontiers nos oreilles faire trempette.
Pour les plus gourmands, on vous laisse écouter les autres titres qui composent Space Jam,un EP à avaler tout cru.
BICEP – LIDO
Dans ce contexte de second album tant attendu du duo Bicep, dont on vous parlait récemment dans un article sur la Face B, le groupe sort un nouveau clip : celui de Lido.Un choix étonnant puisqu’il s’agit du seul morceau complètement ambient, dénué de percussions, pas forcément celui auquel les fans s’attendaient.
Le nom du morceau, qui signifie une piscine publique, semble être un écho à l’inscription qui figure sur la tour que l’on aperçoit dans le fameux clip de Glue.
Néanmoins, aucune image réelle dans ce nouveau clip : un point de vue dans un tunnel surréaliste, où des sortes d’animaux en fractales apparaissent et disparaissent, sans qu’on puisse jamais les identifier réellement tout du long. Un trajet psychédélique et constant qui captive par notre envie de se repérer dans cet espace où nos repères sont brouillés.
Alfie Templeman – Everybody’s Gonna Love Somebody
Une carrière déserte, des allures d’exploitation minières et soudain, comme téléporté, surgit Alfie Templeman sortant visiblement d’une gueule de bois.
Le chanteur s’installe au volant de sa voiture, aux côtés d’un muppet squattant le siège passager.
Un muppet visiblement en plein chagrin d’amour… Tout au long de ce clip, Alfie Templeman aide ce gentil muppet à retrouver “Suzie”, son amoureuse disparue.
Il semblerait que le chanteur se soit inspiré de l’histoire d’amour de son ami muppet pour les paroles de ce titre aussi dansant qu’entraînant.
La morale de ce titre ? Everybody’s Gonna Love Somebody, à comprendre : tout le monde va aimer quelqu’un, un jour et il ne faut pas laisser tomber lorsque l’amour ne croise pas tout de suite notre chemin.
J.Aston – Good For Me
Sur une instru minimaliste dont les airs sont empruntés au hip-hop, J.Aston nous chante une chanson d’amour, parlant des liens étroits qui lient deux êtres.
La chanteuse française donne à ce nouveau titre un côté pop-soul frais et innovant, sans crainte de mélanger différents genres musicaux.
Dans un grand château abandonné, un corps s’anime et la personne se met à danser, vagabondant élégamment dans chaque pièce de la demeure. Une esthétique rodée qui débouche sur la présence de J.Aston elle-même dans une pièce emplie de lumière, elle est là, posant dans un cadre et s’imposant comme une impératrice dans sa demeure.
Ce qui est bon pour elle, J.Aston le sait et l’exprime à travers le texte de Good For Me. Elle ne lâchera pas ce qu’elle aime et l’on pense sincèrement qu’elle parle aussi ici de son public qui lui manque tant.
José Gonzalez – El Invento
Six ans après Vestiges & Claws, José Gonzalez revient tout en douceur avec une balade guitare-voix dont lui seul a le secret et qui sait si bien nous bercer. Une balade simple et emplie de douceur, à l’image d’un dimanche matin ensoleillé et entouré de sa famille.
Un univers et un clin d’œil familial qui semblent voulus puisqu’il s’agit de son premier titre en espagnol, langue natale de ses grand-parents d’origine argentine, et ce n’est autre que sa fille, Laura, qui lui a inspiré le titre. Le chanteur ayant pris l’habitude de parler à sa fille en espagnol, les paroles lui sont ensuite venues naturellement.
C’est avec soulagement que l’on accueille ce titre et ce clip respirant la sérénité malgré les nombreuses questions existentielles qu’il soulève. On y aperçoit un José Gonzalez profitant d’un bain de soleil, l’air paisible, le tout sur une mélodie acoustique dont la beauté résulte de sa simplicité.
DYE CRAP – MY SHITS
Ça fait un petit moment que l’on guette toutes les sorties en provenance de Rouen et il était certains que Dye Crap ne ferait pas exception à la règle. Alors que la plupart de ses camarades rouennais ont le regard tourné vers l’Angleterre, sa pluie et sa déprime, le quatuor s’oriente plutôt du côté du soleil de la Californie avec My Shits.
Un premier titre enlevé et solaire, qui nous offre une bonne de nostalgie qui fait du bien. On secoue la tête et on sourit comme des idiots et ça fait bien plaisir.
Ces influences américaines et 90’s se ressentent aussi dans la première vidéo du groupe. Ciel à la couleur irréelle, coupes de cheveux crétines et délires régressifs et colorés : on sent bien que comme nous, le groupe a été biberonné aux vidéos de Jackass de la grande période de MTV ainsi que les meilleurs épisodes de south park et autres joyeusetés.
C’est déjanté, coloré et regressif, bref c’est tout ce qu’on aime. Parfait pour attendre la sortie de leur premier EP éponyme le 30 avril. En attendant le groupe est présélectionné aux inouïs du printemps de Bourges et ça aussi, ça fait bien plaisir.
Moto – L’eau municipale ft. Michelle Blades
Cela fait plus d’un an qu’on attendait la sortie du premier EP de Moto, Alors vendredi on a fait péter la bouteille de champomy pour célébrer l’arrivée de chansons grunge dont on vous parlera bientôt (et il se peut qu’on aille questionner Moto aussi.)
Pour accompagner cette sortie, Moto débarque aussi avec un clip pour l’eau municipale. Si l’idée de faire une chanson sur l’eau municipale vous semble étrange, c’est que vous ne connaissez pas encore Moto.
Avec ce titre, la jeune femme nous offre un véritable appel à l’unité et et à la rencontre, nous rappelant que si on a tendance à voir nos différences, il y a quand même tout un tas des petites choses qui nous réunissent et qui devraient nous permettre de mettre nos dissensions de côté.
La vidéo de Deux mecs en short nous entraine dans une bulle spatio-temporelle, où l’on retrouve des vélos trop cools, un peu d’ennui, des fleurs et des répétitions dans des garages, le tout saupoudré de bulles de savon. Un univers doux et tendre dans lequel on a clairement envie de se plonger et qui se termine par cette question toute simple : Dis Moto, tu nous prends dans ta bande ?
Sarah Maison – L’Été
En 2017 elle s’est fait connaître avec le sublime titre Western Arabisant, l’emmenant progressivement de la plateforme musicale de pop underground La Souterraine, à un live dans l’émission Le Nouveau Rendez-Vous sur France Inter ! Sarah Maison avait d’emblée marqué les esprits d’un grand coup avec sa musique chaloupée, teintée de sonorités arabisantes et sixties. Aujourd’hui Sarah Maison fait son grand retour avec un titre, L’Été, extrait de son prochain EP, Soleils, qui sortira le 19 mars 2021.
L’Été est empreint de sensualité, on y retrouve comme à ses habitudes des rythmes orientaux, avec un fond de derboukas, mais aussi des nappes de synthé qui forment l’ADN de Sarah Maison. L’Été se présente comme une déclaration d’amour à la liberté, avec un clip qui nous donne à voir la beauté d’un corps en mouvement, effectuant une voluptueuse danse orientale… mais à bas les préjugés, c’est un homme ! Mohamed Toukabri, danseur et chorégraphe de talent, interprète le danseur de danse orientale dans ce clip ! Un jeu de miroir s’opère alors entre chanteuse et le danseur, une danse entre le masculin et le féminin, mettant en valeur l’énergie féminine et masculine qui cohabite en chacun de nous, dans un décor en clair-obscur avec beaucoup de paillettes.
Le clip est signé Romain Winkler, qui a entre autres déjà réalisé pour Etienne Daho, Odezenne et Baptiste W. Hamon. Et pour les plus curieux, rappelons également que Sarah Maison a récemment collaboré avec Anoraak, sur le titre très entraînant Gang, sorti en avril 2020, et qu’elle a participé à l’album hommage à Léo Ferré, orchestré par La Souterraine, en 2018, avec entre autres P.R2B, Aquaserge, Julien Gasc, Forever Pavot, Maud Octallinn, Marietta…, reprenant quant à elle le titre La Nuit.
Rifa – Moodnoir
Après avoir envoyé plusieurs clips, le lyonnais Rifa a dévoilé ce vendredi la totalité du projet Mood Noir. Pour accompagner la sortie, il a décidé de clipper le morceau éponyme aidé par le studio de réalisation Pièges.
Le titre pourrait faire penser à une ambiance sombre qui se serait traduit dans un clip également sombre. Étonnamment, le visuel est très colorée un contre pied bien exécuté qui permet à l’artiste de proposer une vision différente de son mal-être dans un décor moins stéréotypé. Le titre ne se résume pas qu’au moment difficile, il relate avec sincérité tout un pan de la personnalité du jeune artiste, un bon avant-goût de ce qui se retrouve dans la totalité du projet.
Que cela soit par le visuel ou par les lyrics, Rifa étonne par sa maturité et son authenticité qui se retrouve bien émises dans ce titre, qui est un bon préambule au projet.
DELAURENTIS – Pegasus
Après nous avoir présenter sa naissance dans Life, DeLaurentis laisse la parole à Unica dans son nouveau morceau Pegasus.
Unica, c’est le nom que portera l’album, c’est surtout la soeur-numérique de DeLaurentis, celle qui est au cœur de la conception de cette œuvre concept et qui lui donne son âme.
Pegasus est donc sa première prise de parole, tel un enfant naïf, elle observe et remarque, de sa voix synthétique, les tics et obsessions de l’espèce humaine. Ainsi sur une base électronique assez froide et martiale, elle répète à l’infini certains comportements humains qu’on a tous vécu, des moments qui parfois tournent en boucle dans nos esprits.
Le morceau prend une teneur plus organique lorsque la voix de DeLaurentis apparait, d’abord à l’unisson, puis en dialogue et enfin en confrontation, ce qui permet de réaliser au fur et à mesure l’émancipation de Unica par rapport à sa créatrice.
La vidéo de Paul Perrier nous entraine à la rencontre d’Unica, dans cet univers numérique où l’on navigue comme dans un rêve, on cotoie le monde d’Unica, cette succession de données, de datas impalpables de laquelle elle essaie de s’extirper jusqu’à venir se confronter à notre monde.
L’univers de DeLaurentis prend ainsi de l’ampleur, autant dans le son que dans l’image et nous rend très impatient de la suite à venir.
Tedax Max – Vite Fait 4
Le rap continue son expansion quotidiennement et voit de plus en plus d’artistes s’affranchir des codes historiques de cette musique pour la faire évoluer.
Mais il reste également certains pour qui l’art de la rime assassine est important et arrive à combiner leurs écrits affinés à des productions et des flows actuels, un moyen de ne jamais oublier les bases du mouvement. Parmi eux, le nom de Tedax Max résonne de plus en plus et à l’écoute de son dernier titre, Vite Fait 4 on comprend vite pourquoi.
Humble et affamé, le lyonnais en veut et le visuel de Hank Oro accompagne bien cette mentalité. Son rap dégage une telle aisance qu’il permet de commencer le clip en se faisant les contours, une sorte d’insolence naturelle se dégage et ne vient que renforcer la prestance du jeune rookie.
Chaque phase est envoyée avec la précision d’un sniper et ne rate jamais sa cible, un massacre bien orchestré par les plans du réalisateur qui accompagne bien la puissance de Tedax. Accompagné par sa hargne, le lyonnais en a dans le stylo et dans le ventre, et le son feu est brûlant, attention aux potentiels dégats.
Alex Nicol – Mirage
Il y a tout juste un an (on a compté les jours), on faisait la connaissance de Alex Nicol via son premier titre And I Wonder.
Depuis, l’artiste montréalais nous a beaucoup accompagné, notamment avec son superbe All For Nada paru chez Michel Records.
Le voilà de retour cette semaine avec une vidéo pour son titre Mirage.
Pièce chaleureuse et superbement orchestrée, Mirage nous entraine dans un questionnement sur le sens et le réel, porté par la voix merveilleuse de Nicol.
Ce questionnement est aussi au coeur du clip de George Simeo dans lequel il s’amuse à trafiquer le réel, à le distordre légèrement pour y injecter des images virtuelles qui nous font basculer dans une sorte d’univers parallèle.
Cette vidéo reflète aussi la période dans laquelle nous vivons, une réalitéque l’on arrive plus vraiment à distinguer, un monde en plein bouleversement sur lequel on essaie de faire le focus pour à nouveau se l’approprier. Simple et passionnant à l’image de la musique qu’elle accompagne.
Grand Soleil – Round Round Round
Ce n’est un secret pour personne, si la terne tourne, tourne et tourne encore, on est globalement entrain de la déglinguer. On a beau le dire, on a beau le voir, ça n’a pas l’air de globalement nous penser à changer grand chose.
Alors l’espoir viendrait-il d’ailleurs ? c’est bien ce que Grand Soleil et Ugo Deseigne semble nous dire dans le superbe clip animé de Round Round Round.
Si le morceau est une sorte de transe électronique dansante proche dans ses incantations du chamanisme et du mantra, la vidéo nous entraine dans un futur pas si lointain où un héros venu d’ailleurs décide de sauver la terre et de la « renouveler », amenant à lui tous les animaux de la planète afin de lui offrir un reset … sans l’humanité.
Une manière poétique d’exprimer cette colère froide face à l’incation globable d’un changement climatique dont la reversebilité s’amenuise chaque jour un peu plus.
Human Error, le premier album de Grand Soleil, est prévu pour le 09 avril chez Nowadays Records.
Princesse – Petites Morsures
Princesse sort cette semaine son tout premier single, Petites Morsures, morceau aux claviers en apesanteur et aux paroles langoureuses, se remémorant de beaux moments d’une relation amoureuse. Les paroles en français sont douces et sensuelles, personnelles et authentiques : « C’était si doux / c’était tellement doux / Tes baisers m’ont rongé jusqu’à l’os » et ce n’est pas un hasard le groupe qualifie sa musique de « sexysensible avant toute chose ». La vidéo qui accompagne le titre a été réalisée tout en collages numériques avec des photos copiées collées d’Anthony Alias, Julien Chevalier et Armand Roger, les membres de Princesse, mais aussi de coquillages, de flamands roses ou de gens qui s’embrassent, pour un résultat DIY, arty aux répétitions psychédéliques…
Réalisé « sans argent, sans label, sans producteur, sans manager » ce premier morceau donne déjà envie d’en découvrir plus de ce tout nouveau groupe à suivre !
Black Honey – Disinfect
A quelques semaines de la sortie de leur très attendu nouvel et deuxième album Written & Directed, Black Honey a décidé de rendre l’attente plus douce en dévoilant Disinfect !
Après avoir fait une attaque de trois minutes contre l’égoïsme du mâle alpha avec I Like The Way You Die, puis un hymne de toute crise existentielle et véritable satire religieuse avec Believer: cette fois-ci le groupe a décidé de nous offrir un morceau politique. Desinfect est une véritable critique sociale bien ancrée dans l’air du temps.
Pour info, ce morceau a été écrit en 2019 sans penser qu’une pandémie frapperait le monde. Un titre au refrain heavy qui donne envie de tout casser, le tout accompagné d’un clip réalisé et édité par Craig Hemming qui compile des reportages et chroniques du monde entier permettant au spectateur de faire face à l’état du monde, mais aussi à se poser des questions sur certains leaders mondiaux qui peuvent avoir du sang sur les mains.
Galo DC – La Vitesse
On termine cette première partie des clips de la semaine avec un habitué de la sélection : Galo DC.
Le parisien était donc de retour cette semaine avec La Vitesse, continuant son désir /défi d’offrir tous les deux mois mois un nouveau titre accompagné d’un clip.
Ce qu’il y a d’intéressant c’est que plus le temps passe et plus on réalise l’intérêt de ce projet : offrir une musique instinctive, plus physique et « rentre dedans » (ce qui va de paire avec le nom de ce nouveau titre).
Il y a quelque chose de presque radical qui se joue donc ici, encore plus accentué par cette plume qui gagne elle aussi en aisance, offrant un texte qui colle aux sensations exprimées par la musique, tout en gardant cette envie d’images et de volonté poétique dans un style assez direct.
Le clip de Evans Randriamampianina joue sur la superposition des images, le rouge du sang, la route et les ombres. Une interprétation libre du morceau qui nous emmène dans un voyage intérieur et surréaliste qui a tout du trip sous acide.