Les clips de la semaine #75 – Partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. Bienvenue dans notre première partie de la soixante quinzième édition des clips de la semaine.

Chichirama – Cheaters

Paris, New York, Londres, La Mecque… les lieux déserts sont devenus bien trop nombreux. Le quintet Chichirama vient arguer la révolte en venant briser en mille éclats tout ce qui reste sur son passage. Par leur dernier clip Cheaters, le groupe français délivre en image une vision horrifique et sombre d’un monde sous l’emprise de ces fameux « survivalistes », adeptes des guns et de la voix du seigneur.

Par la pandémie mondiale actuelle, ils voient enfin un sens à leur vie. Tout le cynisme se dégage à cet instant : savourer du désastre pour mieux apprécier son instinct de survie et faire son business. Les coups de marteaux et de battes viennent mettre un coup de pied aux culs à ces profiteurs du malheur.

Avec un rock psychédélique lo-fi, Chichirama porte ici un titre rébellion aux amateurs de l’apocalypse. Leur premier EP au titre évocateur Epic Fail sortira durant ce printemps 2021.

Lulu Van Trapp – Joan of Arc

Le groupe pop psychédélique français dévoile son deuxième titre de son très prochain album « I’m not here to Save the World » qui sortira mi-avril. Avec Joan Of Arc, Lulu Van Trapp porte un hommage à la musique et au sens de leur amitié. Dans le clip vidéo associé aux couleurs seventies, la bande se dévoile aussi simplement dans la vie de tous les jours que délurée et déguisée durant leurs performances.  C’est sous ce dernier aspect qu’ils nous invitent à les suivre dans leur monde parallèle joviale et jubilatoire où tout le monde est libre de s’émanciper.

Joan Of Arc pourrait se résumer à leur hymne de tournée. Puisant dans les sonorités reggae, la piste nous transmet ses vibes positives et solaires avec son refrain plus que planant. Bercé par ces douces mélodies de guitares et de synthés sur ces dernières secondes, un sentiment de bien-être ambivalent prédomine. On ne sait pas si on est triste ou heureux, mais on se sent bien. Et on réécoute avec pur plaisir. Lulu Van Trapp délivre nos sentiments pour les envoyer dans les limbes.

Rover – To This Tree

Le chanteur français Rover est sur le point de dévoiler son troisième album EISKELLER. Une histoire qui remonte à un jour de canicule pendant lequel il s’installe dans une immense pièce industrielle à Bruxelles, pièce qui deviendra son studio de musique et de laquelle sortira ce tout nouvel album joué et enregistré par Rover lui-même. 

To This Tree est le premier morceau de cet album a être dévoilé. Ce morceau est une délicieuse ballade, aussi poétique que mélancolique, et Rover nous transporte dans cet univers grâce au pouvoir de sa voix douce et envoûtante.

Le clip quant à lui est très original, avec une dimension hybride entre Avatar et Minecraft. 

Tlz Clan – SKK

Tlz Clan, c’est le duo qui commence à faire du bruit dans le rap. Petit à petit, ils commencent à asseoir leur musique et à se faire connaître. Pour cela, le visuel est toujours un bon moyen de promouvoir la musique. Sur SKK, ils ont fait appel à Arno Antton et Pour Rose pour transposer leur proposition musicale en visuel.

C’est dans le plus pur style des street-clips que le duo va évoluer : vie à la cité, voiture, chiens et un montage dynamique viennent accompagner leur trap teintée de mélodies. Une immersion dans un quotidien sans artifice qui montre toute la simplicité et l’authenticité qu’ils veulent mettre en avant. Le tout est accompagné d’un montage rapide et diversifié qui renforce l’énergie dégagée par l’instrumentale et les flows des deux artistes.

Énergie, mélodie, impact visuel, tout y est pour que le potentiel des jeunes rappeurs puissent se libérer. 

Scylla – Chanson d’amour 

Une prestance à la hauteur de sa plume aiguisée par les années, Scylla n’en a pas marre de raconter à sa manière des histoires. Il a pris place dans le Cirque Royal de Charleroi pour nous compter une Chanson d’amour mise en image par le réalisateur Nori Ozawa. Un lieu qui donne une théâtralité au morceau, renforcé par le charisme du rappeur belge couplé à son phrasé marquant.

Tour à tour il repoussera les cordes de pendaison, les armes pointées vers lui avec une détermination glaciale. Il prouve par là que même si l’amour ne semble plus vouloir de lui, il n’arrêtera pas d’y croire. Il reprend donc l’arme en main pour être le seul maître de son destin. Après un coup de rideau, il continue dans la théâtralité en laissant la place à une danseuse classique qui viendra ajouter une touche de douceur et de grâce à la voix brute du rappeur.

Une brutalité qui sera mise en image par un combat de boxe, la noblesse de ce sport colle à la finesse de l’écriture du rappeur qui n’hésite pas à mettre K.O par les images qu’elle véhicule. Plus vivant que jamais, il prouve à nouveau tout son amour pour la musique dans ce dernier visuel.

Feu! Chatterton – Monde Nouveau

Une chose est sûre : on a bien vécu la fin d’un monde mais pas la fin du monde. Et c’est ce que nous rappelle Feu! Chatterton. Le groupe nous plonge dans un espace temporel flou pour nous évoquer Un nouveau monde… peut-être déjà évanescent ? Les paroles évoquent un monde ancien – territoire lointain – au goût d’été partagé : “Un bain de foule dévot (…) La glace fondait dans les spritzs (…) C’était à n’y comprendre rien.” Alors que se glisse sur une musique électrique et futuriste le mirage d’un nouveau continent : “Un monde nouveau, On en rêvait tous, Mais que savions nous faire de nos mains ?

Un territoire inconnu et pourtant si présent, si matériel. Un monde numérique qui s’ancre dans la continuité d’un ancien monde. Comme une boucle perpétuelle, l’illusion du renouveau : « La clarté nous pendait au nez, Dans sa vive lumière bleue, Nous étions pris, faits, cernés , L’évidence était sous nos yeux”. C’est aussi un espace distant. A en croire la peine sur les regards, la colère sur les visages, le plastique qui nous étouffe, nous enferme, comme au travers du clip. Pourtant, une image frappe.

On aperçoit le groupe apaisé, heureux, éclairé par une lueur d’espoir. Peut-être celle d’un autre nouveau monde ? En attendant, cette lumière s’attrape au travers de leur dernier album, Palais d’Argile.

Bekar – Chromé

Après son projet Briques Rouges, le lillois Bekar a pris un peu de repos bien mérité. Enfin ça c’est qu’il a laissé croire, mais boulimique de travail, il réservait de belles surprises à ses fans, à l’image de ce nouveau titre, Chromé accompagné d’un clip réalisé par Lucas Fockenoy et Mobius Video.

C’est entouré par son équipe, dans son habitat naturel qu’il va évoluer durant ce visuel. Le regard est froid à l’instar de l’instrumentale de son acolyte Lucci, la combinaison entre les deux hommes fonctionne toujours aussi bien et ils se trouvent les yeux fermés comme Xavi et Iniesta époque barça. La froideur du nord se fait également sentir dans les lieux choisis, délabrés et aux couleurs ternes. Entre remise en question et amour pour ce qu’il est en train d’accomplir, Bekar essaye de trouver le juste milieu tout en restant authentique et ce visuel sert bien son propos. 

Toujours à l’aise avec les codes du rap qu’ils maîtrisent et s’approprient avec aisance, le jeune artiste crache à nouveau un feu dont lui seul à le secret entre mélodies et flows tranchants.

Iliona – Une autre vie

 

Toujours aussi étonnante parce qu’elle sait tout faire, Iliona à la totale emprise sur son processus créatif et cela de la musique au visuel. Ecrit et réalisé par ses soins, Une autre vie est un extrait de Tristesse, son premier projet.
En ayant cette main mise sur toutes ses créations, elle peut s’y immerger au maximum pour donner un rendu le plus fidèle à ce qu’elle ressent. Ce n’est pas pour rien que l’EP se prénomme Tristesse et qu’ils soient remplis de morceaux prenant que cela soit par l’écriture, la musicalité ou encore le visuel, à l’image de ce clip. 
C’est dans l’obscurité de la soirée et dans une belle et grande demeure que prend place ce visuel. Chargée de souvenirs qu’Iliona partage avec une mystérieuse créature, cette maison semble receler un passé intriguant et surtout teinté d’amour. Si sur les photos, ils semblaient être heureux, l’ambiance à la table ce soir semble bien moins à la joie. Une distance et une froideur qui donneraient presque à croire que cette créature n’existe plus aux yeux d’Iliona.

Mais pourtant, le passé ne s’efface pas si vite et les souvenirs reviennent vite à la surface. C’est justement en se remémorant ce passé, que le regard du monstre va passer d’un mauve sombre à un jaune lumineux, comme si la flamme avait été ravivée. S’en suit un pur moment de bonheur entre une jeune femme qui a retrouvé le sourire grâce à cet amour qui semble plus sain que par le passé. 

Par certains éléments, le clip donne une imagerie à la fois enfantine et très mature à la jeune belge. Comme beaucoup de jeunes de 20 ans, elle semble encore tiraillée entre l’innocence de l’enfance et les responsabilités de la vie d’adulte. 
Par les émotions qu’elle arrive à véhiculer, par son authenticité ou encore par son esprit débordant de créativité, Iliona arrive toujours à captiver son audience et à l’emmener avec elle dans les tourments de sa vie et on ne s’en lassera pas de si tôt. 

OUMUAMUA – Aire de repos

Aire de repos, mais quel drôle de titre pour un morceau qui bouge et part dans tous les sens. On ressent des influences marquées par l’âme de la funk, de la soul, voire même de la pop et de la variété française. Et pour cause, Oumuamua est un groupe composé d’anciens étudiants de l’American School of Modern Jazz Music.

Le clip est à l’image du groupe : effervescent. Des flèches crépitent, des néons défilent, en se superposant à des routes, des chemins à suivre, pour atteindre cet aire (état?) de repos. Le réalisateur Joel Kerr, évoque “les visuels et les paysages sonores créent une atmosphère à la fois nostalgique et futuriste. Je m’efforce d’intriguer le public pour remettre en question sa propre réalité et révéler la beauté du quotidien.”

Et c’est un pari réussi. Le groupe parvient lui aussi à nous renvoyer une image de nous, à nos propres questionnements : Faut-il aussi “s’y ranger, s’y coller à ces panneaux » évoqués ?

Aoru – Visière

Des influences américaines couplées à un amour de la musique, voilà en quelques mots ce à quoi peut s’apparenter la musique d’Aoru, jeune artiste récemment arrivé dans ce jeu. Mais au final, c’est bien plus que cela, ce qu’il offre avec Visière, c’est sa sortie de l’ombre et pour l’accompagner, il a décidé de montrer également son univers visuel avec l’aide du réalisateur Hicham B.

Planant et mélodique, le visuel va à contre-courant de l’ambiance assez calme proposée par la musique, étant donné que c’est dans une soirée qu’il débute. Sauf qu’on y retrouve le jeune rappeur également à contre-courant de l’ambiance festive qui règne, affalé dans le canapé, il n’a pas l’air d’être à sa place, parasité par ses soucis du passé. Petit à petit et en symbiose avec l’instrumentale, il va se relever et affronter frontalement ce qui le parasitent. Agacé par ce quotidien, il va s’en aller, prendre la route pour voir d’autres choses et descendre la visière sur ce passé qui ne lui correspond plus. Une autre manière de s’enfuir de ce quotidien dans lequel il ne semble plus heureux est de se réfugier au studio pour digérer ses pensées sur l’instrumentale.

Le jeu de couleurs renforce l’ambiance planante du morceau et permet une plongée encore plus immersive dans cette proposition remplie d’émotions et qui amène à merveille l’univers de ce nouvel artiste. 

Arman Méliès – La Soif

Le titre s’ouvre sur le cri d’une chouette, comme l’animal totem d’Arman Méliès. Presque comme le souffle de son âme. Puis, s’invite la vibration de cordes tendues, stridentes, rappelant des instruments d’Orient.

Un continent qui vient s’incarner au sein du clip par un derviche tourneur, comme un pont vers le sacré. Pourtant, c’est la chute d’un empire qui résonne au travers de La soif. L’idée de désenchanter : “Mille fois j’ai prié. Mais Dieu ne croit pas en moi (…) Cent fois j’ai chanté. Cent fois Dieu ne m’entend pas” On pourrait presque palper cette obscurité, cette frustration face au destin.

L’impression de ne plus avoir de réponses, ou de ne plus être guidé par la lumière : “Qui aimeras-tu ? Qui t’écouteras ? (…) Qui aideras-tu ? Qui te sauveras ?” Pourtant, il y a bien un rayon qui éclaire le chanteur, comme un espoir, un message à la patience et au lâcher prise. Au sein du clip comme d’accords solaires. A la liberté empruntée à la chouette.

Dibson – Différent

Le marseillais et sa voix rauque sont de retour dans un nouveau morceau rempli d’émotions et accompagné d’un clip qui fait voyager réalisé par Comm. Un voyage certes, mais avec un mode de transport un peu hors du commun. Ce n’est pas en avion ou même en voiture que Dibson va rejoindre les sommets enneigés de la montagne mais avec un test médical intriguant.

Une fois la dose de Vatos Kush inséminée par les scientifiques dans le corps du rappeur, ce dernier enverra son esprit dans la blancheur immaculée des sommets montagneux. Seul avec lui-même, il en profite pour faire le point sur ce qui l’entoure et compose sa vie. Il en profite pour faire sortir toute la rage qu’il retient au plus profond de lui. Pendant ce temps, loin de tout, les scientifiques continuent de travailler sur son corps.

Prendre de la hauteur, de l’air et se retrouver seul est toujours un bon moyen de se confronter à soi-même loin du train-train quotidien frénétique qui empêche cette auto-critique. Le visuel accompagne à merveille cette délivrance de la part du rappeur qui a trouvé la plénitude en haut des sommets. Il peut maintenant ouvrir les yeux et reprendre possession de ces moyens après cette expérience qui semble l’avoir soulagé. 

Antoine Wielemans – Sel

Si le vent nous portera, la mer nous emportera. Antoine Wielemans (du groupe Girls in Hawaii) évoque l’eau comme une douleur lumineuse au travers de son morceau Le Sel.

L’artiste évoque « des parfums douloureux dans la houle brumeuse s’étaient envolés » Le texte est à la fois poétique et intime, presque mélancolique. A ce sujet, il raconte : « l’image mentale que j’avais en tête était assez froide et peu idyllique celle d’un corps humain échoué sur le ventre et que la marée descendante laissait découvrir »

Comme une âme perdue incarnée en ce clip réalisé par Manou Milon. Des teintes froides et grisâtres nous montrent une mer tantôt menaçante, tantôt protectrice, comme un père, qui « nous enlace et passe sa main dans nos cheveux. »

Blowsom – Breathin

Depuis le début de l’année, on n’arrête pas Blowsom. Chaque mois, l’artiste nous dévoile un titre inédit et il arrive à nous surprendre à chaque fois. Pour mars, il a dévoilé Breathin; un titre indie pop joyeux à travers un clip réalisé encore une fois avec par son acolyte César mais cette fois-ci il y même eu un casting… enfin si vous voulez bien y croire.

En effet, dans cette vidéo, Blowsom se met en scène en interprétant chaque membre du groupe : batteur, guitariste, chanteur, claviste… mais on peut surtout le voir s’essayer au jardinage, bricolage, prendre un même et même envisager une carrière de footballeur.

Bref, on ne s’ennuie pas et on réussit à s’évader pendant quelques instants. Hâte de voir la surprise que nous réserve Blowsom pour son prochain titre ! 

Sorry – Cigarette Packet Separate

Après leur excellent album, 925, sorti l’année dernière, Sorry reviennent avec un double single, Cigarette Packet et Separate deux morceaux aux sonorités métalliques aux palettes électroniques expérimentales. Chacun des titres est accompagné d’une vidéo réalisée par Flasha prod (Asha Lorenz, membre de Sorry, et Flo Webb, collaboratrice de longue date) qui rythment et ajoutent une épaisseur aux morceaux. Celui de Cigarette Packetmontre des bouches de gens en gros plan.

Asha Lorenz écrit : « Les bouches se fondent toutes en une seule voix, à la fin il est difficile de dire qui dit quoi, comme si tous vos amis ou les gens que vous rencontrez étaient juste des parties de vous. C’est bizarre ce que votre esprit choisit d’entendre ou de retenir ». Celui de Separate, inspiré de Crash de JG Ballard mélange des plans de petites voitures dans une baignoire avec des flash d’images de circulation tournées la nuit, le montage est saccadé et donne une sensation de malaise. 

Ces deux nouveaux titres le confirment : Sorry continue de nous charmer et nous fasciner.

En plus de ce double single qui sera disponible en vinyl, les deux ont récemment sorti un album live, A Night At The Windmill en exclusivité sur Bandcamp, dont tous les bénéfices seront reversés à la salle indépendante The Windmill à Brixton. 

Météo Mirage – Transforme

Après le single Ton Nom sorti le mois dernier, Météo Mirage revient avec le clip de Transforme dans lequel le groupe célèbre la transidentité sur un son synth-pop à la fois léger et lourd de sens. Deuxième single de leur prochain EP, le titre fait corps avec un clip qui met en image le récit intime de la transition d’Eve, sœur transgenre du chanteur du groupe.

Avec ce clip, Météo Mirage a l’intention de faire voir ce voyage intérieur, tout en illustrant avec subtilité, la beauté et la violence du parcours d’une femme née assignée garçon.

Retraçant ainsi le chemin de cette acceptation libératrice, Transforme a été mis en images par La Comète Films qui a su saisir avec brio toute la poésie et la force résidant dans ce morceau éminemment personnel.

Dye Crap – Cooloroonie

Du bon gros punk beach waves biberonné à MTV, mais bien de chez nous. Dye Crap viennent de Rouen, mais sonnent comme du Fidlar bien brutasse, sent bon les compos crées à coup de bières, et la grosse bande de potes.   

Second titre balancé, Cooloroonie est d’une efficacité… déconcertante. Deux parties, une ligne mélodique, un titre répété tout le long comme une chanson de potes bourrés, c’est très bon. Inspiré du dessin animé Rocket Power, on reste à fond sur le délire nostalgique 90’s.

Après une arrivée en 4×4 dans un champs de tournesol, le trio profite du bon air frais de la campagne. Filmé en fish eye et avec un bon grain vintage, ambiance DIY assumée. ils distordent leur visages, balancent des gestes de rappeurs des années 90, et font les cons pour nous faire délirer. Le champ va pas se remettre de cette bataille de tournesols et de ces trois punks, nous non plus. 

Crumb – Trophy

Il y a maintenant trois ans que le groupe de Brooklyn Crumb nous avait laissé en suspens dans un pure moment de grâce… Jinx, leur premier album, avait su se démarquer grâce à la voix nonchalante et vaporeuse de Lila Ramani, et une instrumentale atmosphérique distordue. Un mélange entre le rock indé et la pop psychédélique, hypnotisant dans son esprit de vinyle rayé. 

Sans avoir annoncé de nouvel album, le groupe nous fait la surprise de revenir enchanter nos oreilles avec un nouveau titre. Trophy, c’est la parfaite continuité de Jinx, la même formule magique. On retrouve Lila la chanteuse à une remise de prix dans un théâtre. Alors qu’elle lit son discours, un trophée d’haltérophilie féminine trône sur le pupitre. Tout un symbole. Alors que le moment semble s’éterniser et qu’en coulisses on fait signe d’abréger, on retrouve le reste du groupe dans un pitoyable état. Dans leurs combinaisons de karting, les béquilles foulant le sable, il se hissent avec peine sur un podium sportif. Prêt à tout pour remporter la victoire, ils se sont lancés dans une guerre sur la piste, mais ne semblent en retirer aucune satisfaction. 

Des trophées en animation, jusqu’ici en transe devant les lauréats, finissent par s’entredéchirer dans une violence terrible alors que la voix se brise elle aussi en échos. Critique acerbe de la course aux récompenses, à la déshumanisation des participants qui oublient le sens de la compétition, c’est un titre ultra satisfaisant. Le groupe n’a rien perdu de sa grâce et de son efficacité. Tout cela ne présage que le meilleur….

Fantastic Mister Zguy – Gisèle 

https://www.youtube.com/watch?v=-3GRI9yv_04f

Il a sorti Etats d’âme, son dernier album, il y a peu, et cette semaine, Fantastic Mister Zguy offre une vidéo à Gisèle, dernier titre de celui-ci. Inspiré par Margaux Jaudinaud – qui a réalisé (entre autres) la vidéo de I Want You In My Bed, une collab punk Lo-fi avec TH The Freak qui apparaît sur l’opus – et par Michel Gondry, Zguy a réalisé un clip sous forme d’animation tout en collage qu’il a filmé en stop motion (12 images par seconde).

On peut y voir Gisèle rêver et s’envoler dans les airs à bord d’un tapis volant et peu à peu remplacer les fantômes qui la hantent par des fleurs… 

Une vidéo DIY poétique et magique où la douceur des rêves emportent finalement la tristesse. 

Gisèle est l’un des titres plus mélancoliques, l’un des multiples « états d’âme » apparaissant sur l’album dont nous vous conseillons l’écoute.