Les clips de la semaine #77 – partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. Bienvenue dans notre première partie de la soixante dix-septième édition des clips de la semaine.

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TOUKAN TOUKÄN – Animal

On commence la semaine avec deux de nos oiseaux sauvages préférés, on parle bien sûr de Toukan Toukän. Le duo est de retour cette semaine pour nous présenter Animal.

On le sait, l’homme est un animal social, mais qu’est ce qu’il reste de nous alors que cela un an que nos rapports sociaux sont drastiquement réduits ? C’est tout le propos de ce nouveau titre, qui prend le point de vue d’une personne qui, auparavant refractaire à la fête, commence à fortement ressentir le manque des autres. Le manque des soirées, des gens qui se collent, qui rient et qui vivent. Le morceau fait ce constant un peu alarmant, tout en s’ouvrant vers une porte de sortie salutaire et, on l’espère, très proche.

Le clip, nous entraine dans un road-trip ensoleillé, une promenade déguisée où l’on suit les deux membres du groupe accompagné de leur trampoline, et qui s’amusent à chaque arrêt à se transformer en différents animaux. Un clip volontairement joyeux et lumineux comme un acte de résistance à une situation qui perdure un peu trop pour le bien de notre santé mentale.

Alors, on fait comme eux et on croise les doigts pour que la fête reviennent vite.

Berling Berlin – Hardworking Club

Entre le disco et la new wave trafiquée, le quatuor parisien Berling Berlin s’apprête à sortir son premier album. Connaissant notre besoin essentielle de taper du pied et bouger son corps en rythme, ils balancent un premier titre ultra dansant à la croisée des genres.
Entre l’ironie et le démodé assumé, ils balancent un riff de guitare ultra grave qui n’est qu’un artifice pour amener un rythme disco et un refrain super rentre dedans.

Évoquant le quotidien du groupe, engoncés dans une vie de bureau éreintante et insignifiante afin de financer leur projet, le morceau est un bonbon d’autodérision sur les working men. Les changements de rythmes et de styles musicaux étant la représentation de la dualité de leurs vies, et le besoin de lâcher prise par moment…. Ils apposent leurs costumes colorés et pas de danses sur des images rappelant le quotidien effrayant d’un cadre moyen. C’est un peu The Voidz qui aurait mangé du Bee Gees.

 Tsilla – Soupir

Originaire de Suisse, la jeune chanteuse a fait un crochet par les Pays-Bas avant de revenir dans son pays natal. Si elle se dévoile aujourd’hui à un plus large public, elle a tout d’abord fait un crochet par la scène soundcloud pour se faire les dents. Une plateforme qui lui a permis de gagner en expérience et de peaufiner sa musique dont elle délivre un nouvel échantillon avec Soupir et son clip réalisé par Dushan Zofka.

 Seule sur le lit conjugal, Tsilla a le regard bien vide et le cerveau bien nostalgique de sa relation passée dans laquelle elle replonge à coup d’images d’archives remplies de bonheur. Un sentiment qui est vite retombé quand les problèmes ont fait surface et qu’il a fallu mettre un terme à cette relation. En plongeant le spectateur dans des images d’archives de sa vie, elle rend l’ambiance du clip intimiste, ce qui est encore plus appuyée par sa voix chaude et lancinante. Entre amour, partage de moments de vie mais aussi engueulades, Tsilla offre un voyage à travers ses souvenirs amoureux et cela du premier au dernier Soupir

Hash 24 Ft Georgio – Si J’traine

Entre les deux hommes, cela ne date pas d’hier, comme leur amour pour le rap. Après avoir côtoyé le même studio de la 75ème Session, il était naturel que les deux artistes partagent le micro ensemble. C’est donc invité par Hash 24 sur son projet Le poids de mon âme que Georgio est venu livrer un couplet sur Si J’traine, morceau qui a été mis en image par Wizzy et Virfeu.

Des couleurs sombres, une ambiance froide viennent renforcer l’écriture sincère et mélancolique de Hash 24. Suivra donc Georgio qui plongera dans l’univers installé par son collègue pour livrer également une prestation pleine de sens. L’alchimie entre les deux artistes est donc au rendez-vous et s’inscrit bien dans l’univers du récent projet sorti par Hash24.

C’est avec un flow planant qu’ils viennent adoucir l’obscurité du visuel pour laisser entrevoir un avenir plus lumineux.

Drug store Romeos – What’s On Your Mind

On les avait découverts sur scène en 2019 et depuis les Drug Store Romeos ne nous ont jamais vraiment quittés. Leurs mélodies lunaires hypnotiques captivent notre imaginaire et leur énergie magnétique et rêveuse finit de nous charmer. Et c’est avec bonheur et une once d’excitation que nous apprenons cette semaine que les jeunes vingtenaires basés à Londres via la campagne anglaise s’apprêtent à sortir leur premier album The World Within Our Bedrooms. Ils nous offrent à cette occasion le premier single de celui-ci, What’s On Your Mind, un titre tout en apesanteur aux claviers éthérés, à la voix presque chuchoté, et aux loops de basse entêtants. Une chanson intime et rêveuse, dont la seconde partie est selon le groupe une sorte d’interprétation d’un voyage mental où l’on ressasse des faits passés qui nous font cogiter et partir dans de nombreuses directions ; Le morceau a d’ailleurs été conçu pour être écouter juste avant de dormir, moment propice à ce genre d’expériences…

La chanson est accompagnée d’un clip réalisé par Qianhui Yu, une animation poétique où les couleurs sont vibrantes et mouvantes et où douceur et légèreté sont maîtres-mots.

Le groupe a aussi annoncé une date à la Scala (Londres) leur plus gros concert en tête d’affiche à ce jour le 17 novembre prochain. On a hâte !

Caribou Bâtard – Bendo Pesto

Être un punk bloqué en plein confinement, c’est pas toujours facile. Comme tout à-un chacun, il lui reste deux choses : la bouffe, et soi-même. Et ça commence par un énorme bol de spaghettis au pesto, qu’on peut dévorer en envoyant valser la bienséance. Parce que visiblement il n’y avait pas que du basilic dans la sauce, se produit une vraie redécouverte de son corps et ses limites.

A coups de gros riffs punks, de batterie qui crashent et même de screamers, c’est l’occasion d’un jeu de rôle, d’expérimentations et d’un déchainement totale. Entre le kiffe et le pétage de plomb, on explose les notions de genre, de normalité, de liberté, et un peu aussi de sanité. Aussi queer que punk, c’est une bombe à retardement qui
demande qu’à tout dévaster. A l’image d’un enfant dans sa chambre, le seul endroit où l’on peut être soi-même c’est celui où l’on est délivré du regard extérieur et du jugement. Ou peut-être que c’est juste grâce à la sauce pesto.

Syra Ft Sopico – Sandman (Remix)

Paru il y a un petit moment maintenant, la chanteuse Syra a décidé de donner une seconde vie à son titre Sandman et pour la peine, elle a invité le rappeur Sopico à livrer un couplet supplémentaire. Le tout a été également mis en image par exotica. C’est à travers une balade nocturne dans un taxi un brin spécial que les deux artistes vont chacun à leur manière et à leur tour prendre place dans ce véhicule conduit par un homme mystérieux.

Première à embarquer Syra prend place à l’arrière du véhicule, son conducteur au physique déroutant la suivra afin de démarrer cette ride dans la nuit. A fond dans son travail, le conducteur ne se laissera pas déstabiliser par la chaleur qui émane de la chanteuse aussi bien par sa voix que par sa sensualité. Une fois arrivé à destination, Syra laisse la place sur la banquette arrière à Sopico. Très à l’aise dans ce taxi, le jeune artiste joue de sa nonchalance millimétrée pour montrer sa polyvalence et installer toute l’alchimie dont ce remix avait besoin. 

Beak> – Oh Know

Le super groupe d’expérimental britannique Beck> a décidé de préciser que 14 ans plus tard, ils sont toujours là. Composé de Geoff Barrow (Portishead), Billy Fuller (Fuzz Against Junk, Massive Attack…) et Will Young la nouvelle recrue, ils ont été bien inspires durant le
confinement.
Synthés industriels, ruptures brutales, voix distordue en échos, on est transportés au bord d’un gouffre… Entre le post apocalypse et le breakdown mentale, c’est absolument hypnotisant. On suit un jeune homme en crise existentielle, entre l’ennuie et le vide de sens.
Une vie rythmée par les émissions télé et son auto entrainement de ninja cheap, qui conduira à un déferlement de violence.

Bobby Gillespie & Jehnny Beth – Remember We Were Lovers

C’est un duo auquel on ne s’attendait pas, mais dont l’annonce surprise cette semaine nous enchante. Bobby Gillespie, leader de Primal Scream et Jehnny Beth artiste solo et chanteuse de Savages, viennent d’annoncer la sortie prochaine d’un album, Utopian Ashes, et nous présentent Remember We Were Lovers, un titre aux sons country bien différent de ce à quoi les deux artistes nous avaient habitués chacun. Inspiré de « country soul classics » à la Grievous Angel de Gram Parsons et Emmylou Harris, on pense aussi à Johnny Cash et June Carter Cash, ou encore Nancy Sinatra et Lee Hazlewood dont les deux musiciens avaient repris ensemble Some Velvet Morning lors d’une date où leurs deux groupes se produisaient en premières parties de Massive Attack

Remember We Were Lovers est mélancolique et majestueux, évoquant la relation d’un couple qui semble proche de sombrer. Et si leur projet collaboratif était initialement orienté vers des sons électroniques, l’instrumentation est ici un retour aux sources folk. Et la vidéo qui accompagne le titre, réalisée par Douglas Hart (The Jesus and Mary Chains), met en images ce retour aux racines en montrant les deux artistes évoluer dans des espaces naturels, forêt, montagne ou bord de la mer, dans des images en noir et blanc qui se superposent mais où les deux personnages ne se rencontrent pas, mis à part en ombres d’eux-mêmes pour un court instant. Bobby Gillespie écrit du projet :“Je voulais remettre de la douleur dans la musique. Je n’en percevais plus beaucoup dans le rock moderne”. C’est réussi.

Utopian Ashes sortira le 2 juillet prochain.

So La Lune – Seven Up

https://www.youtube.com/watch?v=3fUUEO8btCU

Après un premier projet qui a commencé à révéler sa singularité, So La Lune continue son expansion avec un second projet, Théia. Toujours inscrit dans une obscurité lunaire, sa musique personnelle continue de raconter de plus en plus de choses. Comme le prouve son nouveau clip, Seven Up réalisé par Katabase.


Tourné en noir et blanc, ce visuel représente bien le rappeur. Sombre et sans artifice, ici c’est le message véhiculé qui prend toute la place. Un message qui résonne comme un cri d’espoir dans la nuit : »Ash j’me dis « Level up » » 

L’envie de gravir les échelons est un thème récurrent dans la musique du jeune artiste, même si c’est fortement contrebalancé par ses craintes et ses blessures du passée. Heureusement il peut compter sur ses proches qui sont présents dans le clip. Personnage mystérieux mais plein de ressources, So La Lune prouve à nouveau que l’authenticité est toujours un facteur important dans le rap. Il prouve également avec ce visuel et ce nouveau projet qu’il est en train de « level up » sur tous les points et cela ne devrait pas être prêt de s’arrêter. 

JP Goulag – Dying Breed

Frais de la sortie de leur second EP Mistaken, la semaine dernière, JP Goulag nous présente cette semaine leur nouveau single : Dying Breed. Le groupe punk, garage teenagecore lyonnais nous en met plein les oreilles à coup de riffs explosifs, d’une ligne de basse catchy et d’une batterie en folie, avec des sonorités grunge influencées par Mudhnoney, Dinosaur Jr ou les Pixies.

Pour leur vidéo les trois ont fait appel à Romain Gabrillargues – qui avait réalisé certains de leurs clips précédents. On y voit les trois membres du groupe faire du tennis sur un terrain vague, se pousser en caddy sur un parking désert ou se brosser les dents, le tout affublés de masques de chouette, de dauphin ou de squelette… Un clip à l’énergie débordante et à la spontanéité punk qu’on a hâte de découvrir en live !

Oscar and the Wolf – James (Official Video)

Après bientôt trois ans d’absence, Oscar and the Wolf s’apprête à dévoiler un troisième album. Et à chaque album, son teasing ! 

Son dernier opus, Infinity, avait signé l’arrivée d’une longue pause dans la carrière du chanteur belge qui avait annoncé très mal supporter la notoriété. 

Une pause nécessaire et salvatrice, puisque après toutes ces années, Oscar and the Wolf revient sur le devant de la scène et dévoile un tout nouveau titre : James

Comme chaque titre ou chaque album du chanteur, celui-ci est évidemment empli de sens. Tout d’abord, le nom du morceau : James. Il s’agit en fait d’un joli hommage à son neveu, qui porte ce prénom et qui est né le jour où Oscar and the Wolf entrait en studio. 

James, c’est avant tout l’histoire d’une personne qui donnerait tout pour se lier le plus fortement possible avec son être aimé, jusqu’à ne jamais envisager ce qu’iel pouvait être et faire auparavant. Dans le clip, Oscar the Wolf se met en scène dans un road trip entre copains. Entre les moments d’euphorie et de liberté, se glissent des moments de vérité intense, qui déchirent les liens mais solidifient les amitiés. 

La Compagnie des Musiques Télescopiques – Sirènes

Nouveau single pour La Compagnie des Musiques Télescopiques, qui en profite pour dévoiler la date de sortie de son deuxième album Dômes, le 16 Avril prochain.

On découvre donc cette semaine Sirènes, second extrait de cet opus à venir et qui s’habille d’une tenue plutôt pop, là où le premier single était orienté post rock. Entre une esthétique contemplative qui évoque Flavien Berger et des instruments malgré tout très présents, on obtient un cocktail introspectif dont les forces évocatrices sont sublimées par un clip surréaliste.

Collages, animations, incrustations, autant d’effet spéciaux qui plongent le spectateur dans une transe où l’on recherche les détails cachés comme un visage de Cthulhu dans le dos de la raie manta, personnage récurrent aux maintes apparitions. Bref, une très belle réussite pour ce groupe on s’impatiente de pouvoir découvrir l’album. Moins de 15 jours à patienter, c’est déjà ça !

Hassan K – Gardgiri

Si de l’Orient on connaissait les goules et autre djins, Hassan K nous fait découvrir une nouvelle créature au travers du titre et clip Gardgiri. Si l’on traduit « Gardgiri », du perse « گرد و خاک » cela revient à se débarrasser du matériel, pour revenir à l’essentiel, soit l’immatériel. Un voyage spirituel en somme qu’illustre à merveille la musique instrumentale de l’artiste : il y a un brin d’aventure dans des mélodies dignes des plus grands western spaghetti, des bruitages célestes, ou encore des grelots et des cordes orientales qui semblent être jouées par des chamans. Pour nous accompagner lors de ce périple, Clotilde Auboeuf-Dominguez et Adrien Tison, les deux réalisateurs du clip, créent des bestioles ailées, cyclopes et esprits naissant dans divers univers tant ésotériques, lumineux, qu’infernaux… Une épopée graphique !

Foster The People – Lamb’s Wool

Après avoir offert un visualizer à chaque morceau de son nouvel EP In The Darkest Of Nights, Let The Birds Sing (dont on vous parlait ici), les californiens de Foster The People sont de retour cette semaine avec un clip, un vrai, pour leur titre Lamb’s wool.

Si cette nouvelle série de titre à pour colonne vertébrale, Lamb’s Wool est sans doute le titre le plus mélancolique du lot, une pop-song parfaite qui parle d’aimer une personne disparu. Le morceau est déchirant évoquant cet amour qui ne s’éteint pas alors que la personne n’est plus là, guidé par un piano entêtant et la voix parfaite de Mark Foster qui embrase chaque émotion qu’il évoque.

Le clip animé de Thomas Jarrett évoque de manière assez brutale au départ cette disparition avant de partir dans un délire coloré et psychédélique, à la fois effrayant et attachant. On voyage dans cette nuée de couleurs et d’images qui frôlent parfois le non sens et qui rappellent par moment la pochette de Supermodel, le second album de Foster The People.