Les clips de la semaine #8

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. Le huitième épisode, c’est maintenant.

SÜEÜREn équilibre

On commence la semaine par un groupe qui a fait sensation au MaMA Festival. Après son premier titre, SÜEÜR revient cette semaine avec son nouveau morceau En équilibre. On navigue donc sur ce fil sans jamais glisser, le propos n’est jamais sacrifié sur l’autel de l’énergie et de la puissance pour un résultat explosif qui parle ouvertement de sexe et de drogue dénonçant une jeunesse qui cherche une tranquillité dans des choses qui finissent par la rendre apathique et sans âme. Le trio préfère la liberté quitte à devoir se battre avec des sentiments qui le dévorent parfois. L’équilibre, SÜEÜR le trouve aussi dans les genres qui se mélangent, entre virulence punk, flow rappé et nappes électroniques pour une alchimie totale et parfaite dosée. Visuellement, le groupe continue à jouer avec le cinéma, laissant cette fois-ci la caméra à Jessy Nottola pour une fuite en avant dans les bas fonds d’une ville imaginaire qui cite autant Fight Club qu’Orange Mécanique, pour finir dans une cage face à une foule déchaînée et qui voit les deux poursuivants retrouver le trio à la fin d’un concert. La suite au prochain épisode ? En attendant un premier EP prévu pour début 2020, SÜEÜR sera en concert aux Bars En Trans le 06 décembre.

The Head and the Heart – See You Through My Eyes 

Le groupe folk américain originaire de Seattle a sorti dernièrement son troisième album Living Mirage. The Head and the Heart a toujours été ce groupe un peu discret et aux chansons introverties, cette fois-ci, pour See You Through My Eyes, il s’agit plutôt d’une ode au lâcher-prise et à l’acceptation de soi. Un message pour toute personne ayant besoin de se souvenir qu’il ne faut pas se juger et être trop dur envers soi-même, le tout illustré par un clip où l’on voit défiler sur l’écran les membres du groupe mais également des gens de tous horizons, nous rappelant que chacun est différent avec ses particularités.

Michael Kiwanuka – Hero

Alors qu’il s’apprête à sortir son troisième album, Kiwanuka, l’artiste anglais originaire de l’Ouganda nous lâche un titre bombe : Hero. Un hommage aux multiples injustices et actes de racisme dont est victime la population noire, notamment aux États-Unis. Dans ce clip, on se retrouve projeté dans le passé au cœur des mouvements pour les Droits Civiques et celui du Black Power. Des paroles dures qui nous ramènent à une réalité malheureusement toujours présente de nos jours… « Am I your hero, am I your hero now, to die a hero is all that we know now. Am I your negro, a fallen hero now« .

NemirChica

Nemir, rappeur de Perpignan vient réchauffer les cœurs avec son très chaleureux nouveau clip. Chica, c’est un son aux ambiances latinos, rappelant le sud de la France d’où est originaire le rappeur, mais Nemir et son professionnalisme arrivent à ramener cette touche rap française au morceau. Concernant le clip, on a ici une ambiance très vintage, que ce soit dans le choix des couleurs utilisées ou même dans l’atmosphère globale. Chica, c’est l’histoire d’une femme libre, forte, qui vit sa vie et s’assume, une femme du 21ème siècle en somme. Et cette histoire nous est contée par Nemir et le réalisateur Gabriel Dugué.

New BlowBlack Hole

https://www.youtube.com/watch?v=s_M3_1fJF6M

Les Lillois de New Blow sont de retour ! Après leur EP Flame, ils présentent leur nouveau single Black Hole. Toujours dans leur style rock entre envolées vertigineuses et passages se rapprochant presque du hip-hop, ils intègrent peu à peu des éléments plus électroniques pour faire évoluer leurs compositions au fil du temps. Dans ce nouveau clip réalisé par Clémence Depoortère & Cliff Chan, ils abordent un sujet qui les touche beaucoup, la dépression. C’est sans mal que malgré leur jeune âge, ils s’approprient ce thème dont la mise à l’image est tout en dualité. Les tableaux se succèdent et au thème très sombre s’opposent les couleurs vives. Un malaise très bien retranscrit par les protagonistes, qui incarnent pour l’occasion des personnages bien loin de leurs alter ego scéniques que l’on connaît. Fidèles à leur réputation, ils nous livrent comme à leur habitude une production travaillée et percutante.

ChassolLes Anneaux de Saturne

Chaque sortie de Chassol est guettée comme un événement. Son nouveau projet Ludi, qu’il présente sur scène depuis janvier dernier, ne s’était pas encore dévoilé jusqu’à présent. Au travers du tableau Les Anneaux de Saturne, il nous révèle un des actes de ce projet, basé sur le roman Le Jeu des perles de verre d’Hermann Hesse. La vidéo prend la forme d’un dessin animé, dont les tracés sont assurés par Gaetan Brizzi et sur lesquels apparaissent les choristes du morceau. Il nous invite ici au voyage, dans un épisode introduit par le jeu de la phrase qui consiste, à plusieurs participants, à ajouter tour à tour un mot à une phrase. Au cours de l’un de ces jeux, présenté dans l’œuvre complète, les participants ont inventé une phrase liant Saturne, ses anneaux, des oiseaux et la musique de loups. C’est ce qui vient ici inspirer la ritournelle chantée par Chassol et ses choristes. Rendez-vous en mars pour découvrir l’œuvre intégrale sur les internets ou en concert si vous ne souhaitez pas à attendre.

Abel ChéretWestern Eros

Avec Abel Chéret, l’amour est ultra-chelou mais surtout il trouve sa place partout, même dans les westerns. Western Eros est un titre solaire, cinéphile et lettré qui utilise les codes de l’ouest sauvage pour parler habilement d’amour de sexe et de désir dans une ambiance où l’on ne tire pas à blanc. De la poésie toute douce et imagée qui plaît à l’oreille. À l’image, c’est l’amour à la plage, duel de regards et amour contrarié sous la caméra de Merick & Gohu pour un rendu qui alterne face à face entre un homme et une femme liés l’un à l’autre dans la vie, l’amour et la mort avec des moments plus contemplatifs et musicaux où l’on voit Abel Chéret s’affairer sur son synthé, même si sa douce guitare n’est finalement jamais très loin. Après une date au Pop-Up en septembre, Abel Chéret passera par L’International le 23 novembre et le 1999 le 06 décembre pour nous conter ses pastilles musicales qui sont autant des courts métrages que des pépites pop.

Requin ChagrinRivières

S’il y a bien une couleur qu’on peut rattacher à Requin Chagrin, c’est le bleu. Que ce soit dans ses thématiques, dans son nom ou dans ce qu’il dégage, le projet de Marion Brunetto voit la vie en bleu, des bleus à l’âme au bleu de la nuit quand la mélancolie prend le pas sur nos pensées.. C’est une nouvelle fois le cas avec Rivières où quand l’amour prend l’eau, on cherche à se rattacher aux rivages car on ne sait pas comment dire au-revoir ou adieu à une relation qui n’a plus vraiment de sens ni d’avenir. Il faut pourtant bien lâcher prise pour prendre le large et que la rivière retourne à l’océan. Cette idée est retranscrite dans le clip de Simon Noizat qui développe une esthétique DIY proche de la musique de Requin Chagrin, où le groupe évolue dans un décor bleu (tiens tiens) et voit la pluie les frapper jusqu’à les noyer. Le groupe vient d’annoncer une Boule Noire pour le 06 février 2020 et sera de passage à Tourcoing le 29 novembre dans le cadre du festival Tour de Chauffe.

Steve LacyPlayground

Cette année Steve Lacy nous avait emmené vers la lune avec son premier album Apollo XXI, un album où il dévoilait toute l’étendue de sa palette musicale et démontrait à ceux qui en doutaient encore tout son génie. Le voilà qui revient cette semaine, en images cette fois-ci, pour dévoiler le clip de Playground. Et comme on n’est jamais mieux servi que par soi même, le jeune californien se met seul en scène dans un clip aussi coloré que psychédélique. On pense forcément à certains effets de That 70’s show en voyant Steve évoluer devant des fonds colorés où il joue tous les instruments du titre, changeant de tenue et de posture en fonction de son rôle : batteur, bassiste, guitariste, choriste ou lead singer… Un peu schizophrénique mais diablement réussi et réjouissant pour un titre entraînant qui parle avec une certaine tendresse d’un amour oublié. Le nouveau héros de la scène indé-soul américaine sera de passage à Paris le 19 novembre pour un concert à La Cigale. On y sera forcément et on vous conseille clairement de prendre votre ticket pour ce voyage musical.

TaminoIndigo Night

Un an après la sortie du titre sur l’album Amir, Tamino a profité de sa tournée en Afrique du Nord pour mettre Indigo Night en images. C’est au Caire, en Égypte, le pays d’origine de son père et et de son grand-père (le chanteur Moharram Fouad) qu’il nous emmène. On se laisse porter à nouveau par le morceau alors que notre regard surplombe le Caire et ses barres d’immeubles beiges, avant de se poser sur le désert et ses scènes nocturnes teintées de bleu. La balade permet même, un court instant, d’apercevoir les somptueuses pyramides dessinées au loin tandis qu’un cavalier galope à cheval au premier plan. Un tableau poétique qui reflète sans surprise la tonalité orientale et les influences qui colorent l’album, ainsi que la mélancolie presque mystique de ses compositions. L’artiste viendra faire vibrer les émotions de sa musique le 19 novembre à l’Olympia.

Tim Dup Après Eux & Je Te Laisse

Double actualité pour Tim Dup qui continue de dévoiler lentement son nouvel album Qu’en restera-t-il ? prévu pour le 10 janvier 2020. Il est donc revenu cette semaine avec non pas une mais deux nouvelles chansons : Après eux et Je te Laisse. Deux titres comme un ying et un yang, comme la vie qui se joue au présent autant qu’on regarde l’avenir. Ainsi Après eux est une pièce relativement positive et solaire à laquelle répond la douce mélancolie nocturne de Je Te Laisse. La première célèbre la vie, la jeunesse victorieuse, les amours conquérants et la fragilité des choses qu’on pense tenir entre nos mains mais qui finissent par glisser entre nos doigts, le tout vibrant sous des intonations électroniques, des souffles courts et un piano discret mais bien présent, la vidéo (co-réalisée comme la seconde par Hugo Pillard et Tim Dup) laisse apparaître le feu qui brûle et l’été qui semble sans fin, ces moments où plus rien n’a d’importance qu’ici et maintenant.

La seconde, elle se part d’apparats bien plus classiques et cinématographiques, entre un piano bien plus présent, des notes tropicales et des instruments à cordes qui finissent par nous hérisser les poils dans cette lettre au futur, à ceux qui nous suivront et qui prendront la relève. La vidéo présente cette idée de transmission à travers ce qui semble être des images d’archives personnelles, et présente la douceur de ceux qui ont tout à voir et à vivre, l’innocence et la tendresse de la jeunesse. Au milieu de tout ça vit la plume de Tim Dup, délicate, aérée et fine, l’une des plus poétiques et vivantes de la scène pop française actuelle. La mélancolie est toujours heureuse chez Tim Dup et le résultat toujours aussi probant.

Isaac DelusionPas l’habitude

Pas l’habitude, mis en image par Léo Chadoutaut c’est l’histoire d’un monstre de cinéma, exhibé comme une bête féroce à l’écran pour son physique atypique mais qui n’est autre qu’une personne bien réelle enfermée dans les codes de son apparence. Dans un décor marqué par les influences des films américains clichés, on comprend très vite qu’il s’agit d’un individu rempli d’innocence et rongé par la mélancolie. Seul dans sa caravane, il se laisse happer par la volonté de danser et l’on s’attache naturellement à sa différence qui le rend extrêmement touchant, on aurait même l’envie d’aller danser avec lui sur la musique toujours aussi onirique (et en français s’il vous plaît ) d’Isaac Delusion. Ce nouveau clip est une merveilleuse façon de dévoiler le troisième morceau de leur album Uplifters qui sortira le 08 novembre prochain. Pour les retardataires qui n’ont pu réserver leurs places à la Cigale le 21 janvier, une date supplémentaire vient d’être ajoutée le 11 février, l’occasion de pouvoir rêver et danser comme des bêtes féroces…

Doni MLion

Récente signature de Columbia, le jeune Doni M revient avec Lion, un son percutant et un clip bien réalisé par Kespey. Clip à l’ambiance à la fois lugubre et ensoleillée, le rappeur est entre sa cité et le soleil rappelant la Californie. Le hamac, fil conducteur du clip que l’on retrouve dans une multitude de plans, renforce le côté planant de la vidéo, le côté percutant étant, lui, amené par des moments plus rudes comme l’interpellation policière en début de clip.

Leïla Lanova feat Jok’airBread

Leïla Lanova, jeune chanteuse amatrice d’afro beat, a décidé de s’allier au rappeur Jok’air pour un petit business dans la boulangerie. Parfait pour vous donner l’eau à la bouche en ce dimanche matin : croissant ou pain en chocolat ? En tout cas, Leïla et Jok’air mettent la main à la pâte. On retrouve la charmante chanteuse au service et le rappeur à la direction. Mais mon petit doigt me dit qu’il ne se prépare pas que des pâtisseries dans la cave de leur boulangerie.

Half Moon RunFavourite Boy

Lentement mais sûrement, les canadiens de Half Moon Run font monter la pression jusqu’à la sortie de A Blemish In The Great Light prévue le 1er novembre. Ils sont revenus cette semaine avec Favourite Boy. Portée par une basse absolument fantastique et les arrangements vocaux toujours aussi puissants du trio, le groupe s’éloigne un peu de son son habituel pour nous surprendre avec une chanson plus pop, mais toujours aussi épique, qui compte les histoires d’un garçon qui réalise avec stupeur que l’amour n’est plus au rendez-vous et que les sourires deviennent des mensonges tranchants comme une lame de rasoir. Pour la vidéo, Half Moon Run s’est associé à Philippe Grenier pour un court métrage en 16mm où les membres se transforment en acteurs entourés par des figurants volontaires tous portés par l’envie de créer la meilleure vidéo possible. Les canadiens viendront nous éblouir cet hiver avec une date au Trianon le 26 novembre avant de revenir au printemps avec notamment un passage au Grand Mix en mars.

Claire FaravarjooTequila

1,2,3 … Avec Claire Faravarjou nous n’irons pas au bois, mais nous compterons nos verres de Tequila. La jeune femme a donc dévoilé cette semaine son nouveau clip pour un titre pop qui lorgne vers le disco, le tout porté par une voix sensuelle qui nous berce et nous entraine dans une nuit d’ivresse. Le genre de nuit où l’on s’amuse à compter les verres pour tromper l’ennui. La chaleur monte et finalement l’ébriété nous invite à laisser le bar de côté pour nous entraîner sur le dancefloor et ajouter une bonne nuit de folie à une soirée pourtant bien mal embarquée. Ambrosia Films joue de cette ambivalence, ces moments où la réalité et le fantasme se mêlent et où l’on ne sait plus trop ce qui est faux et ce qui est vrai, amenant Claire à devenir autant une barmaid désabusée qu’une reine de la nuit qui se pare d’or pour faire briller la boule à facettes sur sa peau. Rappelons tout de même que si la musique est un mets qui se consomme à l’infini, l’alcool lui est à consommer avec modération.