Les clips de la semaine #82 – Partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. Tout de suite, la deuxième partie du quatre-vingt-deuxième rendez vous des clips de la semaine.

HARD FEELINGS – Holding On Too Long

Si on devait mettre une petite pièce sur un des projets qui nous fera danser dans les mois à venir, on la placerait sans doute sur HARD FEELINGS. Et honnêtement, on ne prend pas énormément de risques en vous disant ça, le projet étant constitué de Amy Douglas pour la voix, et de Joe Goddard de Hot Chip à la production.

Et si vous aviez besoin d’une confirmation, il suffit d’écouter Holding On Too Long pour vous en convraincre. Un chant habité et très théâtral et un son absolument brillant entre un piano discret et imparable et une grosse basse dingue qui fera vibrer toutes les parcelles de nos corps endiablés.

Quand au nom du groupe, il suffit de tendre l’oreille pour voir qu’il est déjà question de « hard feelings », ce premier morceau explorant la violence et la douleur d’une histoire d’amour qui se termine.

Le clip de Katie Paul qui accompagne le titre, nous invite à suivre Amy Douglas au cœur de ses sentiments exacerbés, entre envie de les faire éteindre et besoin de s’en libérer pour avancer. Spoiler alert : le clip se termine par un son complètement fou qu’on espère retrouver bientôt dans un titre de HARD FEELINGS.

MAGENTA – Monogramme

On le sait, Magenta c’est un groupe de musique mais c’est aussi un projet qui place l’aspect visuel au centre du jeu. Chaque nouvelle vidéo est donc l’occasion d’offrir un véritable court métrage, une pastille qui colle complètement à la musique et qui a l’ambition d’en retranscrire toutes les émotions.

Ce soit tout particulier apportait à l’image se retrouve sur Monogramme, morceau de clôture qui donne aussi son nom à l’album. Plus calme, porté par des cordes cinématographiques, le morceau est une ode à l’amour fraternel, à ces grandes histoires de potes qui sont souvent les grandes lignes d’une vie et qui représente la colonne vertébrale et la force vive de Magenta.

Aussi derrière la caméra, le groupe nous emmène donc dans une de ces histoires (où l’on retrouve le personnage principal de leur live), où l’on est bosculé entre la violence et la tendresse, passant indistinctement d’une réalité brute à des parcelles de rêves plus douces et imagées. Un nouveau petit choc signé par Magenta, qu’on retrouvera cet automne en live à l’olympia.

BERGMANN – Love Potion

Parfois on aimerait trouver une solution pour faire venir le grand amour, ou pour que notre amour de toujours revienne. Alors, on se met à imaginer des stratégies, des plans d’attaques qui en cas d’échec mettent en lumière des liens toxiques et dépendants. Il n’y a plus qu’à se tourner vers la sorcellerie ou plus simplement le titre Love Potion de Bergmann.

Car au travers du clip réalisé par l’artiste, on peut l’apercevoir dealer des potions d’amour en soirée, comme on le ferait avec n’importe quelle substance. Après tout, l’amour n’est-il pas une drogue comme une autre ? L’atmosphère du clip est travaillée, avec des airs de films de gangster. L’image y est à la fois feutrée et sensuelle. A l’instar du titre aux accents pop et soul.

Françoiz Breut – Dérives urbaines dans la ville cannibale

Françoiz Breut nous emmène déambuler dans une ville cannibale. N’ayez crainte, nous serons accompagnés du réalisateur Simon Vanrie ayant auparavant réalisé le clip de Mes péchés s’accumulent. Créant ainsi une continuité entre les deux titres qui partagent la même atmosphère claire, nébuleuse et bleuté.

A la manière d’un ange sorti d’un film de Wim Wenders, on voit la chanteuse avancer d’un pas fier et déterminé, habillé d’un imper dans les rues d’une ville. On croise des immeubles qu’on semble connaître et reconnaître, comme certains lieux illustrant la pochette du dernier album de Françoiz Breut.

Au travers de cette Dérives urbaines dans la ville cannibale, nous sommes embarqués dans une infinité de lieux tantôt des grands espaces lumineux, en contact avec la nature, tantôt des endroits étriqués, étranges. Pour reprendre les paroles de l’artiste : “Tout devant flippant (…) il était vital qu’on sorte de là.”

Don Toliver – What You Need

Dans la filiale de Travis Scott, un nom se démarque depuis un bon moment maintenant, celui de Don Toliver. Un nom qui commence de plus en plus à s’implanter sur la scène rap américaine qui revient avec le clip du morceau What You Need tourné en Colombie et réalisé par Nabil. C’est depuis les favelas sud américaines que le jeune rappeur commence ce voyage visuel de haut niveau.

Durant un plan séquence, le public est amené à suivre Don Toliver descendre les hauteurs des favelas rythmé par son flow aérien et mélodieux. Une descente qui se stoppera lorsque l’artiste sera attiré par une voiture assez étrange dégageant de la fumée. La porte s’ouvre seul et il n’en faut pas plus à Don Toliver pour s’engouffrer dans ce véhicule pour poursuivre son voyage. Il en profitera pour allumer son joint, plongeant dans une défonce amenée visuellement par un halo rouge s’engouffrant dans la voiture.

Après cette ride, le rappeur est déposé en plein milieu d’une forêt où lui et sa défonce ne feront plus qu’un dans cet étrange endroit. Une élévation qui se terminera dans une ambiance plus que planante.Scénarisé et complexe, ce clip annonce l’amorce d’une suite. A suivre donc…

Jake Bugg – Lost

L’artiste britannique vient de dévoiler un nouvel extrait de son prochain album Saturday Night, Sunday Morning qui sortira le 20 août prochain sur RCA Records. Il s’agit du titre Lost qui a été mis en scène à travers une vidéo réalisé par le collectif High Art où on peut observer Jake Bugg dans une soirée dans le désert avant que lui et pas mal de ses compagnons soit catapultés dans l’espace pour danser parmi les étoiles.

L’avenir de la bamboche ? En ce qui concerne « Lost », Jake Bugg nous confie : « La chanson est inspirée par tout ceux qui se sont sentis perdus et séparés de leurs proches pendant cette pandémie. Le soleil se lève, l’été arrive et c’est la chanson qui va avec ». Un bel hymne d’espoir venant de Jake Bugg, mais aussi un morceau dynamique et excitant qui conserve malgré tout l’authenticité unique dont les fans et les adeptes sont tombées amoureux au cours de l’année. Vivement la sortie de l’album.

Green Montana – BB Part. 3

Le poulain belge du 92i, Green Montana continue sa série BB après la seconde partie présente sur son projet Alaska, cette troisième partie annonce la sortie d’un EP à venir. Un teasing accompagné d’un clip réalisé par Arthur Keasy. Le lieu montre un certain step passé par l’artiste qui flex en habit de luxe dans une demeure de campagne imposante.

Cette dernière sera vite imprégnée par le flow aérien et envoutant du jeune rappeur qui ne quitte pas ses codes dans cet environnement. Que cela soit accompagné de son équipe où en solitaire, il ne perd pas son flow.Alcool et weed, un savoureux mélange qui semble coller à la peau du belge qui ne cache pas son amour pour ces excès qui viennent renforcer l’image qu’il veut installer au travers de sa musique et de ses visuels.

Concis et efficace, Green Montana ne se trahit pas et livre une prestation à son niveau dans ce dernier morceau. L

M E A T – Circles

M E A T sortent cette semaine PYGMALION, un premier EP sombre et onirique nourri de post punk et de musique industrielle. À cette occasion, le groupe expérimental londonien nous présente la vidéo de Circles, un morceau aérien aux guitares langoureuses voguant dans les profondeurs de l’âme humaine, nous plongeant dans les torpeurs nébuleuses d’un rêve à demi-éveillé.

Le clip tourné en une seule prise sur une cassette VHS en noir et blanc est un flash back d’un autre monde, quelque part entre une vidéo amateur et un rêve lynchien. Zilcho Hamblin (chanteur/guitariste) y apparaît d’abord assis sur un fauteuil dans un décor mouvant, avant que le rideau ne s’ouvre et qu’il rejoigne le reste du groupe pour une partie instrumentale spectrale et hypnotique.

PYGMALION est le premier EP du groupe né de sessions d’improvisation sur Fish Island dans l’est de Londres. Les cinq titres qui le composent sont parus sur Fatigue Records

Bobby Gillespie x Jehnny Beth – Chase it Down

Le temps passe et souvent l’amour s’efface. C’est le thème qu’ont choisi d’explorer Bobby Gillepsie et Jehnny Beth sur leur album commun Utopian Ashes prévu pour le 2 juillet prochain. Après l’annonce surprise de cette collaboration et la sortie de leur premier titre ensemble, Remember We Were Lovers, (dont on vous parlait ici il y a peu), les deux artistes nous présentent cette semaine Chase It Down, un morceau rock au groove atmosphérique à la fois douloureux et lumineux.

Le leader de Primal Scream et la chanteuse de Savages s’y répondent et courent après l’amour fuyant, nous incitant à aimer pendant qu’il en est encore temps et de chercher la beauté dans le chaos à chaque instant : « Time slips away / Day after day / And I don’t even love you / Anymore/ Anymore / Love while you can /(…) we don’t have too long / Run your race / Sing your song”.
À rebours des chansons d’amour classiques, il est beau de voir/d’entendre ces deux artistes se déchirer fictivement.

Yo & The South – Mélancolie et Ivresse

https://www.youtube.com/watch?v=ZQ_loa8nfXA

Lâchez prise et laissez-vous enivrer de la mélodie solaire de Mélancolie et Ivresse le dernier titre de Yo & The Southpar ses riffs de guitares lancinants empreints de psychédélisme 70’s, par sa voix douce et apaisante, et par ses paroles poétiques à fleur de peau où tous les possibles semblent à portée de main: « Tu / me fais sentir comme un roi / Et je sors / Je sors mon cœur inexploré / Mélancolie et ivresse ».

La vidéo du morceau a été confiée à Côme Ranjard qui a eu carte blanche pour réaliser le projet. Celui-ci a posé des images d’enfance et de bord de la mer aux couleurs sépia pour symboliser la mélancolie du morceau, quand à l’ivresse, celui-ci explique : « (…) l’ivresse est une notion omniprésente de l’enfance : l’énergie d’un bébé qui rit et court dans tous les sens me saute aux yeux comme la première forme d’ivresse. »

Avec le morceau, Yo & The South annoncent la sortie prochaine de leur premier EP qui s’intitulera Orange. Nous avons hâte de le découvrir !

Little Simz – Woman ft. Cleo Sol 

On pourrait presque s’habituer à voir Little Simz nous balancer des morceaux incroyables et des clips dignes du grand écran mais non, c’est toujours une énorme claque et un plaisir infini que de la retrouver. C’est cette fois-ci avec Cleo Sol que l’artiste anglaise nous offre une capsule qui rend hommage à ce qu’est la Femme avec un grand F.

On accompagne la rappeuse dans un manoir bien entourée de femmes toutes plus charismatiques les unes que les autres, elles dansent dans des tenues de soirée aux couleurs divines sur le rythme exquis des phases de Little Simz.

Dans ce morceau l’artiste dresse le portrait de femmes à l’élégance et à la réussite explosive, si explosive qu’elle déteint sur nous rien qu’à l’écoute et au visionnage de la vidéo.
C’est le deuxième extrait de l’album qui sortira en septembre prochain et autant dire que Little Simz ne fait pas les choses à moitié.

François Ier – Marathon

C’est un clip qui fleure bon la transpiration, non pas celle acide qui s’attaque à la peau, mais celle du surpassement et de l’exploit sportif. C’est avec ce nouveau titre, Marathon qu’on accompagne François Ier dans ce projet toujours construit autour d’images. C’est cette fois-ci avec des plans du documentaire de Robert Charlton Survival Run que l’artiste illustre son morceau.

C’est une vidéo dans laquelle on visualise l’exploit de Harry Cordello, athlète aveugle participant à la Dipsea Race. Sous nos yeux défilent les moments tels que le grand départ, au bras de son acolyte qui le guide tout au long du parcours.

On suit les sportifs tout au long du tracé, le visage marqué, là où beaucoup des coureurs semblent à bout de force, Harry Cordello affiche un sourire satisfait tout en courant, comme si la difficulté de l’épreuve n’était rien pour lui et sa cécité. La musique rythme les pas des participants dans un condensé de New-wave qui ravit nos oreilles.
C’est le deuxième extrait que nous dévoile François Ier avant de nous délivrer le 4 Juin prochain son premier album Mathusalem. Vivement juin !

Annael – Regards volés

La première impression a été la bonne, Annael arrive à nous capter en quelques notes. L’artiste de Montfermeil expose son univers inspiré des années soixante-dix dans son nouveau clip pour le morceau Regards volés. Avec sa voix de crooner, il nous déballe un cadeau funk et soul, tout en y apportant sa touche dansante. Depuis son plus jeune âge, il danse et a développé son goût pour le beatmaking à 15 ans. Son adolescence marquée par sa volonté d’apprendre la musique prédisait une carrière artistique.

Vous avez pu remarquer son travail en 2020 avec la sortie du morceau Multiples enveloppes. Cette semaine, il revient donc avec un morceau efficace en déambulant dans la rue autour de la jeune comédienne Annael Duguet. Cette dernière avait fait une apparition en 2017 dans le clip de Evite-la de Sneazzy feat. S.Pri Noir.

Le compositeur interprète Annael se met en scène sous une esthétique soignée et c’est très réussi. En 2018, sa carrière avait pris un tournant dramatique. Il souffrait alors d’un trouble de conversion qui l’empêchait de se servir de son bras gauche. Il s’initie à la photographie et de là il développe son sens aigu pour l’image. Trois ans après, il sort ce titre envoûtant qui ne laissera personne immobile. 

Lorenzo – Légende Vivante


Lorenzo s’est fait relativement discret avec seulement 2 singles l’année passée (les très bons je vous déteste tous et fonsdé toute la night) depuis la sortie de Sex In The City en août 2019. Dans un milieu ou tout va beaucoup trop vite, il y avait presque de quoi s’inquiéter.

On était donc ravi.es de voir l’empereur du sale revenir sur le devant de la scène avec Légende Vivante, un morceau qui sentait bon l’égo-trip et les punchlines bien senties. C’est le cas, mais assez étrangement ce retour ressemble un peu à des adieux. Que ce soit le texte de fin du clip (un dernier album et puis s’en va ? Et encore ce n’est même pas sur) ou la production qui ressemble au générique de fin d’un film de boxe, il y a un sentiment doux amère qui ressort de ce titre.

Alors on profite du morceau, de cette vidéo faite maison qui compile des moments de vie, de tournage et des gros délires. On profite aussi d’une punchline monstrueuse qui défonce deux de ses camarades (dont l’un fait aussi son retour cette semaine)

« J’suis une légende vivante alors profitez en » nous dit Lorenzo. C’est bien notre intention en attendant la suite … et la fin ?

fig. – Make it Two

Bruit Blanc n’est pas un label, Bruit Blanc n’est pas un collectif mais Bruit Blanc est sans doute la chose la plus excitante de la scène lilloise actuelle. Un grand espace de liberté qui nous propose de découvrir des artistes aux genres variés mais aux personnalités uniques et affirmées.

Cette semaine, c’est donc fig. qui sort de l’ombre avec son premier ep, fig01. On aura sans doute l’occasion d’en reparler plus en longueur bientôt mais aujourd’hui on s’attaque à Make it Two qui semble balancer du côté mélancolique de la pop synthétique du mystérieux fig. C’est tout à la fois : brutal, doux, entêtant et diablement humain. On est entrainé dans des mélopées obsédantes qui nous accompagnent bien longtemps après l’écoute.

Le morceau s’accompagne d’un clip, sorte de faux plan fixe qui voit s’alterner les émotions, les douleurs et les couleurs comme une plongée DIY dans l’esprit de quelqu’un.

Et si c’était ça le punk de 2021 ?