Les clips de la semaine #83 – partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. Tout de suite, la première partie du quatre-vingt-troisième rendez vous des clips de la semaine.

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Tim Dup – Juste pour te plaire

Entre Tim Dup et Hugo Pillard, c’est une affaire qui marche fort et depuis un moment. Les deux amis mettent toujours leur créativité au service de clips qui s’apparentent de plus en plus à des petits courts métrages.

C’est une nouvelle fois le cas avec la vidéo de Juste pour te plaire. En mode documentaire DV, la vidéo déroule un mariage qui part en sucette et face auquel on pourrait facilement penser à Festen et Les nouveaux sauvages, pour l’ironie et la folie qui habite le personnage interprété par Tim Dup.

Filmé en caméra DV et dans un décor des années 2000, la vidéo ne nous épargne rien, du discours bien gênant (qui dure tout de même près de 2 minutes) à la bonne déglingue et toutes les conneries de ce personnage qu’on pourrait avoir envie de baffer mais qu’on observe avec empathie regarder défiler devant lui une occasion bien manquée d’être heureux.

Petit plaisir supplémentaire pour tous les amoureux de musique, on retrouve dans la vidéo un parterre de guest de Fils Cara à Pi Ja Ma en passant par Tomasi, Yoa et beaucoup d’autres …

PS : pour une fois, pas la peine de chercher les fesses, elles sont bien visibles.

ALIAS – I Won’t Go to Heaven, and That’s Alright

On continue d’explorer la thématique du mariage foireux mais cette fois-ci de l’autre côté de l’atlantique avec celui qui est entrain de gagner ces galons de québecois le plus excitant (musicalement parlant s’entend) du moment, on parle bien sûr de Alias.

Avec I Won’t Go to Heaven, and That’s Alright, le musicien nous enchante une nouvelle fois en poussant bien sur la pédale de fuzz. Un titre au groove insolent, Alias continue de nous charmer avec sa voix de crooner alternant entre plages calmes, presque proche de la prêche et des moments explosifs ou il laisse échapper toute sa colère. Une nouvelle preuve que le rock’n’roll est définitivement bien vivant.

Visuellement, on est là aussi dans un jolie moment de folie. Sur une idée de Pierre François Sempere, on suit Alias dans un mariage en solitaire, orchestré par l’homme à tête de titre qu’on avait déjà croisé dans King. S’en suit une promenade douce amère, remplie d’ironie et de tristesse où le personnage semble absolument vouloir se convaincre que tout va pour le mieux avant de sombrer définitivement dans une rage destructrice ou la ligne rouge de la folie est clairement dépassée.

Au vu de son comportement, on est sûr et certain qu’il n’ira pas au paradis … mais c’est ok.

Nick Waterhouse – B. Santa Ana, 1986

Nick Waterhouse, un musicien qui a du chien ! Le californien nous a offert il y a peu le superbe Promenade Blue (dont on vous parlait par ici), un nouvel album toujours autant influencé par le rock des 50/60’s mais à la production moderne qui rend la musique de Nick assez personnelle.

Personnelle, elle l’est encore plus et notamment avec ce B. Santa ana, 1986 hautement autobiographique puisque 1986 est son année de naissance et Santa Ana, la ville qui l’a vu venir au monde.

Dans ce titre, Waterhouse nous offre une ode à sa patrie de naissance, la Californie, juste milieu entre New York et le Texas, entre le trop petit et le trop grand. Un morceau qui rend hommage à ses souvenirs et à ses histoires de jeunesse dans un rythme effréné et très solaire.

Visuellement, Daniel Bermudez nous offre lui aussi un trip nostalgique à travers une vidéo animée vraiment classe. Reprenant les codes visuels des dessins animés des années 80, il nous invite à suivre les aventures d’un chien très rock’n’roll, dans un monde où les humains et les animaux cohabitent et vivent l’amour de la musique tous ensemble. Voiture volante, plan digne de peinture et concert enfiévré tout y est : welcome to california !

Mikano – 9 Times

La sortie de son récent EP Akwat maintenant derrière lui, Mikano vient de sortir le clip de 9 Times réalisé par l’artiste lui-même aidé par Dolphins Corps.

Un titre et un clip hypnotique à la fois grâce au flow planant du rappeur tout droit inspiré par ce qu’il peut se faire aux Etats-Unis mais également grâce aux différents jeux visuels rendant le corps de l’artiste aussi élastique que celui de l’héroïne de la saga Pixar, Les Indestructibles. 

C’est principalement axé sur ces jeux que le visuel prendra corps dans un décor minimaliste, laissant toute la place à la fois à la caméra mais également à l’artiste. A travers cette succession de plans aux angles originaux, le rappeur se livre un peu sur son train de vie entouré par son équipe baignant dans une bonne humeur qui en serait presque communicative.

Concis, léger et efficace, ce dernier titre de Mikano fait l’effet d’une petite bulle de good vibes bien représentée par un visuel réunissant les mêmes caractéristiques que le titre. 

Tapeworms – Magic Pierrot

Quelques mois après la sortie de leur album Funtastic, Tapeworms est déjà de retour avec Magic Pierrot.

À l’origine uniquement réservé à l’édition japonais de leur album le titre est désormais disponible pour nos oreilles et c’est tant mieux puisqu’il représente à merveille tout ce qu’on aime dans la pop hybride du trio nordiste : une touche de shoegaze, des touches 8 bits bien senties et une énergie qui emporte tout sur son passage.

Le morceau, dévoilé la semaine passée, s’accompagne d’un clip également réalisé par Tapeworms. La encore, la vidéo est une plongée totale dans leur univers coloré : des ambiances très 80’s, beaucoup de couleurs et un rendu à la fois DIY et naïf qui nous donnera un sourire d’une oreille à l’autre alors qu’on dansera comme des petits fous avec Magic Pierrot.

Di-Meh Ft Lefa – Bleu pâle

Son premier album à peine sorti, le suisse Di-Meh offre à son public le clip d’une des deux seules collaborations présentes sur Mektoub. C’est donc avec Lefa qu’il partage l’affiche d’un visuel réalisé par Natas3000, toujours aussi proche du rappeur helvète.

Toujours aussi barré dans ses scénarios de clips, l’artiste offre à nouveau un clip original et parfaitement exécuté. 

Après avoir acheté une bouteille d’alcool et faillit se prendre une balle de fusil de chasse par une caissière visiblement un brin dérangée, Di-Meh rejoint son collègue du jour Lefa dans un cabriolet Bleu Pâle (aucun détail n’est laissé au hasard). S’en suit une ride remplie d’énergie et d’un rap efficace qui ne trahit pas ce qu’il a pu faire par le passé.

La connexion avec un des membres de la Sexion d’Assaut regorge étonnamment une complicité qui fonctionne et cela aussi bien au micro que devant la caméra.

Mr GISCARD – Pas personnel

Ca y est, Mr GISCARD s’est entièrement dévoilé au monde. Ce vendredi, le musicien a dévoilé son premier EP très justement nommé Sensibilité. Un univers doux-amer, un peu salace ou les draps froissés croisent la route d’un droopy au groove certains et à l’humour qui n’a d’égal que sa sensibilité qu’il tente tant bien que mal de masquer.

Alors qu’il s’était fait relativement discret dans ces précédentes vidéos, l’artiste profite de Pas personnel pour enfin dévoiler sa trogne dans un de ces clips, même si l’on y retrouve Jade Legrand et Rod Paradot, héros de Pho et H&M.

Sous la caméra de Edouard Sanson , Mr Giscard bascule ainsi complètement dans un trip onirique, à mi-chemin entre Le Jouet et Shinning, bien aidé en cela par les superbes décors de l’hotel Grand Amour.

On le suit dans son spleen, se laissant porter par sa voiture jouet et passant d’une scène à l’autre comme une sorte de petit fantôme qui subit plus qu’il n’existe, gardant malgré tout un sourire au coin des lèvres et le regard pétillant d’un gamin prêt à faire une connerie.

Evan Klar – Special

La musique et le cinéma se nourrissent mutuellement, il n’y a plus besoin de le dire. Et en regardant la nouvelle vidéo de Evan Klar, cette évidence est encore plus frappante.

L’artiste allemand qui dévoilera le 11 juin son nouvel EP Blissful Thinking, présente le titre Special, un morceau chargé d’émotion qui semble agir comme une sorte de dialogue, un cri du cœur d’une personne à une autre qui semble exprimé tout le bien que la personne aimée peut avoir sur l’autre, même si la sensation de perte de contrôle et de dépendance peut se faire sentir par moment.

Pour mettre en image ce titre, Evan Klar s’est embarqué dans une opération DIY dans la nuit noire de Berlin. Armé de sa caméra DV, l’artiste a décidé de s’offrir un hommage au Phone Game de feu Joel Schumacher. S’amusant à pousser le vice jusqu’à reprendre le look de Colin Farrel dans le film, il nous embarque dans cette histoire de garçon bloqué dans une cabine téléphonique à travers laquelle il chante son titre à la personne au bout du fil.

La légende raconte qu’Evan Klar s’est fait voler sa veste pendant le tournage du clip. Il en aura tout de même récupérer une vidéo hautement sympathique. Le jeu en valait sûrement la chandelle.

Mathilda – (It Could Have Been) Love

De la poussière, de l’amour et des larmes … En quelques images Mathilda nous entraine avec elle dans un univers proche des westerns et du Kill Bill Vol.2 de Tarantino. On y croise des amours frustrés, de la sensualité, de la vengeance et sans doute un peu de violence

Il faut dire que la musique de l’ancienne chanteuse d’After Marianne semble fortement implantée dans des influences très cinématographiques, avec ces cordes présentes du début à la fin et cette sensation prenante d’écouter un générique de film.

De sa voix susurrante, elle nous raconte des images, des histoires qui souvent se terminent mal entre les attentes, les fantasmes et la réalité. On pense forcément un peu à Nancy Sinatra et la comparaison est hautement méritée.

Avec ce premier titre, Mathilda fait une entrée par la grande porte avec sa pop classieuse et ensorcelante. La suite, vite.

Pomme – à perte de vue

On le sait, Pomme est une artiste qui utilise sa notoriété pour la mettre au service des combats qui la touche. Un engagement honnête et humain qui transpire bien souvent de sa musique, même si, de part son talent, elle le masque bien souvent pour nous offrir des morceaux imagés et touchants.

C’est une nouvelle fois le cas avec à perte de vue, son nouveau titre qu’elle a dévoilé cette semaine. Dans une balade poétique et bouleversante, Pomme nous alerte sur l’extinction des belugas et des baleines. Loin d’être un morceau qui dénonce, Pomme s’inclut dans le problème, se questionnant, et nous avec elle, sur les choses à faire pour inverser une tendance qui finira par être inéluctable.

L’impact du morceau est renforcé par cette vidéo en forme de long travelling arrière qui commence sur le visage frigorifiée de Pomme pour nous dévoiler lentement les paysages et l’horreur d’un être qui disparaît et qui ferme les yeux pour la dernière fois.

Tous les bénéfices obtenus grace à à perte de vue seront reversés au Groupe de Recherche et d’Education sur les Mammifères Marins (GREMM).

The Go! Team – Pow

Si il y a bien une chose qui fait que l’on est toujours ravi de retrouver The Go ! Team, c’est la manière dont le groupe nous happe dans un univers groovie et chaotique où le soleil ne semble jamais se coucher.

Pow ne fait pas exception a la règle et se révèle une nouvelle fois être un joyeux bordel qui s’amuse à mixer les genres musicaux et les influences, à les passer au shaker et à ressortir dans un cocktail qui laisse exploser ses saveurs dans nos oreilles et faire pétiller ses bulles de bonheur dans nos petits cœurs. Tout The Go ! Team semble résumé dans ce morceau, entre des sonorités de flûte, des cuivres imposants, une sexion rythmique dingo et le flow taré de Ninja qui nous guide dans tout ce bonheur.

Pour le titre, le groupe de Ian Parton fait confiance à James Slater qui nous offre un clip bien rétro à base d’animation visuelle, de montage enlevé et de délire mi-psychédélique, mi-bordélique. Tout ce qu’on aime au final.

Get Up Sequences Part One , le nouvel album de The Go ! Team est attendu pour le 2 juillet.

Tahiti 80 – 1000 Times

Le voyage dans le temps de la semaine nous est offert par Tahiti 80. Alors que le groupe s’apprête à ressortir en vinyle son album Wallpaper For The Soul (accompagné des EPs A Piece of Sunshine & Extra Pieces of Sunshine ) le groupe sort de sa sacoche à souvenirs cachés un clip pour son titre 1000 Times.

Réalisé par Duffy Culligan entre deux dates de leur tournée US de l’époque, le clip fleur bon la nostalgie des 2000’s, avec New York en mode carte postale, les cheveux aux vents, et les regards caméras qui vont bien alors que celle-ci virevolte autour du groupe.

Le clip est donc un petit bonbon tout doux qui nous rappelle une époque qui semble partie depuis très longtemps. Surtout, il est le parfait rappel de tout ce que la musique de Tahiti 80 avait de cool et d’intemporel, surtout avec un petit hit tel que 1000 Times qui mélange avec bonheur des influences disco dans une petite pépite pop qui charme son monde.

L’occasion est donc idéale pour faire (re)découvrir ce groupe au monde.

SUPERMUSIQUE – TUPAC

Les déclarations d’amour en chansons c’est bien; une déclaration d’amour musicale à son chat, c’est mieux. Parce que oui, les petites bébêtes, c’est quand même ça qui égaye nos vies parfois un peu terne.

Supermusique nous offre donc une ode à la super chat, Tupac, son petit chat. En utilisant les codes des morceaux de lovers, à travers des paroles volontairement tendancieuses, le duo nous offre un sommet volontairement non-sensique, mélangeant avec bonheur un petit beat hip hop, du kitsch et une vibe r’n’b dégoulinante d’amour et d’humour. Bref ça ne se prend pas au sérieux et nous on adore ça.

Pour achever de nous séduire, le groupe offre un clip tout aussi décalé dans lequel on suit l’existence de ce chat bien déglingo, qui semble vivre de clops, de défonce, de site pornographique et qui en plus de ça attire à lui toutes les petites chattes du quartier.

Un vrai gangster qui n’a définitivement rien à envier au vrai Tupac.

Yann Tiersen – Ker al Loch

Il y a des retours qu’on célèbre plus que d’autres, celui de Yann Tiersen fait partie de ceux qui nous mettent des frissons à la seule évocation.

Le breton revient avec Ker ar Loch, premier titre de son album Kerber qui sortira en Août prochain. L’artiste nous délivre un morceau qui commence avec un piano paisible, à l’image ce sont des éléments 3D qui jouent avec l’espace, un mouvement et des textures qui s’animent au fil de l’évolution du titre avec des synthés puissants et scintillants qui viennent rythmer le tout.

Le morceau en lui même nous accapare par ce côté déstructuré, c’est la rupture qui attire, les tempos changent et font passer le titre dans des sphères bien différentes. C’est aussi ce qu’on retrouve à l’image avec ce jeu permanent entre formes couleurs et mouvement.
L’éclat de la vidéo et cette expérience saccadée nous aveugle par moment pour mieux apprécier l’image d’après.
Comme à son habitude Yann Tiersen sait nous désarçonner, son piano qui ne parle que le breton se fait pourtant langage universel pour donner le ton à une musique électronique immersive.

Et bordel, qu’est ce que c’est beau !

Nelson Beer – Vesper

Nelson Beer, que l’on a connu en 2019 avec les titres « I Am a Woman » ou encore « Nadya », vient de sortir son tout 1er EP Orlando, le 7 mai dernier. Artiste suisse, Nelson Beer fait partie de la trempe des pluridisciplinaires : il accorde une très grande importance à la danse, presque autant qu’à la musique, même s’il préfère séparer ces deux activités.

La littérature est également un terreau très puissant pour ce mini-album, puisque le titre a été choisi en hommage à un personnage écrit par Virginia Woolf. Le titre « Vesper », dont Nelson Beer vient de sortir un clip dernièrement, reprend quant à lui le nom latin d’une figure mythologique « Hesperos », que l’on assimilait à l’astre de Vénus : il est celui qui apporte la lumière du soir. Plus expérimental que ses titres précédents, l’EP Orlando est un tissu d’expérimentations sonores, à la frontière de la musique concrète…

L’EP est constitué de strates de sons, qui se superposent et donnent parfois l’impression d’une danse schizophrène. Le son est ici visualisé comme un paysage dont on fait une coupe géologique et dont on gratte les petits débris. Chaque petit débris gratté est une note sonore. Cela se ressentait beaucoup dans le clip du titre « Orlando », où on visualisait Nelson Beer en randonnée dans la montagne, captant les sons des minéraux.

A l’inverse cette fois-ci, le clip de « Vesper » nous balade dans des espaces clos créés par un algorithme, une intelligence artificielle passant d’appartements vides créés en 3D et des images réelles trouvées sur le net. Une promenade entre le réel et la synthèse.