La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. Sans plus attendre, la seconde partie du quatre-vingt-quatrième rendez vous des clips de la semaine.
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Curtis Harding – Hopeful
On avait laissé Curtis Harding sur un bel album Face Your Fears avec notamment le cultissime I need your love. Depuis, assez peu de nouvelles hormis un single sorti il y a déjà 3 ans. C’est donc l’heure de reprendre du service pour lui avec un single, sans doute avant l’annonce d’un nouvel album. Mais il n’est pas encore question de ça puisque ce nouveau morceau n’est pas là pour servir de coup marketing.
Comme beaucoup d’autres, le soulman Américain a été profondément marqué par les mouvements de manifestation qui ont suivi le meurtre de George Floyd il y a un peu plus d’un an maintenant. Il a choisi d’aborder ce thème en reprenant bon nombre d’images d’archives, autant de moments graves que d’autres plus légers qui viennent incarner le titre du morceau : Hopeful.
Presque rappeur pour l’occasion, Curtis Harding se joint donc au mouvement BLM pour en rappeler l’importance, alors que la justice Américaine vient seulement de rendre son verdict dans l’affaire en question. Un simple début pour essayer d’équilibrer les choses et réduire les discriminations, outre Atlantique comme partout dans le monde.
Sarah Maison – A La Clarté du Jour
La chanteuse orientale Sarah Maison nous emmène sur les toits de Paris pour une révélation. Car quoi de plus parfait que ce décor de clip, réalisé par Diane Sagnier, pour atteindre l’illumination ! On devine l’heure du rendez-vous aux aurores, plus précisément pour être A La Clarté du Jour. Alors, c’est sur un rythme pop et entraînant que Sarah Maison nous confie qu’ : “À la clarté du jour
Je redécouvre mon unique amour (…) Je chérie à nouveau notre amour”. Un amour allant avec la liberté et l’indépendance : “Une autre voix sonne quand j’écris, Cet esprit-là est mon ami, Une dernière fois je le salue, Je n’en ai plus besoin.” Des confessions comme celles que l’on écrit dans un journal intime à l’instar de l’artiste, ou encore des prédictions que nous offrent miroir et pendule.
667 Ft Lyonzon – 669 Part. 2
Deux collectifs, seize rappeurs, huit minutes de découpages intensifs, pouvait-on s’attendre à une autre performance venant de la part d’un tel casting ? Visiblement non et de Freeze Corleone à Mussy, le travail a été fait dans les règles de l’art sous la caméra des studios Piège.
Le rendez-vous a été donné sur un terrain de basket, mais personne ne semble venu pour jouer. Dès les premières notes de l’instrumentale signée Flem, Amine Farsi et Congo Bill, la tension est palpable et le ton semble donné. En chef de file, Freeze Corleone lance les hostilités, parfaitement suivi par Ashe 22. S’ensuit un Zuukou Mayzie en grande forme, prouvant à nouveau que peu importe le terrain il déboule sur sa trottinette avec le flow et l’aisance pour plier un couplet en toute facilité. Norsacce résume en une phase cette succession de flow sur-vitaminés.
« 669 b*tch, téma l’osmose »
Et ce n’est pas le passage de Gouap qui l’infirmera. Tout comme Jolly et son rap en italien se trouvant en fin de morceau, le flow codéiné du jeune lyonnais apporte une autre énergie au morceau tout en s’incrustant facilement dans la masse de flows sombres l’entourant. Comme si toutes les pièces du puzzle s’emboîtaient à la perfection laissant un tapis rouge au suivant pour dérouler leur rap avec autant de facilité. On en oublierait presque le visuel qui les accompagne alors qu’il renforce encore plus cette énergie de groupe.
Les couplets s’enchaînent sans manquement et à tous les entendre cela paraît facile. Pourtant le chemin pour en arriver là n’a pas toujours été facile surtout quand on arrive avec une proposition aussi brute. Cette performance vient à nouveau montrer qu’à force d’avoir travaillé leur rap et de n’avoir fait aucune concession sur ce dernier, ils pouvaient rivaliser avec les tous meilleurs.
« Qualité en guise de promo » comme dirait l’autre (Alpha Wann, ndlr).
Julia Jean-Baptiste – Soleil noir
Également au sein du groupe Pendentif, la chanteuse Julia Jean-Baptiste chante le clair-obscur avec charme et élégance. Car il est bien question de clarté dans l’obscurité, de bonheur dans le malheur, dans le titre Soleil Noir. Le clip réalisé par Mathieu Brelière incarne cet aspect en alternant des plans très sombres avec des décors baignant dans la lumière, ou encore des séquences où l’on aperçoit des feuillages traversés par de fins rayons de soleil.
Alors sur une musique pop raffinée par la précision de ces rythmes et ses percussions dansantes, Julia Jean-Baptiste nous adresse des mots dédiés à un autre et pourtant si universels : “Des rayons baignent dans l’autre moitié, Optimiste de la tête aux pieds , Oui, dans ta tête à toi. Le soleil perce même quand tout est noir”
Slim & The Beast – Tongue Tied
Slim & The Beast propose un titre envoutant cette semaine. Tongue Tied met un l’accent sur le penchant indie pop du groupe, connu pour son Adn folk rock. Après le clip de Her room, le trio revient avec un titre au groove entêtant sur une mélodie élégante.
Tout le monde a déjà vécu ce moment gênant où l’on n’arrive pas à communiquer avec une personne. Lors d’une rencontre, la barrière de la langue crée un instant aussi excitant qu’embarrassant. Elle peut se limiter à un simple sentiment de frustration et c’est ce que veut illustrer Tongue Tied.
Le groupe sait de quoi il parle, il est composé lui-même de trois nationalités : américaine, espagnole et française. Avec ses productions au style vintage, Slim & The Beast nous embarque dans le rock des années 70 avec des harmonies vocales qui rappelle les Bee Gees. Leur troisième EP sortira à la rentrée 2021.
Visage Pâle – Exode
Visage Pâle a dévoilé cette semaine un tout nouveau titre, « Exode », nouvel extrait de son nouvel EP, qui s’appellera aussi Exode, et qui sortira le 25 juin ! Visage Pâle, c’est le nom du musicien suisse Lars Martin Isler, qui officia notamment pour le groupe de rock Tim Patience Watch. Pas de rock pourtant cette fois-ci, Visage Pâle opère une transition digitale et synthétique, pour une musique pop et contemplative.
On y retrouve des influences allant de Souchon à Christophe, un regard sur le monde, nos villes, avec une certaines poésie, et l’envie d’observer la planète au ralenti. « Exode » est accompagné d’un clip réalisé comme un carnet de voyage, rempli de vidéos et de prises de vues de voyages, passant d’univers très urbains à de grands espaces désertiques, en passant par des autoroutes, des ponts, des rails… Une silhouette mystérieuse, vêtue d’un grand manteau noire apparaît de temps en temps, incarné ce besoin de se mettre au vert, et c’est signé Arnaud Ele.
Faggia – Pressure [FAGG01]
Après un premier EP rempli de promesse sorti en début d’année, Faggia dégaine un nouvel extrait de son deuxième EP 666 prochainement disponible. Pressure [FAGG01] est un titre endiablé et libertaire qui sonne la révolte urbaine. Les cris et les sirènes du début du clip amorcent une pression qui tend à exploser dans ce monde post apocalyptique. Pourtant, l’artiste et son comparse, malgré leur appel cyclique de « Pressure », se retrouve comme deux benêts décadents à traîner dans leur terter et à soigner leur tif. Au-delà de ces images granuleuses et psychés nous replongeant aux caméscopes des nineties, Pressure [FAGG01] est une pure tuerie flirtant avec la rage tant regrettée de The Prodigy. Rudement efficace, il n’y a aucun répit pour reprendre son souffle durant deux minutes quarante. Avec ce morceau, la techno berlinoise s’invite à Paris et elle est la bienvenue.
black midi – Chondromalacia Patela
Avec une sortie prévue sur Rough Trade le 28 mai prochain, black midi balance de plus en plus d’informations sur son nouvel album Cavalcade avec un troisième extrait, Chondromalacia Patela. Le clip associé est réalisé par l’artiste islandais Vilhjálmur Yngvi Hjálmarsson. On y voit des images épileptiques de Google Earth, de Sim’s City, des animations low-cost 3D qui défient psychédéliquement et des machines à laver. Tout cela se termine par une chaise abandonnée sur un terrain vague. Bref, c’est à ne rien comprendre, tout cela est bien confus. En fait, si. Le morceau porte sur la convalescence d’un des membres du groupes suite à une blessure au genou au courant. Il a dû avoir très mal.
L’évolution musicale est aussi surprenante car entre la première et dernière seconde, tellement de styles se sont mélangés. Entre rock haché, jazz expérimental et le final surpuissant en power métal décoiffant, black midi réussit encore son coup de génie en repoussant les limites de la créativité. Ils sont juste tarés comme on aime.
Squid – Pamphlets
Le groupe tenait à sortir le clip du titre final épique de Birght Green Field. C’est chose faîte. Il est clair que les paroles pouvaient laisser porter à confusion avec le confinement et du repli sur soi. Mais il s’agit bien de pointer la droite anglaise et populiste ici dans une animation horrifique réalisée par Raman Djafari.
Un petit diable en pantin se réveille dans son appart. A travers sa fenêtre, il observe avec malice la foule qui se promène. Par le biais de sa machine à laver qui le balance dans une dimension alternative, il fait face à des pommes bleuâtres et si mystérieuse qui finiront par éclore et libérer des insectes volants. Ces derniers l’emportent dans le ciel, au centre d’un soleil éblouissant devant une foule ébahie par la scène. Le diablotin se transcende et dévoile ses ailes, clap de fin. Clip troublant et optimiste selon les dires du groupe. L’occasion surtout pour eux de mettre une conclusion à leur premier album considéré déjà comme l’un des meilleurs de l’année.
Black Bones – I Want To Sleep
Black Bones est-il un groupe ? On ne sait pas vraiment. En réalité au fur et à mesure que les années passent, on a plus l’impression que le nom est avant tout la pour encrer l’espace de liberté totale de Marianne et Anthonin.
Une liberté qui est nourrie par un esprit DIY tellement prononcé i nous rappelle que Black Bones est capable de tout, de la pop grandiloquente à la folk dépouillée en passant par la musique pour jeune public. Les voilà depuis peu de retour avec un nouveau projet fou intitulé Dead Songs Serie dans lequel ils mettent en ligne un titre inédit et clippé uniquement disponible via cette vidéo.
Cette semaine, ils nous offrent donc le 8ème épisode de cette série et autant le dire I Want To Sleep est une petite pépite pop comme on les aime, superbement troussée avec un rythme qui ne faiblit jamais et qui part de quelque chose d’assez synthétique pour basculer d’un coup d’un seul vers des influences orientales qui nous pousse au relâchement total.
Le morceau est bien évidemment accompagné d’un clip où l’on suit l’esprit d’Anthonin qui vagabonde ici et là alors qu’il est endormi. Une animation en 3D qui permet de mettre en lumière tout l’imaginaire de Black Bones, entre les châteaux, la mort, les dédoublements de personnalité et une passion pour la débrouillardise qui force une nouvelle fois le respect.
Une chose est sûre, on guettera la suite des aventures avec beaucoup d’intérêt.
Yndi – Nuit
Yndi a vraiment décidé de nous gâter avant la sortie de son album, l’artiste nous offre un clip couplé à un jeu vidéo pour nous mettre l’eau à la bouche et autant dire que ça fonctionne parfaitement.
On a découvert à la veille de la sortie du clip l’application Nuit : Yndi’s sanctuary, un petit jeu mobile qui permet de se déplacer dans un univers étrange et d’écouter des bribes d’un morceau qui semble magnifique. On écoute et on assemble pièces par pièces les bouts de morceau, avant de découvrir une explosion de lumières et de formes dans ce qui constitue le sanctuaire de Yndi, un avant goût sublime de ce qu’est le clip de Nuit.
Ce clip c’est une percée majestueuse dans l’univers de l’artiste, entre couleurs, formes, lumières, un onirisme prononcé qui nous fait penser à l’univers de Zelda et à sa magie magnifique. C’est un voyage à travers la nuit, « quand nous envahit l’ivresse ». Tout simplement somptueux.
Irène Drésel – Bienvenue
Irène Drésel nous souhaite la bienvenue, toujours aussi mystique et enchanteresse sa musique nous accapare et nous plonge dans son univers. On la retrouve avec Sizo Del Givry, son compagnon sur scène, les deux acolytes testent dans une chorégraphie un peu folle des associations de substances dans des tubes à essai.
Chacun d’eux renifle et goûte à ces mélanges étranges avant d’en percevoir les effets. S’en suivent des mouvements de corps incontrôlés et incontrôlables et une virée dans le cosmos qui défile à la fenêtre derrière nos deux artistes. A l’image de sa musique ce sont des nuées d’étrange qui viennent nous galvaniser et nous pousser à nous lever pour laisser exprimer nos corps de la façon dont ils le souhaitent. On se laisse aller et on exulte au son spectral d’Irène Drésel.
Francis Lung – The Let Down
c’est avec une touche d’humour que Francis Lung nous offre le troisième clip de son prochain album. On accompagne un Francis Lung vieilli de 40 ans bien épaulé par son producteur Bredan Williams lui aussi grimé en vieille personne, les deux acolytes nous proposent un retour dans le temps pour analyser leur morceau The let Down. C’est tout simplement du génie que de sortir un morceau en s’imaginant le redécouvrir 40 ans plus tard, c’est une capsule temporelle, non pas un retour vers le futur mais un futur dans le présent !
Encore un morceau très enjoué qu’on a hâte de chanter haut et fort en live, car oui on fait partie de ceux qui y croient plus que tout, les lives c’est pour bientôt et on a besoin de la magie et la douceur de Francis Lung sur scène !
Saint DX – A Phone Call (feat. David Numwami)
Le cool de téléphone le plus cool de la semaine nous est offert par Saint DX et David Numwami. Les deux musiciens se sont rencontrés sur la tournée de Charlotte Gainsbourg et ne sont pas vraiment lâchés depuis.
Cette belle histoire d’amitié accouche cette semaine d’un joli bébé sonore qui s’offre le meilleur des deux mondes pour notre plus grand plaisir. D’un côté la sensualité et la voix incroyable de Saint DX, de l’autre le côté cool et le solo de guitare incroyable de David Nuwmani. Le tout nous offre une pop song douce amère qui nous rappelle tous ces coups de fils restés sans réponses ou ceux qu’on a volontairement évité.
Pour compléter ce tableau parfait, il fallait un troisième larron d’exception à la réalisation du clip. Pablo Padovani apporte ainsi son côté DIY et sa poésie pour nous offrir un clip en split screen comme une sorte de yin-yang ou le noir et le blanc s’alterne tranquillement. C’est beau et très esthétique.
Le genre d’appel qu’il ne faut définitivement pas rater.
Sons of Raphael – Yeah Yeah Yeah
Mesdames, messieurs, le jour de gloire est arrivé. Non on ne parle pas du retour de Karim Benzema en équipe de France (quoi que …) mais bien de l’arrivée de Full Throated Messianic Homage le premier album des Sons of Raphael.
Il faut dire que cela fait déjà plusieurs années qu’on le guette et point de déception à l’horizon c’est aussi chaotique, intense et fou qu’on l’avait imaginé.
Il faut dire que les frangins auront pris le temps de soigner les détails puisqu’ils auront tout de même mis (de leur propre aveux) 7 ans à accoucher de cet album..
Alors Sons of Raphael, nouveaux messies du rock anglais ? On vous laissera vous faire votre avis, toujours est-il que ces deux garçons ont l’air d’avoir bien conscience de leur côté prodige et de l’attente qu’ils enclenchent.
La preuve avec ce Yeah Yeah Yeah assez dingue qui mélange comme à son habitude égotrip, référence religieuse, délire sectaire et appel à la révolte sur fond de rock psychédélique et intense.
Pour mettre en image le morceau, ils nous offrent une vidéo qui voit se succéder des visages de femmes en pleur dans différentes situations, le tout accompagné d’une citation du livre des psaumes « Ceux qui sèment en larmes récoltent des chansons de joie.«
De là à comprendre que ce Yeah Yeah Yeah est une chanson joyeuse, il n’y a qu’un pas qu’on ne franchira peut être pas. En attendant, on a foutrement hâte de retrouver ces deux là sur scène, là ou ils excellent le plus.
POND – AMERICA’S CUP
Le capitaine de l’équipe gagnante de la Coupe de l’America revend son trophée aux enchères et déclenche le délire d’une foule avide d’or. S’ensuivent des pas de danses victorieux rythmés par un riff funk et un son aussi lustré que l’aiguière dorée, objet de tous les désirs. C’est l’idée de Sam Kristofski, collaborateur de longue date de Pond, pour illustrer ce nouveau single que l’on croirait extrait de The Weather, leur brillant opus de 2017. Celui-ci consacrait déjà une approche plus politique dans les paroles de Nick Allbrook, qui reprend ce thème avec « America’s Cup », dénonciation de la gentrification rampante qui a déformé pour toujours Fremantle après que la ville ait accueillit la compétition de la Coupe de l’America dans les années 80.
Après Pink Lunettes, le nouveau single des rois de la psych-pop australienne est l’occasion d’annoncer leur retour avec un neuvième album sobrement intitulé 9. Un album sur le thème de la « biographie », qui se concentrera sur les détails infimes de la vie quotidienne qui révèlent des questions plus profondes. Un album punk sans sonner punk, court et incisif selon le musicien Jay Watson, dansant et introspectif – à l’image de ce morceau, donc. C’est tout ce qu’on espère de ce neuvième opus de Pond, à paraître le 1er octobre.