Les clips de la semaine #90 – partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. Voici la première partie de notre épisode quatre vingt-dix des clips de la semaine.

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Terrenoire et Pomme – Ça Va Aller

Une chanson qui fait du bien. Voilà comment on pourra simplement définir ça va aller de Terrenoire. Porté par un refrain aussi simple qu’entêtant dans lequel on a envie de s’enfoncer pour y croire encore et toujours.

Les deux frangins qui s’imposent un peu plus chaque jour comme la nouvelle petite sensation de la pop française offre une seconde vie à leur morceau en y invitant Pomme, le tout offrant une relecture encore plus lumineuse et un croisement assez évident entre deux univers qui mettent en leur cœurs un savant mélange d’intime et de poétique.

Comme un signe du destin, les trois artistes se retrouvaient ils y a peu ensemble au Printemps de Bourges. L’occasion était trop belle pour ne pas apporter des images à cette jolie collaboration.

C’est chose faite, et ce dans un temps record, grâce au génie de notre cher Hugo Pillard. En 20 minutes (c’est la vidéo qui ne le dit) le quatuor a bouclé une vidéo qui colle à merveille aux sentiments développés dans le titre. Une fuite en avant solaire entre sourires et retour à une certaine idée de l’enfance et de la pureté. On les suit dans leur aventure dans ce paysage idyllique ou le temps semble ne pas avoir d’emprise sur le monde.

Et avec tout ça, on a envie d’y croire avec eux : définitivement, ça va aller.

Villagers – So Simpatico

Les métaphores les plus simples, sont parfois les meilleures. En jouant de l’opposition entre un clown triste et un clown heureux, Rosie Barrett rend une illustration parfaite de So Simpatico, la dernière merveille de Villagers.

Il est ici question d’amour, de sentiments en explosions et de réconciliation que ce soit avec les autres ou soi même. Conor O’brien nous offre un morceau à l’ambition décuplée, totalement libre dans sa longue et sa constitution.

Le morceau joue de sa prétendue simplicité et de ses mots qui se répètent pour nous offrir un joyaux organique et hypnotique qui nous cajole et nous redonne un sourire d’une oreille à l’autre, l’interprétation et les arrangements devenant un transmetteur idéal aux émotions du morceau.

La vidéo joue sur la relative longueur du morceau (7min15 tout de même) pour nous offrir un vrai petit court métrage. Lumineux et onirique, on part en promenade avec ces deux clowns en quête de joie de vivre. C’est tendre et poétique, enlevé et entrainant.

Fever Dreams est attendu pour la fin du mois d’août et si vous êtes déjà impatient.es, on peut juste vous dire que l’attente en vaut la peine.
Rendez vous à la rentrée.

Edge – LBMLB

Après un succès critique plus que correct avec son premier projet, OFF et une présence très intéressante sur Private Club un projet collaboratif avec ses amis et collègues Jazzy Bazz et Esso Luxueux, Edge revient avec LBMLB. Derrière cet acronyme signifiant La Banquière Me Les Brise, le rappeur vient démystifier avec ironie la vie d’artiste avec l’aide du réalisateur Baptiste Erondel.

Si certains pensent trop aisément que la vie de jeune artiste est un fleuve tranquille où coule billets et luxure, la réalité est souvent bien différente. Heureusement, malgré les difficultés financières des débuts, certains continuent de croire en leur art, persuadés, souvent à raison, que celui-ci payera un jour ou l’autre. 

« la banquière comprends pas qu’j’suis béni »

Par contre, une qui n’est pas enchantée de ce chemin long et rempli d’investissement, c’est la banquière. Prête à tout pour que son institution ne perde rien, elle traque l’artiste qui s’en amuse avec une dérision bien sentie. 

« Tellement elle m’colle, j’crois qu’elle est lovе »

Rythmé par un montage effréné et des effets visuels psychédéliques, le rappeur s’amuse avec les mots entre kickage maîtrisé et mélodies toujours aussi efficaces. 

https://www.youtube.com/watch?v=yPEVSRW74EQ

Bon Enfant – Ciel bleu

Notre étape québecoise hebdomadaire nous est offerte cette semaine par Bon Enfant. Après nous avoir enchanté avec un premier effort éponyme en 2019, le groupe est déjà de retour avec un second album prévu pour l’automne et qui dévoile ces premiers indices avec Ciel Bleu.

Et une chose est certaine, le quintette n’a rien perdu de la flamme qui l’animait. Une section batterie-guitare qui donne un rythme fou, des synthés épique et on se retrouve face à une envolée sonore réjouissante et hyper positive, comme un remède à l’époque un poil plombante que l’on vit actuellement.

Cette idée vit d’ailleurs particulièrement bien dans les paroles, nous appelant à combattre les obstacles autant que le cynisme et à faire de la naïveté et de la tendresse des forces communes qui poussent à l’unité et au vivre ensemble.

Visuellement, David Bourbonnais entraine le groupe au cœur des étoiles. Les galaxies et les couleurs s’enchainent et virevoltent autour du groupe qui joue le morceau comme si leur vie en dépendant. On est happé dans cette imagerie lumineuse, chaleureuse et un brin psychédélique.

Ensemble jusqu’à la fin, c’est bien tout ce qui compte.

Deen Burbigo – Sennin Mode

L’écurie flamboyante de L’Entourage a encore beaucoup de carburant dans un V12 qui semble inépuisable. Et ce ne sont pas les récentes frasques de Deen Burbigo qui viendront infirmer le contraire. Toujours plus à cheval sur la qualité que sur la quantité, le rappeur exprime sa longévité et son amour pour un rap qui lui colle à la peau dans le clip de Sennin Mode réalisé par Johann Dorlipo

Durer dans le rap semble de plus en plus compliqué au fil des années, mais pourtant depuis la décennie passée, Deen peaufine son art et s’assoie à la table des techniciens du genre. Un parcours retracé dans une nouvelle leçon rapologique. Il a décidé de la symboliser avec la figure du bonsaï, synonyme de longévité et fil rouge de ce dernier visuel. Porté par l’artiste lui-même et entouré de certains de ses proches à l’instar d’Eff Gee (membre de L’Entourage et grand ami de l’artiste) le bonsaï suit sa route avant de se retrouver dans nombres de lieux qui ont vu l’artiste se développer dans tous les sens du terme. 

« Big Eff, mon bras droit et moi l’sien, j’commence à peine à être chaud » 


Un seul couplet suffit pour faire le point et montrer encore une fois le talent qui bouillonne en Burbigo. L’annonce de son prochain EP, confirme qu’il n’est pas prêt de lâcher son amour et sa pratique d’un art et d’une culture qui l’ont toujours suivi de près. 

Lolo Zouaï – Galipette

Superstar pop en puissance Lolo Zouai continue d’affirmer son univers aussi singulier que diversifié à travers un nouveau visuel haut en couleur réalisé par Amber Grace Johnson. Dans Galipette elle mélange à nouveau les ingrédients qui font sa renommée et qui collent à merveille aux mœurs de son époque : une impertinence à toute épreuve mise au service d’une confiance en elle presque enviable mais tellement agréable.

Le tout mit en musique entre la douceur de sa voix et des rythmiques trap bien plus sombres. Une dualité qui sert à merveille la musique d’une artiste qui entre San Francisco, la France ou encore l’Algérie a su se nourrir de diverses cultures pour installer sa musique.

Il n’est donc pas étonnant de la voir commencer le morceau en français, s’amusant des codes du burlesque et invitant sa fanbase française très active à plonger dans ce titre avant qu’elle ne surgisse de l’eau prête à boxer tous les hommes mal intentionnés se dressant sur son chemin.

Entourée de femmes inspirantes telles que l’équipe féminine de gymnastique de l’Université de Californie, comptant plusieurs championnes nationales, la jeune artiste envoie tout voler dans un clip dynamique au message plus qu’actuel. 

Nerlov – Ma vie avec elle

Les chansons d’amour ont généralement un chemin très balisé, sans vraiment de nuances où l’on doit souvent choisir entre le grand soleil ou le ciel de pluie. Des choses qui les rende au mieux prévisible et souvent très chiante.

Heureusement pour nous Nerlov est plutôt du genre à ne pas mettre de GPS sur sa musique et à se perdre un peu et nous avec lui. L’angevin est un homme de contraste et ses chansons ne se départissent jamais d’un certain cynisme, un peu d’humour bien senti qu’il accole à des productions souvent apocalyptiques. Alors quand il dévoile un morceau qui s’appelle ma vie avec elle, on s’attend à tout sauf à quelque chose de classique.

Oui Nerlov nous parle d’amour, mais à sa manière, noyé dans les doutes, les surprises et les incertitudes. Sa relation amoureuse, il l’envisage comme une porte de sortie sans attente particulière.

Toujours un peu neurasthénique, il met cette relation en parallèle à des sentiments ambivalents envers sa propre personne et un monde qui se barre de plus en plus en couille. Le tout donne une échappée heureuse sur l’instant qui peut autant courir sur le long court que se fracasser rapidement dans un mur. Un sentiment qu’on a finalement tous ressenti à un moment ou un autre de notre vie.

Musicalement, on appréciera particulièrement le côté très tranché entre le couplet et le refrain, offrant deux perspectives émotionnelles différentes, alors que le morceau se termine par une longue plage électronique assez emballante.

Visuellement, c’est une forme d’épure qui est choisie par François L’Haridon & Simon Higelin. Après nous avoir rappeler l’importance de l’hygiène bucco-dentaire, on se retrouve face à un plan assez simple sur le visage de Nerlov, entrecoupé de plans plus resserrés sur ses yeux. Au fur et à mesure que le morceau n’avance, la caméra se fait plus instable, en mouvement presque permanent avant de transformer le tout en délire presque psychédélique sur le dernier tiers instrumental.

Nerlov sera de retour à l’automne avec un nouvel EP et on pourra le retrouver en concert au Crossroads Festival et au MaMa.

Floky – Pendant qu’elle dort

Pour le moment seul et unique signature du jeune label Suite 21, Floky a pu s’entourer d’une équipe de professionnels à l’écoute de sa musique pour l’emmener le plus loin possible dans son processus créatif. Après quelques moments à travailler dans la discrétion, il est venu l’heure de dévoiler un premier clip avec Pendant qu’elle dort réalisé par Léo Joubert et Faneva Rabetsimamanga.

Filmé de manière très cinématographique, le visuel se déroule au rythme de l’instrumentale de wetprogres et des arrangement de Roseboy666, filmé en noir et blanc, l’ambiance visuelle prolonge à merveille celle émise par l’artiste dans ce morceau. Nourrit par ses démons, Floky tente de les abandonner en partant en vacances avec trois amis. Leur caravane adossée à la falaise faisant face à la mer, ils évoluent entre rires et moments de réflexions, portés par la voix étonnamment hypnotique de leur pote artiste.

Malgré ces épisodes de relâchement, c’est bien les démons du chanteur qui transpire à travers cette ballade à la fois teintée de noirceur mais laissant entrevoir un fin filet d’espoir, expliquant peut-être le choix du filtre noir et blanc appliqué au visuel. Poétique dans sa musique et son visuel, Floky commence à installer un univers prenant qui donne déjà envie d’en savoir plus. 

PH Trigano – Escroc Feat. Swing

L’amour est un Escroc, c’est PH Trigano qui le dit.
L’artiste et producteur qu’on a déjà pu retrouver aux côtés de Loveni, Ichon, Crystal Murray ou Lala &ce revient à la musique sous son propre nom et annonce un album pour la rentrée.

C’est dans une douceur crépusculaire que l’artiste nous love. Ce nouveau morceau c’est une lettre ouvert à l’Amour, celui qui trahit et déçoit, celui qui empêche de dormir. PH s’y adresse directement, lui qui l’a croisé dans les livres, dans les films, qui s’est paré d’illusions pour mieux dévoiler ensuite sa vraie nature.

Des thèmes romantiques doux amer qui appelle une musique à la hauteur, le bonhomme nous offrant un r’n’b organique et moderne ou l’homme s’autorise enfin à chanter ses peines plutôt que ses victoires. Pour apporter un peu plus de profondeur et d’aspérité au morceau, PH Trigano laisse une bonne place à son pote Swing qui nous offre un refrain chanté parfait et plein de sentiments.

Artiste aux multiples talents, PH Trigano passe aussi derrière la caméra pour s’offrir un clip presque naturaliste entre le jour et la nuit. On suit les deux musiciens face à leur solitude, alors que l’amour se retrouve personnifié, se maquillant et se faisant sensuel pour mieux nous attirer dans ses filets.

PH Trigano a définitivement raison, l’amour est un escroc.

Bushi – Qatari

L’ascension du jeune Bushi ne cesse de continuer de morceau en morceau. Passé par des expériences de groupes (Lyonzon, Saturn Citizen), il s’épanouit également en solitaire comme en témoignent ces deux récentes sorties Mistral et Qatari sorti cette semaine et mis en image par Steeny777. En symbiose avec l’instrumentale de Taemintekken, le jeune prodige laisse sa voix singulière tutoyer des sonorités entraînantes.

Comme à son habitude, il a fait le choix d’un visuel épuré où les mêmes lieux reviennent au cours du clip. Une manière cyclique de réalisation qui accompagne à merveille l’énergie du morceau. A l’image du titre, Bushi se la joue Qatari avec une grosse voiture, pourtant il ne vient pas ici flexer avec la richesse, mais il exprime le désir de réussir et de tutoyer cette opulence. 

« Ici, on veut vivre comme des Qatari » 

Le chemin semble encore long et le rappeur à l’air de l’avoir intégré. Entre les plans avec cette voiture de luxe, viennent se glisser un rendu plus réel de la vie du jeune rappeur. Oscillant entre ces deux modes de vie, son ascension devrait bien vite lui apporter un certain confort de vie.

BAASTA! – Gardons l’élégance

Tiens, revoilà BAASTA!

Les arrageois continuent de battre le fer tant qu’il est chaud et dévoilent déjà le troisième single de l’année avec Gardons l’élégance.
Gardons l’élégance c’est un appel à la résistance, un besoin d’aller à contre courant, de ne pas suivre les yeux fermés tout ce que le monde nous demande de faire.
Une dernière bravade car si le bateau coule, on n’est pas obligé d’aller percer sa coque.

Comme toujours, le duo n’hésite pas à balancer les mots qui claquent et frappent fort. Toujours porté par cette dualité entre la basse et la guitare, BAASTA! nous offre une autre facette de leur musique, avec ces nappes électroniques qui viennent souligner un thème et une composition plus pessimiste que d’habitude. On sent en effet un sentiment d’inéluctable qui transpire du morceau, comme si les efforts ne servaient plus à rien.

La fin du monde pour bientôt ? Sans doute, mais cela ne doit en rien empêcher de foutre un bon coup de pied dans la fourmilière et ça BAASTA! le fait, et le fait bien.

Visuellement, le groupe nous entraine dans un monde depixelisé, toujours portait par leur esthétique en noir et blanc. La vidéo alterne les perspectives entre FX et Yo qui jouent leur morceau et un amusant jeu de peinture les transformant ironiquement en …chevaliers blancs.

Alma Elste – Cy

Les morceaux en piano voix sont souvent des aventures un peu casse gueule. Parce qu’il est souvent difficile de se cacher derrière un piano et que les émotions mentent rarement, s’aventurer dans cet exercice est souvent périlleux.

Heureusement pour Alma Elste, c’est une aventure à deux qu’elle nous offre avec Cy. Parce que le piano est son meilleur pote depuis toujours et que ce morceaux ils le partagent ensemble.

À lui le rythme et la douceur, à elle les émotions et l’emphase, bien aidée par une voix sublime et mouvante aussi a l’aise dans le côté un peu jazz et planant que quand elle se décide à s’envoler pour côtoyer les étoiles.

Le tout nous offre un cocon de 2min30 dans lequel on décide de s’enferme encore et encore, comme un câlin réconfortant qu’on voudrait vivre pour toujours.

Visuellement, Thomas Gerard nous offre une promenade solaire et terre à terre ou l’on suit l’artiste dans un quotidien entre le réel et le fantasme à la reconquête de sentiments parfois contrastés.

En un mot comme en cent : on fond totalement face à Alma Elste.