La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, la seconde partie de l’épisode quatre-vingt-dix-sept des Clips de la semaine.
Ottis Cœur – Cœur à corps
Le rock française se porte parfaitement bien mesdames et messieurs ! Si jamais le doute vous assaille, on ne peut que vous conseiller de plonger vos deux oreilles dans les guitares abrasives d’Ottis Cœur.
Elles qui nous avaient déjà bluffés avec leur premier titre Je Marche Derrière Toi, reviennent cette semaine avec Cœur à corps, un titre qui annonce le combat; contre les autres, mais avant tout contre soi même. Car derrière ces grosses guitares et cette ambiance bien lourde se cache des êtres sensibles et remplis de doutes. C’est de ça que parle cœur à corps, le besoin de s’accepter et de s’aimer dans une société qui cherche encore et toujours à nous placer dans des cases pour la plupart inatteignable.
Alors que faire ? Peut-être tout simplement chercher la bieveillance, accepter ce que certains appellent imperfections mais qu’on pourrait en réalité définir comme notre personnalité, ce qui fait qu’on est ce qu’on est, afin de pouvoir enfin vivre avec les reflets du miroir, une bonne fois pour toute.
Pour accompagner le titre, elles s’offrent une nouvelle fois un clip coloré et DIY, retranscrivant de manière imagée et poétique les propos de leur titre.
Un nouveau petit tube donc, en attendant l’arrivée de leur premier prévu pour l’automne.
AURUS – KUHU
Acceptation toujours mais cette fois-ci avec Aurus ! L’artiste qui nous avait passablement bluffé lors de son passage aux francos de La Rochelle s’apprête à enfin dévoiler son premier album.
Et une semaine après avoir dévoilé KUHU, c’est le clip qui suit. On le sait, Aurus a toujours utilisé sa musique pour parler des sujets qui l’interpellent et lui tiennent à cœur et ce nouveau morceau ne fait pas exception à la règle. KUHU c’est un cri de l’âme, un appel au rassemblement et à la différence. Sur un rythme enlevé et porté par des percussions assez dingues, l’artiste nous invite a garder la tête haute (Keep Ur Head Up) et accepter qui l’on est. Le texte est assez explicite et explosif. Alternant entre l’anglais et le créole Aurus porte un discours à la fois guerrier et bienveillant et nous entraine avec lui dans une danse proche de la transe.
Pour incarner cet appel à la diversité, Simon Pensivy offre au morceau un clip puissant, mettant en avant des personnes qui chaque jour subissent le rejet, l’incompréhension et la violence d’un monde qui, sous couvert d’ouverture, cherche encore et toujours à nous formater.
Une manière forte et intense d’exploser les cases et de rappeler que ce dont nous avons surtout besoin en ce moment, c’est de respect, d’amour et de bienveillance.
TOUKAN TOUKÄN – Disco Dream
Cette semaine, vous êtes invité.s au rêve disco de Toukan Toukän. Le duo annonce l’arrivée de son premier album en 2022 avec ce nouveau morceau, Disco Dream.
Comme toujours, derrière l’efficacité de la production se cache un discours un brin pessimiste par moment, un monde qui perd de son sens, où les ébats, la fête et les retrouvailles n’existent presque plus que dans nos rêves et nos fantasmes.
Alternant comme souvent entre l’anglais et le français, les Toukan toukän nous ramène malgré tout sur le dancefloor que l’on aime : celui où l’on danse en pleurant un peu, où nos émotions explosent et ne se controlent plus trop.
La vidéo qui l’accompagne semble être une plongée mentale dans l’esprit de l’héroïne. Un monde rêvé, avec des petites notes de science-fiction où une fête sans fin se déroule sur une plage de galets. Comme elle nous le dit dans la chanson, on voit à travers ses yeux, plongeant dans cet univers onirique qui nous invite au lâché prise et à toucher du doigt un bonheur pas forcément si lointain.
Ryder The Eagle – Follymoon
Cette semaine était marquée par le retour fringuant des cowboys français et on commence d’abord avec Ryder The Eagle.
Au coeur d’un projet surprenant et attachant qu’on suit depuis plusieurs années désormais, la musique de ce héros solitaire a depuis bien longtemps brouillé la ligne floue qui sépare la réalité et la fiction. Se nourrissant de l’un pour créer l’autre, Ryder traine ses peines en musique pour mieux les analyser et les dépasser.
Follymoon, premier extrait de son premier album prébu pour 2022, est une ballade déglinguée et crépusculaire dans laquelle le crooner lo-fi déverse ses souffrances suite à son divorce. Sur une composition tendre et proche de l’anti-folk, il nous entraine dans une sorte de promenade au coeur de la folie qui l’envahit au fur et à mesure d’un voyage sans retour.
C’est d’ailleurs ce voyage qu’il nous invite à vivre dans la vidéo qui accompagne le titre. Une vidéo soit disant retrouvée au cœur du Mexique et au travers de laquelle on suit Ryder dans une sorte de décadence humaine, marquant d’un trait chaque nouveau jour suite à son divorce et tentant de survivre tant bien que mal jusqu’à ce que le poids des émotions ne devienne trop lourd à porter.
Theo Lawrence – Pick The Right Man
Le second cowboy français de la semaine à faire son retour se nomme donc Theo Lawrence. L’artiste nous offre une petite surprise avec un nouveau 45 tours à l’ancienne composé de Pick The Right Man et You’ll Do.
C’est le premier morceau qui tient lieu de single principal. Avec Pick The Right Man, Theo Lawrence convoque tout un imaginaire américain entre la pop, la flok et la country, qu’il remet au goût du jour. Un titre solaire dans lequel il s’adresse à sa bien-aimée pour lui demander de faire un choix entre lui et un autre amour et donc de « pick the right man » … à savoir Theo.
Il y a un sentiment chaleureusement doux-amère qui émane doucement de ce titre parfait, entre cette guitare parfaite et cet orgue entêtant. En moins de 3 minutes, Theo Lawrence nous offre un vrai bonbon au goût d’avant, nous rappelant que l’amour et les cœurs abimés sont des thèmes clairement intemporels.
Pour accompagner ce morceau, Nevil Bernard joue clairement la carte nostalgique et joue clairement sur les standards du cowboy, transformant Theo Lawrence en icône.
On se retrouve donc en plein désert, de l’espace tout autour et on suit notre musicien qui charme la caméra, petit regard en coin et sourire ultra-bright au programme, comme l’aurait fait certains de ces héros d’antan.
Il est parfois vraiment bon de retourner un peu dans le temps.
Praa – Cry in public
Praa dévoile le premier single qui figurera sur son album Multi Me, dont la sortie est prévue pour 2022.
Un album sur le thème des sentiments assumés, retraçant le chemin sinueux qu’a traversé Praa depuis son adolescence, jusqu’à sa récente maternité.
De la vulnérabilité à la confiance en soi, il n’y a qu’un pas et la limite reste souvent floue. C’est ce qu’exprime la chanteuse dans ce single, prémices de son futur album.
Le clip, réalisé par Quentin Tavernier, met en scène la chanteuse dans un univers urbain et underground, dans lequel la lumière des néons nous inspire une certaine nostalgie mêlée à une rage de vaincre explosive.
La femme – Trop de peine
Un hymne à la Terre. Un thème qui n’est pas si surprenant quand on connaît l’engagement dont fait preuve La Femme.
Pour la rentrée des classes, le groupe choisis d’alarmer sur l’urgence de la situation climatique dans le monde. Une façon de sensibiliser leur public d’une autre manière, alternative et musicale, à cette cause.
Du second degré dans la forme et un message fort dans le fond, Marlon Magnée et Sacha Got signent une prod rock-steady détonnante.
Le plus étonnant dans tout cela ? Ce sont des voix d’enfants qui content les paroles poétiques de La Femme. Enfants également mis en scène dans le clip, portant de jolis déguisements d’animaux sur un fond d’images marquantes qui alarment sur ce que nous leur laissons dans ce monde.
Novaé Lita – Sirop
Novaé Lita entre dans le monde de la pop française avec son univers sucré et un premier single : Sirop.
La chanteuse ne se cantonne pas à la musique, puisqu’elle est également plasticienne et écrivaine, et met ses talents au service de son image.
Novaé Lita, c’est un univers onirique coloré et une voix voluptueuse, qui l’inscrivent dans une toute nouvelle génération de french touch.
Avec Sirop, la chanteuse ne passe pas inaperçue et signe un premier titre dont la poésie est aussi visuelle que textuelle.
Une prod dansante et entraînante nous donne envie de plonger tête la première dans ce monde imaginaire où excentricité rime avec succès
Juliette Armanet – Le Dernier Jour du Disco
Quatre ans après la sortie de son excellent premier album, Petite Amie, l’inégalable Juliette Armanet est de retour.
En effet, celle dont les tubes auront accompagné plus d’une romance estivale vient de dévoiler Le Dernier Jour du Disco, tube taillé pour le dancefloor et dont on n’arrive déjà plus à se passer.
Pour son clip, on retrouve l’artiste et son piano, sous fond de soleil couchant/brûlant d’un rouge-orange exquis et miroitant dans cette eau pailletée. Ici, elle se livre à une prestation dynamique, habillée de son plus beau pantalon pattes d’eph et nous entraîne avec elle dans ce tourbillon de folie.
Aucune date n’a encore été annoncée pour la sortie de ce très attendu deuxième opus et pourtant, ses deux Olympia de février 2022 sont d’ores et déjà complets. Impatience quand tu nous tiens.
Courtney Barnett – Before You Gotta Go
Il y a quelques mois, l’australienne Courtney Barnett teasait la sortie de son troisième album avec son single Rae Street, album prévu pour le 12 novembre prochain.
Depuis, le très addictif Before You Gotta Go a vu le jour en août dernier, accompagné aujourd’hui d’un clip. Avec cette chanson d’amour, l’artiste tente de retarder le départ d’une moitié dont elle serait éperdument amoureuse.
Elle y chante le pardon, l’impulsivité regrettée et la nécessité de se défaire de cette fierté malsaine qui nous abîme. Pour illustrer ses mots, Courtney Barnett dévoile un clip tourné sur les terres néo-zélandaises et réalisé par Claudia Sangiorgi Dalimore.
Un clip à l’esthétique pure, apaisante, où l’artiste se mêle parfois au paysage sous un format que l’on pourrait qualifier de surréaliste. Un vrai petit bijou visuel en somme.
Hubert Lenoir ft. Bonnie Banane – OCTEMBRE
Quelques jours avant la sortie de son merveilleux et très réussi second album intitulé Musique Directe, notre adoré Hubert Lenoir a dévoilé un clip pour son single OCTEMBRE en collaboration avec the one and only : Bonnie Banane.
Dans ce clip réalisé par Noémie D. Leclerc, l’un prend l’apparence d’un épouvantail malicieux et l’autre celle d’une sorcière décomplexée, déambulant tous deux dans les rues de la capitale française et savourant sans demi-mesure la banalité du quotidien.
Ainsi, lorsque la créativité et l’ingéniosité musicale des deux s’assemblent, cela donne lieu à l’un des meilleurs clip et morceau de l’année, et de loin. Désormais, il nous tarde de découvrir ce tube sous son format live, en compagnie de Bonnie peut-être ? Fingers crossed.
Yndi – Reliques
En cette rentrée, le sacré nous avait manqué, cette spiritualité ambiante qui guide nos pas, nos rêves et donne vie à cette nature si belle qui nous entoure.
Qui de mieux pour incarner ce pouvoir que Yndi, qui se mue pour l’occasion en prêtresse du sacré avec le clip de Reliques, une vidéo en 3D réalisée par Adrien Peze.
On y accompagne Anahi et Takuma, la déesse du soleil et le dieu de la lune, tous deux condamnés à vivre loin l’un de l’autre, deux êtres divins que la nature ne peut réunir mais pourtant si indissociables.
C’est d’ailleurs cette souffrance, distance perpétuelle qui pousse Takuma à se transformer en jaguar noir, le temps d’accompagner Anahi le long du fleuve sombre pour son dernier voyage, un effort ultime comme une preuve intarissable d’un amour impossible.
Reliques est issu de Noir Brésil, l’album de Yndi, qui sonne et résonne dans nos têtes et nos coeurs depuis le mois de Mai.
Vitalic feat. Kiddy Smile – Rave Against the System
On termine la semaine avec une collaboration de choix entre Vitalic et Kiddy Smile. Les deux poids lourds de la musique électronique nous offrent cette semaine un Rave Against the System destructeur et intense au titre prophétique (comme avait pu l’être la mort sur le dancefloor en son temps).
Quatre minute en sur-tension pour nous rappeler un état de fait assez simple : la scène électronique a été, une fois encore, le parent pauvre et rejeté de cette crise sanitaire. Un monde incompris par les politiques français et qui n’aura que peu bénéficié des aides accordées au cinéma par exemple, mettant en grand danger un certains nombres de clubs et par extension les artistes qu’ils accueillent.
Ce morceau fait donc office d’appel à la resistance, rappelant que d’une manière ou d’une autre, les raves continueront d’exister et la musique électronique avec elles.
Et c’est dans une rave clandestine et fantasmée qu’Alexis Langlois nous entraine. Dans des ambiances qui rappellent fortement le travail de Gaspar Noé, la vidéo fait office de liberation sublime, où toutes les déviances et désirs semblent pouvoir vivre en harmonie.
Un titre et un clip forts et hyper esthétiques qui annoncent l’arrivée de DISSIDÆNCE Episode 1 en octobre.