Les clips de la semaine #98 – Partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite voici la première partie de notre session 98 des clips de la semaine.

Sheitan & The Pussy Magnets – Nothing To Be Said

S’il y a bien un style musicale qui influencera la génération de 90 et donnera envie à tout le monde de porter des slims, c’est bien le rock indé anglais. Sheitan & The Pussy Magnets sont parisiens, mais totalement issus de cette vague de mordus de mélodies et de guitares en reverb. Avec le premier titre de leur EP Nothing To Be Said, ils posent déjà la liste de leurs influences. On sent une jolie empreinte Alex Turner dans la voix, dotée d’un peu plus de vibrato et d’écho, ce qui nous déplait pas, ainsi qu’une mélodie efficace qui se rythme non sans une certaine forme de nonchalance. Sans oublier une petite touche d’autodérision. On retrouve le groupe à la fois en train de polluer la campagne environnante qu’enfermés dans un inquiétant salon rouge. On notera surtout l’étrange lampe en forme de diable qui se masturbe. Sous un son un peu propret, ils cachent bien leur jeu les petits coquins. Ils ont peut-être rien à dire, mais ça vaut le coup de les écouter.

Parquet Courts – Black Widow Spider

THE groupe post-punk de Brooklyn dévoile son deuxième single tiré de son futur album Sympathy for Life qui sortira le 22 octobre prochain. Dans cette nouvelle vidéo réalisée par Shayne Ehman, l’ombre plane sur le personnage principal tout en pâte à modeler. Les paroles pointent le désarroi et l’échec d’une quête à l’oubli d’un être cher.
L’araignée fat figure d’épée de Damoclès, prête à dégainer dès que la situation sera offerte. Colorée et décalée, le clip rappelle les animations des années 1950.
Le titre a été élaboré à l’instinct avant d’être remixé pour nous amener entre l’électro-rock et le blues. Le point fort qui en résulte sont les licks de guitares qui alourdissent la sonorité et montrent le brio de la bande sur leur improvisation. Black Widow Spider se révèle entêtant et dansant malgré les lyrics meurtris. Il s’agit déjà d’un morceau phare que l’on retrouve déjà régulièrement dans leur setlist sur scène… Et qu’on aura le plaisir de découvrir à Paris, au Trianon, le 21 mai 2022.

Vertical – An Eye On Mars

C’est en toute sobriété que l’harmonie de Vertical atterrit dans nos oreilles attentives. An Eye On Mars, extrait de leur premier album Something For You, nous transporte dans une cérémonie à la fois lugubre et triste. Le clip les met en une scène entre le yin et le yang. Les instruments s’installent progressivement au fil des secondes et gagnent chacun en puissance alors que le tempo ne progresse guère. Nos émotions suivent la même trajectoire sur ce morceau profond et enivrant avec cette voix forte, sombre et tremblante, qui ressemble à un mélange parfait de Tim Booth du groupe James avec celle de Oliver Sim de the xx.
Provenant de Saint-Nazaire et formé en 2017, le quatuor Vertical maîtrise à la perfection son savoir-faire cold-pop mancunien et n’a déjà plus rien à prouver.

DELAURENTIS – Unica’s Cloud

Après la sortie de son premier album UNICA le 3 septembre (on vous en parle bientôt), DELAURENTIS nous présente aujourd’hui un nouveau clip pour illustrer le morceau Unica’s Cloud. D’emblée, nous sommes plongés dans un monde parallèle, semblant abandonné, peut-être futuriste, où une femme se confronte à une armée de drônes. La relation entre les deux camps commence bien, notre protagoniste se place telle une cheffe d’orchestre, gérant la chorégraphie des drônes. C’est tout un ballet d’étourneaux qui prend forme. Ballet qui finalement se transforme en essaim d’abeille hostile. DELAURENTIS s’amuse à imaginer comme dans son album le rapport avec les machines et nous, des fois obéissantes, d’autres fois rebelles. La seule solution étant la symbiose parfaite avec elles, comme le fait notre  personnage, qui s’intègre finalement parfaitement dans la danse avec ces robots volants. Un nouvel univers visuel, toujours en accord avec ce projet musical fascinant, on ne peut qu’applaudir.

Pirate – RS DRILL #2

Remarqué en ayant laché des performances intéressantes au côté d’artistes installés, comme sur Grand Paris 2, la réunification organisée par Médine, le jeune Pirate revient cette semaine avec le second extrait de sa série RS DRILL. Si sur le premier il était accompagné de SRK, aujourd’hui c’est en solitaire qu’il s’offre à son public. Ingénieusement réalisé par Denoh Films, le visuel reprend les codes du street clip en les modernisant un peu. Caméra directement dans la main du rappeur, qui emmène dans une immersion presque totale ses spectateurs au sein de sa cité au rythme effréné de l’instrumentale drill de BS Beats. A l’aise sur ce genre de sonorités, il débite avec l’aisance qui lui a permis de se faire remarquer. Un rap précis, brut et bien dans son époque, la mission semble en bonne voie pour toucher le public le plus large possible. 

Don Jo – Elle veut

Nouvelle signature du label Palace Prod, l’artiste Don Jo dévoile son premier clip réalisé par John Riggs. A travers Elle veut, l’artiste se remémore les souvenirs passés avec une femme qu’il a aimé, cela tout en déambulant dans les rues de Paris tard le soir. Durant tout le le clip, la jeune femme aura le visage floutée, comme si les souvenirs partagés n’étaient que partiel. Pour accentuer ce sentiment, le montage est effréné passant vite d’une scène à une autre, laissant peu de temps à l’œil pour comprendre ce qu’il est en train de voir. Une réalisation qui se couple à merveille avec l’instrumentale dynamique de Nello. Également assez nocturne, cette ambiance est prolongée par la voix grave et étouffée du jeune artiste, imposant un contraste intéressant avec l’instrumentale. Tout cela dessine un univers troublant, qui ne demande qu’à être approfondi. 

Nicolas Michaux – Amusement Park

Avant la sortie toute proche de son projet Les ChutesNicolas Michaux offre un premier extrait musical et visuel avec le clip d’Amusement Park réalisé à Copenhague par Kevin Antoine. L’esthétique sobre et très axée sur la nature, souvent rattachée à la Scandinavie, est omniprésente tout au long du visuel. Habillé en costard, attaché caisse à la main et regard vide adressé vers le sol, le belge déambule dans la capitale danoise et ses banlieues, seul. A la recherche de quoi ? On ne le sait pas et pourtant la réponse peut s’avérer être plus complexe qu’elle n’y paraît. Est-il simplement en recherche d’inspiration ? A-t-il un besoin de s’isoler pour faire le point sur sa carrière et ses envies ? Tant de questions qui viennent parasiter un jour où l’autre l’esprit de tout artiste et qui sont ici empaqueter avec sobriété au sein d’Amusement Park.

Sheldon – James Cole

Son nom reste encore dans l’ombre et pourtant Sheldon est un architecte majeur de bon nombres de carrières des artistes étant passé un jour ou l’autre par le dojo de la 75ème Session. Si c’est pour ses qualités d’ingénieurs du son et sa faculté à sortir la singularité qui sommeille dans les artistes avec lesquels ils travaillent que beaucoup le citent, il ne fait pas oublier qu’il est également un rappeur de qualité. Il revient le prouver sur James Cole, montrant qu’il n’a pas perdu de sa plume dans un clip réalisé par Paul Marchal et les gars de la 75ème Session

« J’ai pas trouvé les réponses dans les livres
J’veux bâtir une maison dans les airs, faire venir une raison sans Eglise
Je sais que c’est des acteurs ou des scénographes qui jouent les bailleurs ou les technocrates
J’ai la flemme d’expliquer un truc impossible à expliquer, 7.5″


Tourné en noir et blanc et centré sur le rappeur, le clip appuye chacune de ses paroles avec encore plus de charimse qu’il n’en dégage déjà au micro. Cela avant que le refrain arrive et avec lui, un nouvel univers visuel bien plus futuriste et colorée. Montrant qu’entre la rime assassine et les nouvelles sonorités digitales, Sheldon excelle toujours autant dans son art. 

Black Marble – Preoccupation 

« What is on the way ? » – Avec Preoccupation, troisième single de l’album à venir Fast Idol, Black Marble se tourne vers l’avenir au moyen d’un élan collectif positif et singulier. Jouant sur deux dispositifs vidéos, le clip met au jour une forme de dialogue entre l’image envisagée et son résultat, avec comme point central ce storyboard focalisé sur le clip. La caméra vient saisir les réjouissances de ce groupe juvénile et incandescent. Un groupe qui brille dans sa diversité, sa splendeur, son désir et sa créativité. Preoccupation est un single qui vient de par son ton et sa musicalité, souligner une forme de retour à la normale, un regard qui souligne des ponts entre des temps plus obscurs et de plus beaux jours.

ekkstacy – it only gets worse, i promise

Le rock/emo/indé a sûrement de très beaux jours devant lui et le succès d’ekkstacy en est la preuve. Celui que l’on avait connu avec le single i walk this earth all by myself, conquiert peu à peu son public en puisant dans un registre sombre, inspiré par ses expériences personnelles, et en usant de jeux de guitares élancés. Dans son dernier clip, it only gets worse, i promise, le jeune artiste de 19 ans explore sa relation à l’alcool via un clip qui se rapproche des années 90 et d’une certaine esthétique punk. Garage où se joue les performances lives en bande, squat miteux, dessins griffonnés sur les murs et headbanging. Un second single prometteur en attendant l’album complet, Negative, qui paraîtra le 12 novembre prochain. 

Léonie Pernet – Hard Billy

Hard Billy est le premier extrait de Le Cirque de Consolation, le deuxième album de Léonie Pernet à paraître en novembre. Ce morceau nous laisse entrevoir des compositions fortes et sans concession. Les lignes sonores ont gagné en profondeur, exaltées, dans la vidéo, par les images mises en œuvre par Jean-Gabriel Périot. On ressent comme un effet Powaqqatsi – le film de Godfrey Reggio qui s’appuie sur une bande son omniprésente de Philipp Glass. L’électro sobre de Léonie Pernet flirte avec le courant minimaliste. Sa voix avec son grain si particulier se fond avec les phrases musicales dans un camaïeu de tonalités graves. Les images reprennent en contre-plongée le discours porté par le film. L’heure n’est plus, comme dans les années 80, à la mise en garde contre la propagation du modèle de nos sociétés occidentalisées sur les pays en développement. On cherche dorénavant à faire revivre la mémoire des cultures que nos environnements aujourd’hui uniformisés ont tendance à faire disparaître. Le masque est un vecteur universel que l’on retrouve dans l’ensemble des cultures pourtant disparates. Il détient une force intrinsèque qui éveille curiosité et fascination. Il est emblématique des valeurs que Léonie Pernet souhaite faire porter à Hard Billy, un hymne à la vie et à nos luttes, un hymne à la « diversité », le cœur fragile d’un monde qui bat.

CAESARIA – Pointless 

Après We Never Change, CAESARIA a dévoilé son nouveau morceau : Pointless. Alors qu’un album est annoncé pour 2022, le clip nous donne l’eau à la bouche. Tourné en partie à La Laiterie Artefact, salle de concert strasbourgeoise, le clip nous permet de suivre le trio déambuler dans les rues parisiennes. Au niveau musical, le groupe s’est fait plaisir et nous offre une production qui envoie. La voix de Théo, mêlée à la batterie et aux sonorités électroniques, produit un titre entraînant qui saura à coup sûr nous envoûter en live.

THÉ VANILLE – Do You Wanna Dance ?

Le trio composant THÉ VANILLE a dévoilé vendredi un morceau issu de leur premier album Figure 26 qui sortira au cours de l’automne.Le titre prend son temps pour installer un rythme assez entêtant. La batterie mêlée à une guitare électrique crée une ambiance qui correspond bien à l’image qu’on a pu se faire du groupe au cours de l’un de leurs concerts : un trio qui n’a pour seul objectif de vous faire danser. Les marionnettes présentes dans le clip se déhanchent d’ailleurs jusqu’à épuisement. Il ne fait nul doute que ce titre saura nous emmener loin en concert.

Marc Melià (Feat. Flavien Berger & Pi Ja Ma) – Les étoiles – Live Session Bruxelles Ma Belle

Pour tous les amateurs de sessions lives, les vidéos faites par Bruxelles Ma Belle sont devenues au fil du temps des incontournables. Parce qu’elles sont faites avec un véritable amour et surtout qu’elles portent en elles le besoin de proposer autre chose, d’apporter une véritable plus value au morceau qu’elles mettent en avant. Bien loin des sessions réalisées en studio, ces vidéos créent des véritables univers autour des morceaux et c’est une nouvelle fois le cas avec Les étoiles, le premier single du nouvel album de Marc Melià.

On est ainsi transporté au Vieux Spijtigen Duivel, brasserie typique et lieu qui porte en lui autant la vie que le temps que passe. Un lieu chargé d’histoires, de rencontres et d’existences ancrées en lui. Et cela tombe bien, puisque c’est de tout cela que parle Les étoiles, de ces moments de vie qui apparaissent comme par magie, des accidents mémorables et brûlants qu’on se remémore encore et encore avec un sentiment presque irréel par moment.

On fond donc face à cette sublime interprétation autour d’une table de café qui voit même l’apparition téléphonique de notre chère Pi-Ja-Ma.

Pour le reste, on se donne rendez vous à la boule noire cet automne pour la release party de Marc Melià en France.