La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Rendez vous est pris avec la seconde partie de la sélection numéro quatre vingt dix neuf des clips de la semaine.
Sylvie Kreusch – Walk Walk
Après deux EP, l’artiste belge présente le tube de son futur prochain album Montbray qui sortira le 5 novembre 2021.
Dans cette majestueuse pièce musicale de cinq minutes, Sylvie Kreusch flirte avec la nature accompagnée de sa meute au milieu des pâtures du plat pays. Son refrain très entrainant, s’entremêle avec les aboiements de chiens que l’on retrouve à sa cour dans la vidéo. Dans la vidéo, elle défile comme une noble dans un désespoir qui nous prend les trips aux déclenchements des cordes.
Walk Walk réalise la prouesse de contrarier nos sentiments amoureux sans se défiler sur ses intentions. La réalisation penche vers les influences théâtrales de l’art pop de Kate Bush tandis que l’harmonie de sa voix se confond avec celle de Lana Del Rey, la sensibilité en plus. Une artiste au succès certain à découvrir le 22 février à la
Boule Noire de Paris.
Lydia Képinski – MTL me déteste
Cette semaine a marqué le grand retour de Lydia Képinski dans nos oreilles après son excellent Premier juin en 2018 (suivi d’un album de remixes l’année suivante).
La chanteuse a récemment mis en scène une fausse reconversion professionnelle dans la grande famille du YouTube game mais il n’en est rien : MTL me déteste semble plutôt présager la sortie d’un nouveau disque dans les mois à venir.
Cette ode pop à Montréal (qui pourrait être une lettre écrite à un•e ancien•ne amoureux•se) est accompagnée d’un clip génial réalisé par Alec Pronovost : devant la caméra, derrière les sous-titres et malgré son enthousiasme implacable, Lydia Képinski s’y fait mépriser par un bon nombre de personnalités québécoises. Peu importe si son ex ou toute la ville la déteste car en tous cas, nous, on l’aime beaucoup.
Uèle Lamore – The First Tree ft. Gracy Hopkins
La sortie du premier album d’Uèle Lamore, Loom, se profile à l’horizon. En attendant, elle nous dévoile cette semaine un premier extrait tout aussi alléchant qu’intrigant.
Si son EP précédent, Tracks, était complètement instrumental, dans The First Tree elle accueille le flow posé et déterminé du rappeur Gracy Hopkins. Sa voix au grain abrasif trouve un écrin idéal dans la composition d’Uèle Lamore – qui mélange musique électronique et sons plus organiques.
Les images en noir et blanc de la vidéo, sobres, soulignent un sentiment de solennité. Tout se joue dans les regards, directs et pénétrants malgré des visages impassibles, de personnages unis dans leurs diversités – un rappeur, un homme, une femme, une skateuse, un boxeur, une danseuse.
Seuls les yeux d’Uèle apparaissent cachés derrière ses lunettes de soleil – comme la vision d’un réalisateur qui se constitue derrière des filtres et des écrans. Il est question du premier arbre sur terre et en écho les mouvements de la caméra, les contre-plongées appuient les verticalités des décors – forêts ou immeubles de banlieue.
The First Tree est le premier morceau composé pour son futur album Loom. Et comme les racines d’un arbre, il intègre un aspect fondateur qui donnera, certainement, à l’album sa direction.
Oumar – SAA
Jacques Brel comptait les histoires des marins des ports d’Amsterdam. Le rappeur Oumar tire son art d’un autre port, celui du Havre, sa ville.
Quand on pense au Havre en termes de rap, on pense directement à Medine et à son label Din Records, dont Oumar fait partie. A l’instar de Medine, il développe un rap brut, raconte des choses et n’hésite pas à délivrer son avis sous couvert d’une technique bien maitrisée.
Des caractéristiques se retrouvant dans son dernier morceau SAA (Souffrir Aux Autres) qui est également accompagné d’un clip réalisé par Klimax. En adéquation avec ses paroles, ce visuel reflète l’ambiance sombre et froide se dégageant des thématiques choisies par le rappeur.
LaFrange – Brian Let’s Go Surfing
Cette semaine LaFrange prolonge l’été avec avec Brian Let’s Go Surfing, une chanson aérienne et mélancolique sous forme de carte postale. Composée autour du Let’s Go Surfing de The Drums, le titre est une chanson d’amour intime et envoûtante célébrant une journée parfaite. La musicienne écrit : ”S’inscrivent sur cette carte les souvenirs d’une journée d’amour où on a dansé sous un ciel éclairé”. On se laisse porter par les promesses enivrantes des paroles : “Sweet baby, I’ll never let you go”…
Le clip qui illustre le morceau, réalisé par Émilie Marcadé et Charlie Laigneau, nous emmène vers ces jours ensoleillés et à cette insouciance et à cette langueur que l’on ressent alors, où la vie se vit à fleur de peau.
Construit dans sa chambre à la guitare et à la voix, Brian Let’s Go Surfing est le premier titre de la musicienne parisienne depuis son magnifique EP, Everything’s Fine, sorti en janvier dernier.
En attendant de découvrir les chansons qui composerons son prochaine EP, vous pourrez (re)découvrir LaFrange en live le 4/10 au FGO Barbara (avec Adrien Crowley
Courtney Barnett – Write a List of Things to Look Forward to
Courtney Barnett s’essaye au jardinage, puis à la cuisine et enfin à la guitare dans le clip de son nouveau single Write a List of Things to Look Forward to. La musicienne australienne y reçoit des éléments pour chaque activité par la poste dans le clip réalisé par Christina Xing.
Écouter Courtney Barnett c’est un peu comme écouter une amie, s’interroger sur la vie et vivre celle-ci au présent, consciente que le monde brûle. Les paroles y sont ambivalentes entre bonheur simple et conscience de la situation générale : « And so on it goes, I’m looking forward to the next letter that I’m gonna get from you. / Sit beside me, watch the world burn, we’ll never learn we don’t deserve nice things. » Un morceau à la fois chaleureux et aigre-doux qui colle bien à notre humeur et à l’air du temps.
WaLoTtLFt est le troisième single de son prochain album Things Take Time, Take Time qui sortira le 12 Novembre sur Marathon Artists
Blondino – Sauvage, amoureuse
Qui disait que l’amour devait être doux et tendre ? Car Blondino l’affirme, il doit être passionnel, puissant, au point de devenir une Sauvage, Amoureuse. La musique elle-même a quelque chose de félin, avec des sonorités électriques ronronnant que des lions.
Puis, le clip réalisé par A C a lui aussi quelque chose de sensuel. On voit l’artiste baignant dans des clairs-obscurs tantôt noir, tantôt blanc. Parfois, un voile rouge vif vient caresser son visage, ou alors, elle se retrouve dans des grands espaces semblables à des champs de bataille.
Car il y a toute une dialectique militaire dans ce morceau. Sur des batteries résonnantes, Blondino chante: “Appel à ma résistance, Aux invasions violentes, Si lourdement désarmantes
Lourdement désarmantes.”
Julia Jean-Baptiste – Solo
Julia Jean-Baptiste prend les voiles en solitaire, et pour cause le titre Solo, donnant le titre de son dernier EP, est réalisé par ses soins.
La musique est rythmée, entraînante avec des sons très organiques dans des sonorités brésiliennes ou encore des tropiques, des îles. En somme, libre comme l’air ou comme Julia Jean-Baptiste, à vous de choisir. Car au travers du clip de Solo, on aperçoit la chanteuse danser sans crainte dans les flash ou le soleil.
Un clip à l’image de l’artiste : libre et solaire. D’autant plus que les paroles évoquent la fin d’une période trouble, des difficultés enfin maîtrisées : « aucun nuage », « l’orage glisse sur ma peau ».
Enfin, c’est surtout la confiance en soi et le lâcher-prise qui ressurgissent de ce titre : « Je m’abandonne, retrouve mon harmonie ».
White Velvet – Encore un peu
De sa voix de velours, accompagnée de sons vibrants et chaleureux, White Velvet nous chante l’amour avec Encore un peu.
Au travers du clip réalisé par Alexandre Parent, on aperçoit l’artiste chanter pour un clip dansant, s’enlaçant entre deux personnes. Ces deux individus sont White Velvet et un autre homme, dont la présence intrigue car on se demande s’il est venu pour le couple ou bien la chanteuse. D’autant plus que le chant semble aller dans sa direction. La musique est douce, avec beaucoup de rondeur.
On devine un instrument à vent comme une clarinette, tandis que White Velvet chante : “Embrasse moi encore un peu.” Le mystérieux homme fera-t-il le premier pas ? Réponse à suivre dans une deuxième partie dessinant les contours du morceau Encore à contre courant.
Chahu – Malheureux
C’est un clip qui est né d’un message, celui de Sarah pour Chahu lorsqu’elle écoutait ses morceaux, « un moment d’exception » entre sieste et câlin avec son chat.
Malheureux est extrait de l’EP éponyme de Chahu sorti plus tôt en 2021.
A l’image du morceau, on accompagne Sarah dans cette lose de lendemain de soirée, la tête dans le brouillard, le nez dans le café et le coeur dans les chaussettes.
C’est ce cafard matinal qui nous envahit, enfoncé dans le canapé nous ne faisons rien. Rien si ce n’est être là.
C’est Ariel, le chat de Sarah qui vient donner un peu d’amour, quelques câlins pour rythmer cet instant. Puis vient le moment de fumer une clope et enfiler sa paire de lunette de soleil pour filtrer le dehors, et être au mieux dans notre dedans.
C’est d’ailleurs peut être ça, la force de Chahu, créer des instants d’exception dans le brouillard de nos émotions, une simplicité qui nous soustrait à la réalité et nous donne juste le loisir de profiter.
SCUFFLES – C’était l’été
Les angevins de SCUFFLES sont de retour avec un titre en français, la vibe électrique du duo est toujours bien là, prête à nous a faire triper.
Dans ce clip, nous suivons un homme et sa voiture qu’il bichonne.
Au volant de son bolide il se laisser aller à ses tourments, embrasse ses névroses et explose devant nous.
C’est un cri du coeur, un cri de malheur qui vient nous transpercer, nous transmettre ce mal être et cette solitude exacerbée.
La route est longue et sinueuse au volant du bolide de la solitude, on suit toute la détresse et la frénésie dont fait preuve notre protagoniste, sans en comprendre les enjeux.
On devine la profonde tristesse qui l’anime et qui nous captive comme saisis par la gravité de l’image.
Le personnage est aussi magistral que pathétique et c’est bien là toute la beauté la vidéo réalisée par Flavien Caron, Josic Jégu et Morgan Richard.
IDLES – THE BEACHLAND BALLROOM (Pt. 1)
La grande surprise de la semaine fut l’annonce de la sortie du quatrième album (!!!) des inégalables bristolois d’Idles, prévue pour le 12 novembre prochain.
Pour l’occasion, le groupe a dévoilé l’un des morceaux les plus remarquables de leur déjà imperfectible discographie : The Beachland Ballroom. Ce single, pour le moins bouleversant, se présente comme une ballade soul radicale où Joe Talbot démontre une nouvelle fois que son talent est sans fin. Ici, sa voix est poussée dans les extrêmes dans un registre avec lequel le groupe n’était pas nécessairement familier, démontrant ainsi leurs capacités multiples à se renouveler tout en continuant à le faire avec une justesse absolue.
Côté visuels, on y retrouve le frontman adoré, face caméra, dramatique, chantant le sentiment de perte dont on réussi parfois à se sortir. / Inch by inch, foot by foot, I was on my knees for days / And then I set on all fours and I made, I made, I made, I made /.
Comme quoi, il est possible de se renouveler artistiquement sans pour autant décevoir, tant que la passion et le talent des uns subsistent. Idles sera notamment de passage pour deux dates (complètes) à L’Elysée Montmartre les 28 février et 1er mars 2022.
Wet Leg – Wet Dream
On le sait, inutile de mentir, vous aussi vous avez passé votre été à écouter en boucle le tube Chaise Longue des (déjà) iconiques Wet Leg. Le duo signé chez Domino Records nous avait charmés d’une aisance déroutante avec ce premier single obsédant à souhait.
Après une telle sortie, il était selon nous difficile voire impossible de proposer un titre à la hauteur de ce dernier. Et pourtant, Rhian Teasdale et Hester Chambers nous ont bel et bien prouvé le contraire. Car cette semaine, Wet Leg a en effet dévoilé un second single pour le moins prometteur intitulé Wet Dream. Un morceau où les deux artistes chantent les rêves érotiques d’un ex, le tout avec ce son punchy que l’on affectionne particulièrement.
Dans le clip réalisé par Rhian Teasdale elle-même, on y voit le duo partiellement déguisé en cet animal totem qu’est le homard, synonyme de force, courage et détermination. Des qualités nécessaires pour affronter les conséquences d’une rupture sentimentale toxique. Wet Leg sera par ailleurs de passage à Paris le 19 novembre prochain dans le cadre du Pitchfork Paris Avant-Garde ainsi que le 1er décembre aux Transmusicales de Rennes. En ce qui nous concerne, on y sera, comptez sur nous.